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« Les femmes noires qui aiment les femmes : résistance aux rapports de pouvoir enchevêtrés » aborde les questions de survie d’un point de vue queer et diasporique. Cette thèse soutient que les pratiques et positionnements au quotidien des participantes se situent dans les failles d’un système qui criminalise l’existence même des personnes noir.e.s. L’analyse des conditions de vie de ces femmes permet de mieux comprendre le panorama complexe des systèmes de pouvoir à l’intersection des rapports de classe, de genre, de race et de l’hétéropatriarcat. Elle permet également de reconnaitre leur capacité à créer un espace alternatif, un univers des possibles qui s’oppose aux catégories normatives et hégémoniques. Les réalités des participantes génèrent donc des points de départ où l’altérité devient outil de pensée critique, moyen de résistance et fondement d’un futur substantiellement différent infusé par l’espoir de l’amélioration. Cette recherche se base sur l’autoethnographie, une ethnographie de la participation et des entretiens semi-dirigés de 22 personnes qui s’identifient comme femmes, noires et ayant des rapports sexo-affectifs avec d’autres femmes. Cette thèse porte donc sur le désir et s’appuie sur de multiples apports, majoritairement de théoriciennes racisées, qu’elles soient issues du milieu académique ou fassent partie de mon cercle privé. Elle est formée par de puissants récits, mais également par des silences tout aussi évocateurs, par une attention accrue au domaine du micro et à la description, par une autoethnographie de la participation et par la volonté de dépeindre sur quelques pages ne serait-ce qu’un extrait de la flamboyance de ces femmes.
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Le Lindy Hop et les danses Jazz africaines américaines du début du XXe siècle font aujourd’hui l’objet d’une sous-culture internationale. Leur popularité se nourrit en grande partie de la mise en valeur de leur joie et d’un cadre social hospitalier. Bien que cette culture soit aujourd’hui majoritairement investie par des danseurs non africains-américains, elle bénéficie d’une relation privilégiée avec plusieurs aînés, anciens habitués du Savoy Ballroom de Harlem, le lieu mythique où la danse s’est initialement développée. À leur côté, les processus de recréation, d’actualisation et de transmission de ces danses historiques présentent le terrain complexe d’une appropriation culturelle, celle d’un savoir situé afrocentrique et de la représentation de sa joie inhérente. À partir du paradigme épistémologique de la théorie critique, féministe et intersectionnelle du point de vue, cette recherche examine la démarche de traduction transculturelle, où le sens des récits des aînés et l’expression de leur affect en viennent à être substitués par des stratégies racialisées d’équivalence et d’identité et des rapports savoir/pouvoir non examinés. L’analyse s’est particulièrement centrée sur une lecture du cadre idéologique de la sous-culture, de sa « volonté de savoir » et du rapport « mythologique » (Roland Barthes) des danseurs à l’histoire et à l’authenticité. Le terrain s’est défini par une approche interdisciplinaire, multisite, ethnographique et phénoménologique située, représenté par trois études de cas localisées. Une observation participante a eu lieu dans le plus grand rassemblement international annuel de danseurs au Herräng Dance Camp suédois (1). Elle a mis en lumière un système de référence dominant et hégémonique qui perpétue les bases d’une marginalisation sociale et racialisée, malgré l’importance donnée à l’africanité de la danse et la promotion de valeurs d’ouverture, de participation, de communauté et de liberté proactive. Cette communauté culturelle, caractérisée par une volonté libérale de « bonne pratique » sociale, a aussi été le contexte d’émergence de figures « killjoy » (Sara Ahmed) (2) mettant en évidence l’homogénéité sociale structurelle de la sous-culture. L’affirmation féministe noire de ces dernières a également permis de contextualiser et de situer la dynamique politique, raciale, genrée et économique du récit des Anciens et de leur expérience du Harlem Renaissance qui a donné naissance à la danse. À partir d’une posture éthique et critique contre-hégémonique, soutenue par une articulation de la pensée d’Hannah Arendt et de la théorie postcoloniale, la conclusion de la recherche s’est réalisée autour d’une recherche-action participative dans l’école de danse Cat’s Corner à Montréal (3). Elle a été le terrain d’une remise en cause appliquée d’un système culturel et pédagogique stabilisé par un régime hégémonique de la blanchité. Les résultats se sont concrétisés dans une réforme pédagogique de l’enseignement des danses Jazz, fondée sur une approche plus holistique et non conformiste de leur tradition et sur l’intégration d’une éthique renouvelée de la relation.
