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Cet article étudie la manière dont le discours de l’égalité-de-genre-et-des-libertés-sexuelles, qui a acquis un statut central dans les débats sur la citoyenneté et l’intégration en Occident, est amené à travailler la définition des frontières du « nous/non-nous » dans le contexte des récentes controverses autour des accommodements religieux au Québec. Alors que l’État-nation constitue le cadre le plus saillant dans lequel les frontières ethnoculturelles sont produites, le Québec, avec son ambigüité quant à la dominance ethnique et son projet irréalisé mais encore actuel de définition nationale et de souveraineté politique (sa séparation du Canada), s’avère un cas intéressant pour l’étude des processus de définition de frontières. L’examen des arguments relatifs à l’égalité de genre présents dans la couverture du débat sur les accommodements religieux proposée par la presse révèle des pratiques discursives de patrouille de frontières (boundary patrolling), comme le ravalement des conceptions minoritaires sur la féminité, la masculinité, le mariage et la sexualité au rang d’archaïsmes ou de pathologies. Non seulement ces pratiques discursives contribuent-elles à délégitimer les idéaux et les accommodements multiculturels, mais elles présentent le Québec, qui se qualifie lui-même de « tard-venu de la modernité », comme un promoteur de l’égalité de genre et des libertés sexuelles dont le statut exemplaire doit être protégé contre l’altérité religieuse.
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Christine Delphy nous propose avec ce recueil des «interventions» qui s'inscrivent dans le déroulement de la politique du mouvement féministe en France. L'actualité des questions qui se posent au mouvement féministe et de celles que ce mouvement pose à la société, année après année, constitue la ligne de force des «interventions» publiées ici. Ces textes sont pour beaucoup des éditoriaux que l'auteure, rédactrice en chef de la revue Nouvelles Questions féministes, a rédigés au cours des mois et des années. D'autres sont des entretiens qu'elle a donnés à diverses revues; ou encore des chroniques proposées à l'hebdomadaire Politis. Constater, avec un recul de trente ans, la permanence de certaines questions, ou l'émergence de thèmes qui s'affirment de plus en plus au cours des années, comme celui de l'identité nationale, a donné à Christine Delphy l'idée de constituer ce recueil. En somme, il doit son unité à une permanence, la surdité entêtée de l'establishment aux revendications des femmes, et à une « nouveauté », le refus du même establishment d'entendre la revendication d'autres exclus, les «issus de l'immigration». Les interventions ont été regroupées en cinq chapitres: «Ponctuation historique», «L'exception française», «Violences», «Le post-colonial en France», «Un universalisme si particulier».
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Dans « Heterosexualism and the Colonial/Modern Gender System » (Lugones 2007), j’ai proposé de lire la relation entre le colonisateur et le colonisé en termes de genre, de race et de sexualité. Je n’entendais pas par là ajouter une lecture genrée et une lecture raciale aux relations coloniales déjà comprises. J’ai plutôt proposé une relecture de la modernité coloniale capitaliste moderne elle-même. C’est parce que l’imposition coloniale du genre traverse les questions d’écologie, d’économie, de gouvernement, de relations avec le monde des esprits et de connaissance, ainsi que les pratiques quotidiennes qui nous habituent à prendre soin du monde ou à le détruire. Je propose ce cadre non pas comme une abstraction de l’expérience vécue, mais comme une lentille qui nous permet de voir ce qui est caché de notre compréhension de la race et du genre et de la relation de chacun avec l’hétérosexualité normative.
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"Mascia-Lees'... ability to synthesize ideas rewards readers wih a text that clearly conceptualizes how differences of gender, race, class, and sexuality structure today's complex globalizing world. It exposes the strengths and weaknesses of different theoretical orientations used in anthropology to study gender, difference, power, and inequality including feminist anthropology; black feminist anthropology; lesbian/gay/bisexual/transgendered theory; practice, postcolonial, symbolic, and psychological anthropology; as well as social evolutionism, sociobiology, and evolutionary pscyhology, among others"
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Queer studies highlights the importance of developing analyses that go beyond identity and representational politics. For Native studies in particular, queer theory points to the possibility of going beyond representing the voices of Native peoples, a project that can quickly become co-opted into providing Native commodities for consumption in the multicultural academic-industrial complex. The subjectless critique of queer theory can assist Native studies in critically interrogating how it could unwittingly re-create colonial hierarchies even within projects of decolonization. This critique also sheds light on how Native peoples function within the colonial imaginary-including the colonial imaginary of scholars and movements that claim to be radical. At the same time, Native studies can build on queer of color critique's engagement with subjectless critique. In the move to go "postidentity," queer theory often reinstantiates a white supremacist, settler colonialism by disappearing the indigenous peoples colonized in this land who become the foils for the emergence of postcolonial, postmodern, diasporic, and queer subjects. With respect to Native studies, even queer of color critique does not necessarily mark how identities are shaped by settler colonialism. Thus a conversation between Native studies and queer theory is important, because the logics of settler colonialism and decolonization must be queered in order to properly speak to the genocidal present that not only continues to disappear indigenous peoples but reinforces the structures of white supremacy, settler colonialism, and heteropatriarchy that affect all peoples.
