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Cet article propose la notion d' activisme spirituel de Gloria Anzaldúa comme une lentille théorique plus productive à travers laquelle analyser le féminisme de Zaynab al-Ghazali, comme en témoignent ses mémoires, Return of the Pharaoh, et articulé dans ses articles et interviews. L'activisme spirituel d'Anzaldúa fonctionne ici comme une théorie décoloniale qui remet en question la conception occidentale de la spiritualité en tant qu'épistémologie passive et d'évasion. Dans cette analyse des mémoires d'al-Ghazali, l'activisme spirituel signifie un activisme à la fois spirituel et politique. Aussi oxymore que cela puisse paraître, l'activisme spirituel d'Anzaldúa sert de modèle non pas nécessairement à imiter mais à décoloniser le féminisme islamique en montrant ses limites et ses limitations dans l'analyse des œuvres des femmes musulmanes. En prenant les mémoires d'al-Ghazali comme étude de cas, cet article va au-delà de la controverse entre les féministes (laïques ou islamiques) et les binarismes occidentaux et ouvre la porte vers une théorie et une pratique féministes islamiques décoloniales plus solides profondément enracinées dans la spiritualité et la politique.
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Ce mémoire explore les liens conceptuels entre les pensées écoféministes et religieuses de Rosemary Radford Ruether et Starhawk, deux autrices marquantes du 20e siècle dans les débats sur les spiritualités féministes aux États-Unis. À partir de l’analyse d’un corpus raisonné d’ouvrages et d’articles publiés entre 1975 et 2015, je réponds à la question suivante : dans une perspective de divergences solidaires, comment les travaux thé(a)ologiques et fictionnels de Ruether et Starhawk, compris comme des généalogies féministes et religieuses, permettent de nourrir des convergences écoféministes ? Cette question est traitée dans une démarche en deux temps. Dans un premier temps, guidée par le concept de généalogie, je m’intéresse à la manière dont les deux autrices marquent des filiations dans leur pensée respective. Je délimite la manière dont elles dialoguent avec certains héritages religieux et séculiers pour construire leurs réflexions intellectuelles et pour se situer dans l’histoire à travers la création de nouvelles narrations. Dans un deuxième temps, je fais une analyse conjointe des pensées des deux autrices à partir de concepts structurant leurs visions de l’écoféminisme. Cette analyse se divise en différents thèmes qui reprennent des préoccupations communes aux deux écoféministes, ainsi que celles des mouvements politiques et religieux auxquelles elles prennent part. L’ensemble de l’analyse permet de faire émerger des convergences entre les pensées des autrices qui avaient été peu réfléchies dans le champ des sciences des religions, probablement en raison de leurs confessions religieuses différentes et d’une polarisation de leurs positionnements dans l’historisation des débats des féministes religieuses aux États-Unis. Cette recherche vise un dialogue interconfessionnel pour une lutte écoféministe solidaire. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : écoféminisme, généalogie, féminisme religieux, Rosemary Radford Ruether, Starhawk
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Plusieurs femmes innues fréquentent l’Église baptiste évangélique Aiamieu Mamuitun située dans la communauté de Uashat mak Mani-Utenam (Côte-Nord, Québec). Dans ce mémoire, je m’intéresse aux discours de ces femmes innues à propos de leur foi évangélique et aux actions qu’elles posent dans le cadre des activités de leur église. Je cherche à documenter et analyser de quelles manières elles font preuve d’agentivité et comment leur désir de guérison se manifeste dans ce contexte évangélique. Au plan théorique, je fais appel aux concepts d’agentivité (Mahmood, 2005) et de réception (Laugrand, 2002). Je fais également appel aux concepts issus d’une revue de littérature sur le discours et les pratiques du mouvement de guérison autochtone, ainsi que sur le discours évangélique lié notamment aux trajectoires de conversion. Au plan méthodologique, la collecte de données de cette recherche qualitative de type socioanthropologique a été réalisée lors d’un terrain ethnographique auprès de femmes innues de l’Église évangélique baptiste Aiamieu Mamuitun de Uashat mak Mani-Utenam durant trois mois à l’automne 2016. Des entrevues semi-dirigées individuelles et de groupe ont été conduites auprès de 13 participantes. Certaines entrevues ont également été conduites avec d’autres membres de l’Église Aiamieu Mamuitun ou de la communauté de Uashat mak Mani-Utenam afin de documenter différents aspects de ces milieux. L’analyse montre que l’Église Aiamieu Mamuitun est un espace favorisant le désir de guérison des femmes innues qui la fréquentent et que ces femmes adhèrent à plusieurs éléments évangéliques liés à la guérison. Cependant, l’analyse montre également que le discours de conversion, dans sa forme typiquement évangélique, est incompatible avec le discours de guérison autochtone auquel elles adhèrent. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : femmes, Innu, évangélique, baptiste, guérison, agentivité, réception, Uashat mak Mani-Utenam, autochtone
