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L’autodéfense féministe est un phénomène important dans les milieux militants contre les violences sexistes et sexuelles. Elle a traversé les époques et les frontières en revêtant différentes formes. Il s’agit pourtant d’un sujet qui a suscité peu d’intérêt dans le domaine académique. Son étude comporte divers défis, notamment quant à l’absence de consensus sur la définition de cette discipline et à la difficulté de repérer ses événements lorsqu’ils furent l’objet de répression sociale. Ce mémoire de recherche en travail social s’intéresse particulièrement à l’expérience des survivant- e-s de violence sexuelle qui ont participé à des cours d’autodéfense féministe. Afin d’explorer ce sujet, la recherche s’appuie sur deux méthodes de recherche complémentaires. D’abord, elle fait la documentation des cours d’autodéfense féministe s’étant tenus à Montréal au cours des dix dernières années afin de contextualiser la discipline à l’étude. Ensuite, des entretiens individuels ont été menés avec huit survivant-e-s de violence sexuelle ayant pratiqué l’autodéfense féministe, à partir desquels ont été rédigés des récits voulant trouver les thèmes significatifs à leurs expériences. La méthodologie de cette recherche qualitative s’inscrit en phénoménologie féministe et accorde une importance particulière au processus de dé/subjectivation dans l’expérience de la violence. Les thèmes abordés lors des entretiens avec les survivant-e-s concernent à la fois les changements constatés dans leurs rapports émotionnels et corporels à la vulnérabilité, leurs perceptions des institutions étatiques et l’importance accordée au rôle des collectivités dans leur recherche de guérison. L’analyse permet d’y découvrir un intérêt marqué pour les pratiques de solidarité ainsi que l’existence d’un processus d’empowerment qui échappe à l’injonction néolibérale du succès individuel. Cela permet d’élaborer une analyse critique du traitement punitif des problèmes sociaux et une vision de la lutte à la culture du viol qui s’attaque aux racines des dynamiques de pouvoir genrées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autodéfense féministe, violence sexuelle, intervention féministe, empowerment, culture du viol, solidarité
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Malgré l’entrée massive des femmes sur le marché du travail et les avancées que l’on doit aux mouvements féministes, le patriarcat demeure un paradigme dominant à l’égard de la question familiale (Descarries et Corbeil, 2002ª). Dans sa version plus contemporaine, le consensus social concernant la famille est aussi imprégné de l’influence de l’épidémiologie sociale, un paradigme qui supporte une ambition scientiste et normative (Parazelli et al., 2003 et Parazelli, 2013). Comme la mère porte implicitement la responsabilité de l’ordre familial et par extension, de l’ordre social, cette normativité est étroitement liée au genre (Cardi, 2007; 2010 et 2015). Cette recherche s’ancre dans les épistémologies féministes. Elle propose une démarche qualitative, exploratoire et critique en s’intéressant à la réalité des mères qui pratiquent le travail du sexe à partir de l’idée selon laquelle « on ne peut être mère et putain à la fois » (Ovidie, 2018). Le stéréotype de la mère s’oppose effectivement à celui de la putain dans l’imaginaire social (Descarries et Mathieu, 2009). Les mères qui pratiquent le travail du sexe doivent ainsi réconcilier leur posture d’être humain discrédité en regard de leur travail et leur identité de mère, laquelle est soumise à des injonctions normatives de plus en plus élevées (Samtani et Trejos-Castillo, 2015). Nous exposons les données issues d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès de huit mères exerçant le travail du sexe afin d’explorer leur expérience de l’articulation famille-travail. Cette expérience est traversée par la gestion des temps et des espaces de la vie familiale et du travail, laquelle relève surtout de la mobilisation de stratégies personnelles par les mères. Ces constats correspondent aux connaissances portant sur l’articulation famille-travail (Descarries et Corbeil 2002ᵇ; Malenfant, 2002; Tremblay, 2003 et Seery, 2014 et 2020). S’agissant des mères que nous avons rencontrées, cette expérience a cependant de particulier qu’elles doivent composer avec le stigmate de putain (Pheterson, 2001). Nous avons donc recours à certains travaux portant sur la stigmatisation symbolique et structurelle aux fins d’analyse et de discussion de nos résultats de recherche. On relève deux grands types de stratégies employées par ces femmes pour faire face au stigmate de putain : elles s’en distancient ou elles lui résistent. La valorisation dans le travail compte parmi les stratégies de résistance. À ce sujet, elles énoncent des réalités et des compétences se rapportant au travail du care. Ainsi, la perspective du care est également mobilisée dans notre cadre conceptuel. Nous réfléchissons notamment au travail du sexe comme travail du care à la lumière des concepts de travail émotionnel (Hochschild, 2003 et 2012), de sale boulot (Lhuilier, 2005 et Molinier 2011) et de défenses collectives féminines et viriles (Molinier, 2000; 2002 et 2004), alors qu’une part importante du travail du care demeure stigmatisée en tant que sale boulot (Molinier, 2011) et que le travail émotionnel est sous-pesé dans l’appréhension de la valeur du travail du care (Molinier, 2011 et 2020). De plus, bien que la dimension du care soit transversale aux activités de soins et de services aux personnes, elle est généralement occultée du sexuel (Molinier, 2009 et 2011). Ces idées nous permettent d’éclairer le discrédit porté à l’endroit des mères pratiquant le travail du sexe et de réfléchir à leurs avenues de reconnaissance et de citoyenneté. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : travail du sexe, mères, articulation famille-travail, féminisme, patriarcat, imaginaire social, discours sociaux dominants, significations imaginaires sociales, stigmatisation, stigmate de putain, travail du care, travail émotionnel, sale boulot, défenses collectives
