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Dans cet article, nous proposons de poser les balises d’une approche interculturelle dite critique qui dépasserait les concepts clés de l’approche interculturelle, à savoir la culture et les compétences interculturelles (Cohen-Emerique et Rothberg, 2015; Legault, 2000). Au-delà de la considération des aspects communicationnels et subjectifs de l’interaction entre les cultures et les identités, il s’agit pour nous d’identifier, de reconnaître et d’intégrer les inégalités structurelles, les tensions contemporaines et le « nano-racisme » (Mbembe, 2016), c’est-à-dire celui qui se manifeste au quotidien à travers des interactions sociales. En d’autres mots, au-delà d’une approche interculturelle subjectiviste et interactionniste, nous proposons essentiellement de considérer de façon systémique le racisme pour promouvoir une approche interculturelle critique
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Ce projet porte sur les liens entre les pratiques artistiques et le changement social dans la lutte contre le racisme. Il a pour but d’étudier la réception de la fresque La vie des Noir·e·s compte, réalisée sous la direction de Never Was Average, et implique de porter attention non seulement sur l’oeuvre et l’appréciation de celle-ci, mais aussi sur les modalités de sa production au Québec et à Montréal, en particulier. Les objectifs poursuivis sont les suivants : (1) recueillir et documenter le point de vue de celles et ceux qui ont vu la fresque ; (2) identifier les réflexions et les actions par rapport au racisme anti-Noir·e·s ; (3) outiller les milieux artistiques et militants noirs ; (4) contribuer à la recherche sur/de la race en travail social féministe. Théoriquement, la recherche s’ancre dans trois axes d’analyse, à savoir : les féminismes noirs, la théorie critique de la race (Critical Race Theory), et les Cultural Studies. J’adopte également la notion d’intersectionnalité pour appréhender la subjectivité des participant·e·s (genre, race, classe, etc.) et les processus qui les sous-tendent. L’épistémologie féministe et la méthodologie qualitative interprétative critique permettent une démarche exploratoire, féministe et engagée. Un focus groups a réuni cinq personnes qui ont discuté l’appréciation de la fresque, la compréhension du message, et les réflexions générées chez elles par la fresque. L’analyse des données de l’entrevue par catégories conceptualisantes mène vers la théorisation enracinée des retombées de la fresque en lien avec la lutte au racisme anti-Noir·e·s. Le détail des résultats contribue à offrir une vision complexifiée du médium artistique, entre autres, dans une perspective de résistance, mais aussi de la langue et de la politisation des vies noires. Le poids de la langue, ici la langue française, révèle, une diversité d’enjeux allant des représentations culturelles qui circulent en société aux dynamiques sociopoliques qui marginalisent les personnes Noires. La manipulation politique perçue par les participantes entourant l’oeuvre évoque des sentiments de déception et la perte de confiance à l’égard des pouvoirs politiques. La discussion critique de ces éléments met en lumière des espaces où se joue la racialisation et les rapports de pouvoir dans le contexte québécois. En conclusion, des pistes de réflexion pour la recherche critique de la race en travail social, ainsi que des suggestions pour la pratique sont proposées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : arts, artivisme, réception, travail social, travail social féministe critique, race, racisme, Montréal, féminismes, féminismes noirs, Québec.