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"Can the specific concerns of Indigenous women be addressed within current mainstream feminist and post-colonial discussions? Indigenous Women and Feminism: Politics, Activism, Culture proposes that a dynamic new line of inquiry -- Indigenous feminism -- is necessary to truly engage with the crucial issues of cultural identity, nationalism, and decolonization particular to Indigenous contexts. Through the lenses of politics, activism, and culture, this wide-ranging collection examines the historical roles of Indigenous women, their intellectual and activist work, and the relevance of contemporary literature, art, and performance for an emerging Indigenous feminist project. The questions at the heart of these essays -- What is at stake in conceptualizing Indigenous feminism? How does feminism relate to Indigenous claims to land and sovereignty? What lessons can we learn from the past? How do Indigenous women engage ongoing violence and social and political marginalization? -- cross disciplinary, national, academic, and activist boundaries to explore in depth the unique political and social positions of Indigenous women."--Page 4 de la couverture."A vital and sophisticated discussion that will change the way we think about modern feminism, Indigenous Women and Feminism will be invaluable to scholars, activists, artists, community organizers, and those concerned with Indigenous and feminist issues at home and abroad."-- Résumé de l'éditeur.
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A critique of how the World Bank encourages gender norms, Developing Partnerships argues that financial institutions are key players in the global enforcement of gender and family expectations. By combining analysis of documents produced and sponsored by the World Bank with interviews of World Bank staffers and case studies, Kate Bedford presents a detailed examination of gender and sexuality in the policies of the world’s most influential development institution.
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La notion d’ « empowerment » occupe aujourd’hui une place de choix dans le discours en vogue des institutions internationales sur la « participation des pauvres » au développement. L’article retrace l’histoire du mot dans le champ du développement international : ses origines et ses sources d’influence, son émergence dans les théories des féministes du Sud et des activistes radicaux dans les années 1980, puis son institutionnalisation progressive dans le vocable politique des organismes internationaux de développement. L’article montre comment avec sa cooptation, l’empowerment passe d’un processus de conscientisation et de mobilisation politique venant de la base et visant la transformation radicale des structures de pouvoir inégalitaires, à un concept vague et faussement consensuel, qui assimile le pouvoir aux choix individuels et économiques, dépolitise le pouvoir collectif, et est instrumentalisé pour légitimer les politiques et les programmes de développement top-down existants.
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La notion d'« empowerment » occupe aujourd'hui une place de choix dans le discours en vogue des institutions internationales sur la « participation des pauvres » au développement. L'article retrace l'histoire du mot dans le champ du développement international : ses origines et ses sources d'influence, son émergence dans les théories des féministes du Sud et des activistes radicaux dans les années 1980, puis son institutionnalisation progressive dans le vocable politique des organismes internationaux de développement. L'article montre comment avec sa cooptation, l'empowerment passe d'un processus de conscientisation et de mobilisation politique venant de la base et visant la transformation radicale des structures de pouvoir inégalitaires, à un concept vague et faussement consensuel, qui assimile le pouvoir aux choix individuels et économiques, dépolitise le pouvoir collectif, et est instrumentalisé pour légitimer les politiques et les programmes de développement top-down existants.
