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La violence familiale en milieu autochtone est maintenant reconnue comme un problème sérieux dont les causes remontent à l'histoire de la colonisation, qui a drastiquement changé le mode de vie des Autochtones pour imposer le mode de vie occidental et les dictats de la société patriarcale. Le travail social a également joué un rôle dans l'histoire de la colonisation, les travailleurs sociaux étant souvent ceux mandatés par l'État pour retirer les enfants des familles. Les institutions et le système de santé et services sociaux sont souvent mal adaptés aux réalités autochtones. Par conséquent, le niveau de confiance des Autochtones envers les services supposés leur venir en aide est très faible. Cette recherche qualitative a été réalisée avec l'aide de lignes directrices de recherche avec les femmes autochtones et selon une approche collaborative et féministe. Un comité collaborateur formé de femmes de Mashteuiatsh a eu l'occasion de se prononcer sur chaque étape de la recherche et co-construire certains de ses outils. Une séance de consultation initiale dans la communauté et des échanges avec le comité collaborateur nous ont permis d'identifier les objectifs de recherche suivants : 1) Décrire et analyser les perceptions qu'ont les femmes Ilnu de la violence familiale; 2) Dégager les principaux besoins en lien avec la violence familiale dans la communauté selon le point de vue des femmes Ilnu; 3) Dégager les principales pistes de solutions envisagées par et pour les femmes Ilnu. Six entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés avec des femmes Ilnu et un entretien de type groupe focus a réuni deux autres participantes. Les données recueillies ont été analysées à la lumière des théories du féminisme autochtone et de l'intersectionnalité. Nos conclusions font état de la place du silence, de l'intersection des oppressions et de l'internalisation de la violence coloniale dans la compréhension du phénomène de violence familiale. La recherche aura également permis de parler du rôle de la solidarité et de penser à des actions féministes autochtones comme pistes de solutions culturellement appropriées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes autochtones, Ilnu, Mashteuiatsh, violence familiale, féminisme autochtone, intersectionnalité, recherche-action collaborative, travail social.
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Le début du XXe siècle marque les premiers balbutiements de l'intérêt des féministes canadiennes pour la traite des femmes. Les féministes canadiennes découvrent un scandale international, la traite des blanches ; l'idée d'un trafic mondialisé de jeunes filles mineures enlevées et exportées dans le monde à des fins de prostitution forcée. L'apparition de cette préoccupation fait suite à l'impulsion d'une fédération féministe internationale, le Conseil International des Femmes (le CIF – fondé en 1888). Son association canadienne affiliée, le National Council of Women of Canada (créé en 1893) suit le mouvement et met lui aussi en place en 1904, un comité, nommé « le Comité pour la Suppression de la Traite des Blanches » et présidé par Amelia Gordon jusqu'en 1914. Nous verrons comment ce comité canadien s'approprie cette problématique et les réponses et réactions qui ont été développées. Notre source, les comptes-rendus du comité publiés chaque année, nous permettra d'analyser les réseaux et influences entourant le comité, l'imaginaire de la traite, ainsi que les actions proposées, pendant le mandat d'Amelia Gordon. Nous montrerons que le comité privilégie la prévention et l'encadrement de la jeune femme, plutôt que le sauvetage et la réhabilitation des femmes prostituées. Cela irait dans le sens de l'historiographie. La traite des blanches y est présentée comme un instrument de « contrôle social » envers la jeunesse féminine. Pourtant, cette approche plutôt oppressive est combinée à des revendications plus égalitaristes : l'égalité entre les hommes et les femmes dans la morale sexuelle, dans l'exercice de la justice, ainsi que dans le travail, avec la demande pour l'ouverture de nouveaux emplois féminins, comme le métier de femme policière. Cette recherche aspire à mieux saisir la complexité de ce féminisme maternaliste canadien, à partir d'un aspect encore inédit : la mobilisation contre la traite des blanches. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme, Canada, traite des blanches, traite des femmes, prostitution, moralité, Tournant du XXe siècle, jeune fille moderne.