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« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ». Cette recherche part du postulat que l'identité des mangeurs peut se lire à travers ce qu'ils ingèrent, comment ils l'ingèrent et pourquoi ils l'ingèrent. En d'autres termes, les alimentations permettent aux hommes et aux femmes du Moyen-Âge d'afficher leur appartenance à un groupe social, voire à un genre, à travers des éléments de distinction. L’étude de ces derniers dans le cadre de l’alimentation permettant alors, dans un mouvement inverse, de révéler les systèmes hiérarchiques qui prévalent à cette époque. Cette analyse vise donc à aiguiser notre regard sur les sociétés médiévales du XIIe au XIVe siècle à travers les alimentations de l'Occident chrétien et de l'Andalousie musulmane au prisme du genre. Il s'agit ainsi de s'inscrire dans le sillage des historiens du genre et de l'alimentation en questionnant le genre des aliments, l'identité des mangeurs et plus généralement les rapports de sociaux de sexe qui s'articulent autour du fait alimentaire. De ces interrogations découle la problématique suivante : dans quelle mesure le fait alimentaire constitue-t-il un vecteur de différenciation des sexes à l'époque médiévale en Occident chrétien et en Andalousie musulmane? Plusieurs sources ont été défrichées pour mener à bien cette analyse. Pour le volet diététique, les traités de Hildegarde (XIIe siècle) et de Ibn Halsun (XIIIe) ont fait l’objet d’une analyse lexicométrique, articulée pour l’essentiel autour de la notion de genre et qui a permis de mettre en lumière la prévalence de la théorie des humeurs dans les représentations de genre des savants médiévaux musulmans et chrétiens. À cette analyse discursive, s’est ajoutée une étude des pratiques qui entourent les boissons et les aliments et les cadres socio-culturels de leur consommation. Des sources juridiques et littéraires, autant que des documents iconographiques ont constitué un levier de connaissance substantiel qui a permis d’évaluer, dans une perspective intersectionnelle, la prégnance des critères sociaux de classe sur la commensalité féminine en Europe chrétienne comme en Andalousie musulmane. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Moyen-âge; femmes; genre; alimentation; Occident; islam; christianisme
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Organizational sociologists argue that informal and formal rules within workplaces function to increase employee productivity and effectiveness, but can also have negative emotional consequences. Feeling rules, which are the emotional norms that regulate interpersonal interactions within the workplace are not applied equally; white women and professionals of color are expected to display deference in the face of emotionally-charged experiences at work, while their counterparts are given more flexibility in how they could display anger or annoyance. Scholars note that feeling rules work to reproduce extant gendered and racial hierarchies when expectations regarding worker productivity, effectiveness and outcomes are restricted on the basis of social identities. Analyzing sixteen semi-structured interviews with LGBTQ Center staff, we demonstrate the feeling rules are organized around employees’ ability to (1) (re)produce trauma in themselves during training sessions and (2) minimize students’ and their own anger throughout the workday. © 2021 Taylor & Francis Group, LLC.
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Ferdulis Zita Odome Angone, enseignante chercheure à l’UCAD au Sénégal et autrice du livre « Femmes noires francophones: Une réflexion sur le patriarcat et le racisme aux XX-XXIe siècles » était présente dans le cours FEM-7000-31, le 12 octobre 2022, afin d’échanger avec les personnes étudiantes et le public.
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« Les femmes noires qui aiment les femmes : résistance aux rapports de pouvoir enchevêtrés » aborde les questions de survie d’un point de vue queer et diasporique. Cette thèse soutient que les pratiques et positionnements au quotidien des participantes se situent dans les failles d’un système qui criminalise l’existence même des personnes noir.e.s. L’analyse des conditions de vie de ces femmes permet de mieux comprendre le panorama complexe des systèmes de pouvoir à l’intersection des rapports de classe, de genre, de race et de l’hétéropatriarcat. Elle permet également de reconnaitre leur capacité à créer un espace alternatif, un univers des possibles qui s’oppose aux catégories normatives et hégémoniques. Les réalités des participantes génèrent donc des points de départ où l’altérité devient outil de pensée critique, moyen de résistance et fondement d’un futur substantiellement différent infusé par l’espoir de l’amélioration. Cette recherche se base sur l’autoethnographie, une ethnographie de la participation et des entretiens semi-dirigés de 22 personnes qui s’identifient comme femmes, noires et ayant des rapports sexo-affectifs avec d’autres femmes. Cette thèse porte donc sur le désir et s’appuie sur de multiples apports, majoritairement de théoriciennes racisées, qu’elles soient issues du milieu académique ou fassent partie de mon cercle privé. Elle est formée par de puissants récits, mais également par des silences tout aussi évocateurs, par une attention accrue au domaine du micro et à la description, par une autoethnographie de la participation et par la volonté de dépeindre sur quelques pages ne serait-ce qu’un extrait de la flamboyance de ces femmes.