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Cette contribution propose une réflexion sur la construction d’une épistémologie trans et féministe au sein de l’université quand on se pense comme membre d’un groupe subalterne. L’articulation des statuts d’insider et d’outsider (les limites et les avantages à être « du dedans » et « du dehors ») montre la construction de savoirs situés dans une dynamique constructiviste de l’espace public et de l’espace académique. Le métarécit de la recherche sur laquelle nous nous appuyons (une thèse de doctorat sur la construction médiatique des transidentités) donne les exemples d’une inscription dans les épistémologies féministes et des ouvertures inspirées par les Trans Studies anglo-saxonnes. Nous étudions et analysons les termes d’un discours sur soi comme étape nécessaire vers un au-delà de l’appartenance morale, de l’intimité et de la familiarité avec le terrain étudié. Pour ce faire, nous revenons plus précisément sur la notion d’épistémologie du point de vue (standpoint epistemology) proposée par Donna Haraway et ses développements. Avec les savoirs situés nous déplaçons le sujet dans le champ de la philosophie et reconnaissons le sujet trans comme sujet de savoirs grâce aux outils de la pensée féministe.
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La matière première de ce livre est une série d'entretiens menés par Beverley Skeggs avec quatre-vingt-trois jeunes femmes issues de la classe ouvrière anglaise, inscrites à une formation d'aide à la personne et travaillées par leur propre respectabilité. Abordant leur rapport à la sexualité, à la classe ou au féminisme, cet ouvrage vient apporter un prolongement essentiel aux travaux de Pierre Bourdieu et de Paul Willis.
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À partir d’une recherche qualitative, cet article illustre l’élaboration d’un dispositif méthodologique qui met au travail de manière active les émotions. L’enquête menée sur un terrain intime, puisqu’il traite de la sexualité et de la séropositivité, vise à comprendre comment les femmes migrantes d’origine subsaharienne et séropositives résidant en Suisse gèrent le secret sur le VIH/sida. Par l’accumulation des formes de fragilisation, la population étudiée est particulièrement précaire, ce qui soulève plusieurs questions éthiques. Ce texte en explore certaines, telles que l’implication émotionnelle de la chercheuse et l’impact de la recherche sur la vie des enquêtées. Poursuivant une réflexion sur la mobilisation des émotions dans le processus de la recherche, la question épistémologique est également traitée : les sujets connaissant sont-ils des sujets émotionnels et vice-versa ? Finalement les émotions mobilisées par les enquêtrices et les enquêtées constituent la matière première sur la base de laquelle est produite une proposition de méthodologie située, émue et engagée.
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This article describes a collaborative research project that took place in two south‐western US border towns and sought to understand how four muslim Footnote 1 girls (age 14–17) expressed and negotiated their bodily learning experiences. Drawing on both the work of arab–muslim critical feminist Fatima Mernissi who utilized classical Islamic tools of research and my positionalities as arabyyah‐muslimah, I used insider’s methods to discuss how three hijabs (veils) – the visual, spatial, and ethical – acted as a central genderizing discourse that challenged the girls’ learning opportunities. This article shows how the girls’ parents enforced these three hijabs; how the girls questioned and deveiled the hijabs in their dress, mobility in public places, and physical behavior around boys. This inquiry is a call for critical feminist researchers and educators to recognize how these three hijabs form a key genderizing discourse in the lives of muslim girls. It also presents the importance of: (1) working with muslim girls as agents in their own lives; (2) critical engagement with difference between researchers/educators and muslim communities; and (3) practicing a critically reflexive pedagogy of deveiling.
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Cette anthologie propose les textes essentiels de Donna Haraway : Cyborg manifesto, Situated knowledge, Teddy bear patriarchy, Ecce homo, Modest witness, Race.
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La question qui m’a été adressée -comment se manifeste ton engagement féministe dans tes recherches et dans tes actions? -, m’interpelle sur trois fronts puisque je suis féministe, que je milite depuis plusieurs années et que je fais partie de la classe privilégiée des universitaires. Étudiante au doctorat en sociologie, je travaille actuellement sur la Marche mondiale des femmes en tant que processus de mobilisation collective sexué (D. Kergoat, 1992). Processus dont je suis partie prenante et au sein duquel j’ai eu l’occasion d’effectuer une immersion particulière au cours de l’année 2000, en participant à titre d’étudiante – stagiaire à l’équipe d’organisation et de coordination au niveau international. Et à toutes ces choses, correspond un même préalable dans mon parcours : l’expérience de l’oppression patriarcale.
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Résumé L'irruption du discours des minoritaires en sociologie fait éclater le discours des majoritaires en provoquant la remise en question de leurs explications à tendance naturaliste, culturaliste et psychologisante. Affichant le caractère partiel et partial de leurs visions, les femmes et les "ethniques" favorisent l'éclosion de synthèses provisoires, susceptibles de rendre compte des formes multiples de l'oppression