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Cette étude porte sur les rapports d'identification aux lieux des femmes sans-abri fréquentant les maisons d'hébergement à Montréal. Pour ce faire, une méthodologie qualitative basée sur des entretiens non directifs mitigés s'inscrivant dans une perspective féministe, critique et interprétative a été choisie. Six femmes recrutées dans les maisons d'hébergement montréalaises ont participé à l'étude. C'est à l'aide de la théorie géosociale d'une socialisation marginalisée de Parazelli (1997) s'inscrivant dans une perspective de géographie sociale et d'interactionnisme symbolique (Goffman, 1977) que nous avons analysé les rapports d'identification aux lieux des femmes en situation d'itinérance. Dans cette recherche, il fut question d'interroger les femmes en situation d'itinérance fréquentant les maisons d'hébergement depuis plus de trois ans pour en arriver à mieux connaitre leurs pratiques spatiales et leurs lieux d'ancrage. Nous avons porté une attention particulière aux pratiques spatiales des femmes en qualifiant le potentiel transitionnel de certains lieux. Les résultats de notre recherche démontrent que parmi les lieux fréquentés par les femmes en situation d'itinérance, les maisons d'hébergement sont les endroits où elles arrivent à s'ancrer le plus. Quoique variés, les modes de relation aux maisons d'hébergement identifiés expliquent cet ancrage notamment par la quête d'une nouvelle vie, une recherche d'apaisement, un désir d'isolement, pour se reposer et se ressourcer, etc. On observe également divers modes de gestion de l'espace dans ces ressources où on y retrouve des approches d'intervention plus souples et d'autres plus strictes. Les femmes nous informent que dans certaines ressources, leurs comportements doivent répondre aux attentes de la ressource sinon elles seront vite exposées à une menace d'éviction par exemple. De plus, plusieurs femmes sans-abri expriment un sentiment d'insécurité notamment la nuit au centre-ville de Montréal. On constate également que les participantes développent différentes stratégies dans leurs occupations des lieux publics lors de leurs déplacements dès la tombée du jour. Un deuxième enjeu identifié est celui de la reconnaissance, complémentaire à la théorie de Parazelli (1997), comme déterminant dans le développement de l'identité et la sortie de la rue permettant ainsi aux femmes de se considérer comme des sujets sociaux. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : femmes sans-abri, femmes en situation d'itinérance, pratiques spatiales, maisons d'hébergement, rapports d'identification.
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Le paganisme contemporain est une mouvance religieuse regroupant une multitude de religiosités recomposées. Ces religiosités valorisent la résurgence de représentations, souvent polythéistes, perçues comme préchrétiennes. Elles conçoivent la Terre et la nature comme éléments centraux de la divinité. De surcroît, les religiosités néo-païennes posent l'égalité des sexes comme un fait naturel. Cette thèse porte sur la construction sociale de l'identité de néo-païen.ne.s lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres ou queer (ou LGBTQ) qui dérogent à la norme de genre binaire et hétérosexuelle. L'objectif est de contribuer à une meilleure compréhension des négociations identitaires en contexte religieux et à faire état des rapports de pouvoir au sein du mouvement néo-païen. Ainsi, la thèse s'intéresse à la représentation du féminin et du masculin dans un cadre de pratiques dites alternatives, où les normes religieuses et de genre sont à la fois strictes et sujettes à interprétation. Plus spécifiquement, elle illustre certaines « négociations queer » grâce auxquelles les personnes LGBTQ font sens des représentations et des pratiques genrées véhiculées et vécues au sein du paganisme contemporain et de la société. En raison de ce caractère genré et des différents discours féministes que véhicule la communauté néo-païenne de Montréal, notamment au sein de groupes comme la Wicca et Reclaiming Witchcraft, une grande partie du cadre théorique est ancrée dans les études féministes et les études queer. Un autre partie importante du cadre théorique se situe dans le domaine de l'étude du religieux contemporain, plus particulièrement de la religion vécue. La thèse repose sur l'analyse de données émanant d'observation participante, de questionnaires, d'entrevues et de récits de vie récoltés auprès de vingt personnes LGBTQ néo-païennes. Elle applique une méthodologie qualitative, sensible aux dimensions expérientielles du phénomène sous enquête. Au regard des enjeux de dynamiques de pouvoir qui apparaissaient clairement au sein des données amassées, cette recherche montre que le féminin et le masculin sacrés sont invoqués par les participant.e.s d'abord pour leur potentialité symbolique au sein de la performance rituelle, ainsi que pour leur capacité à permettre une mise en récit de soi. En outre, l'analyse thématique des négociations queer fait ressortir comment les performances religieuses et identitaires des répondant.e.s sont intimement liées. En effet, le discours qu'illes tiennent sur leur propre expérience dépend largement des rapports sociaux qui les marginalisent par rapport à la binarité du genre. Or, ces individus sont eux-mêmes vecteurs de normativité dans la mesure où leurs performances rituelles, même si elles servent d'alternatives, reproduisent, renversent ou déplacent les normes de genre associées à leur communauté religieuse et à la société en général. En ce sens, la thèse suggère que divers modes de reproduction de la binarité du genre font du paganisme contemporain tant un lieu de normativité quant à la nature du masculin et du féminin, qu'un lieu d'émancipation d'autres mécanismes de reproduction de la norme binaire. En somme, elle montre que cohabitent, au sein du paganisme contemporain, des rapports de pouvoir contradictoires qui tendent à rendre le sens accordé à l'expérience personnelle conforme à celui accordé à l'expérience de reconnaissance collective. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : néo-paganisme, Wicca, identité de genre, orientation sexuelle, LGBTQ, normativité.
