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Traditionnellement, le sport était une activité réservée aux hommes, il était même inconcevable d'imaginer une femme sportive. Grâce aux mouvements des femmes, des luttes féministes, de la reconnaissance formelle de l'égalité des sexes et de femmes défiant les normes, il est possible aujourd'hui, dans une société comme le Québec, pour les femmes de faire du sport comme loisir autant que comme carrière. Bien que le nombre de femmes pratiquant un sport soit à la hausse, que les pratiques sportives semblent se démocratiser, entraînant des écarts moins marqués entre les sexes tout comme entre les classes, il n'en demeure pas moins que d'importantes distinctions perdurent, notamment en ce qui a trait au choix des sports et aux types de pratiques sportives privilégiées par l'un et l'autre sexes. En effet, malgré l'ouverture du monde sportif aux femmes, de nombreuses inégalités persistent. Les femmes sont moins nombreuses que les hommes à faire du sport, elles ne pratiquent pas les mêmes sports et elles n'en tirent pas la même reconnaissance sociale. De manière générale, les athlètes professionnelles féminines gagnent beaucoup moins d'argent que leurs homologues masculins et elles n'attirent pas autant le regard médiatique. En ce sens, l'univers sportif demeure un monde d'hommes. Le sport est même un lieu de construction de la masculinité. En pratiquant un sport, les femmes doivent ainsi apprendre des manières dites masculines pour l'utilisation de leur corps, c'est-à-dire connaître une socialisation autre que celle « normalement » réservée aux femmes. Dans le présent mémoire, nous utilisons la théorie féministe des rapports sociaux de sexes ainsi que le concept de représentations sociales afin d'observer la division sexuelle dans le sport. Plus précisément, nous étudions la trajectoire sportive de jeunes femmes afin de saisir leur expérience du monde sportif. Deux sports sont à l'étude : le cheerleading et la savate-boxe française. La comparaison de ces deux sports fort différents permet de constater l'existence de divers mécanismes influençant la pratique et le choix d'un sport, la présence de facteurs incitatifs ou dissuasifs, ainsi que les diverses expériences sportives des jeunes femmes selon leur sport. Les athlètes féminines sont souvent injustement oubliées ou négligées. Pourtant, nous ressentons chez les jeunes athlètes une incessante aspiration à la reconnaissance et un urgent besoin d'égalité, enfin. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme, sport, femmes, division sexuelle du travail, rapports sociaux de sexe, représentations sociales, discrimination sexuelle, stéréotypes sexuels.
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Les études qualitatives menées dans une perspective féministe matérialiste sont peu nombreuses à documenter l'expérience complexe de la sexualité à l'adolescence chez les filles. Notre objectif est de contribuer à analyser le vécu des jeunes lesbiennes à l'adolescence pour découvrir les éléments qui participent à la formation de l'identité sexuelle lesbienne, soit en favorisant cette formation, soit en l'entravant. Cette recherche a permis d'identifier, à partir du discours de 20 jeunes lesbiennes québécoises, comment elles ont négocié l'apprentissage de leur sexualité et de leurs intérêts amoureux à l'adolescence, et de quelle manière leur environnement social a facilité ou complexifié leur cheminement. Nos données montrent que l'adolescence représente un moment crucial de la construction identitaire des filles, une période charnière où la consolidation de l'identité de sexe/genre est étroitement reliée à la socialisation à l'hétérosexualité. Il en ressort que la présomption de leur propre hétérosexualité constitue un obstacle important à la formation de l'identité sexuelle des jeunes lesbiennes. L'invisibilité du lesbianisme et les contraintes entourant l'engagement dans la sexualité des adolescentes renforcent les injonctions à l'hétérosexualité et participent au développement d'un sentiment de déviance chez les jeunes lesbiennes, qui s'accompagne de conséquences négatives sur leur santé physique et psychologique tout au long de l'adolescence. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Approche féministe, formation identitaire, identité sexuelle, lesbienne, socialisation, sexualité, présomption d'hétérosexualité, contrainte à l'hétérosexualité
