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Dans ce projet, j’ai visé à (1) recenser les stratégies visuelles employées dans les campagnes de sensibilisation à la violence conjugale produites au Québec et à (2) établir les liens que ces stratégies entretiennent avec l'engagement féministe pris par le Gouvernement dans son Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugale de 1995. Dans un premier temps, à travers une étude visuelle multidisciplinaire, ancrée entre autres dans la rhétorique de l’image de Barthes (1964), mais aussi dans les théories du langage cinématographique (Edgar-Hunt, Rawle et Marland, 2011) et de l’art hypermédiatique (Lalonde, 2012), j’ai été amenée à constater la récurrence de stratégies visuelles visant à susciter des émotions fortes, comme la surprise, le choc, la colère ou la peur. Dans un deuxième temps, tout comme plusieurs auteur.trices de ma revue de littérature (West, 2013, Neal, 2015, Gabler, 2016, Goehring et al., 2017, Magaraggia et Cherubini, 2017, Wolf, 2018), j’ai remis en question la pertinence de ces stratégies dans le cadre d’une approche féministe de la violence conjugale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur mon cadre théorique : les principes d’intervention féministes en violence conjugale. Il s’est dès lors avéré que beaucoup des images recensées contredisaient ces principes. Elles tendaient à retirer de l’agentivité aux victimes, à les revictimiser ou même à les culpabiliser. Je postule que cet état des lieux peut s’expliquer par le contexte sociopolitique et économique québécois des trente dernières années, contexte où les perspectives féministes n’ont jamais cessé d’être remises en question (Dupuis-Déri et Blais, 2015, Dupuis-Déri et Lamoureux, 2015) et où le néolibéralisme a mené à l’individualisation des problématiques sociales – entre autres (Flynn et al., 2018). Bien que ma recherche comporte ses limites, notamment car mon corpus exclut les nombreuses initiatives locales qui ont été créées, elle offre les bases d’un questionnement pertinent sur l’éthique de la fabrique des images de sensibilisation à la violence conjugale. Dans un travail ultérieur, la recherche pourrait comparer les initiatives gouvernementales aux initiatives locales, ou les initiatives du Gouvernement québécois aux initiatives d’autres gouvernements, comme celui d’Australie (campagne Respect). Il serait aussi pertinent de se questionner sur la place de ces images de sensibilisation dans un paysage médiatique et visuel où le sexisme ordinaire et les propos réactionnaires pullulent encore, malgré les avancées des dernières décennies (Cordelier et al., 2015, Lacasse et Charron, 2017). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : image publicitaire; campagnes de sensibilisation; violence conjugale; images de la violence conjugale; lecture féministe de la violence conjugale; critique féministe de l’image; féminismes au Québec; antiféminismes au Québec.
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La série performative La Réincarnation de Sainte-ORLAN, réalisée de 1990-1993, trace le devenir-cyborg de l'artiste française ORLAN. À cheval entre le body art et le bioart, l'artiste explore le corps-machine à travers une pratique qu'elle désigne d'art charnel. Ces performances opérations se développent autour de deux axes, soit la mise en scène de la chirurgie esthétique et la création d'autoportraits. Le présent mémoire réfléchit toutefois à la métamorphose de l'artiste en soi. ORLAN emprunte le chemin houleux de l'expérimentation et explore les diverses déclinaisons du techno-corps. En puisant dans le riche imaginaire de la posthumanité, peuplé de potentialités, de futurs et d'utopies, l'artiste s'hybride à l'autre technologique et révèle un devenir-minoritaire. Pour ce faire, le nomadisme identitaire de la philosophe Rosi Braidotti sert d'outil d'analyse afin de déterminer la valeur politique et la portée symbolique de la métamorphose. Chaperonnée par les écrits de Luce Irigaray et de Gilles Deleuze et Félix Guattari, elle situe le « sensible » au cœur d'une stratégie d'affirmation féministe et de désengagement de l'ordre phallique. Sa figure de prédilection, le nomade, succède ainsi au féminin de sa prédécesseure belge et reconduit la logique déterritorialisante du devenir du duo Deleuze-Guattari. Par conséquent, ORLAN met en scène la figure du cyborg élaborée par Donna Haraway. Dans la mouvance de l'art posthumain, l'artiste fait valoir des expériences aux limites de la condition humaine. D'une performance opération s'articulant sur la chair de l'artiste surgit paradoxalement une expérience de dépouillement. Émergent ainsi le vertige et l'abject, affects initiant potentiellement une mutation identitaire chez l'artiste et le sujet regardant. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : ORLAN, posthumanisme, féminisme, cyborg, devenir