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Malgré les avancés en termes d'égalité entre les hommes et les femmes et la révolution sexuelle, la sexualité des femmes demeure sous l'emprise d'un plus grand contrôle social que la sexualité des hommes. L'usage de termes comme « pute » et « salope » à l'encontre des femmes témoignent de cet écart genré. Dans le but d'analyser comment le stigmate de pute affecte les femmes « ordinaires » (c'est-à-dire, non-travailleuses du sexe), nous nous sommes attardés sur l'expérience de recevoir l'étiquette de pute, sur les significations de ce mot et sur son impact dans la vie sociale et sexuelle des femmes. Par l'entremise d'une méthodologie qualitative, dix entretiens semi-dirigés ont été menés avec des femmes d'âges, d'orientations sexuelles et d'appartenances ethnoculturelles variés. Le fait de se faire traiter de pute est vécu comme une insulte blessante pour la majorité des femmes. Elles se font principalement traiter de pute lorsqu'elles expriment une certaine autonomie sexuelle (avoir plusieurs partenaires sexuels, mettre fin à une relation amoureuse), lorsqu'elles sont habillées d'une manière sexy ou féminine, ou lorsqu'elles circulent dans l'espace public. Deux significations contradictoires de « pute » ont été présentées, soit celle de la prostituée de rue déchue et méprisée et celle de la femme forte et indépendante. La principale répercussion dans la vie des participantes est d'ordre psychologique : les femmes, après s'être fait traiter de pute, doutent d'elles-mêmes en remettant en question non seulement leurs comportements, mais bien leur identité tout entière. Malgré les normes sociales rigides qui pèsent sur les femmes, elles expriment aussi une certaine agentivité lorsqu'il est question de sexualité. Toutefois, elles doivent naviguer dans une tension entre leurs propres désirs sexuels et le contrôle social de leur sexualité. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Stigmate de pute, slut shaming, stigmatisation, double standard sexuel, sexualité des femmes, agentivité sexuelle, sexologie, féminisme.
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Dans ce mémoire, nous nous intéresserons aux débats et aux théories féministes latino-caribéennes, spécifiquement dans leurs articulations à la tradition qu'elles perçoivent comme une ressource nécessaire à la défense de l'État-nation et à l'émancipation typiquement moderne. À cette fin, nous établirons un fil conducteur entre les épistémologiques du Sud et la pensée occidentale à l'intérieur du développement historique et différencié de la modernité. En recourant à la sociologie de Michel Freitag et son concept d'imaginaire, nous découvrirons que les caractères décalés et déphasés de la modernisation issus de l'histoire coloniale de l'Amérique latine et des Caraïbes préservent la tradition (contrairement à l'Europe où la modernisation inclut activement et progressivement la tradition au sein de son développement historique) de manière à figurer une réserve de sens, un univers imaginaire, où seront puisés, dans un contexte de crise civilisationnelle, une mémoire anthropologique nécessaire au déploiement d'une émancipation moderne. Cette situation historique engendre en conséquence un mouvement de révision des frontières conceptuelles entre l'imaginaire et la raison, à l'intérieur desquelles les féministes latino-caribéennes intégreront l'imaginaire de la Mère-Terre comme une figure d'unité les faisant prendre en charge un principe civilisationnel qui se présente comme une double constitution du symbolique dans ses dimensions normative et expressive. Dans l'ensemble, nous verrons la tradition, qui livre un principe de réalité que l'on peut qualifier de civilisationnel, au sein de la pensée féministe latino-caribéenne contribuer au dépassement de la crise contemporaine du sujet et donner aux femmes dans leur expérience particulière du féminisme une portée universelle. De cette manière, nous allons voir que la Mère-Terre, comme représentation symbolique de l'unité sociale, est en mesure d'exprimer la crise civilisationnelle contemporaine en créant du lien social et en servant d'outil de compréhension de soi et de la société. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme, décolonial, intersectionnalité, modernité, modernisation, tradition, mythe, dialectique, unité/dualité, totalité, postcolonialisme, épistémologies du Sud, imaginaire/raison, muthos/logos, chaos, capitalisme, crise civilisationnelle.