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Les femmes sont infériorisées dans les discours religieux et appropriées par les hommes, exclues des cultes publics et reléguées aux marges du sacré. En lien avec les mouvements féministes du XXème siècle, des femmes croyantes et féministes ont remis en question cet ordre patriarcal et misogyne, espérant une évolution des doctrines et pratiques pour permettre leur inclusion pleine et entière dans leur communauté au même titre que les hommes. Certaines de ces femmes se sont intéressées aux rituels et à leur réappropriation afin de les rendre plus inclusifs. Pour Catherine Bell, les transformations apportées à des rites peuvent permettre de renégocier les rapports de pouvoir : la formalisation d’un rituel entraîne l’élaboration d’un ordre hégémonique, à partir duquel la réalité des individus appartenant à une institution religieuse sera interprétée. Bell développe dans son ouvrage Ritual Theory, Ritual Practice (2009) un cadre d’analyse de la ritualité. En s’inspirant entre autres des travaux de Foucault sur le pouvoir et de Bourdieu sur la légitimité, ce cadre d’analyse permet de s’intéresser plus particulièrement à la ritualité comme une stratégie d’action pour manipuler et façonner la réalité, telle qu’elle est expérimentée, incorporée, et reproduite par les agents sociaux, impliquant donc l’établissement de rapports de pouvoir. En faisant appel à cette théorisation de Bell et à la théorie féministe des rapports de sexe de Colette Guillaumin pour étudier la ritualité au sein du judaïsme libéral et du catholicisme romain, nous avons voulu répondre à la question suivante : comment l’analyse des transformations féministes de rituels juifs et catholiques vis-à-vis de leur forme traditionnelle peut nous permettre de saisir les modalités de négociation des féminismes religieux face à leur institution? Ainsi, nous avons sélectionné quatre cas de transformation féministe de rituels pour les comparer avec leur forme traditionnelle. Dans le judaïsme, nous nous sommes intéressée au miqveh (un bain purificateur à destination des femmes en âge d’être menstruées), et au séder (premier repas de la Pâque lors duquel on se rappelle de la sortie d’Égypte), et dans le catholicisme nous avons étudié l’eucharistie (un sacrement qui fait mémoire du dernier repas du Christ) et l’ordination des prêtres (qui permet aux hommes de rentrer dans la caste des clercs de laquelle sont exclues les femmes). Nous les avons analysés à partir d’un cadre divisé en quatre éléments : la différenciation (en quoi les actes posés se différencient-ils de gestes quotidiens et constituent-ils un espace interne possédant ses propres valeurs), le corps et l’environnement (comment le premier est envisagé dans ses mouvements et sa position dans l’espace, en relation avec le deuxième qui est ainsi créé et qui influence en retour le corps, permettant une certaine socialisation des corps et des individus), la maîtrise rituelle (qui concerne les modalités d’accès au savoir et de participation au rituel), et enfin l’ordre hégémonique (c’est-à-dire les prescriptions rituelles définissant l’orthodoxie et l’orthopraxie du rite, ainsi que ses buts et effets recherchés). Plus qu’une comparaison entre les transformations apportées, il s’agit d’un contraste entre les éléments communs que se dégagent des analyses, comme les questions d’inclusion, tant des femmes pour élaborer et participer aux rituels que des expériences biologiques et sociales qu’elles peuvent vivre, ou encore un retravail des symboles ou des textes pouvant mener à des réécritures bibliques. Mais des divergences entre les réappropriations ressortent aussi, notamment quant à leur réception par les institutions religieuses. En effet, d’un côté les femmes juives ont pu, grâce au rapport du judaïsme libéral avec les textes et l’interprétation, contaminer les pratiques communautaires, permettant alors l’amorce d’un changement d’ordre hégémonique. De l’autre, les femmes catholiques, malgré leurs pratiques et revendications féministes envers l’Église, restent dans les marges, et risquent même l’excommunication, en raison notamment de la hiérarchie vaticane et de son rapport à l’autorité. Cet état des choses mènent alors certaines femmes catholiques à rentrer dans des formes de résistances par rapport à l’institution, continuant de pratiquer des rituels que celle-ci récuse. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : ritualité, féminisme, rapports de sexe, judaïsme libéral, catholicisme, miqveh, ordination, séder, eucharistie.
