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Alors qu’on associe généralement la peur à des réflexes tels que la fuite, l’inhibition ou la démobilisation lorsqu’il est question de militantisme, cet article examine comment cette émotion peut parfois stimuler l’engagement de militantes féministes. Située au croisement des approches « actionnistes » (Bernard, 2017) des émotions, de la sociologie des mouvements sociaux et de la sociologie féministe, la discussion proposée s’inspire de 87 entretiens semi-dirigés réalisés entre 2006 et 2015 à travers le Québec, et d’une comparaison entre les milieux féministes suisses romands et québécois grâce aux 31 entretiens réalisés en 2018 et 2019 dans ces deux régions. En tenant compte des niveaux macro, méso et micro de l’analyse, l’article interroge les effets contrastés de la peur sur l’engagement féministe selon le positionnement des actrices dans les rapports sociaux de race, de classe et de sexualité, mais aussi selon les origines de la peur (intra ou extra mouvement), son degré d’intensité, ses interactions avec d’autres émotions (dont la colère) et le travail émotionnel (Hochschild, 2012) des féministes interrogées. L’article brosse ainsi un portrait des causes de la peur chez les féministes pour ensuite analyser les séquences émotionnelles les plus récurrentes en vue de mettre en relief diverses combinaisons émotionnelles et leurs effets sur l’engagement des féministes.
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The current study explored sexual minority women’s gender aesthetic and style by using van Anders’ (2015) sexual configurations theory (SCT), which allows for nuance in the measurement of gender/sex research. Previous research on sexual minority women has suggested a markedly masculine “Lesbian Aesthetic” (Huxley et al., 2014) and has connected aesthetic expression to internalized homophobia and levels of outness such that sexual minority women categorized as more feminine report higher rates of internalized homophobia and identity concealment. However, the bulk of past research used dichotomous measures of assessing gender and predated an ostensible shift in LGBTQ+ identities. To update this body of research, the current study explored gender aesthetics by asking sexual minority women to map their gender expression using SCT diagrams and complete measures of outness and internalized homophobia. We found no significant group differences in internalized homophobia or outness for femme, butch, and androgynous participants. Content analyses of gender diagrams suggest that the gender aesthetics of sexual minority women are neither monolithic nor masculine but may be beginning to lean towards the feminine and most certainly encompass a complex and diverse range of expressions
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Nation-wide opinion polls and social scientific studies indicate that evaluations of gay men and lesbian women have become increasingly favourable. These positive trends do not explain the widespread discrimination experiences being reported. To assist researchers in investigating attitudes towards gay and lesbian persons, the current research examines whether there are multiple “types” that are identifiable and salient. Two Canadian studies (Ns = 67 and 206) were conducted to establish the presence of gay and lesbian subgroups. Using subgroups generated by Study 1 participants, community and student sub-samples selected those they perceive to exist. Results indicated that, for gay men, the subgroups Drag Queen and Flamboyant emerged, as did Butch for lesbian women. Amongst students, Closeted and Feminine also emerged for gay men, as well as Feminist and Tomboy for lesbian women. These findings have implications for contemporary research on gay- and lesbian-related attitudes and the methodology used to assess them.
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Cet article présente les résultats d’une recherche qualitative qui explore, à partir de la perspective féministe intersectionnelle, les points de vue d’intervenantes des maisons d’hébergement du Québec sur leurs pratiques d’intervention auprès des femmes immigrantes victimes de violence conjugale, ainsi que sur les facteurs qui influencent ces pratiques. La collecte de données a été réalisée par le biais de cinq groupes focalisés répartis dans quatre régions du Québec : Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau. Trente-trois intervenantes issues de maisons d’hébergement pour femmes violentées ont participé à la recherche. L’analyse des résultats a permis de dégager deux thèmes principaux autour desquels s’articulent les discours des intervenantes au sujet de leurs pratiques : la nature de ces pratiques en contexte de diversité culturelle et les facteurs qui les modulent.