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La question de la laïcité soulève de vives tensions au sein de la société. La proposition gouvernementale du projet de loi n° 60 sur la « Charte des valeurs québécoises » (2013) en est un des exemples révélateurs. Dans le cadre de ces débats, des arguments féministes ont été fortement mobilisés, tant pour appuyer que pour rejeter l'adoption de certaines mesures politiques. Ces polémiques ont rapidement ciblé un aspect du débat : le hijab porté par certaines femmes musulmanes, ce qui a eu pour effet de mettre les rapports ethnoreligieux à l'avant-scène des débats médiatiques et de relancer celui des questions féministes autour de l'émancipation des femmes, le hijab étant sujet à des interprétations fortes différentes dans ce contexte. Dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes intéressées aux prises de position politiques des féministes immigrantes de cultures musulmanes médiatisées au Québec, et ce, dans le cadre des débats sur la place de la religion dans l'espace public. Quelle est la nature de l'opposition entre ces femmes racisées et médiatisées? Quels éléments de contexte justifient et éclairent leur argumentaire en contexte québécois? Quel rapport à la nation la conception de la laïcité qu'entretiennent ces femmes engagées dans l'espace public révèle-t-il? Dans une perspective théorique puisant dans les études sur la blanchité (« whiteness studies ») et les féminismes postcoloniaux, nos analyses prennent pour objet les discours (argumentaires et témoignages personnels) et les représentations (sur la laïcité, l'égalité des sexes, l'islam, le racisme, etc.) de ces féministes racisées, en accordant une importance aux structures et aux facteurs sociaux qui les influencent (trajectoires et positionnements sociaux), et ce, afin de rendre plus sociologiquement intelligible les prises de position individuelles de ces féministes dans les débats publics. Nous avons dégagé 4 types d'idéaux types de féministes de cultures musulmanes présentes dans l'espace public et médiatique au Québec: le type « laïciste anti-islamiste », le type « nationaliste laïque républicaine », le type « pluraliste interculturaliste » et le type « pluraliste radicale ». Cette typologie a permis de mettre en relief certaines prédominances idéologiques ainsi que certaines postures nationalistes (au sens où l'entend Ghassan Hage) sous-tendant leur perception du traitement que l'État devrait réserver aux particularismes religieux (islamiques en particulier) dans l'espace public. _______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : musulmanes, féminisme, laïcité, voile islamique, médias.
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Dans le cadre de cette recherche, nous cherchons à comprendre la façon dont les FVVIH témoignent de leurs parcours et de leurs expériences vis-à-vis les services sociaux et de la santé leur venant en aide. Notre recherche a pour but de mieux saisir comment les femmes séropositives naviguent et gèrent la stigmatisation qui serait issue des institutions sociales en plus d'identifier des pistes d'action pour l'amélioration des services. Pour ce faire, nous proposons un cadre d'analyse composé des concepts de stigmatisation structurelle et du travail social féministe critique. Nous utilisons le concept de la stigmatisation structurelle comme concept clé pour orienter nos analyses des entretiens. Il nous permet de cerner l'expérience des FVVIH liée aux services sociaux auxquels les FVVIH ont recours. Le travail social féministe critique, quant à lui, oriente notre engagement dans la lutte contre toutes formes de discrimination et de stigmatisation vécues par les FVVIH. Nous avons privilégié une méthode qualitative, ethnobiographique et féministe. Cette recherche comprend un échantillon double : d'une part des FVVIH et d'autre part les professionnelles et professionnels des services sociaux. Nous avons réalisé sept entretiens individuels; cinq entretiens avec des FVVIH et deux entretiens avec des professionnelles et professionnels des services sociaux. Ce double échantillon nous a permis de confronter les témoignages des FVVIH à ceux des professionnelles et ainsi d'approfondir notre analyse. Ces entretiens nous ont également permis de recueillir plusieurs récits expérientiels de la stigmatisation et de la discrimination perçue et vécue par les FVVIH liés aux services sociaux communautaires et institutionnels. Ils nous ont en outre permis de dégager des recommandations et pistes d'action visant une amélioration des services sociaux. La présentation des résultats documentée permet de mieux connaître le point de vue des FVVIH, leurs savoirs et leurs expériences au regard de la stigmatisation perçue et vécue de la part des services sociaux leur venant en aide. La discussion des résultats permet finalement de confronter les témoignages des FVVIH et ceux des professionnelles des services sociaux, et dégage certaines pistes d'action pour l'élaboration de pratiques d'intervention plus démocratiques. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : VIH, stigmatisation structurelle, femmes, féminisme, travail social, services sociaux.