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Lieu commun dans les sciences sociales et dans certains cercles militants, féministes et antiracistes en particulier, la notion d’intersectionnalité alimente dernièrement l’une des grandes paniques morales dont notre époque est coutumière : elle serait synonyme de « communautarisme », de « séparatisme ». Ce n’est absolument pas le cas, comme le montre ce livre riche, synthétique et vivant, qui a pour ambition d’introduire le concept auprès d’un large lectorat. Il s’agit d’un outil d’analyse des situations de tort, généralement constituées d’oppressions imbriquées. L’analyse intersectionnelle ne consiste pas à plaquer des notions génériques (la triade « race, classe, genre ») sur des faits, mais à développer une perception fine et située du caractère relationnel des oppressions. L’intersectionnalité est en outre une pratique critique ayant la justice sociale pour horizon. En ce sens, elle ne se réduit pas au champ académique, loin de là. Les autrices font commencer son histoire dans les années 1960-1970, avec les pratiques intellectuelles et politiques de femmes non blanches et, plus spécifiquement encore, avec le féminisme noir et chicano de cette période. Puis elles expliquent comment cette approche s’est institutionnalisée et mondialisée à partir de la fin des années 1980. La pédagogie critique inspirée de Paulo Freire constitue un autre axe généalogique, plus inattendu, développé dans l’ouvrage. Ni communautariste, ni individualiste, ni victimaire, l’approche intersectionnelle souligne donc le caractère social et concret des identités, individuelles comme collectives, dans une perspective émancipatrice.
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La présente recherche vise à pallier le manque de données sur la stérilisation imposée de femmes des Premières Nations et Inuit au Québec. Il s’agit d’une occasion unique pour les femmes des Premières Nations et Inuit au Québec de faire connaître leur histoire et de témoigner dans un cadre respectueux des principes de recherche avec les peuples autochtones (Asselin et Basile, 2012). À notre connaissance, aucune étude n’a encore été menée sur le sujet au Québec, si bien que ce projet semble tout à fait inédit et permet de répondre à un réel besoin de faire avancer la recherche sur cette problématique. Dans cette intention, la recherche sur la stérilisation imposée des femmes des Premières Nations et Inuit permet de mettre en lumière les enjeux sous-jacents de cette problématique. Ainsi, la notion de consentement libre et éclairé est au coeur de la recherche, tout comme l’étude du racisme et de la discrimination systémique vécue par les femmes autochtones au sein du système de santé.
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Ce mémoire a pour but d'examiner l'éventuel impact qu'a eu la quatrième vague du féminisme sur la situation des femmes dans le champ littéraire. Dans sa première partie de contextualisation, il trace les contours d'une histoire littéraire au féminin marquée par l'invisibilisation, l'exclusion et la marginalisation. Dans sa seconde partie, il fait état d'une série de transformations ayant récemment agité le monde de l'édition depuis la déferlante #MeToo, la plus notable étant l'essor inédit pris par l'édition d'ouvrages de non-fiction féministes, une pratique qui témoigne tantôt de l'engagement profond d'une série de nouvelles maisons d'édition indépendantes, tantôt de la pratique du "feminism washing" par les grandes maisons généralistes. La troisième et ultime partie vise à répondre à la question suivante : les inégalités de genre, de quelque nature qu'elles soient, affectent-elles autant le champ littéraire depuis #MeToo? Y seront abordées les questions du plafond de verre, des inégalités salariales, du capital symbolique accordé aux autrices et du harcèlement sexuel au sein du milieu littéraire.
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Organisé par l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique et le Centre des musiciens du monde, le colloque Femmes musiciennes du monde visait à explorer les parcours professionnels de musiciennes migrantes. Des conférences et tables rondes ont fait intervenir des chercheuses en sociologie, anthropologie, musicologie et ethnomusicologie ainsi que des musiciennes ayant immigré à Montréal. De la combinaison de ces savoirs scientifique et expérientiel s’est dégagée une série de difficultés et défis récurrents pour les femmes en musique : invisibilisation du travail, différenciations et discriminations genrées dans un milieu majoritairement masculin, enjeux liés au corps féminin ainsi qu’à la mobilité géographique. Or, il s’est aussi affirmé des spécificités d’expériences, de profils et de stratégies selon les parcours migratoires. Cette note de terrain synthétise les principaux constats, mais aussi les limites des discussions de ce colloque avant d’identifier quelques-uns des nombreux efforts qu’il reste à déployer pour mieux comprendre les réalités de telles artistes.
