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Cette recherche s'intéresse à la transformation des normes de genre à travers l'expérience de la participation des femmes à la campagne de financement Défi Têtes Rasées. Dans le but d'amasser des fonds pour aider les enfants atteints de cancers pédiatriques, l'association Leucan invite la population à mettre sa tête à prix et à partager l'altération de son image corporelle à l'instar des enfants étant sous traitements de chimiothérapie. Cette invitation à transgresser les normes capillaires admises pour les femmes offre une occasion de se trouver en marge des modèles dominants de la féminité tout en bénéficiant de l'alibi de la cause sociale. L'originalité de cette recherche est de présenter les premières données concernant l'expérience et le point de vue des participantes au Défi Têtes Rasées. Une méthodologie féministe, de nature qualitative et exploratoire a été employée. Les points de vue de sept femmes, âgées de 22 à 33 ans, ayant participé à l'édition 2013 du Défi ont été recueillis par le biais d'entrevues semi-dirigées. Les théories du genre de Judith Butler, qui se situent dans la troisième vague du féminisme, ont servi de cadre théorique pour l'analyse de cette expérience. Le genre est appréhendé comme une construction sociale sur laquelle il nous est possible d'agir par l'utilisation que nous faisons des normes qui la produisent. Les résultats suggèrent tout d'abord que le Défi, met en lumière le caractère construit des normes de genre et la capacité d'agir des femmes. Ces dernières expérimentent une nouvelle façon de performer la féminité, qui diffère de celle qui est habituellement présentée par le modèle dominant. Le mémoire conclut sur une dimension centrale du travail social : la prise en compte de la capacité d'agir des personnes sur les normes qu'elles rencontrent au jour le jour. Bien que celles-ci au premier abord semblent immuables, les personnes font avec les normes, les déconstruisent et les reconstruisent. Ce pouvoir qu'exercent les personnes, en l'occurrence les femmes face à la féminité, serait à mettre de l'avant dans les interventions. La capacité d'agir se trouve dans l'ordinaire du quotidien. C'est de cette façon qu'un événement, qui au départ n'était qu'une campagne de financement, peut également devenir un espace de transformation sociale. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminité, Genre, Troisième vague du féminisme, Capacité d'agir, Normes, Judith Butler, Alopécie, Défi têtes rasées
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Tout en étant précurseur d'un grand changement social, le mouvement des femmes aura permis de sortir la violence conjugale du domaine du privé et de la rendre visible dans la sphère publique. Au cours des années, les intérêts de recherche se sont peu à peu orientés vers le phénomène des enfants exposés à la violence conjugale (EEVC). À ce jour, l'ampleur et les conséquences de ce phénomène sont reconnues. Au Québec, plusieurs réponses tant politiques que sociales ont été mises en place afin de réduire l'incidence de l'exposition à la violence conjugale dans la vie des enfants. La reconnaissance de ce phénomène s'est faite à l'instar de deux discours majeurs, celui de la violence faite aux femmes et celui de la violence faite aux enfants. Or, nous constatons que le discours des EEVC est en émergence et que le point de vue des enfants sur les services reçus en raison de l'exposition à la violence conjugale est peu étudié. Par le biais d'une recherche qualitative et exploratoire, nous abordons le discours des EEVC à travers le récit de femmes qui ont reçu des services au cours de leur enfance en raison de l'exposition à la violence conjugale. Plus précisément, nous cherchons à explorer leur trajectoire dans les services et les répercussions qu'ont eues ces services dans leur vie. Sous le paradigme constructiviste, l'analyse des récits d'expérience repose sur les théories féministes et narratives. Les théories narratives nous permettent d'aborder l'expérience des EEVC à partir de la construction d'une histoire, de leur récit. Les théories féministes nous permettent d'analyser ces récits d'expérience selon une perspective de construction des rapports sociaux de genre. De même que l'influence des différents rapports d'oppression (genre, âge, famille) liés à « l'identité intersectionnelle » des EEVC. Nous avons recueilli cinq récits d'expérience. À la lumière des données étudiées, nous constatons d'une part que la trajectoire des participantes dans les services était fragmentée et qu'il y avait peu de mécanismes de collaboration entre les différentes sphères de services. D'autre part, nous observons que les services reçus ont eu des répercussions sur les relations familiales, amicales et amoureuses des EEVC, ainsi que sur la construction de leur identité. Nous concluons notre recherche avec des pistes de réflexions sur les pratiques à l'intention des EEVC. Nous pensons notamment qu'il est essentiel de travailler conjointement sur les différentes facettes de la violence conjugale. À cet effet, nous interpellons tous les acteurs-trices impliqués-es de près ou de loin auprès des EEVC à adopter une action concertée en matière de violence conjugale. En terminant, nous considérons que le discours des EEVC devrait être pris en compte dans l'élaboration des services et des politiques les concernant. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : enfants exposés à la violence conjugale, services d'aide et d'intervention, récits d'expérience, féminisme, cartes narratives