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Ce mémoire s’intéresse à la reproduction de la violence dans une perspective à la fois littéraire, sociologique et intersectionnelle. Son objectif est d’analyser les mécanismes de l’exclusion et de la honte comme vecteurs de la dominance dans les œuvres auto(socio)biographiques En finir avec Eddy Bellegueule (2014), Histoire de la violence (2016) et Qui a tué mon père (2018) d’Édouard Louis. Ces textes, lorsqu’analysés dans leur ordre de parution chronologique, donnent à voir le surgissement de la violence non pas comme une donnée naturelle et objective, mais comme le résultat d’une conception culturelle structurante sur laquelle on peut agir : la domination sociale. Aussi bien sur le plan narratif que thématique et formel, le projet littéraire d’Édouard Louis vise à déconstruire le principe de hiérarchisation qui persiste entre les communautés marginalisées, en plus de questionner la (re)production de la violence au sein même de la littérature canonique qui, par définition, ne peut se constituer comme telle qu’en excluant des voix, des identités et des réalités. Ce faisant, l’écrivain appelle à une compréhension des différentes oppressions, à la fois comme distinctes et transversales, ainsi qu’à la révolte des dominé·es face aux agent·es qui perpétuent les structures de pouvoir, qu’elles soient politiques, judiciaires ou culturelles. Ma démonstration se décline en trois chapitres : le premier sert à définir deux concepts de Pierre Bourdieu, qui sont l’habitus de classe et la loi de conservation de la violence. En les arrimant aux travaux de Michel Foucault sur les disciplines et la construction de la norme comme principe d’exclusion, ainsi qu’aux réflexions de Didier Eribon sur l’injure et les verdicts sociaux, je propose que les corps des personnages louisiens sont le lieu premier de l’inscription de la violence. Prenant appui sur l’analyse intersectionnelle, j’observe le croisement entre le corps masculin prolétaire, le corps cisféminin, le corps queer et le corps racisé, puis entre ceux-ci et les lieux où ils sont familiers ou étrangers, exclus ou prisonniers. Dans le deuxième chapitre, à partir d’une compréhension de la dépossession et de la honte comme composantes de la subjectivité minorisée, et en m’inspirant de la pensée développée par Sara Ahmed sur l’idéologie du bonheur, ainsi que par Arlie Russell Hochschild sur le travail émotionnel, je déploie le concept inédit de « fausse agentivité » selon une lecture féministe des représentations féminines dans les récits à l’étude. Le troisième chapitre, avec l’aide des notions bourdieusiennes de mystification, de domination culturelle, de vérité objective et de pratiques oppositionnelles, telles que repensées par Geoffroy de Lagasnerie, s’attarde aux stratégies formelles et énonciatrices mobilisées dans l’écriture d’Édouard Louis comme geste d’extériorisation de la honte, cette colère rentrée. Je m’intéresse au report de cette honte sur les responsables de la violence sociale, et à la transformation de la colère, toujours individuelle, en mouvement collectif : la révolte. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : classes sociales, reproduction de la violence, honte, exclusion, sociologie de la domination, hiérarchie, fausse agentivité, intersectionnalité.