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Historiquement, la grossesse et l'accouchement étaient le champ de pratique des sages-femmes et traduisaient les savoirs empiriques qu’elles et d’autres femmes avaient développés sur leur corps. Mais, aux 19e et 20e siècles, en Occident, les sages-femmes perdent la main mise sur l'accouchement au profit de la nouvelle profession médicale omnipotente, métier historiquement réservé aux hommes. L’obstétrique-gynécologie voit le jour sous la lunette misogyne et raciste d’hommes qui tentent de mener cette spécialité vers la reconnaissance et la gloire auprès de leurs pairs, parfois aux dépens des femmes surtout noires ou pauvres. De nos jours, au Québec et à travers le monde, des voix s’élèvent pour dénoncer la violence obstétricale subie par les personnes qui accouchent : des abus, des mauvais traitements et des non-respects des droits des personnes vécus durant la grossesse et l’enfantement. Ainsi, c’est avec une posture épistémologique féministe que cette recherche tente, à partir de témoignages de femmes ayant enfanté dans le milieu hospitalier au Québec, de comprendre l’expérience d’accouchement dans un lieu où les rapports de pouvoir sont inégaux. Cette recherche qualitative croise les données avec deux théories clés : les savoirs faisant autorité et l’injustice épistémique. Trois points saillants ressortent de l’analyse : 1) ce sont les soignant·es qui détiennent les savoirs faisant autorité et avec eux le pouvoir décisionnel dans la salle d’accouchement. 2) Les personnes qui accouchent sont victimes d’injustice testimoniale au moment de l’enfantement. 3) L’injustice herméneutique nuit à la reconnaissance et à la lutte contre les violences obstétricales. Finalement, cette recherche met en lumière que les injustices épistémiques que vivent les personnes qui accouchent en milieu hospitalier au Québec sont la toile de fond dans laquelle s’enracinent les violences obstétricales. L’analyse témoigne de la nécessité de renverser les rapports de pouvoir inégaux dans la salle d’accouchement et de changer de paradigme autour de la naissance afin d’obtenir plus de justice périnatale. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Injustice épistémique, savoirs faisant autorités, violence obstétricale, accouchement, justice périnatale, rapports de pouvoir.
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Ce projet porte sur les liens entre les pratiques artistiques et le changement social dans la lutte contre le racisme. Il a pour but d’étudier la réception de la fresque La vie des Noir·e·s compte, réalisée sous la direction de Never Was Average, et implique de porter attention non seulement sur l’oeuvre et l’appréciation de celle-ci, mais aussi sur les modalités de sa production au Québec et à Montréal, en particulier. Les objectifs poursuivis sont les suivants : (1) recueillir et documenter le point de vue de celles et ceux qui ont vu la fresque ; (2) identifier les réflexions et les actions par rapport au racisme anti-Noir·e·s ; (3) outiller les milieux artistiques et militants noirs ; (4) contribuer à la recherche sur/de la race en travail social féministe. Théoriquement, la recherche s’ancre dans trois axes d’analyse, à savoir : les féminismes noirs, la théorie critique de la race (Critical Race Theory), et les Cultural Studies. J’adopte également la notion d’intersectionnalité pour appréhender la subjectivité des participant·e·s (genre, race, classe, etc.) et les processus qui les sous-tendent. L’épistémologie féministe et la méthodologie qualitative interprétative critique permettent une démarche exploratoire, féministe et engagée. Un focus groups a réuni cinq personnes qui ont discuté l’appréciation de la fresque, la compréhension du message, et les réflexions générées chez elles par la fresque. L’analyse des données de l’entrevue par catégories conceptualisantes mène vers la théorisation enracinée des retombées de la fresque en lien avec la lutte au racisme anti-Noir·e·s. Le détail des résultats contribue à offrir une vision complexifiée du médium artistique, entre autres, dans une perspective de résistance, mais aussi de la langue et de la politisation des vies noires. Le poids de la langue, ici la langue française, révèle, une diversité d’enjeux allant des représentations culturelles qui circulent en société aux dynamiques sociopoliques qui marginalisent les personnes Noires. La manipulation politique perçue par les participantes entourant l’oeuvre évoque des sentiments de déception et la perte de confiance à l’égard des pouvoirs politiques. La discussion critique de ces éléments met en lumière des espaces où se joue la racialisation et les rapports de pouvoir dans le contexte québécois. En conclusion, des pistes de réflexion pour la recherche critique de la race en travail social, ainsi que des suggestions pour la pratique sont proposées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : arts, artivisme, réception, travail social, travail social féministe critique, race, racisme, Montréal, féminismes, féminismes noirs, Québec.