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This article assesses Exodus’ Egypt as lesbian bar culture of the 1940s and 1950s, treating the main characters of Moses, Pharaoh, Yhwh as competing butches for the femme, Israel. The article utilizes a gender reversal, queer-ideological critical approach in order to read the biblical text of Exodus 2-6 and 14 in the way accessible to the lesbian community.
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Le Coran et la femme est la traduction du premier ouvrage d'Amina Wadud, Quran and Woman, dans lequel elle livre un travail pionnier, fondateur du féminisme islamique occidentale, qui demeure d'autant plus pertinent à l'heure du mouvement "MeToo" . Du point de vue du genre, il est probablement un des premiers commentaires du Coran réalisé par une femme dans une discipline historiquement dominée par les hommes. Sous l'angle de la méthode, il développe une approche originale en ce qu'il mobilise un appareil herméneutique en rupture avec les commentaires traditionnels qui sont de type analytique. Sur le fond, l'ouvrage ouvre la voie à une série de travaux s'intéressant à la question de la femme dans le Coran, et en particulier, dans les sociétés occidentales. Sans que ce ne soit son objectif principal, il déconstruit également un grand nombre de clichés relatifs aux femmes musulmanes dans les sociétés occidentales et démontre qu'ils ne prennent pas leur source dans le Coran.
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"Parler des questions qui fâchent en islam à propos des femmes n'est pas une provocation mais une nécessité. Il ne s'agit pas de fâcher mais de clarifier, de rectifier, mais aussi souvent de dénoncer. Clarifier la confusion entre le message spirituel du Texte sacré et l'orthodoxie interprétative institutionnalisée. Rectifier le grand nombre de préjugés sexistes et parfois diffamatoires transcrits dans la tradition musulmane au nom de préceptes divins. Et puis de dénoncer ce qu'une culture patriarcale a forgé dans l'esprit des musulmans : la dévalorisation des femmes". Voile, polygamie, égalité dans l'héritage... Asma Lamrabet fait l'inventaire des discriminations imposées aux femmes au nom de l'islam. Elle démontre que la plupart des interprétations médiévales classiques, produit de leur milieu social et culturel, se sont construites à la marge et parfois à l'encontre du Coran, porteur d'une vision beaucoup plus égalitaire et ouverte.
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Ce texte désire mesurer la place du féminisme dans l’expérience missionnaire des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie au Pérou et au Brésil entre 1960 et 1985. Pour plusieurs religieuses, l’idée de ministères traditionnels ou inédits dans de nouveaux champs apostoliques leur a permis d’élargir le sens de leur vocation. La question des femmes prendra, avec l’aggiornamento conciliaire, un nouvel élan. À travers un patient travail de fond, les SNJM se sont inculturées dans leurs différents milieux d’insertion en intégrant une vision d’avenir des femmes. Cette étude permet donc de revoir la nature même des fonctions missionnaires des religieuses et bouscule la vision genrée de l’apostolat. This text wishes to measure the role of feminism in the missionary experience of the Sisters of the Holy Names of Jesus and Mary in Peru and Brazil between 1960 and 1985. For several nuns, the idea of traditional or new apostolic works in the South American Field allowed them to expand the meaning of their vocation. The issue of women will take, with the Conciliar aggiornamento, a new impetus. Through a patient groundwork, SNJM are inculturated in their different backgrounds of insertion by integrating a vision of the future of women. This study makes it possible to review the nature of the missionary religious functions and hustles the vision of gender of the apostolate and empowerment of religious women.
