Votre recherche
Résultats 30 ressources
-
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ». Cette recherche part du postulat que l'identité des mangeurs peut se lire à travers ce qu'ils ingèrent, comment ils l'ingèrent et pourquoi ils l'ingèrent. En d'autres termes, les alimentations permettent aux hommes et aux femmes du Moyen-Âge d'afficher leur appartenance à un groupe social, voire à un genre, à travers des éléments de distinction. L’étude de ces derniers dans le cadre de l’alimentation permettant alors, dans un mouvement inverse, de révéler les systèmes hiérarchiques qui prévalent à cette époque. Cette analyse vise donc à aiguiser notre regard sur les sociétés médiévales du XIIe au XIVe siècle à travers les alimentations de l'Occident chrétien et de l'Andalousie musulmane au prisme du genre. Il s'agit ainsi de s'inscrire dans le sillage des historiens du genre et de l'alimentation en questionnant le genre des aliments, l'identité des mangeurs et plus généralement les rapports de sociaux de sexe qui s'articulent autour du fait alimentaire. De ces interrogations découle la problématique suivante : dans quelle mesure le fait alimentaire constitue-t-il un vecteur de différenciation des sexes à l'époque médiévale en Occident chrétien et en Andalousie musulmane? Plusieurs sources ont été défrichées pour mener à bien cette analyse. Pour le volet diététique, les traités de Hildegarde (XIIe siècle) et de Ibn Halsun (XIIIe) ont fait l’objet d’une analyse lexicométrique, articulée pour l’essentiel autour de la notion de genre et qui a permis de mettre en lumière la prévalence de la théorie des humeurs dans les représentations de genre des savants médiévaux musulmans et chrétiens. À cette analyse discursive, s’est ajoutée une étude des pratiques qui entourent les boissons et les aliments et les cadres socio-culturels de leur consommation. Des sources juridiques et littéraires, autant que des documents iconographiques ont constitué un levier de connaissance substantiel qui a permis d’évaluer, dans une perspective intersectionnelle, la prégnance des critères sociaux de classe sur la commensalité féminine en Europe chrétienne comme en Andalousie musulmane. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Moyen-âge; femmes; genre; alimentation; Occident; islam; christianisme
-
La pandémie a radicalement modifié l’organisation de la société, avec une augmentation du travail à domicile, de l’enseignement à domicile et de la présence en ligne, le tout avec des implications spécifiques (non)intentionnelles sur le travail de soins rémunéré et non rémunéré. Ces implications, comme celles d’autres crises, sont sexistes et se manifestent selon le sexe, l’âge, le handicap, l’origine ethnique/la race, le statut migratoire, la religion, la classe sociale et les intersections entre ces inégalités. Si de nombreuses études ont identifié ces impacts inégaux et négatifs et soulignent d’importantes inégalités liées aux soins, la contribution spécifique de cet article est différente, à savoir celle de mettre en évidence des pratiques inspirantes comme de meilleures histoires de et dans le domaine des soins pendant la pandémie. L’objectif est de rendre ces meilleures histoires visibles et de les considérer comme des moyens d’atténuer les impacts inégaux de la COVID-19 et de ses réponses politiques. Théoriquement, l’approche est basée sur les « meilleures histoires », telles que développées par Dina Georgis (2013, Better Story. Queer Affects from the Middle East , New York : State University). L'article utilise des données quantitatives et qualitatives, recueillies auprès des 27 États membres de l'UE, de l'Islande, de la Serbie, de la Turquie et du Royaume-Uni, dans le cadre du projet européen H2020 RESISTIRÉ.
-
This article addresses overnight guest hosting, which is a widespread solidarity practice among rural-to-urban migrants in Turkey. The fieldwork, based on in-depth interviews with 28 first-generation migrant women, reveals that it was mostly the young migrant women who shouldered hosting tasks as gendered unpaid work, which deepen their time poverty and reinforce their dependence on family. The analysis highlights the links between intersectional disadvantages of young migrant women and poverty, the failure of the welfare state to provide social assistance for migrants, and the familialist character of social policy during the peak years of migration. © 2022 The Author(s). Published by Oxford University Press.
