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Conférence de Joan W. Scott présentée en anglais le 18 octobre 2012 par l’Institut de recherches et d'études féministes. Joan W. Scott est titulaire de la Chaire de recherche Harold F. Linder en sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton au New Jersey. Autrice de nombreux articles et ouvrages traduits dans plusieurs langues, elle est bien connue pour son élaboration théorique du concept de genre comme catégorie d’analyse.
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Depuis la loi dite « sur le voile à l’école » de réelles fractures sont apparues entre les différentes composantes du mouvement féministe pour aboutir à des clivages profonds en termes de mots d’ordre, d’actions et de mobilisations. Dans le même temps, l’offensive raciste s’est affermie, greffant à sa rhétorique la question des « droits des femmes ». Il est de plus en plus courant d’analyser ce virage en terme d’« instrumentalisation du féminisme à des fins racistes ». Ce livre entend précisément interroger et discuter cet énoncé. L’idée qu’un mouvement social, une politique d’émancipation, puissent être simplement utilisés, ou récupérés par l’ordre existant pour renforcer son discours rencontre bien des limites. Comment expliquer que la réaction ait pu soudainement se parer de vertus « féministes », elle qui a toujours été si hostile aux mouvements féministes, elle qui est si prompte à défendre le patriarcat ? Pour comprendre ce tournant, il faut envisager la chose non comme une simple « récupération » ou « instrumentalisation » mais plutôt comme une convergence d’intérêt, comme une affinité entre les objectifs, à court ou moyen terme, de larges franges du féminisme et du pouvoir raciste et impérialiste, à des moments historiques précis. C’est dans cette perspective que les auteur-e-s de ce court essai entreprennent une généalogie des stratégies féministes : non pas une histoire détaillée, mais plutôt un coup de projecteur sur des situations historiques où la question raciale et/ou coloniale s’est trouvée au cœur du discours des féministes. Les suffragettes et « la mission civilisatrice », le féminisme de la deuxième vague et, plus près de nous, l’épisode de la loi sur le voile à l’école ou encore celui de la solidarité internationale, constituent ces « moments » dont l’étude met à jour les logiques qui ont conduit certaines féministes à promouvoir leurs objectifs aux dépens des colonisé-e-s et descendant-e-s de colonisé-e-s. Le livre propose une discussion stratégique sur le féminisme et le racisme, un récit des occasions perdues et de certaines faiblesses héritées que les mouvements progressistes doivent comprendre et dépasser pour inventer des futurs émancipateurs.
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Après une présentation des transformations historiques de la jeunesse et du cadre de la sexualité, cet article aborde la manière dont l’adolescence est devenue une période de préparation à la sexualité. La jeunesse sexuelle constitue à l’époque contemporaine une période d’autonomie privée, qui n’est plus régentée par les adultes. Un contrecoup de cette fin du contrôle direct sur les jeunes est l’explosion des inquiétudes adultes. L’analyse de la consommation de pornographie et de sa perception permet de s’interroger sur les composantes de la panique morale adulte. Elle s’inscrit dans une perception très genrée des rôles de chacun dans le travail affectif et contribue au maintien d’une asymétrie amoureuse selon le sexe.
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La société vénézuélienne exclut la femme lesbienne de la nation, de l’histoire, de la connaissance et de l’agenda politique. La littérature a été le vecteur par lequel le thème a connu une meilleure présence. L’article rend compte des représentations littéraires lesbiennes et de leurs relations avec le féminisme, la nation et la modernité au Venezuela.
