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Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers. Conférence présentée dans le cadre du colloque « Regards croisés sur les antiféminismes » le 30 avril 2019 à l’Université du Québec à Montréal par le RéQEF et l’IREF.
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Avec Rachel Chagnon, membre de l'Institut de recherches et d'études féministes et professeure au Département des sciences juridiques.
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Originaire de Guadeloupe, Jade Almeida intervient tous les jeudis sur la web radio Neoquebec et participe à divers projets mettant les femmes noires au centre de la narration. Elle se positionne contre la négrophobie et la misogynie noire et tente de naviguer l’institution académique dans une optique de décolonisation.
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La figure de la lesbienne a hanté la littérature érotique et pornographique bien avant que l'homosexualité ne soit « inventée » (Foucault) par la médecine psychiatrique dans le troisième quart du XIXe siècle. Cet article traite de la représentation de la « lesbienne » dans la littérature portugaise. littérature de siècle. Ces lesbiennes, créées par et destinées à un public masculin, sont le résultat et le produit d'un « esprit droit » (Wittig) qui fantasme les relations entre femmes tout en effaçant la réalité : la possibilité d'un véritable amour entre femmes. Néanmoins, au tournant du siècle, certaines d'entre elles sortiront du placard, plus ou moins forcées, donnant un « visage » à la lesbienne portugaise invisible
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Chercheuse indépendante en trans et queer studies, militante queer marxiste, dans cet article Lou Hanna tente d’établir un lien entre la transition de genre et le travail. En partant d’une analyse marxiste de l’expropriation de nos corps et de nos vies par le capitalisme néolibéral, il s’agit de tracer une continuité entre performance de genre et travail du genre. Cet article propose ainsi une conception des transidentités en rupture avec un discours hégémonique libéral qui tend à dépolitiser les acquis des luttes issus de l’activisme trans, de plus en plus axé sur une politique des droits au détriment d’une réelle politique révolutionnaire.
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Dans les années 1960-1970, l'État français encourage l'avortement et la contraception dans les départements d'outre-mer alors même qu'il les interdit et les criminalise en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités? Partant du cas emblématique de La Réunion où, en juin 1970, des milliers d'avortements et de stérilisations sans consentement pratiqués par des médecins blancs sont rendus publics, Françoise Vergés retrace la politique de gestion du ventre des femmes, stigmatisées en raison de la couleur de leur peau. Dès 1945, invoquant la «surpopulation» de ses anciennes colonies, l'État français prône la régulation des naissances et l'organisation de l'émigration; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l'espace de la République, provoquant un repli progressif sur l'Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient. Françoise Vergés s'interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s'appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l'autrice entend faire la lumière sur l'histoire mutilée de ces femmes, héritée d'un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd'hui.
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L’article examine les rapports de domination au sein du féminisme majoritaire francophone bruxellois que dénoncent des féministes minoritaires. Une première partie décrit le processus de construction politique du groupe des femmes minoritaires établi sur la base de la confession (réelle ou supposée) et de la couleur de la peau. La deuxième partie présente le paysage complexe du féminisme francophone et son approche des femmes minoritaires et de leurs préoccupations, tandis que la troisième met en relief les résistances des féministes minoritaires à la domination et leur influence sur la reconfiguration des organisations féministes. La dernière partie s’appuie sur des témoignages de féministes minoritaires pour illustrer les tensions et les controverses. En conclusion, l’article propose des pistes pour tenter de dépasser les antagonismes qui divisent et paralysent le mouvement féministe bruxellois.
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Je me propose donc, en faisant usage de toutes les libertés et licences de la romancière, de vous raconter l'histoire des deux jours qui ont précédé ma venue ici – comment, courbée sous le poids du sujet dont vous aviez chargé mes épaules, je l'ai soupesé, je l'ai mis à l'épreuve de ma vie quotidienne. Virginia Woolf Publié pour la première fois en 1929, Un lieu à soi est composé d'une série de conférences consacrée au thème des femmes et de la fiction que Virginia Woolf donna à l'université pour femmes de Cambridge en 1928. La romancière explique dès les premières lignes comment ce sujet a fait naître une tout autre question, celle qui donne son titre à l'essai : « Une femme doit avoir de l'argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction. » Avec humour et ironie, et une saisissante honnêteté intellectuelle, Virginia Woolf propose de retracer les quelques jours qui ont précédé cette conférence. À la manière d'un roman, elle déroule ainsi le fil de sa pensée et le cheminement qui l'a conduite vers cette réflexion sur le lieu et l'argent. Ce chef-d'œuvre de la littérature féministe prend un éclairage différent sous la plume de Marie Darrieussecq. Cette nouvelle traduction remet en perspective la question essentielle des femmes et de l'écriture, et de leur place au sein de la littérature contemporaine
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Literature that explored female homosexuality flourished in late nineteenth-century France. Poets, novelists, and pornographers, whether Symbolists, Realists, or Decadents, were all part of this literary moment. In Sapphic Fathers, Gretchen Schultz explores how these male writers and their readers took lesbianism as a cipher for apprehensions about sex and gender during a time of social and political upheaval. Tracing this phenomenon through poetry (Baudelaire, Verlaine), erotica and the popular novel (Belot), and literary fiction (Zola, Maupassant, Péladan, Mendès), and into scientific treatises, Schultz demonstrates that the literary discourse on lesbianism became the basis for the scientific and medical understanding of female same-sex desire in France. She also shows that the cumulative impact of this discourse left tangible traces that lasted well beyond nineteenth-century France, persisting into twentieth-century America to become the basis of lesbian pulp fiction after the Second World War.