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Non seulement les horaires de travail « non standards » propres aux marchés d’alimentation et aux restaurants posent d’énormes défis à la conciliation travail-famille (CTF), mais ils influent sur la santé physique et mentale des personnes employées. Cette étude qualitative vise la compréhension des pratiques, des difficultés et des stratégies de CTF présentes dans ces deux milieux de travail. Quarante-deux entretiens semi-dirigés ont été menés auprès de travailleuses, de gestionnaires et de représentantes et représentants syndicaux. Une analyse thématique nous a permis de saisir la complexité de l’articulation entre les aspects formels et informels des pratiques de conciliation, ainsi que les différents facteurs qui contribuent à l’invisibilité des enjeux auxquels doivent faire face les travailleuses de ces milieux. Plus particulièrement, l’inégalité entre les postes occupés par les femmes et par les hommes a émergé des données, notamment la précarité importante vécue par les caissières. L’ampleur des difficultés de conciliation rapportées et la faible ouverture des milieux de travail aux enjeux de CTF pourraient expliquer la résignation des travailleuses et l’impression partagée par tous les acteurs que les conditions de ces milieux ne peuvent être changées.
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Dans la société palestinienne, avoir un garçon dans sa descendance est un enjeu social majeur, qui dans un contexte de réduction de la fécondité, peut conduire à vouloir choisir le sexe de son enfant. Aujourd’hui, des techniques de sélection sexuelle prénatales performantes sont disponibles et ne font l’objet d’aucune couverture légale. Cet article propose d’analyser les attitudes des Palestiniennes vis-à-vis de la sélection sexuelle, lieu d’une régulation informelle au croisement du religieux, de la pression sociale et des positions personnelles des médecins. Elle crée aussi de nouveaux enjeux dans l’espace israélo-palestinien ; la réglementation et l’accès à ces pratiques sont très différents entre Israël et la Palestine.
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S'appuyant sur la sociologie féministe et interactionniste symbolique, ce mémoire vise à analyser la manière dont les femmes de culture syrienne orthodoxe de trois générations de la communauté St-Jacques, qui sont engagées dans la société québécoise, vivent et pensent leurs rapports sociaux de sexe. Partant du postulat qu'il existe des représentations sociales dominantes qui interprètent les rapports sociaux de sexe, ces femmes se voient d'autant plus surdéterminées par des valeurs, des mentalités et des normes de leur identité syrienne et de leur appartenance à la communauté. Elles se retrouvent donc en écart avec l'identité de la société québécoise en raison de leur adhésion à une culture distincte. À partir d'entretiens semi-directifs, ce mémoire propose une analyse des trajectoires de vie des femmes syriennes de trois générations, dont des grands-mères, des mères et des filles. Cette analyse démontre la manière dont celles-ci se perçoivent et interprètent leurs comportements au sein de leurs rapports sociaux de sexe. Le choix de l'échantillon représentatif de trois générations de femmes permet d'observer à travers la vie sociale et professionnelle des femmes syriennes, l'évolution de la valeur de l'égalité des sexes que la société québécoise prône. La mise en place de ces analyses permet de relever l'absence de porosité et la résistance aux changements de certains membres de la communauté attachés à sauvegarder leur identité culturelle, tandis que d'autres cherchent à se détacher des représentations religieuses et culturelles de leur milieu d'origine qui limitent leur façon de penser et de vivre leurs rapports sociaux de sexe. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : rapports sociaux de sexe, femmes syriennes, représentation sociale, identité individuelle/collective, division sexuelle du travail, communautarisme, appartenance culturelle et religieuse