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De la cuisine au studio explore les parcours de douze artistes issues de trois générations différentes : femmes signataires du manifeste Refus global en 1948, premières cinéastes qui ont œuvré à l’ONF dans les années 1970 et artistes médiatiques impliquées au Studio XX. À partir d’entrevues avec les artistes, Anna Lupien pose un regard sociologique sur l’expérience de créatrices qui ont investi l’art en tant qu’espace d’expression dans la sphère publique. De quelle façon ont-elles élaboré des stratégies créatives et par le fait même donné corps à des transformations sociales engendrées par le mouvement féministe, notamment en ce qui a trait à la conciliation travail-famille ? Comment ont-elles intégré des milieux artistiques qui ne leur étaient pas ouverts d’emblée ? Comment se sont-elles engagées pour le bien commun à travers leur parcours artistique ? Les histoires de ces artistes – Madeleine Arbour, Christine Brault, Mireille Dansereau, Dorothy Todd Hénaut, Stéphanie Lagueux, Bérengère Marin-Dubuard, Helena Martin Franco, Terre Nash, Anne-Claire Poirier, Françoise Riopelle, Bonnie Sherr Klein et Françoise Sullivan – témoignent des luttes inachevées du mouvement féministe et des brèches qu’elles ont pratiquées dans l’ordre des choses, suscitant des rencontres originales entre l’art et le politiqu
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"Ce livre est une imagination." Ainsi commence cette collection examinant les approches critiques centrées sur les Autochtones pour comprendre la vie et les communautés gaies, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, queer et bispirituelles (GLBTQ2) et les implications créatives de la théorie queer dans les études autochtones. Ce livre n’est pas tant un manifeste qu’un dialogue – une « écriture dans une conversation » – entre un groupe lumineux d’universitaires-activistes revisitant l’histoire des études gaies et lesbiennes dans les communautés autochtones tout en ouvrant la voie à des théories et méthodologies centrées sur les Autochtones. L’ouverture audacieuse aux études autochtones queer invite à de nouveaux dialogues dans les études autochtones sur les orientations et les implications des études autochtones queer. La collection engage notamment les mouvements autochtones GLBTQ2 comme des alliances qui appellent également des allié.e.s au-delà de leurs frontières, que les coéditeurices et contributeurices modèlent en croisant leurs identités variées, notamment autochtone, trans, hétérosexuelle, non-autochtone, féministe, bispirituelle, mixte. du sang et des homosexuels, pour n'en nommer que quelques-uns. Enraciné.e.s dans les Amériques autochtones et le Pacifique, et s’appuyant sur des disciplines allant de la littérature à l’anthropologie, les contributeurices de Queer Indigenous Studies appellent les mouvements autochtones GLBTQ2 et leurs allié.e.s à centrer une analyse qui critique la relation entre le colonialisme et l’hétéropatriarcat. En répondant aux tournants critiques de la recherche autochtone qui centrent les épistémologies et les méthodologies autochtones, les contributeurices se joignent à la refonte des études autochtones, des études queer, des études transgenres et des féminismes autochtones. Basé sur la réalité selon laquelle les peuples autochtones queer « subissent une oppression à plusieurs niveaux qui a un impact profond sur notre sécurité, notre santé et notre survie », ce livre est à la fois une imagination et une invitation au/la lecteurice à se joindre à la discussion sur la décolonisation de la recherche, de la théorie et de la théorie des peuples queer autochtones. , ce faisant, de participer à la résistance alliée œuvrant en faveur d’un changement positif.
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George Sand et Colette sont connues pour avoir publié des ouvrages dévoilant un grand modernisme et un engagement sur la question des relations entre les sexes. Cet ouvrage dévoile qu'alors que le XIXe et le début du XXe siècle se focalisaient surtout sur des revendications féministes visant la libération des femmes, ces deux auteures cherchaient aussi à dénoncer les codes traditionnellement imposés à tous les individus et à leur identité. Alors que le concept d'identité de genre n'était pas clairement théorisé à l'époque, leurs écrits suggèrent que Sand et Colette avaient déjà l'intuition que les hommes comme les femmes pouvaient être victimes des lois sociales fondées sur la différence sexuelle. Elles dénonçaient les limites que la société imposait aux sujets selon leur sexe et subvertissaient les schémas traditionnels de la formation identitaire. Pour cela, elles présentaient souvent la bipolarité des structures patriarcales comme une construction artificielle, elles mettaient en scène de nouveaux modèles de "féminité", de "masculinité" et de sexualité et elles démontraient une indéniable volonté de rupture et de remise en cause des traditions. Cette étude met aussi en évidence comment ces subversions successives peuvent être lues comme des présentations très modernes d'une identité de genre perçue comme une structure en constante mutation qui désavoue les inscriptions traditionnelles et normalisées. De manière étonnante, les illustrations d'expressions identitaires individuelles et plurielles chez Sand et l'élaboration d'un nouvel ordre des identités chez Colette rapprochent leurs écrits de théorisations contemporaines du genre.
