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La volonté de ce projet de maîtrise consiste à analyser la manière dont les représentations de figures genderqueers en art actuel participent à une réflexion critique des notions d'identité et de sexualité comme lieux privilégiés de résistance à l'hétéronormativité. Je souhaite démontrer à quel point la représentation du corps queerisé peut agir comme espace stratégique d'une repolitisation de la sexualité et de l'identité et ainsi contribuer à une micropolitique de résistance. Par le truchement des politiques et théories queers et féministes, les pratiques artistiques polymorphes de J.J. Levine, Dorothée Smith, Nina Arsenault et Virginie Jourdain questionnent et critiquent l'hétéronormativité et ses discours pour en dévoiler les principaux axiomes idéologiques et ainsi en déconstruire l'apparente naturalité. Dans l'objectif de comprendre et d'articuler les enjeux que sous-tendent les théories féministes et queers actuelles, je vais m'attarder plus spécifiquement à en circonscrire les prémisses enracinées dans le contexte postmoderne. En revisitant des auteurs clés tels Michel Foucault et Judith Butler, je souhaite mettre en lumière leurs contributions intellectuelles et théoriques pour la constitution d'une pensée critique des identités et des sexualités. Les représentations de figures genderqueers en art actuel participent ainsi d'une déconstruction des présupposés immanents de l'hétéronormativité dont le genre est en quelque sorte l'ancrage ontologique. En jouant de ces codes hégémoniques de manière à en désamorcer la violence symbolique, Smith, Levine, Jourdain et Arsenault participent à une remise en cause des concepts même d'identité et de sexualité pour nous faire entrevoir de possibles subjectivations dissidentes. À la source de mes réflexions, il y a ainsi une volonté épistémologique de produire un savoir mutant, progéniture androgyne d'une multitude de penseurs qui n'ont de cesse de nourrir la discipline de l'histoire de l'art. Ce mémoire est donc le mariage polygame de méthodologies hétéroclites dont l'objectif ultime est la production d'un savoir queer riche et sensible. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : postmodernisme, queer, identités, sexualités, genderqueer, J.J. Levine, Dorothée Smith, Virginie Jourdain, Nina Arsenault, micropolitique de résistance, subjectivités dissidentes, hétérotopies identitaires, hétéronormativité, pharmacopornographie.
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Gloria Evangelina Anzaldua (1942-2004) est une théoricienne féministe chicana, l'éditrice d'un ouvrage, This Bridge Called My Back, qui a marqué la littérature féministe dès sa parution, en 1981. Elle y dénonce avec force la marginalisation des femmes et des féministes « de couleur » au sein des théorisations féministes et confronte les féministes « blanches » à leur propre racisme. Elle y appelle aussi à construire un mouvement sur la base de la solidarité, plutôt que sur celle de l'unité. Anzaldua élabore cette idée dans ses théorisations, en proposant une conception originale de la subjectivité et des différences. La figure métaphorique qui illustre sa conception de la subjectivité - la mestiza - a largement été recensée dans la littérature féministe poststructuraliste, en étant toutefois amputée d'une dimension qui lui est centrale : celle de la spiritualité. Cette dimension, majeure dans l'œuvre d'Anzaldua, sous-tend l'idée d'interconnexion des sujets; elle souligne l'existence de relations entre elles qui inspirent leur affiliation et commandent leur regroupement en coalitions hétérogènes. La théoricienne chicana insiste, dans ses théorisations des différences, sur l'idée que les coalitions ne s'érigent pas malgré ces différences, mais plutôt, au travers de celles-ci. L'intérêt d'Anzaldua pour la subjectivité s'inscrit dans le cadre des débats sur la représentativité des théorisations des féministes « blanches » des expériences des féministes « de couleur ». La théoricienne chicana conçoit une subjectivité multiple, par opposition à la conception fragmentée de celle-ci que développent plusieurs féministes poststructuralistes. Cette subjectivité multiple permet de reconnaître différentes formes de violence épistémologique qui affectent les sujets et génèrent de l'exclusion. Elle rend également possible la création d'une force de lutte politique engagée contre l'exclusion des sujets. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme « de couleur », féminisme poststructuraliste, subjectivité, mestiza, nepantla, interconnexion, El Mundo Zurdo, violence épistémologique.