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Au cours des 10 dernières années, de nombreux évènements en arts visuels se sont penchés sur la question du féminisme, malgré l'annonce de la mort de ce courant politique par plusieurs discours populaires. Effectivement, l'avènement, à la fin de la décennie 1980, des champs d'études queer et postcoloniales reconceptualise et complexifie le sujet du féminisme, la femme. Les fondements de l'identité femme, la fixité de cette catégorie, se voient maintenant interroger. De ce fait, les prémisses misent de l'avant par les féministes des années 1970, moment fort du mouvement de libération des femmes, reçoivent un lot important de critique. Dans un tel contexte, nous souhaitons questionner l'art féministe actuel et comment il se manifeste. Plus spécifiquement, nous voulons analyser de quelle façon il diffère des pratiques féministes inaugurés dans la décennie 1970. C'est sur cette problématique que s'attarde ce mémoire prenant pour corpus d'études les expositions présentées, de 1973 à 1978 et de 2007 à 2010, au centre d'artistes féministes montréalais La Centrale Galerie Powerhouse. Ce lieu de diffusion, fondé par des femmes désirant avoir un endroit pour exposer leur art à un moment où elles étaient exclues des institutions, est un témoin privilégié des relations qu'entretiennent le discours artistique et les théories féministes. La Centrale Powerhouse a d'ailleurs modifié son mandat en 2008 dans le but de demeurer pertinent face aux changements ayant lieu au sein du courant féministe. À travers notre étude comparative de la programmation du centre d'artistes, nous voulons démontrer des démarches politisées, enrichies par de nouvelles préoccupations queer et postcoloniales, demeurent possible ainsi qu'une lecture féministe des œuvres. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Art féministe, art contemporain, La Centrale Galerie Powerhouse
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Cette thèse en histoire de l’art s’intéresse à l’effet des normes de beauté féminine dans la perception et la réception d’oeuvres d’art montrant des corps féminins. La problématique de la beauté féminine a été retenue puisqu’elle suscite de nombreux débats tant en l’histoire de l’art que dans la théorie esthétique et, plus largement, dans la société. Pour guider l’analyse des oeuvres, le cadre théorique se déploie à partir d’une approche inédite nommée esthétique de la proximité. Cette approche adopte une posture critique qui remet en question le comportement esthétique occidental face aux oeuvres d’art et la perception de la beauté comme caractéristique détachée des sujets. L’esthétique de la proximité cherche à expliciter les attentes et les désirs des personnes qui produisent des discours sur les oeuvres. En interrogeant les processus normatifs qui sont à l’origine de notre appréciation de l’art et ceux qui fondent notre appréhension encorporée (embodied) du monde, cette approche explicite comment il est possible de prendre acte de la manière dont les discours sur les oeuvres contribuent à la normativité tant artistique que genrée. Pour développer le cadre théorique de l’esthétique de la proximité, un retour sur le concept d’autonomie tel que développé à travers l’histoire de l’art et de l’esthétique est effectué. L’autonomie est positionnée comme constituant la norme de l’art, c’est-à-dire que ce concept permet de donner une place spécifique à l’art dans l’ensemble des productions culturelles des sociétés en Occident. Le survol de ce concept permet de montrer en quoi nos attentes et nos désirs concernant l’expérience de l’art sont constitués par des structures idéologiques, sociales et politiques rendues invisibles grâce à des processus normatifs qui neutralisent l’expérience artistique. Une fois ces processus dégagés, il est possible d’élaborer plus précisément le cadre de l’esthétique de la proximité sur lequel se fonde l’analyse du corpus. Ce cadre s’appuie sur trois concepts issus des théories féministes et queers, soit l’encorporation, l’objectivation/subjectivation et la normativité. Chacun de ces concepts pousse à réfléchir l’expérience esthétique comme une expérience située influencée par nos connaissances, notre posture encorporée et nos horizons d’attente à l’égard des oeuvres. Cette approche permet de mettre en évidence comment chacune des pratiques étudiées en dialogue avec les discours sur celles-ci fait ressortir des enjeux spécifiques en lien avec les normes du monde de l’art et de la société en général. L’analyse du corpus est divisée