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Trois personnages emblématiques caractérisent la guerre contre le terrorisme : le « dangereux » Musulman, la Musulmane « en péril » et l’Européen « civilisé ». Le présent ouvrage étudie la manière dont ces trois figures sont utilisées pour créer une véritable fable, celle d’une grande famille de nations occidentales qui s’estiment contraintes d’employer la force, tant militaire que politique et juridique, pour se protéger contre la « menace » des populations du tiers-monde. Sherene Razack montre qu’on entretient délibérément cette fable pour justifier l’expulsion des Musulman.e.s de l’espace politique, en les stigmatisant d’abord, puis en les plaçant sous surveillance, en les emprisonnant, en les torturant, ou en larguant des bombes sur leurs pays. Dans cet essai d’une grande actualité, Sherene Razack explique de quelle façon la « pensée raciale » – logique qui divise le monde entre cielles qui méritent d’être protégés par les lois et cielles qui ne le méritent pas – nous habitue à l’idée qu’il est nécessaire et légitime, pour des raisons de sécurité nationale, de suspendre les droits de certains groupes racialisés. L’autrice montre aussi que le refus de reconnaître une même nature humaine chez les peuples d’ascendance européenne et ceux qui ne le sont pas a favorisé l’implantation et la prolifération de « camps », au sens propre et figuré, c’est-à-dire de lieux où les libertés fondamentales sont bafouées et les lois ignorées.
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Cet article traite du contexte intellectuel et social qui génère le questionnement sur les alternatives aux épistémologies occidentales. À cet égard, l'auteur énumère les défis qui attendent la tradition critique occidentale : l'ancien et le nouveau ; la perte des termes critiques ; la relation fantomatique entre la théorie critique et la transformation sociale ; la fin du capitalisme sans fin ; la fin du colonialisme sans fin. Il oppose « la sociologie des émergences » , c'est-à-dire l'accroissement des connaissances, des pratiques et des agents, à « la sociologie des absences » , c'est-à-dire les formes de non-existence (« l'ignoré » , « le résiduel » , « l'inférieur » , « le local » , « l'improductif »). Enfin, à propos des nouvelles orientations épistémologiques, il suggère que les épistémologies du Sud sont fondées sur « l'écologie des savoirs » et sur « la traduction interculturelle ».