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Le paganisme contemporain est une mouvance religieuse regroupant une multitude de religiosités recomposées. Ces religiosités valorisent la résurgence de représentations, souvent polythéistes, perçues comme préchrétiennes. Elles conçoivent la Terre et la nature comme éléments centraux de la divinité. De surcroît, les religiosités néo-païennes posent l'égalité des sexes comme un fait naturel. Cette thèse porte sur la construction sociale de l'identité de néo-païen.ne.s lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres ou queer (ou LGBTQ) qui dérogent à la norme de genre binaire et hétérosexuelle. L'objectif est de contribuer à une meilleure compréhension des négociations identitaires en contexte religieux et à faire état des rapports de pouvoir au sein du mouvement néo-païen. Ainsi, la thèse s'intéresse à la représentation du féminin et du masculin dans un cadre de pratiques dites alternatives, où les normes religieuses et de genre sont à la fois strictes et sujettes à interprétation. Plus spécifiquement, elle illustre certaines « négociations queer » grâce auxquelles les personnes LGBTQ font sens des représentations et des pratiques genrées véhiculées et vécues au sein du paganisme contemporain et de la société. En raison de ce caractère genré et des différents discours féministes que véhicule la communauté néo-païenne de Montréal, notamment au sein de groupes comme la Wicca et Reclaiming Witchcraft, une grande partie du cadre théorique est ancrée dans les études féministes et les études queer. Un autre partie importante du cadre théorique se situe dans le domaine de l'étude du religieux contemporain, plus particulièrement de la religion vécue. La thèse repose sur l'analyse de données émanant d'observation participante, de questionnaires, d'entrevues et de récits de vie récoltés auprès de vingt personnes LGBTQ néo-païennes. Elle applique une méthodologie qualitative, sensible aux dimensions expérientielles du phénomène sous enquête. Au regard des enjeux de dynamiques de pouvoir qui apparaissaient clairement au sein des données amassées, cette recherche montre que le féminin et le masculin sacrés sont invoqués par les participant.e.s d'abord pour leur potentialité symbolique au sein de la performance rituelle, ainsi que pour leur capacité à permettre une mise en récit de soi. En outre, l'analyse thématique des négociations queer fait ressortir comment les performances religieuses et identitaires des répondant.e.s sont intimement liées. En effet, le discours qu'illes tiennent sur leur propre expérience dépend largement des rapports sociaux qui les marginalisent par rapport à la binarité du genre. Or, ces individus sont eux-mêmes vecteurs de normativité dans la mesure où leurs performances rituelles, même si elles servent d'alternatives, reproduisent, renversent ou déplacent les normes de genre associées à leur communauté religieuse et à la société en général. En ce sens, la thèse suggère que divers modes de reproduction de la binarité du genre font du paganisme contemporain tant un lieu de normativité quant à la nature du masculin et du féminin, qu'un lieu d'émancipation d'autres mécanismes de reproduction de la norme binaire. En somme, elle montre que cohabitent, au sein du paganisme contemporain, des rapports de pouvoir contradictoires qui tendent à rendre le sens accordé à l'expérience personnelle conforme à celui accordé à l'expérience de reconnaissance collective. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : néo-paganisme, Wicca, identité de genre, orientation sexuelle, LGBTQ, normativité.
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Cette recherche, vise à cerner, à partir d'un corpus composé de 24 réécritures bibliques publiées dans la revue L'autre Parole de 1996 à 2015, le mode de transmission de la tradition chrétienne mis en œuvre par le groupe féministe du même nom. Comment s'élaborent les réécritures de la collective L'autre Parole? Quels sont les principaux éléments qui composent l'interprétation féministe des textes bibliques et chrétiens? En quoi ces réécritures contribuent-elles à une transmission du féminisme dans le champ religieux? Cette étude s'intéresse au déploiement du patriarcat dans les textes bibliques et à la capacité des femmes de développer, par le travail de réécriture de ces textes, une herméneutique féministe. Au fil des chapitres, nous présentons L'autre Parole et l'apport de transmission de cette collective féministe chrétienne qui, depuis sa fondation en 1976, milite pour la transformation de la situation des femmes dans l'Église. Nous étudions le concept de transmission qui se dégage de l'approche de Gérard Delteil : le rapport entre la tradition et l'innovation et la transmission entendue tel un témoignage des convictions militantes. Nous étudions aussi les modèles herméneutiques du soupçon, du souvenir, de la proclamation et de l'imagination qui se dégage de l'approche biblique féministe d'Elisabeth Schüssler Fiorenza. Nous analysons le contenu des 24 réécritures à l'aide de quatre indicateurs : la structure du texte, les personnages principaux, les stratégies rédactionnelles, et enfin, la féminisation et le langage inclusif. Nous approfondissons aussi quelques éléments du discours à l'aide d'une étude des termes récurrents : parole, liberté, justice, Jésus, sororité, féminisme, espérance, solidarité. Finalement, nous interprétons ce corpus au regard du concept de transmission et de l'approche herméneutique féministe biblique d'Elisabeth Schüssler Fiorenza. Suite à cette investigation, nous pouvons affirmer que les 24 réécritures étudiées constituent une forme de transmission qui témoigne des convictions féministes chrétiennes des membres de L'autre Parole. Nous soutenons que l'apport de transmission des réécritures ne se trouve pas dans les récits eux-mêmes, mais plutôt dans l'acte de réécriture à partir d'éléments alternatifs. Il s'agit d'une pratique d'appropriation qui adapte, transforme et personnalise l'héritage biblique et la tradition chrétienne pour y inclure la vie, les expériences et la quête de liberté des femmes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : transmission, réécriture biblique, L'autre Parole, herméneutique, féminisme, chrétienne.