en trois thématiques. Le premier chapitre d’analyse regroupe des pratiques qui récupèrent les codes de représentation du corps féminin dans les médias de masse. Les oeuvres de Vanessa Beecroft et de Katy Grannan qui ont été retenues ont en commun de mettre en scène une certaine ambivalence à l’égard des normes de beauté et de la représentation de la beauté, malgré leur apparente complicité avec celles-ci. La seconde thématique explore la problématique de l’abject en rapport avec les représentations du corps féminin. L’étude des nus monumentaux de la peintre Jenny Saville permet de mettre en parallèle l’exclusion des femmes grosses du spectre de la féminité désirable avec la présence sensuelle et tactile des corps représentés. La dernière thématique regroupe des archétypes féminins normatifs : la mariée, la mère et la putain. Ces trois figures touchent à la régulation de la sexualité des femmes et donc, par extension, au corps de celles-ci. Le désir d’incarner une mariée vêtue d’une magnifique robe blanche est interrogée dans l’oeuvre L’essayage (2009) de Marie- Andrée Houde. La figure de la mère apparait dans Selfportrait/Nursing (2004) de la photographe Catherine Opie. L’archétype de la putain est finalement personnifié par Andrea Fraser dans Untitled (2004). L’analyse de ces archétypes à travers les trois oeuvres sélectionnées permet de montrer la manière dont les processus normatifs de la féminité sont indissociables des normes de beauté. L’esthétique de la proximité permet de mettre en relation nos attentes face aux oeuvres afin d’expliciter en quoi les discours sur l’art peuvent participer à la consolidation de normes contraignantes. Dans cette thèse, les normes de la féminité sont abordées à travers l’angle des normes de beauté féminine en rapport avec les normes de représentations du corps féminin tant dans les arts visuels que dans les médias. Toutefois, la féminité normative ne s’arrête pas à la seule régulation de l’apparence corporelle, comme le laisse entrevoir l’analyse des oeuvres du dernier chapitre. Le cadre d’analyse développé dans cette thèse contribue à la critique des normes entamée par l’histoire de l’art féministe et queer. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : art féministe, représentations du corps, normes de beauté féminine, esthétique, phénoménologie féministe et queer, discours normatifs, féminités critiques
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Ce mémoire de maîtrise porte sur l'art biotechnologique produit par des femmes artistes. Plus spécifiquement, nous souhaitons démontrer que les sujets des œuvres de Chrissy Conant et de Julia Reodica se rapprochent des enjeux soulevés par ce qui se présente comme la troisième vague féministe. Comme le corps des femmes est un thème commun aux œuvres d'art biotechnologique et cyberféministes choisies, la mise en contexte portera sur l'étude des œuvres d'art de la troisième vague féministe abordant ce thème. Par la suite, notre mémoire analysera deux œuvres du groupe cyberféministe subRosa, qui soulève des questionnements en ce qui concerne le corps de la femme face à son appropriation par un milieu scientifique encore majoritairement masculin. La première œuvre, Vulva De/ReConstructa, aborde les chirurgies de rajeunissement vaginal suggérées par les médecins comme un moyen d'améliorer la sexualité des femmes. Quant à la deuxième œuvre choisie, U-Gen-A-Chix or Why are Women Like Chikens, and Chikens Like Women, elle dénonce la culture eugénique promulguée par les technologies de reproduction assistée. Ces deux analyses permettent de mettre en lumière des pratiques scientifiques sur le corps de la femme et de faire le pont entre le cyberféminisme et l'art biotechnologique. Face à l'annonce médiatisée de l'arrivée du postféminisme évoqué en début de mémoire, Chrissy Conant et Julia Reodica réagissent différemment aux valeurs traditionnelles amenées par ce backlash. Ainsi, nous verrons comment Conant aborde son désir d'être mère à l'ère de l'in vitro par son œuvre ChrissyCaviar®. Traitant de la virginité et de la pureté du corps de la femme, l'œuvre HymNext Designer Hymens Project de Reodica sera analysée en regard de théories sur le genre et l'identité cyborgienne. Au terme de notre étude, nous constatons que l'utilisation des biotechnologies sur le corps de la femme provoque la capitalisation du matériel génétique féminin et alimente l'idée que l'enveloppe corporelle peut être modifiée au gré des tendances populaires et culturelles. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : troisième vague féministe, cyberféminisme, art biotechnologique, subRosa, Chrissy Conant, Julia Reodica, corps, genre, cyborg, eugénisme, in vitro, chirurgies vaginale.