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Cette recherche-création s’intéresse à l’expression artistique des femmes survivantes d’agression.s sexuelle.s (A.S.) sur leur vécu traumatique. Ancrée dans une démarche d’arts communautaires, cette étude a pour objectifs principaux l’accessibilité et l’appropriation de certains médiums artistiques par le groupe de femmes victimes d’A.S. participantes, s’affirmant ici comme des femmes créatrices. Pour répondre à cette envie, j’ai mis en place un processus de création en collectif d’environ trois mois, constitué d’ateliers de théâtre, d’écriture et d’arts visuels à destination de huit femmes membres du Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel Trêve Pour Elles (CALACS TPE). Ces ateliers ont abouti à la présentation publique d’une installation immersive et participative intitulée « Libère ta parole. Crier avec l’art ». Cette dernière, grâce à sa forme interactive, aura permis aux spectateur.rice.s d’expérimenter la position d’allié.e, en lien avec le sujet. Ces dix ateliers de création ont été l’occasion de mélanger les théories et les méthodologies des arts communautaires avec celles de l’intervention féministe intersectionnelle. J’ai alors procédé à une étude qualitative s’appuyant sur l’observation active et sur trois questionnaires diffusés aux femmes à différents moments du projet. Ma démarche a naturellement été inspirée par des pratiques artistiques et des pratiques sociales qui placent au coeur de leurs approches les personnes directement concernées par le sujet, soit les femmes survivantes d’A.S. dans mon cas. J’ai par conséquent dialogué avec des artistes tel.le.s qu’Augusto Boal et son théâtre de l’Opprimé, l’autrice Sonia Chiambretto concernant son rapport à l’écriture spontanée et le plasticien Alain Alberganti au sujet de sa vision de l’installation. Je me suis également intéressée à l’intervention féministe telle qu’explicitée par Francine Ouellet afin de traiter les participantes comme des collaboratrices en action, qui parviennent à s’approprier les moyens d’expression explorés ici. Ce processus de création a été l’occasion pour elles de voir et de porter autrement leur vécu d’A.S., souvent avec plus de légèreté. Il a également été facteur d’’empouvoirement, de reprise de confiance en elles et d’une meilleure connaissance de leurs capacités personnelles. Ces acquis ont permis aux participantes de s’affirmer et d’asseoir leur légitimité à parler artistiquement de leurs vécus d’A.S. dans l’espace public et ce, afin d’aspirer à certains changements sociaux. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agression.s sexuelle.s, processus de création, arts communautaires, féminisme intersectionnel
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Ce mémoire a pour but d'examiner l'éventuel impact qu'a eu la quatrième vague du féminisme sur la situation des femmes dans le champ littéraire. Dans sa première partie de contextualisation, il trace les contours d'une histoire littéraire au féminin marquée par l'invisibilisation, l'exclusion et la marginalisation. Dans sa seconde partie, il fait état d'une série de transformations ayant récemment agité le monde de l'édition depuis la déferlante #MeToo, la plus notable étant l'essor inédit pris par l'édition d'ouvrages de non-fiction féministes, une pratique qui témoigne tantôt de l'engagement profond d'une série de nouvelles maisons d'édition indépendantes, tantôt de la pratique du "feminism washing" par les grandes maisons généralistes. La troisième et ultime partie vise à répondre à la question suivante : les inégalités de genre, de quelque nature qu'elles soient, affectent-elles autant le champ littéraire depuis #MeToo? Y seront abordées les questions du plafond de verre, des inégalités salariales, du capital symbolique accordé aux autrices et du harcèlement sexuel au sein du milieu littéraire.
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Organisé par l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique et le Centre des musiciens du monde, le colloque Femmes musiciennes du monde visait à explorer les parcours professionnels de musiciennes migrantes. Des conférences et tables rondes ont fait intervenir des chercheuses en sociologie, anthropologie, musicologie et ethnomusicologie ainsi que des musiciennes ayant immigré à Montréal. De la combinaison de ces savoirs scientifique et expérientiel s’est dégagée une série de difficultés et défis récurrents pour les femmes en musique : invisibilisation du travail, différenciations et discriminations genrées dans un milieu majoritairement masculin, enjeux liés au corps féminin ainsi qu’à la mobilité géographique. Or, il s’est aussi affirmé des spécificités d’expériences, de profils et de stratégies selon les parcours migratoires. Cette note de terrain synthétise les principaux constats, mais aussi les limites des discussions de ce colloque avant d’identifier quelques-uns des nombreux efforts qu’il reste à déployer pour mieux comprendre les réalités de telles artistes.