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De grandes enquêtes en milieu scolaire, au Québec comme ailleurs, ont documenté depuis les années 2000 la portée des violences homophobes, particulièrement à l’école secondaire, ainsi que leurs impacts négatifs sur les élèves qui en sont victimes, qu’ils s’identifient ou non comme lesbiennes, gais, bisexuel(le)s ou en questionnement (LGBQ). La diffusion des résultats de ces enquêtes, ainsi que les constats similaires d’acteurs sur le terrain, ont fait accroitre les appels à la vigilance des écoles quant aux discriminations homophobes pouvant prendre forme en leur enceinte. Plusieurs des responsabilités résultant de cette mobilisation ont échoué par défaut aux enseignants, notamment en raison de leur proximité avec leurs élèves. Cependant, malgré la panoplie de publications et de formations visant explicitement à les outiller à ce sujet, les enseignants rapportent de manière consistante manquer de formation, d’habiletés, de soutien et d’aise à l’idée d’intervenir contre l’homophobie ou de parler de diversité sexuelle en classe. Cette thèse de doctorat vise à comprendre les pratiques d’intervention et d’enseignement que rapportent avoir les enseignants de l’école secondaire québécoise, toutes orientations sexuelles confondues, par rapport à la diversité sexuelle et à l’homophobie. Dans une perspective interdisciplinaire, nous avons interrogé la sociologie de l’éducation, les études de genre (gender studies) et les études gaies et lesbiennes, ainsi qu’emprunté aux littératures sur les pratiques enseignantes et sur l’intervention sociale. Les données colligées consistent en des entrevues semi-structurées menées auprès de 22 enseignants du secondaire, validées auprès de 243 enseignants, par le biais d’un questionnaire en ligne. Étayés dans trois articles scientifiques, les résultats de notre recherche permettent de mieux saisir la nature des pratiques enseignantes liées à la diversité sexuelle, mais également les mécanismes par lesquels elles viennent ou non à être adoptées par les enseignants. Les témoignages des enseignants ont permis d’identifier que les enseignants sont globalement au fait des attentes dont ils font l’objet en termes d’intervention contre l’homophobie. Ceci dit, en ce qu’ils sont guidés dans leurs interventions par le concept limité d’homophobie, ils ne paraissent pas toujours à même de saisir les mécanismes parfois subtils par lesquels opèrent les discriminations sur la base de l’orientation sexuelle, mais aussi des expressions de genre atypiques. De même, si la plupart disent condamner vertement l’homophobie dont ils sont témoins, les enseignants peuvent néanmoins adopter malgré eux des pratiques contribuant à reconduire l’hétérosexisme et à alimenter les mêmes phénomènes d’infériorisation que ceux qu’ils cherchent à combattre. Sauf exception, les enseignants tendent à comprendre le genre et l’expression de genre davantage comme des déterminants de type essentialiste avec lesquels ils doivent composer que comme des normes scolaires et sociales sur lesquelles ils peuvent, comme enseignants, avoir une quelconque influence. Les stratégies de gestion identitaire des enseignants LGB influencent les pratiques qu’ils rapportent être en mesure d’adopter. Ceux qui optent pour la divulgation, totale ou partielle, de leur homosexualité ou bisexualité peuvent autant rapporter adopter des pratiques inclusives que choisir de se tenir à distance de telles pratiques, alors que ceux qui favorisent la dissimulation rapportent plutôt éviter autant que possible ces pratiques, de manière à se garder de faire face à des situations potentiellement délicates. Également, alors que les enseignants LGB étaient presque exclusivement vus jusqu’ici comme ceux chez qui et par qui se jouaient ces injonctions à la vie privée, les enseignants hétérosexuels estiment également être appelés à se positionner par rapport à leur orientation sexuelle lorsqu’ils mettent en œuvre de telles pratiques. Nos résultats révèlent un double standard dans l’évocation de la vie privée des enseignants. En effet, la divulgation d’une orientation hétérosexuelle, considérée comme normale, est vue comme conciliable avec la neutralité attendue des enseignants, alors qu’une révélation similaire par un enseignant LGB est comprise comme un geste politique qui n’a pas sa place dans une salle de classe, puisqu’elle se fait au prix du bris d’une présomption d’hétérosexualité. Nos résultats suggèrent qu’il existe de fortes prescriptions normatives relatives à la mise en genre et à la mise en orientation sexuelle à l’école. Les enseignants s’inscrivent malgré eux dans cet environnement hétéronormatif. Ils peuvent être amenés à