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The focus of the article is on how knowledge is created, who creates knowledge, how knowledge is co-constructed, whose knowledge is excluded and how knowledge is being used to challenge inequalities and strengthen social movement capacity. This article grew from a fascinating conversation that the three of us had in Montreal in September of 2019. We decided to share our stories about knowledge and justice with a wider audience in part as a way for us to reflect further on the meaning of our initial conversation, but also to invite others into the discussion. Baptiste Godrie works in a research centre (CREMIS) affiliated with Quebec’s health care and social services system, Isabel Heck works with the anti-poverty organization Parole d’excluEs, both affiliated to universities, and Budd Hall works at the University of Victoria and is the Co-Chair of the UNESCO Chair in Community-Based research and social responsibility in higher education.
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En 2011, le CEDREF avait déjà publié un numéro intitulé « Théories féministes et queer décoloniales ». Il s’agissait notamment de faire connaître des traductions de plusieurs théoriciennes Chicanas centrales des décennies 1980 et 1990 —Gloria Anzaldúa, Cherríe Moraga et Norma Alarcón, qui ont puissamment contribué à ouvrir la voie aux réflexions décoloniales. Nous avions ajouté à ce dossier un des premiers articles de María Lugones, philosophe argentine installée aux Etats-unis, datant de 198...
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Cet article porte sur les rôles que les femmes ont joué dans le développement d’une scène jazz à Montréal. Les archives témoignent de l’importance des pianistes Vera Guilaroff et Ilene Bourne, de l’enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney, des enseignantes de danse Olga Spencer Foderingham et Ethel Bruneau, ainsi que des danseuses de variétés dans le développement de la plus grande scène jazz du Canada au cours de la première moitié du xxe siècle. Cet article contextualise la présence des femmes dans ces espaces performantiels précis (le piano, l’enseignement, la danse) et explore les processus historiographiques liés à leur exclusion des récits historiques.
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Ce texte désire mesurer la place du féminisme dans l’expérience missionnaire des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie au Pérou et au Brésil entre 1960 et 1985. Pour plusieurs religieuses, l’idée de ministères traditionnels ou inédits dans de nouveaux champs apostoliques leur a permis d’élargir le sens de leur vocation. La question des femmes prendra, avec l’aggiornamento conciliaire, un nouvel élan. À travers un patient travail de fond, les SNJM se sont inculturées dans leurs différents milieux d’insertion en intégrant une vision d’avenir des femmes. Cette étude permet donc de revoir la nature même des fonctions missionnaires des religieuses et bouscule la vision genrée de l’apostolat. This text wishes to measure the role of feminism in the missionary experience of the Sisters of the Holy Names of Jesus and Mary in Peru and Brazil between 1960 and 1985. For several nuns, the idea of traditional or new apostolic works in the South American Field allowed them to expand the meaning of their vocation. The issue of women will take, with the Conciliar aggiornamento, a new impetus. Through a patient groundwork, SNJM are inculturated in their different backgrounds of insertion by integrating a vision of the future of women. This study makes it possible to review the nature of the missionary religious functions and hustles the vision of gender of the apostolate and empowerment of religious women.
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L’objectif de cet article est de présenter la façon dont s’est coconstruit un projet de formation et d’accompagnement autour de l’intervention avec les familles en situation de vulnérabilité sociale. Plus précisément, nous nous penchons sur ce qui a été au cœur de ce projet, soit les groupes de codéveloppement offerts à chacun des organismes partenaires et, plus récemment, celui offrant un espace commun à tous, appelé groupe mixte. Le contexte du projet, son historique ainsi que la coconstruction des différentes phases de son ancrage territorial sont tout d’abord présentés. En second lieu, la définition, les assises théoriques de même que la méthodologie des groupes de codéveloppement sont précisées. Le retour réflexif qui suit s’articule autour de trois volets : la méthodologie utilisée, les défis rencontrés dans les groupes et leurs apports du point de vue des différents acteurs impliqués. Ce retour réflexif nous a permis de constater que nous avons créé un dispositif original, adapté à l’intervention de proximité avec les familles en situation de vulnérabilité sociale : le codéveloppement clinique ancré dans un territoire donné.