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Depuis les débuts de l'art féministe, les artistes femmes dont le travail puise à même le corps et la sexualité féminine suscitent la controverse au sein des études féministes. Le recours à l'objectivation ou à l'auto-objectivation sexuelle s'avère pourtant une pratique incontournable dans l'art des femmes, y compris chez les artistes lesbiennes. Considérant l'invisibilisation historique des lesbiennes au sein de l'histoire de l'art et de l'histoire de l'art féministe, que peut signifier une telle représentation de la part de celles-ci, alors que leur corps et leur sexualité font régulièrement l'objet de violences lesbophobes, tant dans l'espace public que dans le champ de la culture visuelle dominante? La présente recherche s'intéresse aux sexualités lesbiennes alternatives. Elle vise à dresser un portrait de la représentation du sadomasochisme lesbien en art contemporain à travers le travail d'artistes lesbiennes. Trois œuvres charnières ont été sélectionnées : Del LaGrace Volcano, Untitled, 1988; Catherine Opie, Self Portrait/Pervert, 1994; Tejal Shah, Déjeuner sur l'herbe, 2008. La recherche souhaite ainsi dégager différentes stratégies de représentation du sadomasochisme lesbien par les artistes lesbiennes dans le champ de l'art, et plus largement, de comprendre l'apport de cette production artistique pour l'histoire de l'art féministe. Finalement, la recherche vise à proposer une compréhension plus fine de la culture visuelle lesbienne et de ses subcultures érotiques marginalisées. Si l'accès à la représentation constitue une forme de pouvoir, alors quelles sont les formes de pouvoirs déployées par les artistes? Les résultats montrent à voir que la représentation du sadomasochisme lesbien en art contemporain (1980-2010) se décline sous trois cas de figures : l'œuvre à caractère pornographique, l'autoportrait, et la satire féministe à travers l'appropriation. L'objectivation et l'auto-objectivation sexuelle constituent chez les artistes étudiées les principales stratégies de représentation où l'expression de la vulnérabilité est travaillée de manière à légitimer les corps et à réclamer une reconnaissance de cette sexualité à la fois extrême et politique sur le plan individuel et collectif. L'identité lesbienne ainsi déployée vient ébranler les canons de la féminité et de la sexualité (hétéro)normative en histoire de l'art. Le corpus à l'étude permet de tisser des liens avec une tradition d'histoire de l'art féministe et gagnerait à être intégré dans les enseignements afin de contrer la lesbophobie dans le champ des arts visuels. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Sadomasochisme, Lesbianisme, Strap-on dildo, Photographie, Objectivation sexuelle, Théorie féministe, Théorie queer, Del LaGrace Volcano, Catherine Opie, Tejal Shah.
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Cette thèse interroge le rôle stratégique de l'usage du vêtement dans les mises en scène d'artistes féministes dans les années 2000. Elle aborde le vêtement comme l'élément central par lequel le potentiel transgressif des images du corps dans la pratique artistique contemporaine peut être étudié. Son objectif est de montrer que le vêtement est un espace de déconstruction des rôles binaires genrés qui s'impose comme un véritable outil visuel venant créer des solidarités critiques entre les différentes pratiques artistiques. Pour ce faire, ce travail propose tout d'abord quelques éclaircissements terminologiques relatifs à l'emploi du mot « vêtement », ainsi qu'une définition opératoire selon trois axes, que sont le genre, l'identité et la culture. De plus, en adoptant l'approche interdisciplinaire des fashion studies ainsi qu'une perspective féministe assumée, le vêtement est ici abordé dans sa complexité, car il s'inscrit comme un objet approprié pour analyser les autoreprésentations. C'est au sein de l'étude des séries de cartes postales Sans titre (Flamencas) de Pilar Albarracin, de la performance Les bonbons du collectif d'artistes Les Fermières Obsédées et de l'installation vidéo Trans- de Tejal Shah, que se déploient ses potentialités théoriques. L'analyse du vêtement y interroge la manière dont ces artistes font un usage indiscipliné des parures pour dénoncer les pouvoirs hiérarchiques par l'usurpation du conformisme vestimentaire. Elles utilisent le vêtement pour inciter les sociétés à se questionner sur leur degré d'ouverture à l'expression de genre en altérant les conventions traditionnelles liées à l'apparence par l'usage non hégémonique du vêtement et des parures. Ainsi, chez Pilar Albarracin, la robe flamenca devient un indice visuel permettant à l'artiste de valoriser la figure marginalisée de la gitane. De son côté, l'analyse des sous-vêtements, des chaussures à talons ainsi que des