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Au Japon, les menstruations sont historiquement considérées comme impures. Cette notion est appelée kegare en japonais. Anciennement, il y avait des coutumes telles que les cabanes où les femmes devaient se retirer pendant qu'elles étaient menstruées. Le sang des femmes n'était pas considéré comme impur au 8e siècle, tel que décrit dans les mythes japonais. Cependant, au cours de l'histoire, le sang des femmes deviendra impur, surtout pour des raisons politiques. Cette répugnance est demeurée dans la société et elle joue un rôle pour maintenir la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Ces fameuses coutumes n'existent plus aujourd'hui, mais est-ce que le tabou des menstruations est encore présent? Si oui, de quelles façons? Afin de répondre à cette question, j'ai réalisé des entretiens avec des femmes de différents âges au Japon : des femmes âgées entre 20 et 50 et des femmes âgées de plus de 60 ans. Ensuite, j'ai analysé ces entrevues à partir de différents thèmes, tels les premières menstruations, les produits d'hygiène féminine, le congé menstruel et les interdits pendant les menstruations, etc. Pour mon cadre théorique, j'ai fait appel aux travaux de Durkheim et de Ménard sur le pur et l'impur, et aux notions japonaises hare, ke et kegare, etc. Tout en se transformant, le tabou des menstruations demeure encore présent dans la société japonaise. On peut observer que les participantes plus âgées ont respecté le tabou sur les menstruations et que les jeunes respectent aussi les interdictions sur les menstruations. Par exemple, ces dernières sont obligées de renoncer à certains actes, tel que prendre le bain quand elles sont menstruées. Les femmes travaillent aujourd'hui autant que les hommes. Afin d'être évaluées aussi bien que les hommes, elles doivent dissimuler leurs menstruations qui témoignent de leur féminité et qui les différencient des hommes. Les femmes prennent également moins de congés menstruels qu'avant parce que ces congés constituent une indication qu'elles sont menstruées. Les produits d'hygiène féminine et les contraceptifs facilitent la gestion de la souillure et permettent de dissimuler les menstruations. Ces outils modernes, qui se sont développés au 20e siècle, période de promotion sociale des femmes, facilitent la gestion du tabou de la menstruation mais ne le font pas disparaître. Même si la société a changé, les tabous anciens, profondément enracinés dans la culture, persistent en changeant de forme. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Menstruations, Japon, Tabou, Interdit, Kegare
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Cette thèse explore les représentations de trois femmes étrangères, plus particulièrement leur relation au mourir et au nourrir, dans la Bible hébraïque. Les personnages à l'étude sont les suivants : Yaël la nomade, meurtrière de Sisera en Jg 4,17-22 et en Jg 5,24-30 ; Izebel la Sidonienne, mise à mort en 2 R 9,22.30-37 ; la femme folle de Pr 9,13-18, qui attire les jeunes hommes vers le She'ôl. Dans chaque scène, les thématiques de la mise à mort et du repas se révèlent dans leur étroite proximité. Pour cette raison, une double interrogation a guidé l'exégèse de chacune des péricopes à l'étude : de quelles manières les dimensions mortifère et nourricière de la représentation de chaque femme participent-elles à la construction de leur féminité et de leur statut d'étrangère? Il s'agit de vérifier si, d'une part, la superposition des gestes nourriciers et des violences contribue à l'érotisation des femmes étrangères et à leur stigmatisation et si, d'autre part, l'ambiguïté engendrée par l'articulation des dimensions de mort et de vie dans chacune des scènes à l'étude mène à les représenter comme des déviantes. Afin de mener à bien ce projet, des méthodes historico-critiques, mais surtout des approches synchroniques (philologie, critique narrative, analyse structurelle, analyse syntaxique, approche intertextuelle, etc.) ont été mises à profit. Il s'agit par ailleurs d'un projet d'exégèse qui puise aux théories féministes, postcoloniales et queer. Cette recherche exégétique a permis de dégager les rôles du genre, de la violence, de l'étrangeté ethnique et de la nourriture