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Par le biais d’une analyse phénoménologique interprétative (API), cette recherche qualitative vise à mieux comprendre le rapport au corps des jeunes adultes émergent·e·s trans et non binaires (TNB) à l’aune de leurs expériences sexuelles et romantiques. Pour atteindre cet objectif seront mobilisés la corporéité et le structuralisme érotique transféministe conceptualisés par Alphonso Lingis et Tallia Mae Bettcher. Au regard de la visée exploratoire de la recherche, vingt entretiens semi-directifs (n=20), fondés sur une stratégie d’échantillonnage non probabiliste, ont été menés auprès de jeunes adultes émergent·e·s âgé·e·s de 18 à 25 ans avant et pendant la pandémie. Les participant·e·s se sont identifié·e·s aux genres suivants : masculin (n=9), féminin (n=2), non binaire (n=9) et/ou agenre (n=2). L’API a mis en relief cinq sous-thèmes en lien avec la corporéité : (1) l’absence corporelle à soi; (2) la présence corporelle à soi; (3) les corps accablants; (4) les corps émancipateurs ainsi que (5) les expériences positives du plaisir sexuel. L’API souligne que le corps peut être vécu de plusieurs manières : comme un corps étranger ou comme un corps vivant, en mouvement. Cinq constats favorisent une présence corporelle accrue. Le corps trans pensé comme une nouvelle forme, la construction identitaire par le biais du genre incarné, les processus de recodage intrapsychique et dyadique, une seconde puberté hardiment attendue et l’alignement corporel constituent tous des dimensions d’une corporéité prononcée. En définitive, des pistes d’intervention et de recherche ancrées dans une sexologie réflexive et transaffirmative devraient être considérées afin de favoriser une meilleure santé sexuelle et l’investissement du corps chez la population TNB. Pour les adultes émergent·e·s TNB, le genre est définitivement incarné et implique d’être vu·e·s et lu·e·s à l’aune du corps sensible. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : corporéité, trans, non binaire, adulte émergent, incongruence de genre, phénoménologie, pratiques trans-affirmatives, sexologie, sexualité, théorie queer, transféminisme
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Ce mémoire théorise les relations de sollicitude, soit les relations entre deux adultes consentants qui se connaissent bien, qui maintiennent un contact direct prolongé et qui partagent une histoire commune. Ces relations permettent à chaque personne de communiquer ses besoins et désirs de manière à ce que l’autre personne ait accès aux connaissances intimes particulières lui permettant de faire la promotion de son bien-être. Elles comportent une dimension affective qui influence ce travail de sollicitude de façon à ce qu’il soit effectué de manière impliquée [solicitously], constante et enthousiaste (voir Brake, 2012, pp. 82, 85-86, 160). J’y défends la thèse selon laquelle certains types de relations de sollicitude sont marginalisés des institutions gouvernementales encadrant les relations romantiques, monogames et à long terme en raison de l’influence d’idéologies oppressives, et que cette marginalisation constitue une injustice sociale. Ces idéologies oppressives incluent le racisme, la xénophobie, la suprématie blanche, occidentale et judéochrétienne, le patriarcat, le sexisme, la cishétéronormativité, l’homophobie et la transphobie. Pour ce faire, j’introduis mon argument généralisé pour la reconnaissance institutionnelle des relations de sollicitude marginalisées. Suivant cet argument, toute relation 1) étant une relation de sollicitude et 2) ayant été marginalisée en raison de l’influence historique et actuelle d’idéologies oppressives est une relation de sollicitude marginalisée. Puisque cette marginalisation résulte de l’influence d’idéologies oppressives, il s’agit d’une injustice qui doit être corrigée afin de tendre vers la justice sociale. Afin de démontrer l’applicabilité de cet argument, j’introduis trois ensembles de cas, soit les relations LGBTQIA2S+ n’étant pas présentement reconnues dans certains ou dans tous les pays occidentaux, les relations non monogames et les relations amicales ou familiales ne faisant pas partie de la famille nucléaire conventionnelle. Au sein du premier chapitre, je démontre que ces relations correspondent au deuxième critère de mon argument généralisable, soit le fait d’avoir été marginalisées en raison de l’influence d’idéologies oppressives. Le deuxième chapitre permet de démontrer qu’ils correspondent également au premier critère, soit le fait d’être des relations de sollicitude. Pour ce faire, je démontre qu’elles remplissent la même condition permettant à certaines relations d’être reconnues comme des relations de sollicitude, mais que des injustices épistémiques restreignent leur reconnaissance en tant que relations de sollicitude. Enfin, j’analyse, au sein du troisième chapitre, les différentes pistes de solution aux injustices épistémiques et institutionnelles subies par les personnes au sein de relations de sollicitude marginalisées afin d’identifier lesquelles seraient le mieux en mesure de contribuer au démantèlement de ces injustices. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : relations interpersonnelles, relations de sollicitude, justice sociale, injustice épistémique, communauté LGBTQIA2S+, amatonormativité, cishétéronormativité, enjeux de reconnaissance