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Cette recherche propose une analyse de la presse féminine québécoise dans une perspective intergénérationnelle en s'attardant aux contenus et aux discours de la presse pour adolescentes, pour femmes adultes et pour femmes âgées. Les magazines Filles Clin d'oeil, ELLE Québec et Bel Âge sont étudiés dans une approche féministe pour découvrir, dans les textes et les images, la construction des genres sexués et le rapport au corps féminin selon la génération visée. D'après notre hypothèse de recherche, deux représentations féminines contradictoires seraient véhiculées par la presse féminine, une transmettant une image traditionnelle de la femme-objet et une autre transmettant une image plus actuelle de la femme-sujet. En effet, ces deux types de représentations sont présents dans les magazines du corpus, et, en plus d'être contradictoires, ils sont complémentaires pour créer l'image que nous appelons la femme bicéphale. L'approche quantitative, avec l'analyse de discours, nous aura permis de dresser un portrait global du corpus, montrant les orientations promotionnelle de la presse pour adolescentes, publicitaire de la presse pour femmes adultes et rédactionnelle de la presse pour femmes âgées. Le visage traditionnel de la féminité est surtout présent dans les produits publicisés, dans la décontextualisation des figurantes et dans leur passivité sur les images, alors que le visage émancipatoire est présent dans les contenus rédactionnels, dans le registre public des plans photographiques et dans l'énonciation visuelle des figurantes. L'approche qualitative avec l'analyse de discours permet la comparaison des représentations traditionnelles et libérées de la femme dans les unités textuelles et picturales des magazines. À cet effet, c'est la presse pour adolescentes qui présente le plus de représentations émancipatoires dans ses textes et ses images, incitant les lectrices à avoir une carrière et à bannir les conventions sociales. Le magazine pour femmes adultes reféminise les représentations de femmes libérées, les ramenant à leurs rôles maternels ou séducteurs, essentialisant les qualités dites féminines. Quant à la libération dans les magazines pour femmes âgées, elle est déplacée vers des préoccupations de santé et de mieux-vivre. Si certains discours ou contenus peuvent sembler émancipatoires, ils sont surtout présentés dans une perspective individualisante et dépolitisée, ne remettant pas en cause les structures sociales: la féminité est soumise aux impératifs patriarco-capitaliste. L'objet à consommer sera souvent la clé de la libération, peu importe la génération visée. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Presse féminine, Intergénérationnel, Études féministes, Patriarcat, Analyse de discours, Analyse de contenu, Femme libérée.
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Le présent article se décline en deux parties distinctes. La première aborde trois films québécois récents (Maman est chez le coiffeur, C’est pas moi, je le jure! et Un été sans point ni coup sûr) se déroulant à la fin des années 1960. Bien que ces trois films soient racontés du point de vue des enfants et que les femmes ne soient pas les protagonistes de ces films, j’aborderai les trois récits du point de vue de ces personnages de femmes, faisant d’elles moins les objets, mais plutôt les sujets de ces films. Seront relevés les commentaires sur ces personnages, retrouvés dans la presse spécialisée québécoise dans les revues 24 images, Séquences et CinéBulles , afin de constater de quelles façons la réalisatrice et les réalisateurs, les interviewers et les critiques de cinéma qualifient ces personnages de femmes. En deuxième partie, sera abordée la voix féminine proprement dite dans le film Maman est chez le coiffeur, à la lumière des écrits de Michel Chion et de Kaja Silverman sur la voix féminine au cinéma.
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Face aux accusations de dépolitisation et d’individualisme d’un certain féminisme actuel, comment réfléchir à de nouvelles pratiques technologiques dans la perspective d’un changement culturel? Cette question sera examinée dans cet article qui propose de réfléchir à la manière dont les avancées technologiques, et plus particulièrement le cyberespace, peuvent proposer un contexte propice aux valeurs prônées par le féminisme. Comme lieu discursif décentré permettant l’ouverture de discours et d’identités divergentes, le cyberespace offre de nouvelles possibilités quant à la production et la construction de représentations identitaires. Les stratégies d’autoreprésentation des femmes participent de cette multiplication de représentations. En affirmant le pouvoir de changement culturel que possède le cyberespace, cet article se penchera plus spécifiquement sur deux textes publiés sur des blogues féministes, de façon à analyser, d’après une méthodologie issue de l’analyse de discours, les stratégies textuelles d’autoreprésentation qui y sont déployées.