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''Le privilège de dénoncer cherche à savoir pourquoi les femmes et les filles noires sont largement absentes du débat public lorsqu'il est question de violences sexuelles. Kharoll-Ann Souffrant explore sans détour les raisons historiques de ce constat à partir d'exemples tirés du Québec, de la France et des États-Unis. Entre les impacts actuels de la colonisation et de l'esclavage, les stéréotypes liés à la sexualité des Noir·es ainsi que les failles du système de justice criminelle, l'autrice assemble les pièces du casse-tête pour révéler les dynamiques à l'œuvre derrière la marginalisation des femmes afrodescendantes. La parole des survivantes noires serait-elle doublement invisibilisée, tant par les institutions patriarcales que par un certain féminisme blanc et libéral qui aurait accaparé le mouvement #MeToo? Une invitation à élargir sans délai notre compréhension des violences sexuelles et racistes, et ce, pour le bénéfice de l'ensemble de la société. «Dans un Québec qui – comme tant de sociétés – s'élance encore d'un pas hésitant lorsqu'il s'agit de confronter le racisme systémique, la parole de Kharoll-Ann Souffrant est précieuse. Elle est une femme noire dont les racines se trouvent sur la terre où s'est érigée la première république noire au monde, à Haïti, née d'une révolution victorieuse contre la France coloniale, contre l'oppression esclavagiste. Aujourd'hui Kharoll-Ann Souffrant pose sa plume telle la digne héritière de celles et ceux qui se sont dressé·es il y a plus de deux cents ans. Avec verve, elle décrypte ce racisme conçu pour écraser ses aïeux, dont les résidus persistent à obstruer les regards qui se posent sur elle.» ''-- Site de l'éditeur.
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Le mouvement Femen est un groupe féministe international qui manifeste seins nus. Au Québec comme un peu partout dans le monde, les Femen attirent l’attention des médias. Le discours médiatique entourant ce mouvement constitue donc un objet d’étude intéressant afin d’explorer la question plus large du rapport au corps et à la sexualité des femmes. Dans le cadre de ce projet, une analyse critique de discours a été menée sur 214 textes issus de cinq groupes de quotidiens québécois francophones. Alors qu’on tend à penser que l’égalité entre les sexes est atteinte au Québec, le discours médiatique québécois entourant le mouvement Femen révèle que le corps, la nudité et la sexualité des femmes font l’objet d’un contrôle social en plus d’un regard patriarcal, colonialiste et hétéronormé. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femen, agentivité sexuelle, slut-shaming, discours médiatique, féminisme, corps, nudité
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This article addresses overnight guest hosting, which is a widespread solidarity practice among rural-to-urban migrants in Turkey. The fieldwork, based on in-depth interviews with 28 first-generation migrant women, reveals that it was mostly the young migrant women who shouldered hosting tasks as gendered unpaid work, which deepen their time poverty and reinforce their dependence on family. The analysis highlights the links between intersectional disadvantages of young migrant women and poverty, the failure of the welfare state to provide social assistance for migrants, and the familialist character of social policy during the peak years of migration. © 2022 The Author(s). Published by Oxford University Press.
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Les réalités entourant le statut de la demande d’asile au Québec sont encore très peu connues de la population québécoise, et les spécificités des femmes demandeuses d’asiles le sont encore moins. Cette recherche est à la fois d’actualité et d’avant-garde face à la carence de connaissances entourant la population des femmes demandeuses d’asile. Elle prône une documentation des expériences de ces femmes, tout en reconnaissant leurs savoirs comme des savoirs légitimes, valides et porteurs de connaissances pouvant améliorer ce processus politique et ainsi améliorer leurs conditions de vie. La question de recherche cible les expériences du processus d’asile canadien des femmes ayant immigré à Montréal. Grâce à une lunette analytique intersectionnelle et conceptualisant les savoirs expérientiels, les expériences de ces femmes sont appréhendées dans leur complexité et dans leur globalité. La dimension complexe est essentielle afin de ne pas tendre vers une homogénéisation de l’identité de « femme demandeuse d’asile » mais bien d’écouter et d’entendre la pluralité des voix et des expériences, et d’ainsi conjuguer la singularité et la collectivisation des expériences des femmes. La recherche s’ancre dans une méthodologie qualitative ainsi que dans une perspective féministe de recherche afin de rendre compte de l’objectif principal de la recherche, soit de documenter et re.connaître les expériences des femmes sur le processus d’asile canadien. Six entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés, à la suite de quoi les six femmes ont été invitées à participer à un groupe focus, auquel trois d’entre elles ont participé. Il a joué le rôle d’espace dialogique participant à la valorisation des femmes comme expertes de leur vécu et d’espace sécuritaire pour les femmes afin qu’elles valident ou invalident les premiers thèmes émanant de l’analyse préliminaire, le tout dans un principe féministe visant à laisser place aux premières concernées et de se situer dans une posture d’apprenante comme chercheuse. Les résultats sont présentés sous forme de six récits contenant de nombreux extraits d’entretiens et reconstruits systématiquement à l’aide de sept thèmes. Les six récits présentent ainsi un premier niveau d’analyse qui est ensuite approfondi dans la discussion sur les thèmes prédominants dans les entretiens et validés dans le groupe focus. Cette recherche prône alors des recommandations en se basant sur les connaissances produites par les femmes lors des collectes de données et permet de mettre en lumière les failles de ce processus institutionnalisé et de le remettre en question relativement aux enjeux discriminatoires envers les femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : demande d’asile, demandeuses d’asile, femmes, expériences, intersectionnalité, savoir expérientiel, féminisme, discriminations, injustices, Canada, Québec.