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À mon sens, il est tout particulièrement perturbant de parler d’histoire hétérosexuelle, car cette histoire met en péril l’hypothèse habituelle, implicite et déterministe selon laquelle l’hétérosexualité serait une catégorie fixe, hors du temps, biologique, et synonyme de la conjonction des organes et des actes mâles et femelles. Au contraire, comme je le soutiens, l’hétérosexualité (tout comme l’homosexualité) a un passé méconnu mais varié, et un futur ouvert et encore à déterminer. Pour paraphraser Marx, les femmes et les hommes font leur propre histoire sexuelle et affective. Mais illes ne la font pas comme bon leur semble. Illes la font dans des conditions héritées du passé, qu’illes modifient par leur activité et leur organisation politique autant que par leur vision d’un futur auquel illes donnent toute sa valeur.
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Cet article présente une étude de cas approfondie sur la manière dont les lesbiennes contemporaines utilisent les étiquettes dans le site de rencontres de niche « WomynLink.com ». En m'appuyant sur cinq mois d'ethnographie en ligne entre novembre 2011 et mars 2012, j'examine et compare l'utilisation par les membres butch, femme et queer des étiquettes et des présentations corporelles dans le salon de discussion (vidéo), les forums et les profils de WomynLink. J'ai également mené 21 entretiens en ligne via le service de discussion gratuit de WomynLink ou des services de messagerie externes tels que Skype. Je m'appuie sur la littérature sur la création de limites pour illustrer comment les membres femmes, butch et queer s'engagent dans différentes formes de travail sur les limites pour atteindre la désirabilité en ligne en réconciliant les tensions entre leur présentation corporelle genrée, l'utilisation des étiquettes et les perceptions que les autres membres ont d'eux. Les membres femmes cherchaient à mettre en valeur leur féminité, le travail de délimitation des butches mettait en évidence leur intérêt sexuel et les membres queer défendaient leur catégorie de sexe en tant que femme et leur identité sexuelle en tant que lesbienne. Ces modèles de travail sur les frontières donnent un aperçu de la façon dont l’importance des étiquettes de genre lesbiens a évolué, en particulier à l’ère contemporaine en ligne.
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À partir de 22 entretiens et de 243 questionnaires d’enquête complétés par des enseignants du secondaire du Québec (Canada), cet article interroge l’existence de normes relatives au genre et à l’orientation sexuelle en milieu scolaire. Les résultats suggèrent que les pratiques professionnelles des enseignant(e)s, tant lesbiennes, gais et bisexuels (LGB) qu’hétérosexuel(le)s concernant l’homophobie et la diversité sexuelle sont influencées par ces normes. Trente ans après les premiers travaux sur le vécu des enseignants LGB, la littérature sur le coming out demeure centrale pour comprendre les pratiques professionnelles de ceux-ci ainsi que leurs appréhensions. Based on 22 interviews and 243 survey questionnaires filled out by high school teachers in Québec (Canada), this paper questions the existence of norms relating to gender and sexual orientation in schools. Results suggest that teachers’ professional practices regarding homophobia and sexual diversity are influenced by these norms, whether they identify as heterosexual or as lesbian, gay or bisexual (LGB). Thirty years after the first studies on LGB teachers’ experiences, the coming out literature remains central to the understanding of teachers’ apprehensions and fears, as well as their pedagogical practices.
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This article explores the ways in which teachers describe their pedagogical and intervention practices relative to sexual diversity in Québec (Canada). Three variables closely associated with teachers who report inclusive practices emerge: experiential training (based on the experience of a lesbian, gay, or bisexual [LGB] teacher), contact training (from close acquaintance with LGB individuals), and professional training. These factors impact the probability that a teacher will refer to homosexuality, intervene when homophobic incidents occur to deconstruct prejudices, and become the confidant of LGBQ students. Results are discussed based on research on minority teachers and on the roles of straight allies in education.
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L'importance du mouvement féministe haïtien est mal connue au Québec. Les images sensationnalistes des média de masse qui envahissent notre imaginaire masquent, entre autres, un mouvement de femmes au cœur des luttes politiques et sociales contemporaines. Cet article prétend lever le voile sur quelques éléments de cette histoire afin de mieux en saisir la nature, la force ainsi que l'ancrage. Il abordera aussi les obstacles qu'a connu ce mouvement suite au séisme de janvier 2010, en particulier les retombées dé-structurantes du stéréotype misérabiliste importé par les contingents d'aide.