collants déchirés portés par Les Fermières Obsédées montre que le collectif rompt avec les conventions imposées tout en révélant certaines analogies avec le style contestataire des pratiques subculturelles punks. L'étude des parures dans l'installation vidéo Trans- de Tejal Shah interroge les représentations hégémoniques des masculinités et des féminités pour montrer comment l'œuvre peut parvenir à les désidentifier de façon simultanée. Mises en commun dans cette thèse, les trois analyses d'œuvres créent un dialogue visuel critique entre les différentes stratégies de Pilar Albarracin, des Fermières Obsédées et de Tejal Shah, tout en soulignant l'importance d'une approche féministe du vêtement pour les aborder. L'étude du vêtement ainsi menée met l'accent autant sur la production plurielle des représentations de soi que sur le désir des artistes de contrer les discriminations liées à l'apparence. Le regard transversal qu'elle pose et propose révèle l'émergence, dans les œuvres étudiées, d'un style commun, qui est engagé, en plus d'être alternatif et féministe. Par son esprit indiscipliné, ce style vestimentaire n'est pas une caractéristique distinctive qui serait à la source de discriminations et d'inégalités. Il laisse plutôt place à la libre expression d'autoreprésentations plus mouvantes et personnalisées. Il pousse ainsi les sociétés à interroger leur rigidité face à la diversité de genre en s'affirmant comme un puissant outil créatif de soi. De manière générale, ce travail cherche à proposer une lecture originale des images en activant les stratégies vestimentaires de piratage visuel semées par les artistes. Tout en amenant un regard singulier pour aborder la complexité des comportements humains, cette thèse entend ainsi contribuer au développement des études féministes dans l'histoire de l'art contemporain à partir des dialogues interdisciplinaires que propose l'analyse du vêtement. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : vêtement, style, rôles, expression de genre, anticonformisme, artistes féministes, Pilar Albarracin, Les Fermières Obsédées, Tejal Shah.
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Le présent mémoire a pour but d'analyser un motif se retrouvant dans la production d'artistes-photographes actuelles. Il s'agit d'un motif traitant de l'objectivation et du corps-objet en représentant le corps féminin en contiguïté d'objets usuels. Ce motif est apparu dans les productions de Chantal Michel, artiste suisse, Melanie Bonajo des Pays-Bas et de Lee Materazzi, photographe des États-Unis. Chacune à sa manière, ces artistes abordent l'objet usuel en créant des liens sémantiques entre ces objets et des corps féminins. L'insistance sur les objets et le domestique, ainsi que le lien métaphorique entre les corps et les accessoires de la demeure ont mené à l'hypothèse voulant que ces œuvres soient des satires de l'objectivation. Cette hypothèse est démontrée, dans un premier temps, avec les théories du mode satirique. La satire y est définie comme une attaque ironique dirigée contre une norme sociale jugée obsolète ou comme entravant le progrès social. Afin de déceler de quelles normes il y a critique dans les œuvres de Michel, de Bonajo et de Materazzi, certaines théories féministes, ainsi que leurs diverses conceptualisations du genre sont ensuite examinées. Les normes de genre sont pointées comme étant la cible de la satire dans le motif, car ces normes ont pour effet néfaste d'engendrer l'objectivation, c'est-à-dire une relation à sens unique dans laquelle une personne est envisagée comme un corps-objet; un instrument du désir. En usant d'ironie, les artistes de cette étude déjouent l'objectivation, tout en explicitant qu'il s'agit de l'objet de leur attaque satirique. En représentant le concept de corps-objet en corps-objet-usuel plutôt qu'en objet de désir, elles détournent la signification de ce concept. Aussi, dans leurs appropriations des codes et des médiums de l'objectivation, elles usent d'antiphrase et sabotent l'objectivation traditionnelle. Bref, malgré l'usage des procédés de l'objectivation et de ses concepts, l'ironie dans les œuvres du corpus permet de freiner l'objectivation qui pourrait se produire en usant de ceux-ci. Le détournement de la tactique du body-ism par une non-instrumentalisation de la sexualité ainsi que l'appropriation du concept de corps-objet dans la mise à l'épreuve de l'équation corps objet créent un jeu d'esprit dans lequel une critique peut être émise. Au final, il sera fait manifeste que Michel, Bonajo et Materazzi mettent à mal l'idée même qu'un corps puisse être perçu tel un objet, émettant ainsi une satire de l'objectivation. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Chantal Michel, Melanie Bonajo, Lee Materazzi, satire, objectivation, ironie, norme de genre.
