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Bien que l’on situe habituellement l’émergence du mouvement de l’écriture des femmes au milieu des années 1970, la production littéraire des femmes connaît une hausse importante en 1961 et la majorité de ces oeuvres, à l’instar de celles des hommes, participent d’un mouvement d’émancipation. Une relecture au féminin permet de déceler la portée contestataire contenue dans les oeuvres des femmes dès le début des années soixante. Durant la Révolution tranquille, pendant que les écrivains élaborent le « roman national », les femmes écrivent le « récit féminin ». Si l’écriture masculine tente d’affirmer sa québécitude et de s’émanciper du colonialisme, l’écriture des femmes tente d’affirmer sa spécificité sexuelle et de s’émanciper du patriarcat. Toutefois, les instances de réception critique ne perçoivent pas cette voix divergente, tout occupées qu’elles sont à détecter les signes de l’affirmation nationale.
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En déclarant qu' "on ne naît pas femme, on le devient", Simone de Beauvoir a posé les fondements d'une conception féministe du genre. L'analyse développée dans Le Deuxième sexe a anticipé la distinction ultérieure entre sexe et genre, et a également soulevé certains problèmes liés à cette distinction. Plutôt que l'oeuvre même de Beauvoir, ce sont les discussions récentes autour de la distinction sexe/genre qui font l'objet de cet article. Plus particulièrement, j'examine la manière dont les féministes matérialistes françaises, avec qui Beauvoir elle-même a travaillé, ont fait fructifier son héritage. En affirmant que le "sexe" est un phénomène tout aussi social que le "genre", ces féministes ont maintenu une tradition anti-essentialiste fondamentalement opposée aux perspectives "différentialistes" si souvent associées à la construction anglophone du "French feminism". Je confronte la contribution de ces féministes, notamment Christine Delphy et Monique Wittig, aux conceptions féministes du genre, avec l'approche plus déconstructive associée à des théoriciennes comme Judith Butler. Ce faisant, je plaide pour une analyse matérialiste du genre et pour une vision d'un monde sans genre plutôt que d'un monde avec de multiples genres. In claiming that 'one is not born, but rather becomes, a woman', Simone de Beauvoir laid the foundations for a feminist understanding of gender. The analysis developed in The Second Sex anticipated the later distinction between sex and gender, and also evinced some of the problems associated with that distinction. It is these more recent discussions of the sex/gender distinction which are the focus of this paper, rather than Beauvoir's work itself. More specifically, I consider the ways in which French materialist feminists, with whom Beauvoir herself worked, carry forward her legacy. In arguing that ' sex' is as much a social phenomenon as 'gender', these feminists have kept alive an anti-essentialist tradition which is fundamentally opposed to the 'difference' perspectives so often associated with the anglophone construction of ' French Feminism'. I compare the contribution that these feminists, especially Christine Delphy and Monique Wittig, have made to feminist understandings of gender with the more deconstructive approach associated with thinkers such as Judith Butler. In so doing I argue the case for a materialist analysis of gender and for a vision of a world without gender rather than a world with many genders.
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L’analyse des relations entre acteurs des nouvelles techniques de reproduction a souvent conduit à privilégier la description des stratégies de ceux qui sont désignés comme dominants : les inventeurs, les médecins, les hommes. A l’inverse, on s’intéressera ici à l’expérience des femmes en faisant l’hypothèse qu’il existe des différenciations dans la démarche de procréation médicalement assistée à l’image de la complexité des rapports sociaux de sexe. Effectivement, l’analyse des parcours de femmes, à partir des dossiers médicaux d’un service hospitalier spécialisé, révèle des lignes de conduite spécifiques : sont ainsi mises à jour des stratégies différentes selon la situation professionnelle, le niveau de qualification, la position vis-à-vis de l’hôpital. Avec la médicalisation croissante de notre société, le « devoir de procréation » se jouerait donc sur une scène où interviennent conjointement les rapports sociaux de sexe, la position vis-à-vis du travail, le lien avec l’institution médicale.