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« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ». Cette recherche part du postulat que l'identité des mangeurs peut se lire à travers ce qu'ils ingèrent, comment ils l'ingèrent et pourquoi ils l'ingèrent. En d'autres termes, les alimentations permettent aux hommes et aux femmes du Moyen-Âge d'afficher leur appartenance à un groupe social, voire à un genre, à travers des éléments de distinction. L’étude de ces derniers dans le cadre de l’alimentation permettant alors, dans un mouvement inverse, de révéler les systèmes hiérarchiques qui prévalent à cette époque. Cette analyse vise donc à aiguiser notre regard sur les sociétés médiévales du XIIe au XIVe siècle à travers les alimentations de l'Occident chrétien et de l'Andalousie musulmane au prisme du genre. Il s'agit ainsi de s'inscrire dans le sillage des historiens du genre et de l'alimentation en questionnant le genre des aliments, l'identité des mangeurs et plus généralement les rapports de sociaux de sexe qui s'articulent autour du fait alimentaire. De ces interrogations découle la problématique suivante : dans quelle mesure le fait alimentaire constitue-t-il un vecteur de différenciation des sexes à l'époque médiévale en Occident chrétien et en Andalousie musulmane? Plusieurs sources ont été défrichées pour mener à bien cette analyse. Pour le volet diététique, les traités de Hildegarde (XIIe siècle) et de Ibn Halsun (XIIIe) ont fait l’objet d’une analyse lexicométrique, articulée pour l’essentiel autour de la notion de genre et qui a permis de mettre en lumière la prévalence de la théorie des humeurs dans les représentations de genre des savants médiévaux musulmans et chrétiens. À cette analyse discursive, s’est ajoutée une étude des pratiques qui entourent les boissons et les aliments et les cadres socio-culturels de leur consommation. Des sources juridiques et littéraires, autant que des documents iconographiques ont constitué un levier de connaissance substantiel qui a permis d’évaluer, dans une perspective intersectionnelle, la prégnance des critères sociaux de classe sur la commensalité féminine en Europe chrétienne comme en Andalousie musulmane. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Moyen-âge; femmes; genre; alimentation; Occident; islam; christianisme
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Ce travail de recherche s’attarde à répondre aux deux questions suivantes : d’abord, comment les jeunes femmes québécoises ayant des relations sexuelles avec des hommes perçoivent-elles l’influence des mouvements de dénonciations qui ont eu lieu dans les dernières années? Ensuite, qu’est-ce qui caractérise les réflexions sur leur agentivité sexuelle de ces jeunes femmes? S’inscrivant dans le contexte de la multiplication des mouvements de dénonciations de violences sexuelles, cette recherche tente de voir l’impact perçu que ces mouvements, et le contexte social particulier qui en résulte, peuvent avoir sur les jeunes femmes qui ont vécu leur entrée dans la sexualité dans ce contexte. L'objectif est de comprendre l’agentivité sexuelle de ces jeunes femmes telle qu'elles la vivent, et comment celle-ci est négociée dans un contexte hétéropatriarcal. J'explore également de quelles façons ces jeunes femmes, après ces campagnes médiatiques de sensibilisation, incorporent des éléments de cette culture contestataire dans leurs réflexions. À l’aide de questionnaires et d’entretiens semi-dirigés auprès de 8 jeunes femmes, nous avons recueilli des données sur ce sujet. Les résultats ont été interprétés à la lumière de la littérature sur l'agentivité sexuelle des femmes, dans une perspective féministe critique de l'hétérosexualité comme rapport de domination des hommes sur les femmes. Les résultats nous montrent que l’agentivité sexuelle se développe progressivement, au fil des expériences des jeunes femmes interrogées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agentivité sexuelle, jeunes femmes, hétérosexualité, sexualité des femmes, patriarcat, dénonciations en ligne
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Héroïne des jeux Tomb Raider, Lara Croft a su se tailler une place au sein de la culture populaire en étant la première figure vidéoludique à transcender la frontière du jeu vidéo. Le traitement médiatique autour du personnage a amené plusieurs auteur·e·s à se demander si Lara Croft représentait une icône positive ou, au contraire, le reflet de fantasmes masculins. Si, dans leurs analyses, certain·e·s mentionnent la nécessité de prendre en considération le point de vue des joueur·se·s afin de comprendre les significations qu’elle revêt pour eux et elles, aucun·e auteur·e n’étudie le personnage à partir de cette perspective. Ainsi, ce mémoire s’intéresse aux appropriations, interprétations et détournements que font les fans de Tomb Raider du personnage de Lara