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Alors que nous nous trouvons dans une situation politique néolibérale qui renforce les rapports sociaux de classe sociale et par le fait même les inégalités sociales, l'action sociale apparaît comme la seule riposte. Tous et toutes ne sont pas toutefois affectées de la même manière par ces mesures néolibérales, celles-ci consolident l'ensemble des rapports sociaux. Elles ont, par exemple, des répercussions particulièrement néfastes pour les femmes. Cependant, l'action sociale féministe en mixité est peu étudiée. C'est pourquoi cette recherche s'intéresse aux manières dont s'articule le féminisme dans l'action sociale opposée au néolibéralisme. Elle tend à comprendre en quoi le militantisme mixte peut contribuer aux luttes féministes et à la transformation des rapports sociaux de sexes. Cette recherche s'appuie théoriquement sur la consubstantialité des rapports sociaux de classe et de sexe élaborée par la sociologue et théoricienne féministe Danièle Kergoat. Elle est basée sur des entretiens individuels ainsi que sur des observations directes faites au sein de deux organisations mixtes prônant l'action sociale ayant des principes féministes : l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) et le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Les données de recherche comprennent aussi une analyse de la documentation grise de ces organisations. Cette recherche démontre qu'il existe des rapports sociaux de sexe présents sous la forme d'une division sexuelle du travail militant, de rapports de pouvoir et de domination ainsi qu'à travers une influence de l'orientation des organisations. Ces rapports sociaux ont de fortes conséquences sur les organisations, les femmes qui y militent ainsi que sur les luttes féministes dans leur ensemble. Alors que l'articulation du féminisme en mixité présente de nombreux défis et plusieurs limites, cette recherche démontre qu'elle peut aussi présenter des avantages et participer à la transformation des rapports sociaux de sexe et de classe sociale. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : action sociale, néolibéralisme, féminisme, rapports sociaux de sexe, consubstantialité des rapports sociaux, division sexuelle du travail, organisation communautaire
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Comme dans la plupart des pays industrialisés, les autorités de santé publique du Québec s'emploient à implanter diverses mesures pour assurer l'observance aux programmes de vaccination et obtenir des taux de couverture vaccinale de plus en plus importants. Le vaccin est un médicament de prévention primaire qui est prescrit par l'État et donné systématiquement aux bien portants afin de provoquer une modification immunitaire. Or, cette intervention médicale est l'objet d'un débat hautement polarisé. La position orthodoxe adoptée par la majorité est que la vaccination serait la principale responsable de la diminution, voire de la disparition de maladies infectieuses et que les vaccins sont sécuritaires. Face à cette position dominante, un certain nombre de professionnels-elles de la santé (PDLS), de scientifiques et de citoyens-nes soutiennent que la science du vaccin comporte des lacunes importantes, dont celles du sous-signalement des manifestations postvaccinales indésirables (MAPI) ou de l'influence du marché et questionnent même son efficacité. D'autres, encore, considèrent différents types de prophylaxie. La présence d'un discours hétérodoxe au sujet de la vaccination des enfants fait craindre une baisse des taux de couverture vaccinale malgré les hauts pourcentages enregistrés. À cet effet, de nombreuses recherches portent sur le phénomène de l'hésitation à l'égard des vaccins visant aussi les PDLS qui manifestent une réticence à les administrer, une position supposée injustifiée. Bien que certains éléments explicatifs soient soulignés, les études développent essentiellement des moyens pour diagnostiquer et contrer l'hésitation à l'égard des vaccins et ne semblent pas prendre en considération le point de vue de ces PDLS, souvent témoins en première ligne de l'administration des vaccinations et des interrogations des parents. Cette thèse vise à saisir le sens des discours hétérodoxes de PDLS qui expriment des inquiétudes et des critiques face à la vaccination, en documentant le contenu de leurs expériences et de leur savoir. Notre étude se penche également sur les raisons qui font de la critique vaccinale, un sujet tabou. L'approche théorique qui accompagne notre travail fait