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Les rapports sociaux de race, de genre, de sexe sont inextricablement mêlés : telle est une idée centrale du féminisme décolonial tel qu’il se déploie depuis Abya Yala, du nom que le peuple kuna donnait au continent américain. L’article situe l’importance de renommer les femmes et féministes d’origine autochtone, une manière de défaire les discours coloniaux (parfois tenus par des universitaires féministes) sur les pratiques de genre avant la colonialité/modernité. Ochy Curiel illustre cette idée à partir de l’expérience du GLEFAS (Groupe latino-américain de formation et d’action féministe) : le décolonial n’y est pas seulement une critique du savoir académique, il est profondément ancré dans des pratiques autogestionnaires de luttes anticapitalistes, dans le lesbianisme politique, dans la rue, dans les associations, dans les organisations communautaires.
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Cet article examine l’histoire de vie de sept immigrants ou immigrantes LGBTQ, originaires du Nord et du Sud global, qui habitent à Montréal. Les recherches sur l’immigration ont longtemps été réalisées selon un cadrage hétéronormatif, ce qui met à l’écart toute une série de questions relatives à l’impact de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre non normative sur l’expérience migratoire. Les sociétés imposent des contraintes distinctes vis-à-vis des personnes LGBTQ. Une fois installées dans la société d’accueil, ces sujets peuvent expérimenter plus de possibilités sur le plan sexuel ; néanmoins leur origine peut devenir un marqueur qui les place à l’intérieur d’un rapport de pouvoir avec le groupe majoritaire. Notre article vise à mettre en lumière la manière dont les immigrants LGBTQ construisent leurs histoires de vie dans un contexte où leur vécu est traversé par l’imbrication de plusieurs aspects identitaires comme l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’ethnicité et la religion, pour n’en nommer que quelques-uns. L’approche intersectionnelle rend possible l’identification des systèmes de pouvoirs contraignants auxquels les participants font face quotidiennement. L’analyse thématique nous a permis d’être à l’écoute des individus afin de connaître les catégories de pouvoir et les systèmes d’oppression dont ils parlent — le but étant de positionner les répondants comme des sujets connaissants, et non de simples objets d’étude. L’analyse des entrevues montre que les individus LGBTQ qui expriment une combinaison variée d’identités affrontent des défis spécifiques liés au parcours migratoire.