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Ce travail de recherche porte principalement sur l'analyse d'un corpus d'œuvres d'Artemisia Gentileschi et d'Elisabetta Sirani autour de la thématique des « femmes violentes ». Ces deux artistes italiennes ayant pratiqué la peinture au XVIIe siècle comptent parmi les premières femmes à s'être illustrées dans la représentation de sujets issus de l'histoire biblique et parfois même antique, un genre artistique dominé par leurs collègues masculins. En effet, les récits qu'elles interprètent sont parfois issus de la Bible, comme ceux de Judith ou Yaël, ou encore de l'histoire antique, dans les cas de Timoclée, Lucrèce ou Portia. Or, le thème de la violence au féminin s'avère fortement marqué par une tradition iconographique reflétant les angoisses et préoccupations masculines de l'époque, notamment par une emphase sur le potentiel érotique de ces récits. Ainsi, même les personnages autrefois associés à la chasteté se transforment avec l'ère baroque en véritables guerrières sexuelles. L'étude des œuvres de Gentileschi et de Sirani révèle des écarts iconographiques face à cette tradition, traduisant une prise de position des artistes sur leur sujet. Proposant une vision de la féminité active et parfois même féroce, leur interprétation de ces femmes « violentes » questionne la tradition picturale et ses préjugés sur les femmes. La notion « d'agentivité », prenant sa source dans les écrits de Judith Butler, nous permet alors de mettre en évidence la possibilité d'une resignification de la féminité grâce au travail de ces femmes peintres. À la lumière des approches féministes développées par des historiennes contemporaines comme Griselda Pollock, l'étude des œuvres de ces artistes nous permet d'enrichir notre compréhension de la création au féminin. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Artemisia Gentileschi, Elisabetta Sirani, histoire des femmes, femmes artistes, violence, peinture biblique, peinture baroque, XVIIe siècle, agentivité, Judith, Yaël, Timoclée, Lucrèce, Portia.
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La volonté de ce projet de maîtrise consiste à analyser la manière dont les représentations de figures genderqueers en art actuel participent à une réflexion critique des notions d'identité et de sexualité comme lieux privilégiés de résistance à l'hétéronormativité. Je souhaite démontrer à quel point la représentation du corps queerisé peut agir comme espace stratégique d'une repolitisation de la sexualité et de l'identité et ainsi contribuer à une micropolitique de résistance. Par le truchement des politiques et théories queers et féministes, les pratiques artistiques polymorphes de J.J. Levine, Dorothée Smith, Nina Arsenault et Virginie Jourdain questionnent et critiquent l'hétéronormativité et ses discours pour en dévoiler les principaux axiomes idéologiques et ainsi en déconstruire l'apparente naturalité. Dans l'objectif de comprendre et d'articuler les enjeux que sous-tendent les théories féministes et queers actuelles, je vais m'attarder plus spécifiquement à en circonscrire les prémisses enracinées dans le contexte postmoderne. En revisitant des auteurs clés tels Michel Foucault et Judith Butler, je souhaite mettre en lumière leurs contributions intellectuelles et théoriques pour la constitution d'une pensée critique des identités et des sexualités. Les représentations de figures genderqueers en art actuel participent ainsi d'une déconstruction des présupposés immanents de l'hétéronormativité dont le genre est en quelque sorte l'ancrage ontologique. En jouant de ces codes hégémoniques de manière à en désamorcer la violence symbolique, Smith, Levine, Jourdain et Arsenault participent à une remise en cause des concepts même d'identité et de sexualité pour nous faire entrevoir de possibles subjectivations dissidentes. À la source de mes réflexions, il y a ainsi une volonté épistémologique de produire un savoir mutant, progéniture androgyne d'une multitude de penseurs qui n'ont de cesse de nourrir la discipline de l'histoire de l'art. Ce mémoire est donc le mariage polygame de méthodologies hétéroclites dont l'objectif ultime est la production d'un savoir queer riche et sensible. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : postmodernisme, queer, identités, sexualités, genderqueer, J.J. Levine, Dorothée Smith, Virginie Jourdain, Nina Arsenault, micropolitique de résistance, subjectivités dissidentes, hétérotopies identitaires, hétéronormativité, pharmacopornographie.
