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Les images des « Cabarets Saphiques » où des femmes se travestissent en hommes figurent parmi les symboles les plus médiatisés du désir lesbien. Pendant les années trente, plus de vingt de ces cabarets ouvraient leurs portes partout à Paris. Beaucoup d'entre eux ont survécu à la Seconde Guerre mondiale. Cet article examine la figure de l'entraîneuse, une employée souvent payée pour se travestir et qui travaillait dans ces lieux. Cette figure commerciale a joué un rôle particulier dans la promotion d'un schéma sexuel aujourd'hui appelé « butch/femme » que l'on explique d'habitude comme le produit du déterminisme biologique ou d'un choix personnel ou bien politique. Les représentations du genre encouragées par le Cabaret Saphique ont soutenu la formation d'une sous-culture lesbienne tout en rendant ce qui était alors perçu comme une menace contagieuse—la « lesbienne masculine »—immédiatement reconnaissable et donc plus facilement soumise à la surveillance et au contrôle.
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Des années 1920 à 1950, le jazz, l’afrodescendance et la créativité de genre représentent trois pièces d’une même unité. Dans les clubs de Detroit, de Cleveland, de Québec, de New York et de Montréal, une myriade d’artistes de personnification féminine afrodescendantes présentent leurs numéros chaque soir devant une audience enthousiaste[1]. Dick Montgomery est l’une des personnes qui, entre 1935 et 1956, participe à ce vibrant mélange de jazz, de drag et d’art[2]. Boxeuse·eur, chanteuse·eur d’opérette, danseur·euse et artiste de personnification féminine, Montgomery grandit vraisemblablement à Des Moines en Iowa au début du XXe siècle[3]. Dès 1935, elle[4] rejoint le circuit transnational du spectacle de variétés noir et sillonne les États-Unis et le Canada pour présenter ses populaires performances, dans lesquelles elle interprète avec humour une femme cisgenre issue de la classe ouvrière[5]. Par sa praxis artistique, Montgomery traverse tant les frontières nationales, raciales que genrées. Afin de rendre compte de son parcours, sa trajectoire professionnelle sera explorée en deux volets. Dans un premier temps, sa carrière à Broadway en tant que comédien·ne interprétant des rôles masculins sera survolée, jetant ainsi un éclairage sur la complexité de la négociation des racismes et des antiracismes sur scène. Dans un second temps, ses performances en tant qu’artiste de personnification féminine seront analysées avec une attention particulière aux manières dont elles se déploient à Washington, à Montréal et à New York.
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Blues et féminisme noir explore l’œuvre de deux blueswomen quelque peu oubliées : Gertrude « Ma » Rainey (1886-1939) et Bessie Smith (1894-1937). La première incarne le blues traditionnel, la seconde, le blues classique. Dévalorisée par les spécialistes du blues et du jazz – qui sont en général des hommes blancs –, l’œuvre de ces chanteuses porte un message spécifique : elle affirme la place et les revendications d’autonomie des femmes noires américaines. En analysant et en contextualisant les paroles de leurs chansons, Davis met en évidence les prémices du féminisme noir et les signes avant-coureurs des grandes luttes émancipatrices à venir. Elle montre que Ma Rainey et Bessie Smith furent les premières rock stars de l’histoire de la musique : or elles étaient noires, bisexuelles, fêtardes, indépendantes et bagarreuses. Elles posèrent les bases d’une culture musicale qui prône une sexualité féminine libre et assumée, qui appelle à l’indépendance et à l’autonomie des femmes aux lendemains de la période esclavagiste, en revendiquant avec détermination l’égalité de « race » et de genre. Cette réflexion s’étire aux années 1940 en évoquant l’œuvre de Billie Holiday (1915-1959). Angela Davis réhabilite la conscience sociale de cette chanteuse d’envergure, trop souvent présentée sous le simple prisme des turpitudes de sa biographie. Blues et féminisme noir propose une histoire féministe et politique de la musique noire des années 1920 aux années 1940.
