Votre recherche
Résultats 5 ressources
-
La vérité a souvent un goût amer. Nous ne savons comment accepter nos histoires. Faut-il s’en tenir aux faits et dire la vérité ? Cet ouvrage monumental si richement documenté est précieux, il nous tire de l’oubli et du silence. Que savons-nous de l’esclavage au Canada ? Que savons-nous de la répression exercée sur les femmes et les hommes noirs ? Que savons-nous du racisme systémique ? Que savons-nous de la détresse des Autochtones, des sans-papiers, des personnes réfugiées ? Enfin fort peu… Parce que l’État construit et déconstruit les récits à travers les institutions. Les citoyen.ne.s sont ainsi condamné.e.s à reproduire une histoire qui nous échappe.
-
Le début du XXe siècle marque les premiers balbutiements de l'intérêt des féministes canadiennes pour la traite des femmes. Les féministes canadiennes découvrent un scandale international, la traite des blanches ; l'idée d'un trafic mondialisé de jeunes filles mineures enlevées et exportées dans le monde à des fins de prostitution forcée. L'apparition de cette préoccupation fait suite à l'impulsion d'une fédération féministe internationale, le Conseil International des Femmes (le CIF – fondé en 1888). Son association canadienne affiliée, le National Council of Women of Canada (créé en 1893) suit le mouvement et met lui aussi en place en 1904, un comité, nommé « le Comité pour la Suppression de la Traite des Blanches » et présidé par Amelia Gordon jusqu'en 1914. Nous verrons comment ce comité canadien s'approprie cette problématique et les réponses et réactions qui ont été développées. Notre source, les comptes-rendus du comité publiés chaque année, nous permettra d'analyser les réseaux et influences entourant le comité, l'imaginaire de la traite, ainsi que les actions proposées, pendant le mandat d'Amelia Gordon. Nous montrerons que le comité privilégie la prévention et l'encadrement de la jeune femme, plutôt que le sauvetage et la réhabilitation des femmes prostituées. Cela irait dans le sens de l'historiographie. La traite des blanches y est présentée comme un instrument de « contrôle social » envers la jeunesse féminine. Pourtant, cette approche plutôt oppressive est combinée à des revendications plus égalitaristes : l'égalité entre les hommes et les femmes dans la morale sexuelle, dans l'exercice de la justice, ainsi que dans le travail, avec la demande pour l'ouverture de nouveaux emplois féminins, comme le métier de femme policière. Cette recherche aspire à mieux saisir la complexité de ce féminisme maternaliste canadien, à partir d'un aspect encore inédit : la mobilisation contre la traite des blanches. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme, Canada, traite des blanches, traite des femmes, prostitution, moralité, Tournant du XXe siècle, jeune fille moderne.
-
Engagées dans le Mouvement pour la santé des femmes dans les années 1970, Barbara Ehrenreich et Deirdre English enquêtent sur les racines historiques de la professionnalisation du corps médical. Portant un regard féministe sur les chasses aux sorcières en Europe et la suppression de la profession de sage-femme aux Etats-Unis, elles s'interrogent : et si, derrière ces événements, se cachait une véritable monopolisation politique et économique de la médecine par les hommes de la classe dominante, reléguant peu à peu les femmes à la fonction subalterne d'infirmière docile et maternelle ? Depuis sa parution aux Etats-Unis en 1973, cet essai concis et incisif a ouvert la voie à de nombreux travaux de recherche et prises de conscience. Cette traduction s'ouvre sur une préface inédite des deux auteures.
-
Silvia Federici revisite ce moment particulier de l’histoire qu’est la transition entre le féodalisme et le capitalisme, en y introduisant la perspective particulière de l’histoire des femmes. Elle nous invite à réfléchir aux rapports d’exploitation et de domination, à la lumière des bouleversements introduits à l’issue du Moyen Âge. Un monde nouveau naissait, privatisant les biens autrefois collectifs, transformant les rapports de travail et les relations de genre. Ce nouveau monde, où des millions d’esclaves ont posé les fondations du capitalisme moderne, est aussi le résultat d’un asservissement systématique des femmes. Par la chasse aux sorcières et l’esclavage, la transition vers le capitalisme faisait de la modernité une affaire de discipline. Discipline des corps féminins dévolus à la reproduction, consumés sur les bûchers comme autant de signaux terrifiants, torturés pour laisser voir leur mécanique intime, anéantis socialement. Discipline des corps d’esclaves, servis à la machine sociale dans un formidable mouvement d’accaparement des ressources du Nouveau Monde pour la fortune de l’ancien. Le capitalisme contemporain présente des similitudes avec son passé le plus violent. Ce qu’on a décrit comme barbarie et dont aurait su triompher le siècle de la raison est constitutif de ce mode de production : l’esclavage et l’anéantissement des femmes n’étaient pas des processus fortuits, mais des nécessités de l’accumulation de richesse. L’auteur nous invite à partager son son regard d’historienne et de féministe sur la situation actuelle et sur ses mécanismes.
-
Conférence de Joan W. Scott présentée en anglais le 18 octobre 2012 par l’Institut de recherches et d'études féministes. Joan W. Scott est titulaire de la Chaire de recherche Harold F. Linder en sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton au New Jersey. Autrice de nombreux articles et ouvrages traduits dans plusieurs langues, elle est bien connue pour son élaboration théorique du concept de genre comme catégorie d’analyse.