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Cette recherche s'intéresse à l'ouverture d'une perspective queer en histoire de l'art qui se caractérise par une inscription trouble à l'intérieur et à l'extérieur de l'académie. Tout d'abord, je tente d'y démontrer que les savoirs dits officiels et les histoires (de l'art) canoniques sont construits sur des processus de sélection et d'exclusion qui reproduisent des inégalités sociales. Face à ce constat, j'explore, à travers les écrits d'un grand nombre d'auteur.e.s queers, féministes et racisé.e.s, des postures résistantes aux savoirs dominants. En me penchant sur la question d'un temps queer, il s'agit de penser des relations dynamiques au passé, au présent et au futur. Or face à ma propre difficulté à compléter l'exercice en cours, ce mémoire réfléchit aux inévitables achoppements qui marquent le développement de savoirs critiques dans les institutions. En ce sens, l'échec devient ici partie prenante d'une posture queer qui s'inscrit non seulement en résistance face aux idées véhiculées par les savoirs dits officiels, mais qui cherche aussi à repenser les structures et modes d'écriture usuels des travaux savants. Affichant une méthodologie de la conversation, ce mémoire s'attarde à lire les œuvres de Sherrie Levine, d'Andrea Geyer et de Rashid Johnson à la lumière des idées d'auteur.e.s varié.e.s et, en échange, à voir dans ces œuvres des modèles pour penser autrement l'organisation des savoirs. Privilégiant la multiplication des voix au confort de la synthèse, ce mémoire donne chair à une pensée en flux, organisée selon une logique de renvoi d'idées. Il trace les contours flous d'une posture queer en histoire de l'art qui se définirait par son caractère indéfinissable, une posture qui fait de la mouvance une stratégie de résistance. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : queer, savoirs dominants, temporalités alternatives, échec
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Cette thèse vise à faire reconnaître le travail et la contribution des entrepreneures culturelles au développement des arts visuels entre 1949 et 1960 au Québec. En participant à la redécouverte de pans de l’histoire de l’art au Québec jusqu’alors minorisés, cette recherche s’inscrit également dans la réflexion collective sur les objets d’étude de l’histoire de l’art et la construction des savoirs. Cette recherche étudie spécifiquement le travail et la contribution de Pauline Rochon, d’Agnès Lefort, de Suzanne Guité, d’Eugenie Sharp Lee et de Denyse Delrue dans le secteur culturel, mais aussi la réception et la représentation de leur activité à la direction d’une galerie ou d’un centre d’art dans les médias et la mémoire historique. La première partie de ce travail consiste en une contextualisation sociohistorique qui situe ces figures dans le climat artistique du Québec. Il y est question de l’importance de la représentation identitaire et des valeurs de la société canadienne-française, des rapides développements des esthétiques modernes et des querelles qu’elles ont suscitées dans le milieu artistique ainsi que de l’état du soutien gouvernemental des arts visuels. Enfin, en raison du caractère original de cette recherche sur les centres d’art, un chapitre étudie l’émergence de ces institutions au Québec et au Canada ainsi que leur histoire et les modèles qui ont influencé leur développement. La seconde partie de cette thèse procède d’abord à une contextualisation de la situation des femmes dans l’entrepreneuriat culturel en France, aux États-Unis ainsi qu’au Canada au XXe siècle jusqu’en 1960. Ensuite, plusieurs aspects de la mise sur pied et la gestion d’un organisme culturel par les femmes de notre corpus sont étudiés tels leurs situations et parcours, l’enregistrement légal de leurs entreprises, l’établissement d’objectifs et de publics cibles, la constitution de réseaux de soutien, le choix de l’emplacement et des locaux ainsi que, finalement, les premières activités organisées. Ensuite, la troisième partie de cette thèse se penche sur la direction artistique des entreprises culturelles fondées et dirigées par les femmes de notre corpus. Par la reconstitution des calendriers d’activités de ces organismes, nous avons pu déterminer que leurs fondatrices se sont impliquées activement dans la diffusion de la production des artistes canadien.ne.s ainsi que dans la sensibilisation des publics aux esthétiques modernes. Plusieurs d’entre elles ont aussi amélioré l’offre culturelle dans leur région respective ou pris position dans l’espace public afin de sensibiliser les publics et l’État à la situation précaire des artistes professionnel.le.s. Dans cette partie, nous démontrons aussi que les entrepreneures culturelles ont participé à un élargissement des frontières de l’art et de la notion de culture en contestant les hiérarchies du milieu de l’art, en travaillant à l’artification de pratiques, en reconnaisant la valeur esthétique et artistique des pratiques créatives amateurs, ainsi qu’en octroyant aux publics un rôle davantage actif en tant que producteurs de culture. Dans cette section, il est aussi question des paradigmes d’action culturelle qui ont guidé l’État québécois depuis la fondation