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À Juchitán, les muxes forment une communauté du « troisième genre » - ni homme ni femme traditionnellement tolérée à l'intérieur de cette société autochtone zapotèque. Leur existence revêt un intérêt pour le travail social et les études féministes, car elle questionne les normes de la construction binaire du sexe, du genre et de l'hétérosexualité. Cette recherche qualitative s'intéresse à la montée de l'intolérance sociale envers les muxes-femmes. Cette intolérance s'expliquerait par le lien entre leurs pratiques homosexuelles et le VIH/sida ainsi que la féminisation du « troisième genre ». Les muxes-femmes s'impliquent depuis 15 ans dans des actions collectives de lutte au VIH/sida et je les ai rencontrées afin de savoir comment elles perçoivent les transformations de la tolérance sociale à leur égard. J'ai passé trois mois sur le terrain à Juchitán et dans ses environs, entre février et mai 2009. J'ai procédé à la cueillette de données par l'observation participante et la réalisation de neuf entretiens semi-dirigés individuels avec des muxes-femmes qui participent, à des degrés variables, à des actions collectives. Les données issues de cette recherche qualitative, ont été collectées puis analysées à la lumière des théories de la (dé)construction du genre (féminisme radical, postructuralisme et queer) et par une théorie de l'action collective (re-construction du Sujet en acteur-sujet). Ces ancrages théoriques m'ont permis d'identifier une « praxis de transformation de la tolérance sociale », singulière et propre à ce contexte culturel. Étape par étape, à travers cette praxis, les muxes-femmes suivent un « processus d'émergence en tant qu'actrices-sujets ». Les résultats révèlent que la subjectivation politique, à travers leur participation à des actions collectives multiples, a permis aux muxes-femmes de transformer positivement l'attitude, les comportements, ainsi que les perceptions des gens de leur environnement social. À travers leur praxis, les muxes-femmes se sont rendues visibles et audibles. Malgré tout, il demeure des résistances dans la communauté quant à l'acceptation complète et le traitement égalitaire. Ces actions collectives solidarisent les muxes-femmes et consolident des alliances tant au niveau national, qu'international. Actuellement, elles font face aux défis d'éviter la rupture intergénérationnelle et d'assurer la pérennité des actions par la passation des savoirs et des pouvoirs. Trois éléments fondamentaux sont à retenir : 1) l'expérience passionnante de l'immersion dans la communauté étudiée pour mener une recherche féministe; 2) la richesse et la spécificité du cadre culturel où se déploient des actions collectives de groupes minoritaires ; et 3) le changement social s'opère une étape à la fois de la première affirmation - acte de visibilité ou parole partagée - à la coordination d'un rassemblement international. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : troisième genre, muxe femme, genre, action collective, tolérance, observation participante, acteur sujet, subjectivation politique, féminisme
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Inspiré d'une recherche portant sur l'engagement social des femmes aînées menée par Michèle Charpentier en collaboration avec Anne Quéniart et Nancy Guberman (2004-2007), et à laquelle nous avons contribué à titre d'assistante de recherche, ce mémoire étudie plus particulièrement la perception de ces militantes à propos de la place et du rôle des femmes dans la société. Nous avons favorisé une méthodologie qualitative inspirée de la théorisation ancrée. Ainsi, parmi les 20 militantes interrogées dans la recherche initiale au moyen d'entrevues individuelles semi-structurées, nous en avons retenu neuf pour développer ce sujet encore peu documenté. Elles sont âgées entre 65 et 77 ans et sont respectivement engagées dans le mouvement des femmes, dans la défense des droits sociaux ainsi que dans le mouvement des aînés (trois militantes dans chacune des catégories), dont les statuts socio-économiques et les niveaux de scolarité sont variés et parmi lesquelles certaines vivent en couple alors que d'autres sont veuves ou célibataires. Ce mémoire dont le cadre d'analyse est féministe présente un portrait général des Québécoises de 65 ans et plus et évoque l'évolution des femmes quant à l'espace qu'elles occupent dans notre société. Cette progression est illustrée par les grands courants que le féminisme a connu depuis le début du 20ième siècle. Témoins et actrices de cette histoire, les femmes avec qui nous nous sommes entretenue nous ont fait part de leurs préoccupations et de leurs souhaits au sujet de la place des femmes et ce, tant au Québec qu'ailleurs dans le monde. C'est à travers les thèmes de l'éducation, du travail, de la famille, du pouvoir et de l'avancement en âge que nous avons recueilli l'essentiel de leurs réflexions qui se sont avérées riches, diversifiées et parfois fort étonnantes. En effet, ces femmes pour qui le rôle de mère et de grand-mère est fondamental, ont pour la plupart soin de leurs proches de manière régulière ou quotidienne. Elles ont été des pionnières dans plusieurs domaines et sont encore aujourd'hui avant-gardistes et audacieuses tant dans leur parcours de vie que dans celui de leur engagement social. Par leurs réflexions et par les actions qu'elles mènent chacune à leur manière, nous avons pu constater qu'elles sont en plusieurs points semblables à leurs cadettes, surtout les plus jeunes, avec qui elles ont beaucoup en commun. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes, Féminisme, Aînées, Militantisme, Engagement social.