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Recueil de textes de cette figure du féminisme et pionnière de la sociologie du travail et du genre en France. Il éclaire la construction d'analyses et de concepts autour de la division sexuelle du travail, des rapports sociaux de sexe, leur intrication avec les rapports de classe et de race. L'ensemble permet de retracer le chemin intellectuel et politique de D. Kergoat.
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De la cuisine au studio explore les parcours de douze artistes issues de trois générations différentes : femmes signataires du manifeste Refus global en 1948, premières cinéastes qui ont œuvré à l’ONF dans les années 1970 et artistes médiatiques impliquées au Studio XX. À partir d’entrevues avec les artistes, Anna Lupien pose un regard sociologique sur l’expérience de créatrices qui ont investi l’art en tant qu’espace d’expression dans la sphère publique. De quelle façon ont-elles élaboré des stratégies créatives et par le fait même donné corps à des transformations sociales engendrées par le mouvement féministe, notamment en ce qui a trait à la conciliation travail-famille ? Comment ont-elles intégré des milieux artistiques qui ne leur étaient pas ouverts d’emblée ? Comment se sont-elles engagées pour le bien commun à travers leur parcours artistique ? Les histoires de ces artistes – Madeleine Arbour, Christine Brault, Mireille Dansereau, Dorothy Todd Hénaut, Stéphanie Lagueux, Bérengère Marin-Dubuard, Helena Martin Franco, Terre Nash, Anne-Claire Poirier, Françoise Riopelle, Bonnie Sherr Klein et Françoise Sullivan – témoignent des luttes inachevées du mouvement féministe et des brèches qu’elles ont pratiquées dans l’ordre des choses, suscitant des rencontres originales entre l’art et le politiqu
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Genre et rapports sociaux de sexe Le mouvement des femmes a été à l'origine d'une effervescence théorique qui s'est traduite par la production d'un corpus de concepts extrêmement riche. Par exemple ceux de patriarcat, de mode de production domestique, de travail domestique, de travail productif et reproductif et de division sexuelle du travail, sans compter ceux de sexe social, sexage ou classe de sexe. Par ailleurs, les concepts de genre et de rapports sociaux de sexe se sont inscrits durablement dans le paysage. De nombreuses théoriciennes qui se reconnaissent dans le courant matérialiste cherchent à penser les rapports entre les sexes en privilégiant leurs fondements matériels, notamment économiques, sociopolitiques, voire physiques sans négliger pour autant les dimensions symboliques. La manière dont la séparation et la hiérarchisation entre hommes et femmes sont produites se trouve au coeur de leurs réflexions. Ces élaborations ont permis de rompre avec l'idéologie de la complémentarité « naturelle » des sexes, de penser les rapports antagoniques entre le groupe des hommes et celui des femmes dans le but de les transformer. C'est à la présentation de ce corpus de concepts qu'est consacré le présent volume. L'objectif est de rendre compte de la diversité, de la richesse et des limites des analyses produites ainsi que de rappeler quelques-uns des débats, controverses et divergences qui ont traversé le mouvement des femmes.
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L'objectif de cet ouvrage est d'examiner les liens complexes entre langage, genre et sexualité. En adoptant un positionnement résolument critique, qui met l'accent sur les aspects historique, politique et social des pratiques langagières, cet ouvrage part de l'idée que le genre et l'identité sexuelle sont avant tout des constructions sociales et idéologiques qui trouvent une forme de matérialité, entre autres, dans les discours et les pratiques sociales. Nous croyons que ces processus langagiers participent à la formation des différences et des inégalités - sans toutefois en être l'unique cause -, qu'ils contribuent à la réification des catégories au même titre qu'ils permettent d'en créer de nouvelles.--Résumé de l'éditeur.