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En mars 2019, Stéphanie Vallet a publié un article dans La Presse portant sur la sous-représentativité des artistes féminines dans le palmarès Billboard « Canadian Hot 100 ». Les résultats de son étude démontrent une forte décroissance de la présence des femmes dans l’industrie musicale canadienne — un écosystème dans lequel les ondes radio continuent de jouer un rôle important quant à la découvrabilité et à la professionalisation des artistes. Cependant, au-delà des questions de genre abordées par Vallet, les enjeux liés à la représentativité des artistes issu·es de la diversité ethnoculturelle et linguistique à la radio doivent également être soulevés. Les théories de « social remembering » (Misztal 2003 ; Strong 2011) offrent un cadre critique pour se pencher sur les « Big Data » compilées par des industries où les femmes et les artistes racisé·es semblent systématiquement désavantagé·es. Dans le but d’entamer le portrait de la représentativité sur les ondes de la radio commerciale au Québec, cet article aborde la représentativité des artistes minorisé·es sur les ondes de CKOI-FM (96.9) de Montréal. CKOI-FM a été choisie non seulement parce qu’il s’agit d’une station francophone « top 40 » (diffusant tous les genres musicaux), mais aussi parce qu’entre 2015 et 2017 elle utilisait le slogan « Changeons le monde un hit à la fois » (Girard 2017) — un message à fortes résonances avec les slogans militants visant la justice sociale. Ce projet offre donc l’occasion d’investiguer la validité des déclarations faites par une radio qui se vante de « changer le monde ». En adoptant une approche féministe intersectionnelle à l’analyse des données appelée « data feminism » (d’après D’Ignazio et Klein 2020), cette étude évaluera les différents taux de représentativité à CKOI-FM parmi les 100 chansons les plus jouées chaque année entre 2010 et 2020 afin de considérer le rôle que jouent les ondes radio dans la formation de la culture musicale populaire au Québec et, par extension, de la mémoire sociale.
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Dans ce projet, j’ai visé à (1) recenser les stratégies visuelles employées dans les campagnes de sensibilisation à la violence conjugale produites au Québec et à (2) établir les liens que ces stratégies entretiennent avec l'engagement féministe pris par le Gouvernement dans son Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugale de 1995. Dans un premier temps, à travers une étude visuelle multidisciplinaire, ancrée entre autres dans la rhétorique de l’image de Barthes (1964), mais aussi dans les théories du langage cinématographique (Edgar-Hunt, Rawle et Marland, 2011) et de l’art hypermédiatique (Lalonde, 2012), j’ai été amenée à constater la récurrence de stratégies visuelles visant à susciter des émotions fortes, comme la surprise, le choc, la colère ou la peur. Dans un deuxième temps, tout comme plusieurs auteur.trices de ma revue de littérature (West, 2013, Neal, 2015, Gabler, 2016, Goehring et al., 2017, Magaraggia et Cherubini, 2017, Wolf, 2018), j’ai remis en question la pertinence de ces stratégies dans le cadre d’une approche féministe de la violence conjugale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur mon cadre théorique : les principes d’intervention féministes en violence conjugale. Il s’est dès lors avéré que beaucoup des images recensées contredisaient ces principes. Elles tendaient à retirer de l’agentivité aux victimes, à les revictimiser ou même à les culpabiliser. Je postule que cet état des lieux peut s’expliquer par le contexte sociopolitique et économique québécois des trente dernières années, contexte où les perspectives féministes n’ont jamais cessé d’être remises en question (Dupuis-Déri et Blais, 2015, Dupuis-Déri et Lamoureux, 2015) et où le néolibéralisme a mené à l’individualisation des problématiques sociales – entre autres (Flynn et al., 2018). Bien que ma recherche comporte ses limites, notamment car mon corpus exclut les nombreuses initiatives locales qui ont été créées, elle offre les bases d’un questionnement pertinent sur l’éthique de la fabrique des images de sensibilisation à la violence conjugale. Dans un travail ultérieur, la recherche pourrait comparer les initiatives gouvernementales aux initiatives locales, ou les initiatives du Gouvernement québécois aux initiatives d’autres gouvernements, comme celui d’Australie (campagne Respect). Il serait aussi pertinent de se questionner sur la place de ces images de sensibilisation dans un paysage médiatique et visuel où le sexisme ordinaire et les propos réactionnaires pullulent encore, malgré les avancées des dernières décennies (Cordelier et al., 2015, Lacasse et Charron, 2017). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : image publicitaire; campagnes de sensibilisation; violence conjugale; images de la violence conjugale; lecture féministe de la violence conjugale; critique féministe de l’image; féminismes au Québec; antiféminismes au Québec.