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Voyant une supercherie dans la distinction sexe-genre, Monique Wittig préconisa de reprendre la notion de sexe, qui est toujours, puisque défini par la société, un sexe social. À travers les œuvres de fiction et théoriques de cette écrivaine et militante, l’article repense le masculin comme universel et analyse comment opère la hiérarchie sexuée, notamment par la langue. Le « chantier littéraire » si cher à Wittig sert à dépasser les limites du connu, du dicible, afin d’engager d’autres paradigmes d’abord dans l’imaginaire, puis dans le réel. La base de l’utopie wittigienne est l’abolition des sexes, et par extension d’une pensée dichotomique, que ce soit les genres grammaticaux, les étiquettes « mâle/femelle », voire le choix de partenaire en fonction de catégories préétablies... Revenir sur le sexe à la place du genre comme catégorie d’analyse facilite son abolition comme obligation sociale défavorable aux femmes. Selon Wittig, tant qu’existent les sexes, l’inégalité persistera. Par la littérature, elle expérimente des solutions pour aller au-delà de la construction sexuée, en faveur d’une pluralité d’identités humaines.
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Les deux textes réédités ici pour la première fois ensemble sont sans doute les écrits les plus célèbres d’Hélène Cixous : publiés en 1975, mais inaccessibles en français depuis plusieurs décennies, Le Rire de la Méduse et Sorties ont fait le tour du monde. Traduits très vite en anglais, ensuite dans des dizaines d’autres langues, ils sont devenus des classiques de la théorie des genres (gender theory), et ont fait de leur auteur l’une des chefs de file du « New French Feminism ». Ces textes qui annoncent une nouvelle approche de la vieille question de la différence sexuelle ont eu une nombreuse descendance, surtout dans leur diaspora extra-francophone, dans tous les champs de recherches qui sont issus du féminisme et de la lutte des femmes des années 1970 : women’s studies, gender studies, queer theory. Ils figurent dans un grand nombre d’anthologies, et ils sont incontournables dans les programmes des cursus universitaires touchant aux problématiques théoriques et politiques de la sexualité et de la différence sexuelle. L’« événement » inouï que représenta et que continue à représenter ce double texte, dans de nouveaux espaces ou dans de nouvelles générations de lecteurs, provient de sa combinaison inédite et merveilleusement réussie de la réflexion philosophique, de l’écriture poétique et du manifeste politique. En France, ce texte parut à un moment où le mouvement « féministe » était en pleine effervescence. Hélène Cixous en faisait déjà partie, autant par ses écrits antérieurs que par son activité politique surtout au sein de l’Université. On sait qu’après avoir fondé en 1968 la structure enseignante de l’Université de Paris-VIII, elle y avait créé en 1974 le premier Doctorat en Études féminines d’Europe. Cependant, Le Rire de la Méduse parlait une autre langue et adoptait des positions bien plus révolutionnaires que les textes féministes qui le précédèrent, l’entourèrent ou même le suivirent. Son inclusion dans un numéro de la revue L’Arc élaboré par Catherine Clément et consacré à Simone de Beauvoir rend un son presque ironique, étant donné la distance qui sépare l’écriture et les positions d’Hélène Cixous de l’auteur objet de cet hommage. Le Rire de la Méduse prend bien sûr la défense des « femmes » à un moment où, comme Cixous elle-même l’a maintes fois rappelé, il fallait se prononcer haut et fort contre les structures patriarcales qui les opprimaient – bien que, dès le début, le texte nous prévienne contre l’existence d’une « femme générale, une femme type ». Ici, Hélène Cixous déconstruit deux « mythes » qui ont défini la féminité de façon négative tout au long de l’histoire. Le premier est celui qui qualifie la femme de « continent noir », laissant entendre qu’elle doit être pénétrée, colonisée, pour être connue et cartographiée, pour apprivoiser sa différence comme celle de tous les autres sujets hors norme. Freud va jusqu’à affirmer que la femme et sa sexualité sont une « énigme ». Le Rire de la Méduse déclare que « Le “Continent noir” n’est ni noir ni blanc ni inexplorable ». Il s’attaque ensuite au second faux mythe, celui de la femme fatale représentée par la figure mythologique de Méduse : « Il suffit qu’on regarde la méduse en face pour la voir : et elle n’est pas mortelle. Elle est belle et elle rit ». Le Rire de la Méduse parle à la première personne du pluriel et s’adresse aux « femmes », mais cela ne signifie pas que son discours exclut les « hommes ». En fait, et c’est l’originalité majeure du texte, sous ces dénominations Cixous ne se réfère pas aux deux sexes dans un sens biologique : elle souligne que les différences sexuelles, toujours au pluriel puisqu’elles sont multiples – il ne s’agit surtout pas simplement d’une opposition binaire –, traversent tous les individus, dans un mouvement perpétuel. La libération, autant pour les « hommes » que pour les « femmes », ne peut donc venir que de la déconstruction des structures phallogocentriques. Et cela ne peut se faire que grâce à l’écriture, qui est dite « féminine », c’est-à-dire inappropriable, expatriée, quand « elle se sauve » comme le dit Hélène Cixous, quand elle échappe à ces structures prépondérantes dans la pensée et la culture, que l’auteur s’appelle Jean (Genet) ou Marguerite (Duras). Le Rire de la Méduse nous invite puissamment à lirécrire – selon le beau néologisme créé plus tard par Cixous – « pour se forger l’arme antilogos », libérant ainsi notre pensée de même que notre corps (« Texte, mon corps » est une de ses belles phrases). Marta Segarra