appel aux travaux féministes sur la construction du savoir et de l'ignorance ainsi qu'aux concepts de « savoirs interdits » (forbidden knowledge) et de « science non faite » (undone science). Un projet de recherche qualitatif a été privilégié afin de recueillir des données variées représentant le spectre des différentes critiques, et ce, après avoir effectué une recension approfondie des écrits sur les différents aspects du vaccin et les études faites sur les attitudes à son sujet. Nous avons mené des entretiens semi-dirigés auprès de treize PDLS issues de quatre professions différentes largement composées de femmes (infirmières, médecins, homéopathes et sages-femmes), des groupes souvent visés par les études de la santé publique sur l'évaluation des couvertures vaccinales et le phénomène de l'hésitation face aux vaccins. Une méthode d'analyse par théorisation ancrée a été favorisée. Les données obtenues mettent en lumière plusieurs aspects méconnus des discours hétérodoxes de PDLS qui expriment une réticence à l'égard de la vaccination. D'abord, il semble que les conditions liées à cette hésitation incluent d'avoir été témoins de MAPI et d'être critiques de la construction des connaissances médicales. Ensuite, ces femmes révèlent, par leur expérience du système de santé, comment la force normative liée au statut singulier du vaccin dans notre société règle leur conduite et accentue la hiérarchie professionnelle. Ces résultats montrent l'importance de la pluralité des savoirs suscitant une réflexion sur la production sociale actuelle des connaissances médicales dont celles à propos du vaccin et de son projet politique, mais aussi sur la reconnaissance des expertises de toutes les professions de la santé. Cette thèse a permis de valoriser la voix trop peu entendue de PDLS qui proposent des pistes claires pour l'amélioration des pratiques vaccinales auprès des enfants du Québec. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme, hésitation à l'égard de la vaccination, hétérodoxie, homéopathe, infirmière, médecin, professionnels-elles de la santé, Québec, sage-femme, savoir interdit, sociologie de la santé, système de santé, théorisation ancrée, vaccin.
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Le phénomène des multiples disparitions et assassinats de femmes autochtones au Canada est révélateur de la violence systémique que vivent ces dernières. Suivant le constat que les recherches qui portent sur la violence et les femmes autochtones offrent généralement une compréhension limitée de ces réalités, ce mémoire vise à explorer une dimension peu abordée, soit la dimension idéologique, et plus précisément les pratiques discursives. Cette recherche exploratoire propose de répondre à la question suivante : Comment les femmes autochtones violentées, principalement celles qui sont disparues ou assassinées, sont-elles représentées à travers le discours médiatique francophone et quels sont les enjeux politiques d'une telle représentation? Pour ce faire, une recherche dans les bases de données a mené à la recension de 147 articles portant soit sur le phénomène général des disparitions et assassinats, soit sur les histoires spécifiques de deux femmes autochtones assassinées (Kelly Morrisseau et Tiffany Morrison). De ces articles ont été extraits les différentes thématiques abordées, permettant ainsi de répondre au premier objectif de cette recherche, soit de dresser un portrait des représentations médiatiques portant sur les femmes autochtones violentées, disparues ou assassinées. Dans un deuxième temps, une analyse foucaldienne du discours a permis de relever les régularités et les discontinuités ainsi que certaines procédures discursives permettant donc de répondre au deuxième objectif de cette recherche, soit de dégager et de reconstruire le discours porté par ces représentations. Cette analyse a mené au regroupement des énoncés en trois ensembles qui exposent l'articulation du discours médiatique portant sur les femmes autochtones violentées, disparues ou assassinées : « de mauvaises femmes », « une violence imprévisible », « analyse et solution policière ». Dans une perspective intersectionnelle, une critique de ce discours a été développée afin de réfléchir à ses enjeux matériels sur la situation des femmes autochtones ainsi que sur les discours et pratiques en travail social. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : représentations, discours médiatiques, femmes autochtones, violence, disparitions et assassinats, intersectionnalité, analyse du discours, travail social.