y jouer un rôle important, que ce soit en contribuant à la reconduction de ces normes (par exemple, en taisant les informations relatives à la diversité sexuelle) ou en les contestant (par exemple, en expliquant que certains stéréotypes accolés à l’homosexualité relèvent d’aprioris non fondés). Les discours des enseignants suggèrent également qu’ils sont traversés par ces normes. Ils peuvent en effet choisir de se conformer aux attentes normatives dont ils font l’objet (par exemple, en affirmant leur hétérosexualité), ou encore d’y résister (par exemple, en divulguant leur homosexualité à leurs élèves, ou en évitant de conforter les attentes dont ils font l’objet) au risque d’être conséquemment pénalisés. Bien entendu, cette influence des normes de genre diffère d’un enseignant à l’autre, mais semble jouer autant sur les enseignants hétérosexuels que LGB. Les enseignants qui choisissent de contester, explicitement ou implicitement, certaines de ces normes dominantes rapportent chercher des appuis formels à leurs démarches. Dans ce contexte, une telle quête de légitimation (par exemple, la référence aux règlements contre l’homophobie, la mobilisation des similitudes entre l’homophobie et le racisme, ou encore le rapprochement de ces enseignements avec les apprentissages prescrits pour leur matière) est à comprendre comme un outillage à la contestation normative. La formation professionnelle des enseignants sur l’homophobie et sur la diversité sexuelle constitue un autre de ces outils. Alors que les enseignants québécois continuent d’être identifiés comme des acteurs clés dans la création et le maintien d’environnements scolaires non-discriminatoires et inclusifs aux réalités de la diversité sexuelle, il est impératif de les appuyer en multipliant les signes formels tangibles sur lesquelles leurs initiatives peuvent prendre appui (politiques explicites, curriculum scolaire inclusif de ces sujets, etc.). Nos résultats plaident en faveur d’une formation enseignante sur la diversité sexuelle, qui ferait partie du tronc commun de la formation initiale des maîtres. Chez les enseignants en exercice, il nous apparait préférable de miser sur une accessibilité accrue des formations et des outils disponibles. En réponse toutefois aux limites que pose à long terme une approche cumulative des formations spécifiques portant sur différents types d’oppressions (l’homophobie, le racisme, le sexisme, etc.), nous argumentons en faveur d’un modèle d’éducation anti-oppressive au sein duquel les élèves seraient invités à considérer, non seulement la multiplicité et le caractère situé des divers types d’oppressions, mais également les mécanismes d’attribution de privilège, de constitution de la normalité et de la marginalité, et de présentation de ces arbitraires culturels comme des ordres naturels.
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IL FAUT LEVER LE VOILE SUR LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES. Malgré plusieurs décennies de luttes, elles continuent de s’exercer dans l’espace privé, mais aussi dans l’espace public. Violence conjugale, excision, mariage forcé, crime d’honneur, sexisme, viol, harcèlement moral et sexuel, prostitution, exploitation sexuelle… la liste est longue. Certes, des pratiques encourageantes ont contribué à limiter, à condamner ou à éliminer ces violences, mais de nombreuses lacunes et difficultés traduisent les insuffisances et les limites des réponses qui sont apportées. Pourtant, un outil de conscientisation efficace est curieusement resté dans l’ombre : les responsabilités individuelles et collectives. Rappelant les instances gouvernementales à leur devoir d’engagement dans la lutte contre la violence, cet instrument contribue à refuser la -déresponsabilisation sociale et libérale grandissante. Des professionnels du terrain et de la recherche mobilisent ici toutes leurs compétences, leur savoir-faire et leur savoir-être afin de trouver, d’une part, comment responsabiliser plus et autrement l’ensemble des acteurs de changement et, d’autre part, comment rendre plus efficaces les orientations politiques et sociales afin de mieux répondre aux besoins des femmes violentées. Apportant de nouveaux éléments de réflexion et des outils au service d’une action concertée, cet ouvrage se veut une contribution pour renforcer la lutte contre toutes les violences faites aux femmes dans le monde entier.
