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Le Pérou et le Guatemala ont vécu des conflits internes violents. Lors de ces conflits, les femmes, autochtones, paysannes ou pauvres, ont été des cibles privilégiées de la violence notamment sexuelle et reproductive. Cette thèse a pour but d’analyser les processus de politisation des violences sexuelles et reproductives (VSR) mis en place par les actions collectives des femmes dans ces deux pays après les conflits armés. Requalifier les VSR comme un enjeu politique nécessite de nouvelles constructions de sens pour les groupes de femmes/féministes. Pour saisir la complexité de ce processus, je propose un cadre d’analyse original. Je m'appuie sur l'approche des mouvements sociaux par les cadres et sur l'intersectionnalité. Les analyses en termes de cadrage centrent leur regard sur la redéfinition de ce qui constitue une injustice, sur l’agencement d’actions et sur la composition de nouvelles identités collectives. L’intersectionnalité féministe permet de penser la complexité des cadres ainsi que les imbrications des rapports de pouvoir qui les structurent. Cette thèse cherche donc à répondre à la question de recherche suivante : à travers quels cadrages les actions collectives des femmes au Pérou et au Guatemala politisent-elles les violences sexuelles et reproductives et comment les rapports de pouvoir s’imbriquent-ils pour structurer cette politisation ? Pour répondre à cette question, le travail de terrain s'est organisé autour de trois modalités : des récits de pratiques militantes avec des actrices clés du mouvement des femmes (30), de l’observation ainsi qu’une analyse documentaire. Grâce au cadre théorique mobilisé et au travail de terrain, cette recherche identifie et analyse deux thèmes principaux par pays sur lesquels s’appuient les groupes de femmes/féministes. En premier lieu, au Guatemala, le cadre de l’arme de guerre s’articule autour de la judiciarisation des violences sexuelles et sur l’idée de leur utilisation stratégique pendant le conflit armé. Le rôle des juristes féministes, des organisations de droits humains et des mobilisations transnationales est alors essentiel. D’autre part, les VSR sont politisées à travers la notion de corps-territoire et des propositions épistémopolitiques des groupes de femmes autochtones. Ce deuxième cadre met l’accent sur les continuités coloniales des violences sur les femmes et leurs territoires. Au Pérou, la question des stérilisations contraintes se politise davantage sous le prisme des violences de genre et sur leur continuum. Cette question s’inscrit à l’agenda de mobilisations contre les féminicides et contre le régime Fujimoriste portées par une nouvelle génération de militantes féministes. La performativité théâtrale dans l’espace public constitue une des stratégies principales de ces actions. Parallèlement, les stérilisations contraintes sont également politisées comme un déni de citoyenneté envers les femmes pauvres et autochtones péruviennes avec la formulation de demandes pour avoir un accès effectif à leurs droits. Ces demandes sont portées par des organisations de victimes, constituées depuis les années 2000. Tant sur le plan empirique, théorique que méthodologique, cette thèse offre une meilleure compréhension des enjeux reliés à l'analyse des actions collectives des femmes/féministes en Amérique latine. Elle propose une contribution théorique originale pour comprendre les processus de politisation depuis l’intersectionnalité féministe. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : violences sexuelles et reproductives, conflit armé, mouvement de femmes/féministes, politisation, Amérique latine, intersectionnalité
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L'empowerment des femmes est devenu un terme omniprésent dans le domaine du développement depuis les années 1990. Face à la dépolitisation de la notion depuis sa cooptation dans le paradigme dominant du développement, il importe de remettre à l'ordre du jour la définition féministe radicale de l'empowerment, qui met l'accent sur la remise en question des rapports sociaux de domination. Ce mémoire met en lumière les aspects collectifs de l'empowerment, comme l'augmentation des capacités d'action et l'implication des individus et des groupes dans la sphère sociale et politique en vue d'une transformation des rapports de pouvoir. L'étude des rapports sociaux de domination liés au sexe, à la race et à la classe et de leur imbrication est essentielle pour comprendre la portée du concept d'empowerment dans les projets de développement. Puisque les projets d'économie sociale, tels que les coopératives féminines, en sont un type souvent implanté en vue de favoriser le renforcement du pouvoir des femmes, ce mémoire tente de comprendre la portée des projets de coopératives à favoriser l'empowerment collectif des femmes. Ce mémoire vise à illustrer le processus d'empowerment des femmes au sein d'une coopérative de travail en particulier et à comprendre les facteurs institutionnels et structurels qui l'influencent. L'étude de la consubstantialité des rapports sociaux de sexe, de race et de classe vécus par les membres de Ricomida nous éclaire sur la manière dont fonctionne l'empowerment des femmes de la coopérative. L'imbrication particulière de ces rapports sociaux, de même que la manière dont le projet est conçu et évalué, favorisent plutôt les aspects individuels de l'empowerment des femmes de Ricomida, comme le « pouvoir intérieur » et le « pouvoir sur ». Les aspects collectifs du renforcement du pouvoir des femmes, le « pouvoir de » et le « pouvoir avec » semblent toutefois se confronter à un ensemble d'obstacles. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : empowerment, femmes, coopérative, intersectionnalité, consubstantialité des rapports sociaux, Bolivie, développement.
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Ce mémoire se veut un essai théorique analysant les situations de violences sexuelles et liées au genre au sein des camps de réfugié.e.s. Cette recherche est en effet motivée par le constat de la forte propension de ces violences, notamment domestiques, dans un espace qui se définit comme « sécuritaire », un environnement qui se doit d'offrir une certaine protection et sécurité. En empruntant un angle d'analyse féministe poststructuraliste, postcoloniale et intersectionnelle, cet essai vise à relever et à dépasser les biais de genre présents au sein des cadres conceptuels et des pratiques de l'organe principal responsable de l'assistance et de la protection des personnes réfugiées, soit le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). En théorisant sur une biopolitique de l'humanitaire, ainsi que sur l'état d'exception qui caractérise la situation d'encampement, ce mémoire démontre que dans un tel cadre de rapports inégalitaires de pouvoir qui caractérisent la gestion des camps de réfugié.e.s, les politiques d'égalité entre les genres et les stratégies de lutte contre les violences sexuelles et liées au genre menées par les organisations humanitaires se heurtent à de forts obstacles. Si les camps de réfugié.e.s ne sont pas donnés à disparaître de sitôt, une transformation dans la manière de percevoir la sécurité, ou les (in)sécurités, passant inévitablement par une démocratisation de l'espace des camps, doivent figurer au premier plan parmi les changements qui devraient être effectués pour diminuer le sentiment d'insécurité et les violences qui affectent bon nombre de réfugié.e.s, surtout les femmes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Migration forcée, féminisme poststructuraliste, violences de genre, biopolitique, sécurité positive.