du ministère des Affaires culturelles. Cette mise en parallèle permet de démontrer que les entrepreneures culturelles dans les années 1950 ont mis en place des stratégies et des programmes relevant de préoccupations similaires à celles défendues par l’État québécois durant les décennies suivantes. Enfin, la dernière partie de cette thèse analyse la réception de l’activité des entrepreneures culturelles et évalue la reconnaissance de leur apport dans la presse écrite puis dans la mémoire historique. Par l’examen de ces représentations, nous avons évalué les paramètres et limites de cette reconnaissance. Ces observations ont mené à l’identification des facteurs qui ont pu participer à la minorisation et à l’invisibilisation de la contribution des entrepreneures culturelles dans la mémoire historique tel leur genre. Les représentations de l’activité de ces femmes dans les registres de l’amateurisme ou du travail du care, entre autres, ont aussi participé à la dévaluation de leur travail. Cette recherche permet de prendre conscience de l’essentielle contribution des secteurs corollaires et connexes à la production artistique vis-à-vis du développement des arts visuels. Les femmes de notre corpus ont décidé de fonder et diriger des organismes qui ont su proposer une offre artistique et culturelle alternative afin de participer à l’évolution et au développement des arts visuels au Québec. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : entrepreneures culturelles, galeries, centres d’art, diffusion artistique, art au Québec, art moderne, pratiques amateurs, Pauline Rochon, Agnès Lefort, Suzanne, Guité, Eugenie Sharp Lee, Denyse Delrue
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Avec Thérèse St-Gelais, directrice de l'Institut de recherches et d'études féministes et professeure au Département d'histoire de l'art.
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Discussion-midi tenue le 14 avril 2021. Avec : Pénélope Bagieu, autrice de bande dessinée, connue notamment pour Culottées (2016-2017). Ses albums ont remporté plusieurs prix, dont un Prix Eisner en 2019. Discutante : Sandrine Bourget-Lapointe, libraire à la Librairie L’Euguélionne et spécialiste des romans graphiques féministes. Animation : Thérèse St-Gelais, professeure en histoire de l’art et directrice de l’IREF.
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La perception sociale du cinéma d’animation et l’institutionnalisation du discours cinématographique ont longtemps engendré la marginalisation du cinéma image par image. La sacralisation des discours théoriques et historiques se sont majoritairement concentrés sur les grands canons américains, produisant ainsi une identité culturelle partiale et partielle du cinéma d’animation. Au Québec, les années 1970 représentent une période forte pour la libération des femmes. Dans le continuum des arts féministes, le cinéma des animatrices est engagé politiquement avec les revendications socioéconomiques de son époque, tout en contestant l’iconographie traditionnellement associée à la sphère féminine. Puisque le cinéma image par image présente un langage cinématographique particulier, cette thèse propose de réfléchir sur le cinéma d’animation lorsqu’il s’entrecroise avec la pensée féministe institutionnelle. Analyser et réhabiliter le discours féministe des animatrices et des modèles féminins forts de la discipline permet de rendre compte de leurs réalités. Cette thèse est un regard historique alternatif et critique montrant une pratique peu connue, sous-documentée et qui tend à sombrer dans l’oubli : les films d’animation féministes des animatrices de l’Office national du film du Canada et les conditions de création dans lesquelles œuvrèrent les animatrices. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cinéma d’animation, féminismes, animatrices, Office national du film du Canada, conditions de création et analyse des discours cinématographiques institutionnels.
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La pandémie de COVID-19 a mis en lumière combien les femmes étaient en première ligne dans le système hospitalier et dans les soins aux personnes âgées au Québec. En d’autres mots : la pandémie a révélé l’importance de nombreux métiers mal rémunérés et souvent négligés, dont on se soucie peu, qui sont occupés à 80% par des femmes.
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La capsule vidéo "Accueillir la diversité de genre en contextes pédagogique et professionnel" aborde les bonnes pratiques d'accueil (1:29), d'enseignement (6:18) et de recherche (10:42) qui favorisent le bien-être et la réussite des personnes trans, non binaires et queers à l'université.
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40e anniversaire du Protocole UQAM/Relais-femmes : vernissage de l’exposition Côté recherche, côté pratique et hommage à Lyne Kurtzman (29 septembre 2022) Prises de parole par : Ama Maria ANNEY (animatrice), coordonnatrice Prévention communautaire et Développement stratégique à Action Cancer du sein du Québec Carmen FONTAINE, vice-présidente du conseil d’administration de l’Écomusée du fier monde Christian AGBOBLI, vice-recteur à la recherche, à la création et à la diffusion de l’UQAM