dans la représentation des femmes étudiées. La Yaël de Jg 4 présente un genre ambivalent entre féminité idéale et virilité guerrière, son maternage se transformant en mise à mort. Elle performe une véritable caricature de l'identité qénite de son mari par l'hospitalité qu'elle offre et la violence qu'elle accomplit au service d'Israël. La Yaël de Jg 5 incarne, pour sa part, une guerrière victorieuse. Ses appartenances de genre et de classe lui servent à dire son opposition à Sisera. Elle humilie le chef de guerre en le faisant souffrir comme une femme, violée ou parturiente. La scène de la mère de Sisera et de ses princesses (v. 28-30) confirme la reconduction de la logique du viol et de la sérialisation des femmes. En ce qui concerne la mise à mort d'Izebel en 2 R 9,30-37, elle s'inscrit dans le prolongement de la diffamation à caractère sexuel et ethnique de 2 R 9,22. Dans sa séance de maquillage et de coiffure, la souveraine étrangère est érotisée et stéréotypée par l'intermédiaire du motif de la femme à la fenêtre. Le dégoût qu'elle inspire prend la forme d'un anti-sacrifice : elle est déshumanisée au contact des animaux et devient « viande », puis « fumier ». Finalement, l'étude de la femme folle de Pr 9,13-18 a mené à dégager une personnification apparaissant sous les traits d'une prostituée, pauvre et urbaine, déambulant dans les rues de Jérusalem. Elle représente les femmes natives n'ayant pas connu l'exil ou les non-Judéennes. L'érotisme et la morbidité de la personnification contribuent à en éloigner les jeunes hommes. Toute intimité avec la femme folle, de la conversation à la relation sexuelle en passant par le repas, doit être évitée. Cette thèse a permis de mettre en lumière un réseau de significations, à la fois intertextuel et sériel, de femmes étrangères. L'étude de quatre cas de figure mène au constat que la Bible hébraïque représente les femmes étrangères en les stigmatisant par l'entremise d'une insistance sur la sexualité et sur la « déviance » engendrée par la conjugaison de la féminité et de l'ethnicité étrangère. Les dissonances de genre dans les « performances » de Yaël et d'Izebel n'entraînent pas une véritable subversion du cadre hétéronormatif de ces textes. La sexualisation de chacune d'entre elles ainsi que la violence des représentations à travers lesquelles elles sont portraiturées empêchent toute interprétation en ce sens. Même lorsqu'elles sont actrices de la violence, ces femmes étrangères sont le « lieu » de la blessure et de la mort. Si le repas, prolongement du repaire domestique associé traditionnellement à la féminité, peut constituer une occasion de contre-pouvoir pour les femmes, l'érotisme sous-jacent au don alimentaire, en plus de la ruse attribuée à plusieurs « nourricières » dans la Bible hébraïque, nuisent pourtant à la représentation de la femme impliquée. Finalement, chacune des étrangères, est l'objet d'une caricature ethnique xénophobe. Bien que captives de leurs représentations, ces femmes n'en deviennent pas moins une véritable armée dans l'acte de lecture féministe. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Bible hébraïque, exégèse, traduction, Juges, Proverbes, 1-2 Rois, violence, nourriture, féminisme, genre, ethnicité, postcolonialisme, queer.
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Au début des années 1990, en produisant de nouvelles théologies, le féminisme islamique a ouvert une troisième voie dépassant les dichotomies sur les droits et les mouvements de femmes dans la région, issues du discours colonial ou du discours de décolonisation. Cette théologie féministe illustre une appropriation de l'islam par les femmes et une individualisation du rapport au religieux. Depuis les années 2000, en se diversifiant, le féminisme islamique a influencé les actrices de l'islam politique et a participé des mobilisations féministes de la troisième vague dans les mondes arabes et musulmans. Des mobilisations qui sont avant tout hybrides et pragmatiques et, en ce sens, profondément ancrées dans ce temps du postcolonial. En renouvelant le féminisme et les lectures de l'islam, cette troisième vague appuie une affirmation démocratique à l'œuvre depuis les années 1990, dont les révolutions arabes sont la manifestation la plus visible.