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Cet article propose d’analyser la « relation de service » comme un rapport de reconnaissance. Il prend pour exemple la relation d’accompagnement des réfugiés vers le travail. Ce type de relation de service s’avère particulièrement heuristique en raison de l’omniprésence des enjeux de reconnaissance qu’il comporte. Nous proposons dans un premier temps une réflexion sur la manière dont le paradigme de la reconnaissance d’Axel Honneth peut être mobilisé dans une analyse de la relation d’accompagnement pour rendre compte de la formation d’attentes de reconnaissance spécifiques aux réfugiés et aux acteurs de l’accompagnement. Nous examinons dans un deuxième temps différentes formes de désajustement entre attentes et effets de reconnaissance dans la relation d’accompagnement et le « drame social du travail » qui s’y noue ainsi. Nous terminons par une analyse des réactions des réfugiés aux différentes formes de déni de reconnaissance que la relation d’accompagnement peut produire.
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Cette recherche est née de notre désir de conjuguer la problématique du développement régional au Québec à une analyse sur les rapports sociaux de sexe en vue de développer une réflexion critique des transformations de l'État. Sa visée est de cerner comment se structurent, au sein des ententes spécifiques en égalité des sexes, les rapports entre les autorités régionales, les Conférences régionales des élus (CRÉ), et les groupes en défense de droits des femmes. Nous nous sommes tournés vers différents auteurs, notamment les auteures féministes critiques du développement et de l'État, afin de nourrir notre réflexion. À la lumière de leurs écrits, nous postulons que les nouvelles modalités de régulation destinées à atteindre des objectifs liés à l'égalité des sexes au sein des CRÉ orientent la capacité et la nature des interventions des groupes de femmes régionaux, d'une part, et favorisent la cooptation, le partenariat et la sous-traitance, de l'autre. Sur la base d'entrevues réalisées auprès de personnes responsables au sein des CRÉ, des tables de concertation et des groupes de femmes, nous avons analysé le type de participation de chacune des parties prenantes impliquée dans un schème de gouvernance régional afin d'identifier tout particulièrement quels étaient les rôles et les pouvoirs dévolus aux groupes de femmes dans le schème en question. Cette analyse nous a permis d'observer que, non seulement les processus de décentralisation entrainaient une reconcentration du pouvoir entre les mains des élus et des bailleurs de fonds, mais que le modus operandi privilégié pour opérer cette décentralisation, à savoir les ententes spécifiques en égalité des sexes, favorisait l'instrumentalisation des groupes de femmes au profit des autorités régionales. Elle nous a également permis de mettre en lumière le constat selon lequel les changements apportés par la gouvernance décentralisée sont peu propices au maintien ou au renforcement des interventions des groupes de femmes en région en ce qui a trait à leur mission de défense des droits, en plus de tempérer le caractère critique de leur discours. Ce qui se posait comme un élargissement des espaces de participation des groupes de femmes au développement régional, révèle alors divers problèmes inhérents à cette même participation. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : gouvernance, femmes, féminisme, développement, État, régions, décentralisation, égalité des sexes
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À partir d’une recherche qualitative, cet article illustre l’élaboration d’un dispositif méthodologique qui met au travail de manière active les émotions. L’enquête menée sur un terrain intime, puisqu’il traite de la sexualité et de la séropositivité, vise à comprendre comment les femmes migrantes d’origine subsaharienne et séropositives résidant en Suisse gèrent le secret sur le VIH/sida. Par l’accumulation des formes de fragilisation, la population étudiée est particulièrement précaire, ce qui soulève plusieurs questions éthiques. Ce texte en explore certaines, telles que l’implication émotionnelle de la chercheuse et l’impact de la recherche sur la vie des enquêtées. Poursuivant une réflexion sur la mobilisation des émotions dans le processus de la recherche, la question épistémologique est également traitée : les sujets connaissant sont-ils des sujets émotionnels et vice-versa ? Finalement les émotions mobilisées par les enquêtrices et les enquêtées constituent la matière première sur la base de laquelle est produite une proposition de méthodologie située, émue et engagée.