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Pour les Africaines originaires d'un continent riche de langues, la question du langage se situe à plusieurs niveaux. Tout d'abord, comment toucher, en Afrique, les femmes (la majorité) qui n'utilisent pas ou peu une langue européenne ? Comment, dans une perspective féministe, apprendre les unes des autres, discuter, élaborer et échanger des messages sur les questions qui affectent nos vies quotidiennes ? Comment créer les concepts et méthodes dans les langues africaines afin d'analyser et rendre compte du vécu des femmes et de leurs stratégies ? Comment créer des concepts et un langage féministes communs qui transcendent les diversités linguistiques et culturelles, en tant que locutrices du mandingue, du yoruba, du xhosa, du amharique, de l'arabe, du chinois, du français ou de l'anglais (Fatou Sow). La coexistence du masculin et du féminin en l'universel est l'incarnation de l'égalité naturelle, une égalité par nature, une égalité en dignité qui récuse que la femme soit perçue comme un bien, comme un moyen (Aminata Diaw). On pose trop souvent, en effet, la domination des hommes sur les femmes comme une donnée anthropologique universelle. Il apparaît au contraire qu'il convient d'historiciser cette perspective en prenant en compte la multiplicité des types de patriarcat et les crises que ceux-ci peuvent traverser : les rapports de domination sont faits de tensions, de lutte, de résistance et de compromis. Il faut également la sociologiser en l'inscrivant dans la complexité des rapports de hiérarchie, de soumission, de dépendance et d'exploitation qui lient les groupes humains, et enfin, de ce qui s'est joué et se joue encore entre le Nord et le Sud depuis les entreprises coloniales (Sonia Dayan Herzbrun). Comme « gardiennes de la maison », les femmes emploient, à divers niveaux, différentes tactiques et stratégies pour contester les rapports de pouvoir qui existent, pour créer leur propre espace et pour développer leurs intérêts (Parvin Ghorayshi). Il faut que la loi enregistre qu'une femme, ça peut dire « je », mais, précisément, c'est sans doute dans la phrase « un enfant, si je veux, quand je veux » que le « je » d'une femme s'entend de la manière la plus audible qui soit (M. B. Tahon).
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La pensée féministe s'est historiquement attachée, depuis -- voire en dehors de -- la tradition matérialiste, à montrer que le rapport declasse n'épuise pas l'expérience de la domination vécue par les femmes et, plus généralement, par les minorités sexuelles. Plus encore, en élaborant des outils d'analyse tels que le mode de production domestique, les rapports sociaux de sexe ou le rapport de genre , la pensée féministe a travaillé sur l'imbrication des rapports de pouvoir, dénaturalisant la catégorie de sexe à l'aune de ses déterminations historico-sociales. Depuis quelques années en France, la réflexion sur l'imbrication des rapports de pouvoir s'est complexifiée davantage, notamment sous l'influence des travaux nord et sud-américains, mais aussi caribéens ou indiens. Les problématiques relatives aux identités sexuelles, aux régimes de sexualité, mais aussi celles qui articulent le genre et la nation, la religion et/ou la couleur, ont permis de développer un véritable champ de réflexion. La question cruciale de l'articulation du sexisme et du racisme, notamment, a ainsi renouvelé tout autant l'agenda des mouvements féministes que la recherche universitaire. Cet ouvrage a pour mais d'interroger les différents outils critiques pour penser l'articulation des rapports de pouvoir de sexe et de race ont-elles méthodologiquement le même statut que la classe ? À quelles conditions utiliser la catégorie decourse comme une catégorie d'analyse ? L'analyse en termes de classe a t-elle été éclipsée par l'analyse croisée du sexisme et du racisme, après les avoir longtemps occultés ?...) cet ouvrage discute les différents modes de conceptualisation de ce que l'on pourrait appeler l'hydre de la domination : analogique, arithmétique, géométrique, généalogique. À partir de différentes traditions disciplinaires (sociologie, science politique, philosophie, psychologie, littérature...), les contributions ici réunies présentent un état des lieux des diverses appréhensions de l'imbrication des rapports de pouvoir -- intersectionnalité , consubstantialité , mondialité , postcolonialité , ... et, ce faisant, (re)dessinent les contours d'une véritable épistémologie de la domination.
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Depuis les années 1970, la société égyptienne est le théâtre d'un renouveau islamique dont le «mouvement de piété» est une composante essentielle. L'enquête ethnographique minutieuse menée en Égypte par Saba Mahmood vise à comprendre la pratique religieuse des femmes, prédicatrices ou participantes, engagées dans ce mouvement. Montrant qu'éthique et politique sont étroitement imbriquées dans ces nouvelles pratiques de piété, elle propose une analyse rigoureuse des formes corporelles des rituels religieux, pour préciser le lien conceptuel entre le corps et l'imaginaire politique.