-
Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers. Conférence présentée dans le cadre du colloque « Regards croisés sur les antiféminismes » le 30 avril 2019 à l’Université du Québec à Montréal par le RéQEF et l’IREF.
-
Avec Rachel Chagnon, membre de l'Institut de recherches et d'études féministes et professeure au Département des sciences juridiques.
-
Pourquoi le mot « race » est-il tabou ? Qu’en est-il quand on est, à la fois, victime de discriminations raciales et sexuelles ? Comment assumer son identité plurielle ? Un mardi sur deux, Rokhaya Diallo et Grace Ly reçoivent un·e invité·e pour explorer les questions raciales sur le mode de la conversation et du vécu.
-
Sara R. Farris examines the demands for women's rights from an unlikely collection of right-wing nationalist political parties, neoliberals, and some feminist theorists and policy makers. Focusing on contemporary France, Italy, and the Netherlands, Farris labels this exploitation and co-optation of feminist themes by anti-Islam and xenophobic campaigns as “femonationalism.” She shows that by characterizing Muslim males as dangerous to western societies and as oppressors of women, and by emphasizing the need to rescue Muslim and migrant women, these groups use gender equality to justify their racist rhetoric and policies. This practice also serves an economic function. Farris analyzes how neoliberal civic integration policies and feminist groups funnel Muslim and non-western migrant women into the segregating domestic and caregiving industries, all the while claiming to promote their emancipation. In the Name of Women's Rights documents the links between racism, feminism, and the ways in which non-western women are instrumentalized for a variety of political and economic purposes.
-
À l'heure où se développent en France les premiers cursus d'études culturelles inspirés des cultural studies anglophones et où les politiques de l'identité et des représentations suscitent un intérêt croissant, la publication de ce recueil de quatorze essais classiques du sociologue britannique Stuart Hall constitue un détour nécessaire par les origines multiples et complexes de ce champ de réflexion. Intellectuel de renom international, Stuart Hall nous livre ici une généalogie critique des cultural studies, de leurs fondements théoriques marxistes et gramsciens à leur redéfinition des notions de "culture" et de "populaire", en passant par leur résistance aux disciplines classiques. Mettant en relief les préoccupations théoriques et politiques majeures des études culturelles, il interroge le concept d'" identité " et ses déclinaisons (ethnicité, race, classe, genre, sexualité) et développe une théorie qui situe la culture au cœur même du processus de construction identitaire. Qu'il analyse la formation des cultures diasporiques, les politiques noires britanniques, les situations postcoloniales ou le concept de " multiculturalisme ", Hall éclaire d'une lumière singulière nombre d'enjeux centraux de la scène politique internationale contemporaine.