Croft. Nous nous efforçons également de comprendre la relation d’identification que les fans construisent avec Lara Croft en plus de vérifier l’influence que peuvent avoir leurs perceptions du personnage sur cette relation. Pour ce faire, nous avons réalisé des entrevues individuelles auprès de treize fans de Tomb Raider. À la lumière de leur témoignage, il apparaît que les fans interrogé·e·s accordent davantage d’importance à la personnalité de l’héroïne, ce qui semble avoir une incidence sur la manière dont il·elle·s l’incarnent ainsi que sur la relation d’identification qu’il·elle·s établissent avec le personnage. Les résultats de notre analyse nous amènent à poser un regard plus complexe sur le personnage de Lara Croft ne s’arrêtant pas uniquement à ses attributs physiques. Il en ressort que la lecture que font les participant·e·s de Lara Croft se retrouve entre la subversion et l’objectivation. En effet, sans nier la sexualisation de l’héroïne, les joueur·se·s font le choix de se concentrer sur la psychologie du personnage et ses habiletés athlétiques surhumaines. Cette lecture s’exprime notamment à travers leurs pratiques de détournements qui mettent de l’avant la combativité et le côté aventurier de Lara Croft plutôt que son sex appeal. Finalement, cette vision particulière de Lara Croft a une incidence sur la relation que construisent les fans interrogé·e·s avec le personnage puisque cela ne les amène pas à le considérer comme un objet à leur disposition pour leur plaisir visuel.
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La nourriture n'est pas aussi neutre que l'on peut le penser. Certains aliments, comme la viande, seraient considérés plus masculins que d'autres. En effet, le patriarcat a des effets sur la nourriture également. Il s'agit, dans ce projet de mémoire, de questionner ce qu'est la masculinité et la féminité en tant qu’idéaux, qui se construisent mutuellement en lien avec la domination masculine. Il s'agit également de penser les rapports de genre et les différentes responsabilités genrées autour des choix alimentaires. La division sexuelle du travail telle que pensée par le féminisme matérialiste peut également être étudiée autour de l’alimentation. De plus, le genre serait performé au sens de Butler (1988) en ce qui regarde l'alimentation. C'est d’ailleurs ce qui motive les questionnements autour des habitudes alimentaires et leur signification en lien avec le genre et les rapports de domination. Pour penser le carnisme et les aspects genrés de la viande, il importe nécessairement de se pencher sur la question du véganisme et de l’antispécisme. Puisqu’être végane implique de retirer tous les produits animaux des habitudes de consommation et de minimiser la souffrance animale, nous avons mené une enquête auprès de 10 hommes cisgenres québécois et 3 femmes cisgenres, une femme trans et une personne non binaire s’identifiant comme véganes afin de déterminer les impacts d'une alimentation végane sur les codes de la masculinité. Notre étude conclut que toutes les personnes interviewées déconstruisent en profondeur les normes genrées autour de la nourriture. Ainsi, ces hommes véganes sont capables de reconnaitre des différences marquantes entre eux et le reste des hommes en société. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : véganisme, genre, antispécisme, déconstruction, patriarcat, féminisme, viande, masculinité
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« Les femmes noires qui aiment les femmes : résistance aux rapports de pouvoir enchevêtrés » aborde les questions de survie d’un point de vue queer et diasporique. Cette thèse soutient que les pratiques et positionnements au quotidien des participantes se situent dans les failles d’un système qui criminalise l’existence même des personnes noir.e.s. L’analyse des conditions de vie de ces femmes permet de mieux comprendre le panorama complexe des systèmes de pouvoir à l’intersection des rapports de classe, de genre, de race et de l’hétéropatriarcat. Elle permet également de reconnaitre leur capacité à créer un espace alternatif, un univers des possibles qui s’oppose aux catégories normatives et hégémoniques. Les réalités des participantes génèrent donc des points de départ où l’altérité devient outil de pensée critique, moyen de résistance et fondement d’un futur substantiellement différent infusé par l’espoir de l’amélioration. Cette recherche se base sur l’autoethnographie, une ethnographie de la participation et des entretiens semi-dirigés de 22 personnes qui s’identifient comme femmes, noires et ayant des rapports sexo-affectifs avec d’autres femmes. Cette thèse porte donc sur le désir et s’appuie sur de multiples apports, majoritairement de théoriciennes racisées, qu’elles soient issues du milieu académique ou fassent partie de mon cercle privé. Elle est formée par de puissants récits, mais également par des silences tout aussi évocateurs, par une attention accrue au domaine du micro et à la description, par une autoethnographie de la participation et par la volonté de dépeindre sur quelques pages ne serait-ce qu’un extrait de la flamboyance de ces femmes.