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Ce mémoire dresse un portrait collectif de l’itinérance de jeunes femmes au centre-ville de Montréal selon une perspective féministe intersectionnelle. S’inscrivant dans une méthodologie qualitative et féministe, celui-ci se penche sur les stratégies de survie employées par de jeunes femmes itinérantes. Ces stratégies répondent à plusieurs formes de violences invisibles également documentées au sein de cette recherche. C’est à l’aide d’un portrait collectif fait à partir de focus groupes et d’observation participante que cette problématique est adressée. Cette recherche s’est effectuée en collaboration avec l’organisme En Marge 12-17 où le recrutement de cinq jeunes femmes a eu lieu. Les résultats semblent indiquer que les jeunes femmes en situation d’itinérance déploient de multiples stratégies de survie, dont celle de la création d’un réseau social d’entraide. D’autres stratégies de survie ont également été abordées par les participantes comme l’utilisation des ressources communautaires, demeurer éveiller pendant la nuit afin de rester en sécurité, l’utilisation de leur position de femmes, etc. Ces stratégies se sont présentées comme une réponse aux violences invisibles vécues par ces jeunes femmes. L’expérience de l’itinérance et des rapports de pouvoir qui en découlent serait donc teintée de violences invisibles (violence structurelle, violence normalisée et violence symbolique) qui varient selon le genre et l’âge ainsi que selon d’autres catégories d’appartenance. Les jeunes femmes du milieu de la rue vivraient d’ailleurs une expérience spécifique et paradoxale des espaces publics urbains où elles peuvent être considérées comme des objets. À travers les résultats, les participantes expriment aussi une responsabilisation de leur situation, révélant des valeurs du néolibéralisme globalisé. C’est donc dans la mise en lumière des multiples stratégies de survie que cette recherche documente les nombreuses violences invisibles qui s’incorporent dans le parcours de ces jeunes femmes en situation d’itinérance à Montréal. Un portrait collectif de jeunes femmes qui font tout en leur pouvoir pour assurer leur survie, leur sécurité, mais aussi pour vivre. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Stratégies de survie, itinérance, jeunes femmes, jeunes femmes en situation d’itinérance, violences invisibles, intersectionnalité, focus groupe, réseau social, collectivisme.
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This research examines the discourses that shape disabled women’s sexual subjectivity. I wanted to see how disabled women’s understanding of themselves as sexual is socially influenced. I held a focus group and individually interviewed five self-identified physically disabled women about their sexual lives. They shared detailed stories of personal experiences and societal influences. The main social influences that were present in the women’s stories were ableism, sexism, and resistance; the focus of this article is resistance. Resistance discourses challenge mainstream notions of disability and sexuality and combat the oppression that ableism and sexism can create. It is important work to highlight these resistance narratives; they are often overlooked in society. Diverse social understandings of disability and sexuality are needed, and it is important that they come from disabled people. This research seeks to make space for disabled perspectives in the interest of sexual inclusivity and sexual citizenship for disabled women.
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In this paper, we propose a conceptual framework for understanding the impact of the policy responses to COVID-19 on disabled people. These responses have overwhelmingly focused on individual vulnerability, which has been used as a justification for removing or restricting rights. This suggests the need to shift the attention towards the social determinants of disabled people's vulnerability. We do this by bringing literature on social vulnerability in disaster risk management or 'disaster studies' in contact with key concepts in disability studies such as the social model of disability, independent living, intersectionality, and biopower. Empirically, we draw on the findings of the global COVID-19 Disability Rights Monitor (www.covid-drm.org), as well as on reports from academic journals, civil society publications, and internet blogs. We put the proposed conceptual framework to work by developing a critical analysis of COVID-19 policies in three interrelated areas-institutional treatment and confinement of disabled people, intersectional harms, and access to health care. Our conclusion links this analysis with strategies to address disabled people's social vulnerability in post-pandemic reconstruction efforts. We make a case for policies that address the social, economic, and environmental conditions that disproportionately expose disabled people to natural disasters and hazards.
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Although environmental justice researchers have long been interested in the connections between disaster recovery, gender, and home- and community-based care, the consequences of the post-disaster performance of emotional labor by workers in care occupations have largely gone unnoticed. To address this gap in the environmental injustice literature, in this exploratory article we employ a feminist analysis of firsthand accounts of elementary educators' professional and personal experiences caring for their students in the Florida Keys after Hurricane Irma. We find that caring labor was increasingly necessary in the post-disaster context, both inside and outside the classroom. Teachers and other care professionals in feminized occupations may, therefore, perform an emotional double duty, supporting their students' emotional needs while also contending—as working- and middle-class individuals—with the personal consequences of disaster. We suggest that these educators may bear an unrecognized and undercompensated disproportionate burden at the intersection of class and occupational status. Because of this, we introduce an underexplored component to the racialized disaster patriarchy and intersectional disaster research: feminized occupational status. Inspired by environmental justice research legacies developed in the wake of earlier Gulf Coast disasters, we draw attention to the contributions of these absolutely essential recovery workers and how they may experience environmental injustice even as they contribute to others' recovery. Our goals are to promote recognition and fair distribution of burdens, encourage research into the contours of environmental justice and care work, and support the development of more just planning, training, and compensation regimes.