-
Le Lindy Hop et les danses Jazz africaines américaines du début du XXe siècle font aujourd’hui l’objet d’une sous-culture internationale. Leur popularité se nourrit en grande partie de la mise en valeur de leur joie et d’un cadre social hospitalier. Bien que cette culture soit aujourd’hui majoritairement investie par des danseurs non africains-américains, elle bénéficie d’une relation privilégiée avec plusieurs aînés, anciens habitués du Savoy Ballroom de Harlem, le lieu mythique où la danse s’est initialement développée. À leur côté, les processus de recréation, d’actualisation et de transmission de ces danses historiques présentent le terrain complexe d’une appropriation culturelle, celle d’un savoir situé afrocentrique et de la représentation de sa joie inhérente. À partir du paradigme épistémologique de la théorie critique, féministe et intersectionnelle du point de vue, cette recherche examine la démarche de traduction transculturelle, où le sens des récits des aînés et l’expression de leur affect en viennent à être substitués par des stratégies racialisées d’équivalence et d’identité et des rapports savoir/pouvoir non examinés. L’analyse s’est particulièrement centrée sur une lecture du cadre idéologique de la sous-culture, de sa « volonté de savoir » et du rapport « mythologique » (Roland Barthes) des danseurs à l’histoire et à l’authenticité. Le terrain s’est défini par une approche interdisciplinaire, multisite, ethnographique et phénoménologique située, représenté par trois études de cas localisées. Une observation participante a eu lieu dans le plus grand rassemblement international annuel de danseurs au Herräng Dance Camp suédois (1). Elle a mis en lumière un système de référence dominant et hégémonique qui perpétue les bases d’une marginalisation sociale et racialisée, malgré l’importance donnée à l’africanité de la danse et la promotion de valeurs d’ouverture, de participation, de communauté et de liberté proactive. Cette communauté culturelle, caractérisée par une volonté libérale de « bonne pratique » sociale, a aussi été le contexte d’émergence de figures « killjoy » (Sara Ahmed) (2) mettant en évidence l’homogénéité sociale structurelle de la sous-culture. L’affirmation féministe noire de ces dernières a également permis de contextualiser et de situer la dynamique politique, raciale, genrée et économique du récit des Anciens et de leur expérience du Harlem Renaissance qui a donné naissance à la danse. À partir d’une posture éthique et critique contre-hégémonique, soutenue par une articulation de la pensée d’Hannah Arendt et de la théorie postcoloniale, la conclusion de la recherche s’est réalisée autour d’une recherche-action participative dans l’école de danse Cat’s Corner à Montréal (3). Elle a été le terrain d’une remise en cause appliquée d’un système culturel et pédagogique stabilisé par un régime hégémonique de la blanchité. Les résultats se sont concrétisés dans une réforme pédagogique de l’enseignement des danses Jazz, fondée sur une approche plus holistique et non conformiste de leur tradition et sur l’intégration d’une éthique renouvelée de la relation.
-
"Arts visuel" est l'un des soixante-six textes thématiques de cette encyclopédie explorent les reconfigurations en cours des études de genre. Trois axes transversaux organisent cette enquête collective: le corps, la sexualité, les rapports sociaux. Les inégalités liées au genre sont de plus en plus envisagées en relation avec celles liées à la classe sociale, la couleur de peau, l'apparence physique, la santé ou encore l'âge. Cette approche multidimensionnelle des rapports sociaux a transformé radicalement les manières de penser la domination au sein des recherches sur le genre. En analysant les concepts, les enquêtes empiriques et les débats caractéristiques de ces transformations saillantes, les contributrices et contributeurs de cet ouvrage dessinent une cartographie critique des études de genre en ce début de XXIe siècle.
-
Les théories féministes ont désormais largement adopté le concept d’intersectionnalité pour décrire et analyser les axes multiples d’oppression et leurs imbrications. Cependant, encore relativement peu de recherches explorent la question de savoir si les organisations de femmes dans différents contextes ont elles aussi adopté ce terme et l’analyse politique qu’il implique. À partir de données qualitatives recueillies auprès de militantes des droits des femmes en France et au Canada, cet article montre que l’intersectionnalité est un des répertoires discursifs possible — mais pas le seul — que les organisations de femmes peuvent utiliser pour analyser l’expérience sociale et les intérêts politiques des femmes situées à l’intersection de plusieurs rapports d’oppression. À partir des données qualitatives, l’article propose une typologie de quatre répertoires types que les militantes utilisent pour penser l’intersectionnalité et l’inclusion au sein de leurs organisations.