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L’histoire des relations entre biologie et politique féministe est tendue et contradictoire. Cela paraît d’autant plus flagrant aujourd’hui à l’âge d’or des neurosciences qui ramènent les arguments de supériorité masculine, le caractère inéluctable des différences de genre et la prédominance de l’hétérosexualité à une affaire de cerveau. Dans cet article, nous analysons les points d’intersection propres aux sciences du cerveau et du féminisme. Ces deux champs de recherche entretiennent selon nous des rapports conflictuels mais parfois aussi productifs, y compris dans leurs rapports à l’activisme politique. Ces rapports peuvent être caractérisés en référence à trois directions de recherche principales : des « déstabilisations », des « reconstructions » et des « recontextualisations ». En guise de conclusion, nous terminons par quelques réflexions sur les conditions sociologiques de l’engagement dans une économie politique des neurosciences.[1][1]Traduit de l’anglais par Marc Gagnepain. Pour une brève présentation de l’article et du dossier thématique dans lequel il s’inscrit, nous renvoyons le/la lecteur/trice à l’article introductif de Bovet, Kraus, Panese, Pidoux et Stücklin, « Les neurosciences à l’épreuve de la clinique et des sciences sociales. Regards croisés ».
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Le projet neuroGenderings rappelle un programme interdisciplinaire intitulé « Neurosciences Critiques » (Critical Neuroscience). La possibilité de développer des « Neurosciences Critiques » féministes et queer est toutefois limitée par la manière problématique dont les pratiques critiques sont conçues au sein de ce programme. Les tenant-e-s des « Neurosciences Critiques » nous proposent de travailler et de débattre par-delà les disciplines en faisant comme si les neuroscientifiques venaient de Mars et les chercheur-e-s en sciences sociales de Vénus, tout en assignant aux second-e-s le rôle traditionnellement féminin d’apaiser les conflits. Le présent article appelle les chercheur-e-s en études sociales des neurosciences à clarifier le cadre que nous souhaitons donner à nos pratiques critiques (une critique de quoi et pour qui ?) et le genre de pratiques que nous souhaitons promouvoir au nom de l’interdisciplinarité. Le défi consiste à articuler une perspective critique résistante au « pouvoir absorbant » des neurosciences, « Neurosciences Critiques » comprises. Au lieu de nous focaliser sur un prétendu problème de communication, je propose de déplacer notre attention vers l’étude des conflits et des controverses (mais aussi des controverses manquées, de l’absence de controverses, etc.). Je discute de l’intérêt de changer de focale à travers deux exemples : la notion guère controversée de plasticité cérébrale et la question controversée de savoir quel est l’organe le plus déterminant (le cerveau ou les organes génitaux ?) dans la formation de l’identité de genre chez les personnes intersexuées. Il est certes bienvenu de « socialiser » les neurosciences grâce aux apports des études genre (gender studies) et des études sociales des sciences, mais arriver à mettre en évidence, dans un même geste, les dimensions conflictuelles de la vie sociale serait mieux encore.
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Cet article rappelle dans quelles circonstances une histoire de la sexualité construite à partir de sources médicales a émergé en France dans les années 1970. Il insiste surtout sur les pionnier-e-s de cette histoire pour les périodes moderne et contemporaine et les sources qu’ils et elles ont utilisées. Enfin il met en avant le renouvellement récent de ce champ grâce à une histoire « par en bas ».