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Cet article est un texte réflexif sur mon recours à une écriture auto-ethnographique dans ma recherche doctorale à propos de la migration arabe queer. En tant que chercheure arabe queer migrante, je puise dans la notion de positionnement, qui permet de considérer les expériences des groupes minorisés et racialisés comme une source pertinente de savoir. Inspirée de la tradition auto-ethnographique, je procède en incluant des fragments de récit de soi tirés de mes propres échanges de la vie, pour ainsi problématiser les identifications arabe et queer composant mon positionnement.
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Un article de la revue Études littéraires africaines, diffusée par la plateforme Érudit.
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Performing Auto/biography: Narrating a Life as Activismanalyzes the rhetorical strategies employed in five authors' auto/biographical texts, examining their representations of identities and the public implications of writing individual identity. Exploring the ways race, class, culture, ethnicity, gender, and sexuality might affect the form(s) in which writers choose to write (e.g., memoir, fictional autobiography, poetry), questions how autobiographers challenge notions of genre, truth, and representation. This builds on the argument that constructing identity is a Performing Autobiography performance, one that can simultaneously use and subvert traditional notions of rhetoric and genre. By examining the auto/biographical texts of Zora Neale Hurston, Audre Lorde, Dorothy Allison, Joyce Johnson, and Shirley Geok-lin Lim together, the book theorizes self-representation and genres as rhetorical performances, and therefore their texts can be seen as "performative auto/biography"--transgressive archives where readers are asked to consider their own identities and act accordingly. In doing so, this book contributes to growing theories in feminist rhetorics and auto/biography studies, arguing that these performative genres advocate for life narratives as political and social activism.
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Ce livre est l'histoire de douze textes survivants, rescapés, qui, faute de ressources, auraient pu ne jamais voir le jour. Traversés par le thème de la pauvreté, ces récits troublent le rapport à la famille, à l'éducation, au corps, à la mode, à la nourriture, à la mémoire, à la dette ; les voix, éloquentes et poignantes, s'y font écho autant qu'elles adressent les silences qui persistent.
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Comment le fait d’être métis égypto-québécois·e influe-t-il sur ma manière de composer, d’écrire, de dessiner ? Et le fait d’être queer, neurodivergent·e, pauvre, ou encore d’avoir souffert de troubles de santé mentale ? Autrement formulé : comment, à partir d’une posture intersectionnelle, peut-on s’inscrire dans un cadre artistique donné et communiquer nos codes à un public qui ne les possède majoritairement pas ? Comment parler de ma voix propre, particulièrement minoritaire, afin d’éviter que d’autres s’approprient ma réalité ? Voilà les questions principales qui sont abordés dans cet article où je présente mon travail où partitions graphiques, poésie et arts visuels ont constitué le socle de ma démarche artistique au fil de plus d’une décennie de création. Pour y répondre, j’aborderai certains concepts-clés (intersectionnalité, tiers-espace, etc.) centraux dans ma réflexion, deux projets qui adressent de front ces questions et réalités, et, surtout, de nombreuses digressions proposant des bribes d’imaginaires les sous-tendant. Les projets abordés sont d’abord mon premier opéra, Le Désert mauve, d’après un texte éponyme de Nicole Brossard — chef-d’oeuvre des littératures lesbiennes, queers et québécoises. Puis le spectacle L’Outre-rêve et plus spécifiquement ma pièce L’amour des oiseaux moches, commande de l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), où mes mots, ma musique et mes visuels donnent vie à quatre personnages imbus de réalisme magique (Djinn, Louve, Vieux Clown et Eunuque que j’aime) par l’entremise de pièces pour voix, scie musicale, accordéon et orchestre.