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Le 13 mars 2020, le gouvernement du Québec annonce l’urgence sanitaire dans la province afin de contrer la pandémie du coronavirus. Une panoplie de mesures sanitaires est instaurée : le confinement de la population, la fermeture des commerces et services jugés non essentiels et l’implantation de gestes barrières. Les proches aidantes ont dû composer du jour au lendemain avec ces nouvelles restrictions. Leur travail de care est loin d’avoir cessé malgré la distance imposée et une perspective féministe sur les enjeux et conséquences des mesures sanitaires nous semble d’actualité. L’objectif de cette recherche est d’explorer l’expérience des proches aidantes confrontées aux mesures sanitaires de la COVID-19 déployées au Québec entre les mois de mars et mai 2020. Pour y arriver, nous avons réalisé une trentaine d’entrevues semi-dirigées auprès de dix proches aidantes s’occupant d’un.e proche adulte. Nous avons ensuite procédé à une analyse thématique afin de comprendre de quelle façon les mesures sanitaires ont interagi avec leurs tâches concrètes, ainsi que les aspects cognitifs et émotionnels de leur travail de care. Il en ressort que le travail des proches aidantes n’a pas été pris en compte lors de la gestion de la crise sanitaire, ce qui a exacerbé la lourdeur du travail réalisé. Les conséquences sont présentes pour les proches aidantes et pour leur proche. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Travail de care, travail cognitif, travail émotionnel, pandémie, COVID-19, dépendance, féminisme
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Cette recherche porte sur le mouvement radical contre l’austérité de 2015 au Québec. Nous cherchons à comprendre comment les récits militants sur cette mobilisation se sont formés. La recherche repose sur une enquête qualitative avec neuf entrevues non dirigées. Celle-ci met en perspective la centralité de la répression vécue ainsi que le rôle du conflit entre les comités Printemps 2015 et l’ASSÉ. Nous nous basons sur ces entrevues pour comprendre comment le processus de cadrage du mouvement radical contre l’austérité s’inscrit dans les récits des participant·es. En retrouvant quatre récits types, notre travail contribue à la typologie de Beckwith (2015). En effet, la défaite comme maintien ou renforcement des injustices est un nouveau type de récit produit par des militantes. Ces narratrices apportent un nouveau type de récit dû à leur multipositionnalité dans le mouvement contre l’austérité et le mouvement féministe. Cette recherche est une invitation à approfondir les récits des mouvements sociaux en relation aux rapports de pouvoir et à l’expérience militante vécue et située. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : mouvement étudiant, Printemps 2015, militantisme, mouvement social, processus de cadrage, récits, Québec.
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L’interculturel, apparu au Québec à la fin des années 1960, est aujourd’hui présent tant dans les discours populaires et médiatiques, les pratiques individuelles et organisationnelles que dans les politiques. Si le concept est utilisé dans plusieurs disciplines, on le rattache souvent aux migrations, voire aux personnes qui y sont associées. En travail social, l’approche interculturelle est pensée tantôt comme une démarche permettant de rapprocher les individus porteurs de cultures différentes, tantôt comme un contexte à prendre en considération pour l’intervention. Malgré les confusions possibles entre les différents sens et termes associés à l’interculturel, plusieurs organismes communautaires s’y réfèrent toujours afin d’intervenir auprès de la population diversifiée de Montréal. Grâce aux données recueillies par deux entretiens de groupe et huit entretiens individuels, cette recherche explore comment les intervenant.e.s des organismes communautaires de Montréal se représentent et appliquent l’approche interculturelle au quotidien. À partir des enjeux soulevés dans leurs propos, notamment l’étiquetage, l’essentialisation et le tokénisme, les impacts des pratiques associées à l’interculturel sur les personnes qui fréquentent les organismes communautaires, comme sur les intervenant.e.s elleux-mêmes ressortent. Enfin, cette recherche présente certaines représentations des intervenant.e.s autour de l’interculturel, propose une typologie des postures d’intervention liée à l’interculturel et met en lumière l’urgence d’une perspective interculturelle critique et transversale. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : approche interculturelle, travail social, organisme communautaire, Montréal, intervention, représentation, approche féministe
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Ce mémoire porte sur les pratiques d’engagement des femmes de 65 ans et plus au blogue de La Marie Debout, centre de femmes à Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Premièrement, cette recherche offre un regard positif sur l’engagement politique et social des femmes aînées dans le contexte numérique. Deuxièmement, elle met en lumière les pratiques mises en place par le centre pour déclencher ou déployer l’engagement d’un plus grand nombre de femmes, dans un contexte d’intervention féministe en action collective. Enfin, elle montre que les pratiques d’engagement chez les femmes de 65 ans et plus sont multiples et que le sens qu’elles donnent à leur motivation et à leur logique d’action sont plurielles (Mathieu, 2012; Thévenot 2006). Cette recherche exploratoire qualitative tend à répondre à la question suivante : Quelles sont les pratiques d’engagement des F65+ au blogue de LMD? et consiste en l’étude des usages du blogue de LMD à travers une enquête ethnographique du virtuel qui utilise plusieurs instruments de collectes de données de façon itérative : entretiens sur traces et prospection de données sur le blogue. Par la suite, c’est la sociologie pragmatique française qui va guider la présentation et la discussion des résultats. Plus précisément, la réponse à la question est articulée autour du concept de carrière d’engagement de Lilian Mathieu (2012) et celui de coordination des régimes d’engagement de Laurent Thévenot (2006). Mais cette analyse ne saurait être complète sans poser également un regard sociologique et féministe sur le rapport des participantes aux technologies numériques qu’elles révèlent à travers leurs pratiques d’engagement au blogue de LMD (Nélisse, 1998; Jauréguiberry et Proulx, 2011; Haraway, 2009; Cardon, 2010). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : pratiques d’engagement, femmes aînées, blogue, technologies numériques, travail social, intervention féministe, action collective