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L’analyse de la construction intellectuelle et politique des « féminismes du tiers-monde » implique nécessairement deux mouvements simultanés : d’une part, une critique interne des féminismes « occidentaux » hégémoniques et, d’autre part, la formulation de problématiques et de stratégies féministes autonomes et ancrées géographiquement, historiquement, culturellement. Le premier mouvement consiste à déconstruire et décomposer ; le second, à concevoir et construire.
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Ce livre culte, le plus célèbre de Spivak, propose au croisement de l'histoire, de la critique littéraire, de la sociologie et de la philosophie, plusieurs essais où, relisant Coleridge, Dante, Virginia Woolf ou Wordsworth, mais aussi Marx ou la militante Mahasweta Devi, elle offre sur la guerre des cultures, l'imagination, la dialectique du réel et de la fiction, le féminisme français, l'impérialisme et l'exploitation, ou encore la parole des subalternes, autant de contributions majeures dans les domaines de la théorie littéraire, des cultural studies, du féminisme et du postcolonialisme.
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Dans le cadre d'un dialogue critique avec Michel Foucault, Gilles Deleuze et la tradition marxiste, G.C. Spivak articule le concept de subalterne (à ne pas confondre avec les notions de minoritaire ou d'opprimé) et s'interroge sur les femmes subalternes du tiers-monde, l'unification des subalternes au sein d'une communauté.
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Cet article vise à dresser un portrait introductif du féminisme postcolonial et à proposer des pistes de lecture pour approfondir cette pensée en nommant certains des débats importants qui l’agitent et certaines de ses protagonistes. Il s’agit de montrer dans un premier temps que le féminisme postcolonial s’inscrit dans la filiation des études postcoloniales (incarné entre autres par Edward Said), des Subaltern Studies (le projet de Ranajit Guha) et des féminismes dissidents (black feminism, chicana feminism, féminisme indigène, etc.). Mais aussi de rappeler que c’est en rupture avec l’androcentrisme des études postcoloniales et avec l’ethnocentrisme du féminisme hégémonique, mais aussi dans leur continuité critique, que s’est constitué ce courant qui vise avant tout à repenser l’oppression des femmes à la lumière de l’histoire coloniale et esclavagiste. Le féminisme postcolonial propose une lecture complexe de l’articulation des rapports de sexe et de race, et en appelle à une remise en question constructive des savoirs produits par les féministes blanches.
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L’idéologie dominante nous enjoint de tolérer l’Autre. Les textes de Christine Delphy nous montrent que celui qui n’est pas un Autre, c’est l’homme, et l’homme blanc. C’est sur la base du sexe, de l'orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau et de la classe que se fait la construction sociale de l’altérité. L’Autre c’est la femme, le pédé, l’Arabe, l’indigène, le pauvre. La république libérale tolère, c’est-à-dire qu’elle tend la main, prenant bien garde à laisser le toléré-dominé suspendu au vide. L’homo est toléré s’il sait rester discret, le musulman est toléré s’il se cache pour prier, la femme est tolérée si ses revendications égalitaires n’empiètent pas sur le salaire et le pouvoir de l’homme, l’oriental est toléré s’il laisse les armées américaines tuer sa famille pour le libérer de la dictature – et libérer sa femme de lui-même par la même occasion. L’injonction à s’intégrer est surtout une sommation à être semblable, à suivre les règles officieuses mais bien réelles de "l’Occident". Parité, combats féministes et homosexuels, Afghanistan, Guantanamo, indigènes et société postcoloniale, loi sur le voile : autant de prismes pour analyser les dominations, tant hétérosexistes, racistes, que capitalistes. Ceux et celles qui refusent ces règles, ceux et celles qui se montrent pour ce qu’ils et elles sont, le paient le prix fort, combattant-e-s d’une guerre qui sera longue. Écrits dans un style offensif, incisif et souvent drôle, ces textes nous forcent à déplacer notre regard, à mettre en lien des événements toujours cloisonnés, et nous apportent ce supplément d’intelligence qui seul permet de comprendre le monde tel qu’il va.
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Cet article propose d’appliquer les méthodes et axes de réflexion de la géographie culturelle (analyse des discours et représentations, attention à la formation discursive d’identités socio-spatiales) à certains des enjeux de notre société post-coloniale, et notamment aux identités et territorialités contraintes qu’elle octroie aux populations dites « issues de l’immigration ». Il suggère également de reposer « au féminin » certaines des interrogations sur ces identités.