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Rendant compte des travaux récents dans le champ de l’étude sociales des sciences (Social Studies of Knowledge), de la critique féministe des sciences et des cultural studies, cet article revient sur leurs apports et sur la façon dont ils lisent l’histoire des transformations biomédicales (très) contemporaines, notamment dans les domaines de la reproduction et de la sexualité. Les SSK, en particulier, proposent une lecture complexe et riche des relations humains/techniques et de la façon dont les relations sociales et de genre s’y trouvent engagées. S’interrogeant sur la coïncidence de certaines de ces approches (participant du « tournant descriptif » dans les sciences sociales) avec des transformations économiques et sociales plus vastes (la reconfiguration de soi via les biotechnologies comme promesse individuelle en contexte néolibéral), l’article propose de mettre en évidence ce qu’un renouveau de l’approche historienne pourrait apporter en propre : redonner à voir l’épaisseur des contextes scientifiques et sociaux de production de certaines technologies, dire l’historicité des enjeux sociaux et de genre, produire de nouveaux récits attentifs aux enjeux normatifs, politiques et économiques.
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Le cancer est perçu aujourd’hui comme une maladie qui affecte à peu près autant d’hommes que de femmes. C’est cependant une conception relativement récente. Jusqu’au milieu du xxe siècle, le cancer était considéré comme une pathologie principalement féminine, les tumeurs malignes produisant des symptômes typiques faciles à détecter. Au xxe siècle, les cancers féminins – du sein et de l’utérus – sont les principales cibles des campagnes publiques pour la détection précoce des tumeurs malignes. Depuis les années 1950, le développement de méthodes efficaces de diagnostic et l’augmentation des cancers du poumon, plus fréquents chez les hommes, met fin à l’image du cancer comme une pathologie féminine. Dans les discours publics et les medias, les cancers des organes reproducteurs féminins continuent cependant d’être plus visibles que ceux des organes reproducteurs masculins, et les femmes à risques sont plus souvent sujettes à une chirurgie de prévention mutilante.
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L’invention de la ménopause au xixe siècle puis celle de l’andropause dans la seconde moitié du xxe siècle ont eu pour effet d’accroître la surveillance des médecins sur les corps féminins et masculins vieillissants et, plus spécialement, sur la sexualité de cette période de la vie. Or, si ce coup d’état médical a si bien réussi, c’est qu’il a tout autant bénéficié du soutien très actif des femmes que de l’incapacité des hommes à lui résister. C’est aussi qu’il s’inscrivait dans le prolongement de très anciennes pratiques sociales qu’il légitimait. Et qu’on ne s’y trompe pas. Loin de se desserrer, l’étau s’est définitivement refermé. En effet, les hommes, qui ont longtemps tenté d’échapper maladroitement à cette surveillance, ont, aujourd’hui, fini par s’y soumettre, acceptant, de fait, tout le discours silencieux sur les défaillances de leur puissance virile qu’elle suppose.
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Les hormones sexuelles sont des objets hybrides et complexes à la frontière du sexe et du genre. Dès lors qu’elles sont synthétisées sous forme pharmaceutique, elles peuvent attribuer des caractéristiques sexuelles au corps de manière partiellement exogène à celui-ci. Il s’en suit que l’utilisation clinique qui en est faite est socialement réglementée. À travers une analyse de divers contextes d’utilisation des hormones observés à Bahia, au Brésil, cet article montre que le dualisme sexuel est le produit de pratiques de régulation biomédicales qui visent à encadrer la circulation des hormones. Le sens du terme local « hormônio » n’est pas pleinement recoupé par celui d’hormone, qu’il excède. L’emploi commun qui est fait au Brésil du singulier procure au terme « hormônio » une qualité fluide et homogène. Dans ce contexte, les hormones sont comprises comme une sorte de substance qui peut circuler entre les corps. Cette conceptualisation des hormones comme une substance a des implications pour le statut ontologique des corps et révèle la relative plasticité de la relation sexe/genre.