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"En 1685, le Code noir défendait " aux esclaves de porter aucunes armes offensives ni de gros bâtons " sous peine de fouet. Au xixe siècle, en Algérie, l'État colonial français interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s'armer. Aujourd'hui, certaines vies comptent si peu que l'on peut tirer dans le dos d'un adolescent tout en prétendant qu'il était agressif, armé et menaçant. Une ligne de partage oppose historiquement les corps " dignes d'être défendus " et ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce " désarmement " organisé des subalternes et des opprimés au profit d'une minorité jouissant d'un droit permanent à porter des armes et à en user impunément pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense. Du jiu-jitsu des suffragettes aux pratiques insurrectionnelles du ghetto de Varsovie, des fusils des Black Panthers aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie philosophique de l'autodéfense politique. Derrière l'histoire officielle de la légitime défense, il est ici question du récit des " éthiques martiales de soi ", ces histoires ensevelies où le Sujet ne préexiste pas à sa propre défense, où le fait de se défendre en attaquant apparaît à la fois comme la condition de possibilité d'un soi et la matière des mythologies politiques. Cette histoire - une histoire de la violence - conditionne la définition même de la subjectivité moderne. Elle s'écrit à la lumière d'une relecture critique de l'histoire de la philosophie politique, où Hobbes et Locke sont à confronter avec Franz Fanon, Michel Foucault ou Judith Butler."--Page 1 et 4 de la couverture.
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Dans ce mémoire, nous nous intéresserons aux débats et aux théories féministes latino-caribéennes, spécifiquement dans leurs articulations à la tradition qu'elles perçoivent comme une ressource nécessaire à la défense de l'État-nation et à l'émancipation typiquement moderne. À cette fin, nous établirons un fil conducteur entre les épistémologiques du Sud et la pensée occidentale à l'intérieur du développement historique et différencié de la modernité. En recourant à la sociologie de Michel Freitag et son concept d'imaginaire, nous découvrirons que les caractères décalés et déphasés de la modernisation issus de l'histoire coloniale de l'Amérique latine et des Caraïbes préservent la tradition (contrairement à l'Europe où la modernisation inclut activement et progressivement la tradition au sein de son développement historique) de manière à figurer une réserve de sens, un univers imaginaire, où seront puisés, dans un contexte de crise civilisationnelle, une mémoire anthropologique nécessaire au déploiement d'une émancipation moderne. Cette situation historique engendre en conséquence un mouvement de révision des frontières conceptuelles entre l'imaginaire et la raison, à l'intérieur desquelles les féministes latino-caribéennes intégreront l'imaginaire de la Mère-Terre comme une figure d'unité les faisant prendre en charge un principe civilisationnel qui se présente comme une double constitution du symbolique dans ses dimensions normative et expressive. Dans l'ensemble, nous verrons la tradition, qui livre un principe de réalité que l'on peut qualifier de civilisationnel, au sein de la pensée féministe latino-caribéenne contribuer au dépassement de la crise contemporaine du sujet et donner aux femmes dans leur expérience particulière du féminisme une portée universelle. De cette manière, nous allons voir que la Mère-Terre, comme représentation symbolique de l'unité sociale, est en mesure d'exprimer la crise civilisationnelle contemporaine en créant du lien social et en servant d'outil de compréhension de soi et de la société. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme, décolonial, intersectionnalité, modernité, modernisation, tradition, mythe, dialectique, unité/dualité, totalité, postcolonialisme, épistémologies du Sud, imaginaire/raison, muthos/logos, chaos, capitalisme, crise civilisationnelle.