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Le conte de fées naît à une époque où l'idéal de l'homme civilisé gagne en popularité. Certains auteurs, issus pour la plupart de la société de cour, puisent des contes dans la tradition orale et en font des adaptations littéraires. Avec son inscription littéraire, le conte merveilleux devient un outil pédagogique. Son contenu est donc adapté de manière à en faire un vecteur du modèle de civilité : il faut apprendre aux enfants à se comporter conformément à cet idéal. Ceci est bon pour les deux sexes. Cependant, l'idéal de la femme civilisée est beaucoup plus prescriptif et restrictif que celui de l'homme civilisé : si l'on peut pardonner à ce dernier, ou même valoriser, son tempérament sanguin, les pulsions féminines sont tout simplement inacceptables. On s'attend de la femme qu'elle soit toujours irréprochable, autant sur le plan de son apparence que de son comportement. L'idéologie patriarcale qui va de pair avec celle de la civilité reproche à la femme toute marque d'initiative ou d'individualité. On veut qu'elle soit passive, soumise, vertueuse et prude. Ainsi, beaucoup de contes de fées s'adressent aux petites filles et leur enseignent les bons et les mauvais comportements. L'idéologie patriarcale véhiculée par le conte de fées a fait l'objet de critiques féministes, particulièrement dans les années 1970. On a reproché au conte de fées d'encourager la passivité féminine à travers une représentation stéréotypée des rôles sexuels. On a aussi condamné la représentation de la femme-objet : l'apparence physique de la femme est centrale dans le conte de fées. Si les héros connaissent le succès grâce à leurs actions, les héroïnes doivent tout à leur beauté. Ces diverses critiques ont ouvert la voie à plusieurs réécritures féministes du conte de fées. Certains écrivains et écrivaines ont créé de nouvelles histoires en empruntant la structure traditionnelle du conte de fées, d'autres ont plutôt choisi de transformer des contes déjà connus. Dans ce mémoire, nous proposons, pour commencer, un survol de l'évolution du conte de fées, de son origine orale à ses subversions littéraires contemporaines, en lien avec certaines transformations sociales. Nous étudierons, par la suite, deux réécritures de contes de fées qui, à notre avis, possèdent un caractère féministe. Il s'agit de « La femme de l'Ogre » de Pierrette Fleutiaux (1984) et de Peau d'âne de Christine Angot (2003). Ces deux récits qui vont à l'encontre du discours patriarcal propre aux contes de fées traditionnels évoquent des idéologies féministes opposées. Plusieurs éléments du texte de Fleutiaux correspondent à l'idéologie du féminisme de la femelléité tandis que le récit d'Angot évoque l'idéologie du courant féministe matérialiste. Nous verrons de quelle manière elles parviennent toutes deux, à travers des écritures du corps qui diffèrent grandement l'une de l'autre, à contrecarrer la représentation du corps féminin objet, perçu selon le regard masculin, qui est caractéristique du conte de fées traditionnel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Conte de fée, patriarcat, féminisme, subversion, réécriture.
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Le présent mémoire traite des rôles et des représentations sociales des femmes à l'intérieur des Églises Baptistes Évangéliques franco-québécoises. La visée principale est de dégager et d'analyser les représentations sociales liées à la féminité ainsi que l'impact de ces rôles et représentations sur la vie de ces croyantes. Notre hypothèse est la suivante : de ces représentations découlent des rapports sociaux de sexe, considérés comme complémentaires, mais qui sont en fait basés sur une hiérarchie entre les hommes et les femmes au détriment de ces dernières. Pour en faire la démonstration, nous analyserons la littérature interne ainsi que les données colligées lors d'entretiens individuels et de groupe à l'aide de théories féministes matérialistes. Dans un premier temps, nous présenterons les données recueillies définissant ce que sont la féminité et la masculinité, l'épouse et l'époux ainsi que la maternité et la paternité. Nous verrons ensuite que de ces représentations sociales découlent une répartition des tâches tant au sein du foyer que dans l'Église. Différents concepts seront mis à profit pour analyser ces données. D'abord la représentation sociale telle que théorisée par la psychosociologue Denise Jodelet, puis le sexage, le genre et celui des rapports sociaux de sexe définis respectivement par les trois sociologues suivantes : Colette Guillaumin, Christine Delphy et Danièle Kergoat. Nous exposerons différentes formes d'appropriation observables à l'intérieur de notre objet d'étude et ferons ensuite la démonstration que des mécanismes sont mis en place afin de les préserver. En somme, nous verrons que cette complémentarité dite naturelle et à l'image de Dieu constitue en fait une construction humaine. Nous allons démontrer pourquoi on ne peut pas parler d'égalité dans la complémentarité. Finalement, nous allons conclure en émettant l'hypothèse que l'évolution du rôle des femmes à l'intérieur de la communauté franco-évangélique québécoise ira en augmentant en termes de possibilités, et ce malgré les résistances rencontrées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : christianisme, évangélisme, protestantisme, baptisme, femme, féminisme, rapports sociaux de sexe, appropriation.