-
Cet article consiste à situer la théorisation de la « consubstantialité des rapports sociaux » (Kergoat, 1978-2012) au regard des tensions qui traversent actuellement la réflexion sur l’articulation des systèmes d’oppressions. Prenant acte d’oppositions persistantes dans le champ de « la recherche intersectionnelle », il montre en quoi le concept de « consubstantialité des rapports sociaux », en raison du contexte dans lequel il s’enracine, se démarque d’autres cadrages existants. D’une part, il envisage l’imbrication des différentes oppressions depuis une compréhension dynamique des rapports de pouvoir. D’autre part, il se rattache au bagage théorique issu du féminisme matérialiste qu’il propose de retravailler plutôt que d’écarter les notions clés de l’héritage marxien que la vague culturaliste tend à évacuer. C’est finalement l’efficacité et l’actualité sociologique de cette conceptualisation des rapports de pouvoir et des relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres qui sont mises en évidence ici.
-
Ce texte s’intéresse aux travaux féministes récents qui ont porté sur les questions de différence, notamment aux courants de l’analyse intersectionnelle et du féminisme postcolonial. La première partie du texte propose une synthèse des textes canoniques de ces deux courants et fait état des résistances présentes au sein des féminismes de la francophonie à l’endroit d’une analyse décentrée d’un sujet-femme universel. La deuxième partie aborde le projet politique du féminisme postcolonial et montre comment ce genre d’analyse permet de rendre compte de l’influence des legs coloniaux sur les rapports de pouvoir présents au sein des féminismes de la francophonie.
-
The concept of intersectionality refers to the constructionist approach, which considers gender, class and race as categories of social inequality that cannot be added together but that intersect and construct each other. Social categories construct the social identities that affect what motivates people and how they operate. The question is how multiple identities come together in the context of crime? The paper reports the findings of a qualitative study that explored the concept of intersectionality when analysing crime. The study analysed the court files of Antillean women and girls living in the Netherlands and tried to find an explanation for their crime patterns in their struggle with their identity.
-
Interrogeant la figure de la « féministe rabat-joie », cet article propose d’en explorer la négativité, aussi bien que la capacité d’agir dont elle est la promesse. Il s’agit ainsi, en repositionnant la pensée féministe comme critique de l’injonction au bonheur, de comprendre le sujet féministe en tant que sujet obstiné. L’obstination féministe est alors appréhendée comme le socle incertain d’une politique collective traduisant les émotions individuelles, la douleur ou la colère ressentie face aux injustices. Au-delà, la figure du sujet obstiné permet de saisir la façon dont, au sein des espaces féministes, les femmes noires ont pu être réduites à leur colère et désignées comme cause des divisions engendrées par le racisme. La position de sujet obstiné constituerait ainsi autant un lieu de tensions que de revendications politiques. https://www.saranahmed.com/
-
La dichotomie homme/femme n’est pas évidente. Le « nous » féministe est loin d’aller de soi. Sa définition change en fonction des courants et des idéologies. Lutte contre la domination masculine, le féminisme peut aussi défendre les différentes expressions de genres et de sexualités. En s’interrogeant sur les idées défendues par les différents courants féministes et comment ils s’inscrivent dans le paysage social, l’auteur précise la direction vers laquelle ils doivent s’unir si le féminisme veut rester un mouvement historiquement fécond.
-
Au tournant du siècle, la lutte internationale contre l’homophobie et les controverses autour du mariage gay ont fait irruption dans la sphère publique, mobilisant acteurs associatifs et politiques. Pourtant, ces débats ont leurs points aveugles : les enjeux de race, de classe et les tensions postcoloniales. Du cinéma d’auteur à la pornographie, de la télévision à la photographie, Homo exoticus se penche sur la culture visuelle et la fabrique de l’identité gay française contemporaine. L’ouvrage analyse les discours et représentations qui opposent minorités sexuelles et ethnoraciales à l’aide des outils conceptuels des Cultural Studies et de la théorie queer. Il ouvre la voie à une critique de l’homonormativité, où s’articulent exotisme et discriminations, volonté d’assimilation républicaine et exclusions. Pour rester force de transformation sociale, la culture gay doit peut-être sonder le blanc de ses yeux et quitter les rivages de l’exotisme.
- 1
- 2