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Voyant une supercherie dans la distinction sexe-genre, Monique Wittig préconisa de reprendre la notion de sexe, qui est toujours, puisque défini par la société, un sexe social. À travers les œuvres de fiction et théoriques de cette écrivaine et militante, l’article repense le masculin comme universel et analyse comment opère la hiérarchie sexuée, notamment par la langue. Le « chantier littéraire » si cher à Wittig sert à dépasser les limites du connu, du dicible, afin d’engager d’autres paradigmes d’abord dans l’imaginaire, puis dans le réel. La base de l’utopie wittigienne est l’abolition des sexes, et par extension d’une pensée dichotomique, que ce soit les genres grammaticaux, les étiquettes « mâle/femelle », voire le choix de partenaire en fonction de catégories préétablies... Revenir sur le sexe à la place du genre comme catégorie d’analyse facilite son abolition comme obligation sociale défavorable aux femmes. Selon Wittig, tant qu’existent les sexes, l’inégalité persistera. Par la littérature, elle expérimente des solutions pour aller au-delà de la construction sexuée, en faveur d’une pluralité d’identités humaines.
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L’écrivaine Monique Wittig se projette au-delà des contraintes temporelles, tout en s’inspirant de l’époque révolutionnaire des années 1970. La culture est recréée, puisant dans l’Antiquité et la Préhistoire réelles et/ou inventées. Cette notion transtemporelle est récurrente chez des écrivaines d’utopies, servant déjà d’inspiration pour Christine de Pizan au XVe siècle. Elle rassembla par son écriture une population de femmes du passé, du présent et de l’avenir dans une « Cité des Dames », où elles vivront ensemble en dehors des contraintes temporelles et spatiales. Dans l’ensemble, les utopies littéraires féministes s’intéressent à la réinvention du temps, qui devient non plus une notion linéaire, mais circulaire. Aussi le symbole du cercle sert à ordonner les écrits de Wittig, notamment dans Les Guérillères. Cette « épopée » affirme une chronologie, mais non pas celle des horloges ou des calendriers. Les écrivaines utopistes relient le passé est l’avenir, avec une communication immédiate et facile entre les époques. Le présent, étant pollué par la hiérarchie et la domination, est secondaire dans ses manifestations courantes, mais primordial dans le sens que toute l’œuvre est dédiée à l’amélioration immédiate et constante de notre condition humaine.