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Malgré plus d’un siècle de luttes et de conquêtes, les femmes demeurent, sous des formes différentes selon les lieux, sélectivement et massivement en proie à la surexploitation économique, à la relégation sociale et politique, à la « pauvreté », à la subordination sexuelle, à la violence masculine. À la mythologie néolibérale répond un traitement des « rapports de genre » imbu du bonheur du vivre ensemble dans la différence. On propose ici une perspective plus réaliste. Le point de départ en est cet acquis des études féministes : les rapports hommes/femmes ne sont pas de simples relations interindividuelles, car celles-ci s’inscrivent dans des rapports sociaux qui transcendent les individus. Il s’agit de rapports d’antagonisme et de pouvoir non pas naturellement définis, mais historiquement et socialement construits. Ils ont pour enjeux la sexualité et le travail, à travers des mécanismes d’exploitation et des dispositifs de domination, de naturalisation et de normalisation. Les recherches, diverses voire conflictuelles, ici présentées visent à élucider les rapports complexes de ces « rapports sociaux de sexe » à d’autres dominations, les processus de résistance et d’émancipation qui les traversent, à identifier les « sujets politiques » qui se construisent dans les luttes et à rechercher les convergences.
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Christine Delphy nous propose avec ce recueil des «interventions» qui s'inscrivent dans le déroulement de la politique du mouvement féministe en France. L'actualité des questions qui se posent au mouvement féministe et de celles que ce mouvement pose à la société, année après année, constitue la ligne de force des «interventions» publiées ici. Ces textes sont pour beaucoup des éditoriaux que l'auteure, rédactrice en chef de la revue Nouvelles Questions féministes, a rédigés au cours des mois et des années. D'autres sont des entretiens qu'elle a donnés à diverses revues; ou encore des chroniques proposées à l'hebdomadaire Politis. Constater, avec un recul de trente ans, la permanence de certaines questions, ou l'émergence de thèmes qui s'affirment de plus en plus au cours des années, comme celui de l'identité nationale, a donné à Christine Delphy l'idée de constituer ce recueil. En somme, il doit son unité à une permanence, la surdité entêtée de l'establishment aux revendications des femmes, et à une « nouveauté », le refus du même establishment d'entendre la revendication d'autres exclus, les «issus de l'immigration». Les interventions ont été regroupées en cinq chapitres: «Ponctuation historique», «L'exception française», «Violences», «Le post-colonial en France», «Un universalisme si particulier».