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Ce mémoire s’intéresse au développement d’une conscience internationaliste au sein des mouvements féministes canadiens durant la décennie 1960, ainsi qu’aux différents réseaux de solidarité construits dans l’espoir de mettre en pratique ces idéaux. À travers l’étude des principales conférences féminines internationales organisées au Canada durant la période, nous cherchons à comprendre comment et pourquoi les féministes canadiennes ont construit des coalitions féministes par-delà les frontières culturelles, politiques ou géographiques. Cette démarche permet d’identifier trois grandes phases du développement de l’internationalisme féministe. Au début des années 1960, l’idéal internationaliste se construit autour de la thématique de l’amitié. Cette politique s’incarne dans le déploiement d’un contingent international de femmes chargées de faire la promotion d’un « esprit de paix » auprès des États masculins et belliqueux ; on espère que les femmes puissent oeuvrer à titre de médiatrices pour éviter l’éclatement d’un conflit nucléaire. Au milieu de la décennie, le projet est reformulé dans les termes de la solidarité. L’internationalisme féministe se donne pour mission de soutenir les luttes pour la libération des peuples colonisés et prend la forme d’un mouvement social de femmes anti-impérialistes. Finalement, au tournant des années 1970, de nouveaux projets internationalistes sont formulés autour du thème de la sororité. Évoquant la recherche d’un lien qui permettrait d’unir les femmes dans un mouvement de résistance et d’émancipation efficace, les discours sur la sororité globale reflètent les tiraillements d’un mouvement mué par l’urgence d’articuler les différentes subjectivités des femmes pour organiser une opposition massive à l’impérialisme américain. L’étude de ces trois phases permet de dresser le portrait d’un mouvement féministe hautement préoccupé par les enjeux géopolitiques propres à la décennie 1960 : ses structures et ses discours s’adaptent, tout au long de la période, pour faire face aux problèmes urgents que posent la Guerre froide, la décolonisation et la guerre du Vietnam. Notre démarche propose également de repenser le rôle des conflits dans la construction des solidarités féministes : l’enjeu des nombreux axes de divisions entre femmes est au coeur des préoccupations du mouvement. Nous soutenons que c’est justement pour répondre aux défis d’un monde profondément divisé que l’idée d’une solidarité féministe émerge comme moyen de construire des coalitions efficaces à même la différence. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme, pacifisme, histoire transnationale, amitiés internationales, solidarité, sororité, Guerre froide, décolonisation, Guerre du Vietnam, Voix des femmes (VDF), Voice of Women (VOW), Mouvement de libération des femmes, Women’s Liberation Movement
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Depuis une perspective située, cette investigation en travail social documente la négociation de modifications à apporter aux représentations culturelles des familles LGBTQ+ circulant dans l’espace public québécois, par quatre parents LGBTQ+ et l’étudiante-chercheure. L’exercice, sous forme de focus group, avait pour but de favoriser l’échange et de créer de nouvelles images pouvant leur sembler plus justes en fonction de leurs propres expériences de parentalité. La démarche visait également à répondre à la question suivante : quelle forme de reconnaissance est recherchée par les parents LGBTQ+ montréalais, et de quelle manière? Elle s’inscrit dans les théories de la justice, où la reconnaissance est un élément clé à la pleine participation des individus et des collectivités dans leur société. Une analyse du contenu thématique, émergeant des réflexions des participants-es au focus group, recense trois statuts subordonnés (selon Nancy Fraser) auxquels les parents LGBTQ+ font face. Il s’agit de statuts liés au projet national québécois, au sexisme et au genrisme, et à la famille naturelle. De plus, l’attention portée aux interactions des parents permet d’observer le souci à autrui prenant place au sein de leurs échanges, à la lumière des quatre phases du care de Tronto et des perspectives de Ricoeur sur la reconnaissance. La quête de reconnaissance est donc exposée non seulement comme une lutte personnelle, mais aussi telle une démarche démontrant l’attention à soi et à l’autre. Cette observation va à l’encontre de certaines représentations culturelles rencontrées où les parents LGBTQ+ sembleraient davantage préoccupés par leurs propres désirs, besoins et droits, que ceux de leur entourage, incluant leurs enfants et leurs pairs marginalisés. Cette recherche qualitative à caractère exploratoire a recours à l’illustration pour interpeller le public ciblé, éliciter les données, développer l’analyse, présenter les matériaux et uniformiser le travail. Les limites observées sont liées au petit échantillonnage comme au caractère artificiel (initié par l’étudiante) du processus de recherche de reconnaissance en groupe. Des recherches ultérieures auprès d’enfants et d’adolescents de parents LGBTQ+, ou encore auprès d’autres groupes minoritaires pourraient mettre en corrélation et solidifier les données mises de l’avant. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : reconnaissance, parentalité, homoparentalité, transparentalité, pluriparentalité, LGBTQ+, queer, care, justice, Fraser, Tronto, Ricoeur, féminisme, bande dessinée, illustration, représentations culturelles, famille, travail social.