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Cet article porte sur le processus de création du premier Sarau das Minas Montréal : une soirée de sororité artistique qui s’est déroulée le 8 mars 2020. Il s’agit d’un événement artistique conçu, dirigé et réalisé par une équipe de femmes, immigrantes et allophones. Cet événement est ancré, d’une part, dans une démarche féministe empirique inductive visant la construction d’une scène sûre pour des artistes femmes immigrantes et allophones. D’autre part, il s’inspire de l’analyse préliminaire des données de ma recherche de doctorat sur les musicien·nes immigrant·es oeuvrant sur le marché de la « musique du monde » à Montréal. La construction d’une scène sûre pour ces femmes implique l’aménagement d’un espace dans lequel elles sont avant tout reconnues et appréciées en tant qu’artistes. En outre, l’analyse des données recueillies montre que le fait d’être à la fois artiste, femme, immigrante et allophone s’impose comme un quadruple défi. En s’inspirant de la notion d’« espace sûr », ce projet événementiel cherchait des réponses pragmatiques à deux problèmes vécus par les artistes femmes immigrantes allophones : leur sous-représentation dans le milieu artistique professionnel québécois et la langue en tant qu’obstacle à leur l’inclusion. Le Sarau résulte ainsi du travail collectif et de la volonté d’un groupe de femmes artistes, immigrantes et allophones entreprenant une démarche d’émancipation vis-à-vis leur propre invisibilité.
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L’ouvrage de Joan Morgan, When Chicken Heads Come Home to Roost (1999), a fait date dans la réflexion sur le hip-hop d’un point de vue féministe, au point de cristalliser autour de lui les promesses et paradoxes propres à l’expression de « féminisme hip-hop ». En adoptant un double point de vue à la fois rétrospectif et spéculatif, cet article vise à replacer l’ouvrage de Morgan dans son contexte de parution tout en s’interrogeant sur les portes qu’il nous ouvre pour une réflexion ultérieure. L’émergence ici d’une voix présentée comme générationnelle, qui poursuit tout en les reformulant les revendications des « mères » africaines américaines des seventies, mérite d’être analysée dans sa spécificité états-unienne ; mais nous voyons aussi ce que nous pouvons tirer d’une lecture plus exploratoire de cet essai, ce qui nous mène à envisager avec Morgan le rôle possible de la culture dite « urbaine » comme contrepoint heuristique salvateur à la partialité élitiste qui menace le champ intellectuel.
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This article investigates how naturalized models of hegemonic masculinity affect race and sexuality in the James Bond film series. Through close analysis of film dialogue and paralinguistic cues, the article examines how the sexualities of East Asian female and male characters are constructed as oversexed and undersexed, respectively. The analysis therefore affirms Connell's (1995) conception of white heterosexual masculinity as exemplary: East Asian characters are positioned not only as racial Others, but as bodies upon which Bond's heterosexual masculinity is reflected and affirmed as normative and, by extension, ideal. In this way, race is curiously invoked to ‘explain’ sexuality, and Bond's unmarked white masculinity becomes the normative referent for expressions of heterosexual desire. By showing how the sexuality of East Asian characters is typecast as non-normative, the article gestures toward the possibility of theorizing racialized performances of heterosexuality as queer.
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Cet article propose d’observer, dans deux fictions québécoises, la représentation des personnages d’origine latine, particulièrement celle de la jeune fille latino-américaine, car cette dernière — trop peu étudiée — se situe au confluent des rapports de genre et de race, lesquels divisent particulièrement, avec les rapports de classe, l’ensemble du continent. À travers l’analyse de Soudain le Minotaure (2002) de Marie-Hélène Poitras, et de Quelque part en Amérique (2012) d’Alain Beaulieu, je cherche à évaluer si ces figures sont empreintes de préjugés et correspondent à certains mythes historiquement associés à la représentation de la « señorita ».