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À ce jour, il existe très peu d’écrits sur la contribution des personnes d’ascendance africaine à l’histoire de l’assistance sociale canadienne. À partir de sources secondaires et archivistiques, nous analysons la contribution du Club des femmes de couleur de Montréal (CFCM) au bien-être de la communauté noire de Montréal entre 1902 et 1940 du point de vue du racisme contre les Noir.e.s et du féminisme afro-canadien. Le CFCM a joué un rôle prépondérant dans ce bien-être en étant l’un des grands soutiens auprès des membres aux prises avec d’importantes difficultés dans une société où le racisme était omniprésent et où les perspectives d’avenir pour les hommes et les femmes étaient fortement limitées. Le club a organisé plusieurs activités qui ont permis aux membres de la communauté de survivre dans un milieu hostile aux personnes d’ascendance africaine. Il a ainsi été d’un grand secours et a favorisé un sentiment de communauté chez les Noir.e.s de Montréal. Nous avançons que, grâce aux efforts de ce club durant cette période, les Afro-Canadiennes sont d’abord devenues des actrices clés de la communauté et ensuite les premières intervenantes sociales. Il est impératif que les travailleurs sociaux reconnaissent la contribution des femmes engagées dans le CFCM afin de faire contrepoids aux récits historiques de notre profession qui proviennent surtout d’une culture hégémonique blanche.
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La vie de nombreuses lesbiennes ayant grandi avant 1965 reste entourée de mystère. Les historien.nes ont éclairé le monde des « amies romantiques » de la classe moyenne supérieure et des femmes butch et femmes de la classe ouvrière qui fréquentaient les bars lesbiens dans les années 50 et 60. Cependant, la majorité des lesbiennes étaient des femmes de classe moyenne inférieure qui cachaient leur identité sexuelle en s'engageant dans des relations sociales et sexuelles discrètes. S'appuyant sur de la correspondance, des entrevues, des revues et des articles de journaux, Awfully Devoted Women offre un portrait nuancé de la vie des lesbiennes de la classe moyenne dans les décennies précédant le mouvement pour les droits des homosexuel.les au Canada anglais. Les récits et explorations des pratiques sexuelles de ces femmes, les réflexions sur le désir homosexuel et les relations avec les ami.e.s et la famille dévoilent un monde de relations privées, de fêtes à la maison et de réseaux sociaux discrets. Cette étude intime de la vie de femmes forcées d'aimer en secret remet non seulement en question l'idée selon laquelle les relations lesbiennes dans le passé étaient asexuées, mais révèle également le courage qu'il fallait aux femmes pour explorer le désir à une époque où elles étaient censées en savoir peu sur le désir. sexualité. Awfully Devoted Women est le premier livre d'étude sur la sexualité, les relations et la communauté lesbiennes au Canada avant 1965. Il intéressera les étudiant.e.s et les praticien.nes de l'histoire canadienne et des études féminines ainsi que toute personne intéressée par l'histoire de la sexualité.
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Réédition d'un ouvrage paru chez le même éditeur en 1971. C'est une analyse critique d'une certaine envergure, souvent virulente et parfois contestée, de la prétendue supériorité du mâle. Trois parties bien distinctes : 1. La politique sexuelle. L'auteur dégage l'aspect politique souvent négligé de la sexualité. C'est le sujet de la thèse soutenue par l'auteur, à partir des concepts de puissance et de domination utilisés dans les relations entre les sexes - 2. L'arrière-plan historique. Fait ressortir les transformations de la relation entre les sexes : la révolution sexuelle entre 1830 et 1930; le climat de réaction entre 1930 et 1960 - 3. Le reflet littéraire. Etude basée sur la critique littéraire. L'auteur y montre comment quatre écrivains, Lawrence, Miller, Mailer et Genet, ont contribué à perpétuer l'idée de domination masculine. Importante bibliographie.