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Bien que l’oppression des femmes soit antérieure au capitalisme, il n’en reste pas moins que ce mode de production lui a imprimé des spécificités. En outre, les femmes sont touchées de manière différente des hommes par la mondialisation néolibérale. Les rapports sociaux de sexe font partie des fondations et de l’agencement de ce capitalisme financiarisé, lequel a exacerbé la division sexuelle du travail. Ces rapports nous permettent de comprendre des phénomènes internationaux aussi important que la marchandisation du vivant (entre autres, du corps et du sexe), les mouvements migratoires, qui se sont féminisés, les nouvelles pauvretés, les hiérarchies sociales (caste, classe, groupes racialisés et ethnicisés), les violences, etc. Les femmes sont à la fois une main-d’oeuvre capitale tant pour le travail salarié que pour celui qui est non rémunéré, une source formidable de profits pour les entreprises et de travail gratuit pour la société dans son ensemble et pour les hommes en particulier. En même temps, grâce à cette position subordonnée dans la société et à la surexploitation qui en découle, les femmes constituent un groupe très actif tant dans l’analyse du monde actuel que dans les luttes et dans la mise en place d’alternatives. Sans cette perspective analytique, tout reste obscur. Pour les Nouveaux Cahiers du socialisme, les questions de l’oppression des femmes et du féminisme sont fondamentales. On ne peut imaginer penser et construire une alternative au capitalisme sans s’attaquer au patriarcat. Notre dossier est divisé en quatre parties. La première se penche sur différents enjeux politiques et théoriques, tant par rapport au socialisme marxiste qu’à l’intérieur du féminisme. La deuxième concerne quelques questions québécoises, dont la lutte du Front commun intersyndical, l’impact des politiques néolibérales sur la main-d’oeuvre féminine, les effets de ces politiques dans les domaines de la santé et de l’éducation en rapport avec la dégradation de la condition des femmes et la question des différences salariales et la lutte pour l’équité salariale. La troisième examine la masculinité, ses violences, son hégémonie. La quatrième fait état des luttes tant par les organisations autonomes des femmes que par celles qui sont mixtes et discute du Nous féministe.
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Le genre est un organisateur central de la mondialisation néolibérale actuelle. Qu'il s'agisse de comprendre la division internationale du travail, les mobilités et les migrations, les guerres ou encore la transnationalisation des mouvements sociaux, le genre est, avec les rapports de classe et de race, une clé d'analyse indispensable. En effet, les femmes constituent l’une des principales sources de profit pour le capitalisme global et, simultanément, l’un des groupes sociaux les plus actifs dans la conception et la mise en œuvre d’alternatives à cette mondialisation. En réunissant des spécialistes internationaux sur des thématiques rarement abordées, comme le rôle des femmes du Sud et leurs mouvements, la militarisation ouverte et les guerres « de basse intensité », ou encore le travail non rémunéré des femmes, cet ouvrage renouvelle fondamentalement la critique des conséquences économiques, sociales, politiques, culturelles et idéologiques de la mondialisation.
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La mondialisation néolibérale transforme grandement la migration et le travail des femmes. Nombre de femmes du Sud migrent vers les pays du Nord où elles sont déclassées dans le service domestique, alors qu’elles employaient des domestiques ayant migré du milieu rural vers les villes du Sud. Dans le cas des femmes haïtiennes, on peut établir une chaîne non linéaire pour comprendre leur migration et leur travail, en Haïti et en France. Cette chaîne associe la migration interne et la migration internationale, au cœur des confrontations Nord/Sud. Elle lie les formes de travail domestique au travail nondomestique. Elle associe le travail des hommes et celui des femmes, le travail au Sud et le travail au Nord. Elle articule les rapports sociaux de sexe, de classe et de race, dans une analyse des divisions sexuelle, sociale, raciale et internationale du travail. Cet article vise à analyser les trajectoires de travail et de migration en insistant d’une part sur les parcours féminins marqués par les rapports sociaux de sexe, et d’autre part sur les parcours des femmes discriminées par le racisme et le classisme. En ce sens, cet article analyse le travail et la migration au féminin pluriel.