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Cet article propose une étude comparée entre les derniers romans de Léonora Miano (Crépuscule du Tourment, deux tomes) et ceux de Virginie Despentes (Vernon Subutex, trois tomes), oeuvres qui se rejoignent dans le « dérangement » des normes, tant sociales que littéraires – notamment romanesques – qu’elles instaurent. La représentation de la masculinité dans ces oeuvres en est un exemple, d’autant plus qu’elle croise tour à tour la question de la classe et celle de la race. Il s’agira de montrer comment, en puisant dans les marges, tant esthétiques que culturelles, ces fictions proposent des alternatives à ces formes de conditions multiples et comment elles instituent finalement des espaces d’émancipation pour les personnages, leurs auteures et plus globalement pour les instances de réception.
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Les deux romans Blues pour Élise de Léonora Miano et Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie mettent en scène des personnages qui déjouent les représentations monolithiques et/ou stéréotypées, à la fois des femmes noires et des rôles traditionnels de genre. Pour ce faire, les écrivaines privilégient un genre hybride qui brouille les frontières entre le littéraire et la culture populaire et où se côtoient librement le roman d’amour, la partition de blues, le blog, la nouvelle et la série télévisée. Cet article se propose d’étudier comment les écrivaines critiquent les modèles dominants en matière d’identité et défient le système traditionnel de catégorisation des genres (littéraires et sexuels).
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Cette dissertation se penche sur les interactions entre le jazz, l'identité, la nation et la modernité durant le soi-disant âge d'or du jazz à Montréal (1925-1955). À la croisée de la musicologie, des études de la condition féminine (études féministes noires et méthodes de recherche féministes en particulier), des études des médias et des études culturelles, je propose une réécriture critique de l'histoire du jazz montréalais, attentive au rôle que les femmes racisées et ethnicisées ont joué dans le développement de la scène jazz, et plus largement dans la formation des identités, des plaisirs, et des sons de la modernité québécoise. Le statut particulier de Montréal comme ville-spectacle en fait un riche laboratoire pour étudier les relations de collaboration créative entre les artistes (musiciens.ennes, chanteurs.euses, danseurs.euses) actifs sur le circuit du spectacle de variété noir du début du XXe siècle. Cette recherche met également en lumière la relation discursive qu'entretiennent le jazz et le vice dans l'entre-deux-guerres québécois, en particulier quant à l'incarnation sexuée et racisée de la moralité. Finalement, cette dissertation présente la première écoute critique ainsi que les premières notes biographiques détaillées d'artistes féminines de jazz montréalaises telles que les pianistes Vera Guilaroff et Ilene Bourne, des ensembles féminins comme les Sœurs Spencer et le Montreal Melody Girls Orchestra, des danseuses et chanteuses de variété noires telles que Tina Baines Brereton, Bernice Jordan Whims, Mary Brown, Natalie Ramirez, et Marie-Claire Germain, ainsi que l'enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney et les enseignantes de danse Ethel Bruneau et Olga Spencer Foderingham.
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Ce numéro s’intéresse aux rapports singuliers entre l’art et les féminismes. En tenant compte de la multiplicité des subjectivités et de l’hétérogénéité des femmes, il s’agit de faire connaitre comment les multiples pratiques et les théories sur l’art participent à déconstruire les oppressions et les limites liées au genre. On présente une sélection de pratiques féminines et féministes, militantes ou non, issues d’approches et de communautés diverses. Les différentes revendications, prises de position et affirmations témoignent de la diversité des artistes : subversion, soulèvement protestataire, remise en question des archétypes de genre et d’hétéronormativité, approche féministe postcoloniale, résurgence des pratiques ancestrales, représentation de soi, utilisation consciente et assumée de la séduction sont autant de manières de dire, encore, la nécessité des féminismes.