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Féminismes islamiques : un titre qui en fera sursauter beaucoup, y compris parmi celles et ceux qui se pensent à l’abri de tout préjugé. C’est que le stéréotype « islam = oppression de la femme » croise partout comme un sous-marin, tantôt en surface et pavillon haut, tantôt dans les profondeurs de l’inconscient. Ce que montre ce livre, le plus souvent on ne le sait pas : que dans les pays où l’islam est la religion dominante, des croyantes puissent lutter pour l’égalité, retourner les textes sacrés contre le patriarcat, s’élever contre les autorités politiques et religieuses qui bafouent les droits des femmes. De l’Égypte à l’Iran, du Maroc à la Syrie, en France, aux États-Unis et jusqu’en Malaisie, des intellectuelles, des chercheuses et des militantes sont engagées dans une démarche féministe à l’intérieur du cadre religieux musulman. Zahra Ali nous fait entendre leurs voix et propose ainsi de décoloniser le féminisme hégémonique.
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Féminismes islamiques : un titre qui en fera sursauter beaucoup, y compris parmi celles et ceux qui se pensent à l’abri de tout préjugé. C’est que le stéréotype « islam = oppression de la femme » croise partout comme un sous-marin, tantôt en surface et pavillon haut, tantôt dans les profondeurs de l’inconscient. Ce que montre ce livre, le plus souvent on ne le sait pas : que dans les pays où l’islam est la religion dominante, des croyantes puissent lutter pour l’égalité, retourner les textes sacrés contre le patriarcat, s’élever contre les autorités politiques et religieuses qui bafouent les droits des femmes. De l’Égypte à l’Iran, du Maroc à la Syrie, en France, aux États-Unis et jusqu’en Malaisie, des intellectuelles, des chercheuses et des militantes sont engagées dans une démarche féministe à l’intérieur du cadre religieux musulman. Zahra Ali nous fait entendre leurs voix et propose ainsi de décoloniser le féminisme hégémonique.
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En 1980, lors de la conférence de la National Women’s Studies Association qui s’est tenue à Bloomington, Indiana, j’ai assisté à une présentation sur « Les femmes dans l’islam » au cours de laquelle je suis intervenue vivement, depuis ma place dans le public, car les intervenantes invitées, trois femmes arabes, présentaient, selon moi un tableau idéalisé de la situation des femmes dans l’islam. Les sociétés islamiques se distinguaient peut-être même plutôt – c’est en tout cas ce que je pensais à l’époque – par le fait qu’elles plaçaient sans équivoque les femmes sous le contrôle des hommes et par le fait qu’elles accordaient aux hommes, de façon tout aussi explicite, le droit à une sexualité et le droit d’exploiter les femmes. Comme le soutenaient les intervenantes, à son avènement l’islam avait apporté un certain nombre de progrès positifs pour les femmes en Arabie. Il avait également accordé certains droits aux femmes tels que le droit à la propriété (qui, en Occident, ne fut accordé aux femmes qu’au dix-neuvième siècle et qui n’est d’ailleurs toujours pas accordé aux femmes selon, parexemple, la loi rabbinique, tout comme le droit de témoigner). Et on ne pouvait certainement pas dire que l’islam était plus malveillant à l’égard des femmes que les deux autres religions monothéistes. Cependant, il me semblait que cela ne justifiait en rien le fait de minimiser la position d’approbation flagrante qui est celle de l’islam en ce qui concerne la supériorité des hommes et le contrôle exercé par ces derniers sur les femmes. Ni d’ailleurs le fait d’occulter les difficultés rencontrées par les femmes, en particulier en ce qui concerne les lois sur le mariage, le divorce et la garde des enfants. Cet article est la traduction de : « Western Ethocentrism and Perceptions of the Harem », Feminist Studies, vol. 8, n°3, autumn 1985, p. 521-534. Cet article a été écrit en 1982 donc avant la disparition de l’Union Soviétique qui date de 1992.