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Des années 1950 à la fin des années 1990, des agents de l’État ont espionné, interrogé et harcelé les gais et les lesbiennes au Canada, employant des idéologies sociales et d’autres pratiques pour faire de leur cible – les personnes qui s’écartaient de la soi-disant norme – une menace pour la société. et ennemi.e.s de l'État. Reconstruit à partir de documents officiels du régime de sécurité publiés dans le cadre de la Loi sur l'accès à l'information et d'entretiens avec des gais, des lesbiennes, des fonctionnaires et des hauts fonctionnaires, The Canadian War on Queers offre un récit passionné et personnalisé d'une campagne de sécurité nationale qui a violé les droits civils des personnes. et libertés pour tenter de réguler leurs pratiques sexuelles. Gary Kinsman et Patrizia Gentile révèlent non seulement les actes de répression étatique qui ont accompagné la guerre canadienne contre les homosexuel.les, mais aussi les formes de résistance qui soulèvent des questions sur la sécurité nationale qui était protégée et sur la sécurité nationale en tant que pratique idéologique. Ce récit novateur de la manière dont l’État a utilisé la sécurité nationale pour faire la guerre à son propre peuple offre des moyens de comprendre et de résister aux conflits idéologiques contemporains tels que la « guerre contre le terrorisme ». Il devrait être une lecture obligatoire pour les étudiant.e.s, les universitaires et les militant.e.s sociaux dans les études lesbiennes, gays et queer ou pour toute personne intéressée par les questions de sécurité nationale, de répression étatique et des droits humains.
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La résistance est un sujet sociologique qui prend de plus en plus d’importance. Dans un monde patriarcal où la restructuration capitaliste néolibérale a un pouvoir ubiquitaire sur nos vies, la résistance devient un point d’entrée pour mieux comprendre comment s’exerce le pouvoir. Ce texte explore la résistance créative comme point de convergence entre l’art et l’activisme, laquelle donne une portée politique aux revendications des personnes autrement exclues des discours politiques. La résistance créative offre un terrain fertile pour la reprise en charge de l’espace public, les revendications citoyennes et la mise en jeu de l’autoreprésentation. Cet article s’attarde à une des formes les plus prévalentes de la résistance créative, soit la performance et le théâtre politique. En explorant l’intersection entre la résistance créative, les pratiques féministes et l’engagement citoyen, ce texte démontre comment la réappropriation culturelle permet aux femmes d’effectuer une prise en charge individuelle et collective de leur citoyenneté. La résistance créative présente une ouverture à l’engagement citoyen pour les personnes autrement exclues de la politique et du pouvoir. Par l’entremise des actions de résistance créative collective, les femmes peuvent accéder à une démocratie participative basée sur l’action décentralisée. À travers une réappropriation culturelle collective, les femmes se définissent comme citoyennes, font entendre leurs revendications et effectuent une prise en charge de leurs droits, de leur voix et de leur citoyenneté
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François Poulain de la Barre (1647-1723) est un penseur de l'égalité entre les sexes. Exemple de transgression idéologique, il passe du catholicisme au protestantisme « rationnel », de la scolastique à la philosophie nouvelle, du phallocentrisme à la philogynie. Il utilise la méthode de Descartes et sa réflexion sur l'homme pour démontrer cette égalité des sexes, aussi bien d'un point de vue physiologique que psychologique. Cette réflexion s'appuie aussi sur une généalogie de l'humanité qui discute les thèses des théoriciens du droit naturel. Relisant parallèlement des textes souvent utilisés contre les femmes (Aristote et surtout la Bible), Poulain de la Barre apparaît comme un protagoniste essentiel du travail de lecture critique des textes sacrés à l'âge classique, au même titre que Simon ou Spinoza. D'où un vaste programme de réforme sociale, qui fait de l'éducation des femmes la seule voie pour leur émancipation et qui interroge la légitimité des sources traditionnelles d'autorité (le savant, le prêtre, le noble). Souvent cités dans les études anglo-saxonnes (aussi bien en histoire, philosophie, littérature que dans les études de genre).