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La présence de femmes utilisatrices de substances psychoactives (SPA) semble être en augmentation dans plusieurs maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence au Québec. La littérature laisse entendre que ces enjeux soulèvent de nombreux défis pour les travailleuses de ces organisations féministes. Cette recherche, féministe et qualitative, s’est intéressée aux pratiques avec les femmes utilisatrices de SPA dans les maisons d’hébergement pour femmes. Afin de contribuer aux réflexions déjà présentes dans les milieux, cette recherche souhaitait documenter les pratiques actuelles en plus d’analyser et de contextualiser ces pratiques. Plus spécifiquement, la démarche voulait approfondir les liens entre les pratiques d’intervention et les pratiques organisationnelles, en dévoilant les éléments qui influencent ces pratiques. En mobilisant une stratégie d’étude de cas, je me suis intéressée aux pratiques dans deux maisons d’hébergement situées dans la grande région de Montréal et membres de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF). Pour récolter les données, j’ai réalisé des observations participantes dans les deux organisations féministes. De plus, j’ai effectué six entretiens individuels semi-dirigés avec des travailleuses et j’ai colligé soixante-quatre documents écrits et produits par ces mêmes organisations. L’analyse thématique du corpus permet de rendre compte de la diversité des pratiques d’accompagnement, celles visant l’inclusion, l’encadrement ou la communication avec les femmes. Aussi, ces pratiques sont largement influencées par les conceptions morale, juridique et biomédicale de la toxicomanie véhiculées socialement. Toutefois, un cadre d’analyse féministe supporte une lecture différente de la consommation et appuie des pratiques plus inclusives avec les femmes. L’analyse permet aussi de dégager que la dimension organisationnelle doit être considérée afin de comprendre ces pratiques et les contextes spécifiques dans lesquels elles s’inscrivent. Finalement, l’analyse de la dimension individuelle permet de souligner l’importance de l’individualité de chaque travailleuse comme élément contribuant à façonner les pratiques. Dès lors, la prise en compte de la consubstantialité de ces trois dimensions permet non seulement de comprendre les pratiques, mais supporte le besoin d’approfondir les réflexions afin de mieux soutenir les femmes utilisatrices de SPA. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Intervention féministe, toxicomanie, pratiques féministes en travail social, maisons d’hébergement pour femmes, utilisatrices de substances psychoactives
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Ce mémoire a pour but d'examiner l'éventuel impact qu'a eu la quatrième vague du féminisme sur la situation des femmes dans le champ littéraire. Dans sa première partie de contextualisation, il trace les contours d'une histoire littéraire au féminin marquée par l'invisibilisation, l'exclusion et la marginalisation. Dans sa seconde partie, il fait état d'une série de transformations ayant récemment agité le monde de l'édition depuis la déferlante #MeToo, la plus notable étant l'essor inédit pris par l'édition d'ouvrages de non-fiction féministes, une pratique qui témoigne tantôt de l'engagement profond d'une série de nouvelles maisons d'édition indépendantes, tantôt de la pratique du "feminism washing" par les grandes maisons généralistes. La troisième et ultime partie vise à répondre à la question suivante : les inégalités de genre, de quelque nature qu'elles soient, affectent-elles autant le champ littéraire depuis #MeToo? Y seront abordées les questions du plafond de verre, des inégalités salariales, du capital symbolique accordé aux autrices et du harcèlement sexuel au sein du milieu littéraire.
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Le mouvement Femen est un groupe féministe international qui manifeste seins nus. Au Québec comme un peu partout dans le monde, les Femen attirent l’attention des médias. Le discours médiatique entourant ce mouvement constitue donc un objet d’étude intéressant afin d’explorer la question plus large du rapport au corps et à la sexualité des femmes. Dans le cadre de ce projet, une analyse critique de discours a été menée sur 214 textes issus de cinq groupes de quotidiens québécois francophones. Alors qu’on tend à penser que l’égalité entre les sexes est atteinte au Québec, le discours médiatique québécois entourant le mouvement Femen révèle que le corps, la nudité et la sexualité des femmes font l’objet d’un contrôle social en plus d’un regard patriarcal, colonialiste et hétéronormé. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femen, agentivité sexuelle, slut-shaming, discours médiatique, féminisme, corps, nudité