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Le présent mémoire traite des rôles et des représentations sociales des femmes à l'intérieur des Églises Baptistes Évangéliques franco-québécoises. La visée principale est de dégager et d'analyser les représentations sociales liées à la féminité ainsi que l'impact de ces rôles et représentations sur la vie de ces croyantes. Notre hypothèse est la suivante : de ces représentations découlent des rapports sociaux de sexe, considérés comme complémentaires, mais qui sont en fait basés sur une hiérarchie entre les hommes et les femmes au détriment de ces dernières. Pour en faire la démonstration, nous analyserons la littérature interne ainsi que les données colligées lors d'entretiens individuels et de groupe à l'aide de théories féministes matérialistes. Dans un premier temps, nous présenterons les données recueillies définissant ce que sont la féminité et la masculinité, l'épouse et l'époux ainsi que la maternité et la paternité. Nous verrons ensuite que de ces représentations sociales découlent une répartition des tâches tant au sein du foyer que dans l'Église. Différents concepts seront mis à profit pour analyser ces données. D'abord la représentation sociale telle que théorisée par la psychosociologue Denise Jodelet, puis le sexage, le genre et celui des rapports sociaux de sexe définis respectivement par les trois sociologues suivantes : Colette Guillaumin, Christine Delphy et Danièle Kergoat. Nous exposerons différentes formes d'appropriation observables à l'intérieur de notre objet d'étude et ferons ensuite la démonstration que des mécanismes sont mis en place afin de les préserver. En somme, nous verrons que cette complémentarité dite naturelle et à l'image de Dieu constitue en fait une construction humaine. Nous allons démontrer pourquoi on ne peut pas parler d'égalité dans la complémentarité. Finalement, nous allons conclure en émettant l'hypothèse que l'évolution du rôle des femmes à l'intérieur de la communauté franco-évangélique québécoise ira en augmentant en termes de possibilités, et ce malgré les résistances rencontrées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : christianisme, évangélisme, protestantisme, baptisme, femme, féminisme, rapports sociaux de sexe, appropriation.
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Au Québec, en 2007, les audiences de la Commission Bouchard-Taylor ont révélé les tensions présentes dans la population à propos de l'immigration, de la religion et des rapports sociaux de sexe. La population musulmane y a souvent été ciblée pour des pratiques inégalitaires. Nous comparons ici des femmes musulmanes maghrébines et des femmes d'ethnicité québécoise membres de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal afin d'explorer des convergences et des différences dans les manières de vivre les rapports sociaux de sexe, les identités de sexe-genre et l'ethnicité. Le cadre théorique met en place une définition de l'ethnicité qui prend en compte les dimensions matérielle et symbolique ainsi que l'apport de la religion et des rapports sociaux de sexe dans la production des frontières ethniques. Les écrits de Danielle Juteau, Albert Bastenier et Claire Mitchell fournissent les bases théoriques de ce mémoire. Danièle Kergoat et Nicole-Claude Mathieu nourrissent la perspective féministe. Nous explorons les éléments significatifs de la situation des femmes musulmanes au Québec et au Canada : religion, travail, rapports entre les hommes et les femmes, migration. Par la suite, nous réalisons une analyse thématique de six entretiens de femmes musulmanes maghrébines vivant à Montréal. Deuxièmement, nous exposons quelques caractéristiques de l'identité québécoise suivi d'un portrait de la situation des femmes au Québec dans différents secteurs. Une analyse thématique de cinq entretiens réalisés avec des femmes d'ethnicité québécoise membres de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal est présentée. À partir des portraits réalisés précédemment, nous effectuons une comparaison des manières de vivre les rapports sociaux de sexe et les identités de sexe-genre. Nous explorons l'impact de l'ethnicité et de la religion sur ces deux éléments à travers neufs thèmes : religion; implication civique; travail rémunéré et scolarité; travail domestique; rapports hommes-femmes; valeurs mises de l'avant; droits des femmes, liberté et égalité; réactions face au féminisme; ethnicité. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes, islam, Société Saint-Jean-Baptiste, ethnicité, rapports sociaux de sexe, identités de sexe-genre, Québec
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Depuis les années 1970, la société égyptienne est le théâtre d'un renouveau islamique dont le «mouvement de piété» est une composante essentielle. L'enquête ethnographique minutieuse menée en Égypte par Saba Mahmood vise à comprendre la pratique religieuse des femmes, prédicatrices ou participantes, engagées dans ce mouvement. Montrant qu'éthique et politique sont étroitement imbriquées dans ces nouvelles pratiques de piété, elle propose une analyse rigoureuse des formes corporelles des rituels religieux, pour préciser le lien conceptuel entre le corps et l'imaginaire politique.
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