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Garçon manqué (2000), premier récit autobiographique de Nina Bouraoui, raconte l'enfance d'une narratrice partagée entre quatre identités conflictuelles -française et algérienne, féminine et masculine -qu'elle cherche à concilier. Bouraoui y expose un cheminement identitaire complexe: alors que le texte s'ouvre sur le désir, très fort, de la jeune Nina de quitter ce qu'elle nomme « le camp » des femmes, il se ferme sur sa réconciliation totale et heureuse avec une féminité apparemment stéréotypée, mais en réalité renouvelée. Cette confusion identitaire est attribuée à la force de pressions sociales et familiales contradictoires à laquelle la narratrice sent devoir se soumettre. Garçon manqué montre comment, de sa prise de conscience du caractère construit de ces diktats, la narratrice en vient à une prise de parole littéraire salvatrice. Notre mémoire s'intéresse à l'évolution de la perception de son genre par la narratrice. D'abord éprouvé comme une structure aliénante et figée, il est finalement considéré comme malléable et potentiellement libérateur. Nous croyons que ce cheminement identitaire se déploie selon trois mouvements principaux, soit la construction, la déconstruction et enfin la reconstruction identitaires. Alors qu'on lit généralement Bouraoui sous l'angle post-colonialiste, l'originalité de notre projet se trouve dans le parti pris que nous adoptons, soit celui de considérer Garçon manqué comme un texte fondateur de son oeuvre en raison avant tout du questionnement sur l'identité sexuelle et sur le désir qu'il renferme. Notre approche intègre les théories féministes matérialistes, les gender studies, les queer studies, et les théories de l'agentivité (« agency »). En premier lieu, nous convoquons principalement des féministes travaillant à étudier les mécanismes d'oppression des femmes selon un point de vue constructiviste et matérialiste. Puis, nous faisons appel à une discipline émergente, les queer studies, qui permettent de lire le rapport de la narratrice à son genre et à ses désirs à l'intérieur d'un espace de réflexion qui fait éclater les frontières de la pensée binaire. Ensuite, nous nous inspirons des théories de l'agentivité (« agency ») et du pouvoir des mots afin de montrer comment le texte littéraire permet à Nina Bouraoui de reprendre possession de sa propre histoire. Enfin, la « théorie du placard » développée par Eve Kosofsky Sedgwick guide notre lecture de l'affirmation du lesbianisme par l'auteure de Garçon manqué, pensée comme un acte de langage risqué, mais stimulant et nécessaire.
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Which comes first, the body or the word? Food or sex; affect or ideas? Taking Judith Butler’s contention that the body is discursively constructed, this paper will examine the relationship between language and corporeality in Dorothy Allison’s story “A Lesbian Appetite.” Allison, a writer who interrogatesracial and sexual identitiesin the American South, offers a particularly significant treatment of this dynamic by placing the physical body and discursively produced lesbian subjects at the center of her story. As critic Christina Jarvis puts it, this story “provides a useful intervention within recent queer theory, offering sexual identities that are performative as well as attentive to the specificities of race, class, sex, ethnicity, and the body” (2000) and regional cuisine. This paper will examine the liminal subjectivities of the discursive and corporeal body, racial and gendered. While there is in the postmodern approach a powerful sense of indeterminacy in literature and life, there is another force requiring that we acknowledge the corporeality of the body, the “real,” materiality. It argues for the transformative integration of theory and practice, materialist feminism informed by a postmodern consciousness as applied to Allison’s work. Here, language constructs the possibility of change
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La pensée féministe s'est historiquement attachée, depuis -- voire en dehors de -- la tradition matérialiste, à montrer que le rapport declasse n'épuise pas l'expérience de la domination vécue par les femmes et, plus généralement, par les minorités sexuelles. Plus encore, en élaborant des outils d'analyse tels que le mode de production domestique, les rapports sociaux de sexe ou le rapport de genre , la pensée féministe a travaillé sur l'imbrication des rapports de pouvoir, dénaturalisant la catégorie de sexe à l'aune de ses déterminations historico-sociales. Depuis quelques années en France, la réflexion sur l'imbrication des rapports de pouvoir s'est complexifiée davantage, notamment sous l'influence des travaux nord et sud-américains, mais aussi caribéens ou indiens. Les problématiques relatives aux identités sexuelles, aux régimes de sexualité, mais aussi celles qui articulent le genre et la nation, la religion et/ou la couleur, ont permis de développer un véritable champ de réflexion. La question cruciale de l'articulation du sexisme et du racisme, notamment, a ainsi renouvelé tout autant l'agenda des mouvements féministes que la recherche universitaire. Cet ouvrage a pour mais d'interroger les différents outils critiques pour penser l'articulation des rapports de pouvoir de sexe et de race ont-elles méthodologiquement le même statut que la classe ? À quelles conditions utiliser la catégorie decourse comme une catégorie d'analyse ? L'analyse en termes de classe a t-elle été éclipsée par l'analyse croisée du sexisme et du racisme, après les avoir longtemps occultés ?...) cet ouvrage discute les différents modes de conceptualisation de ce que l'on pourrait appeler l'hydre de la domination : analogique, arithmétique, géométrique, généalogique. À partir de différentes traditions disciplinaires (sociologie, science politique, philosophie, psychologie, littérature...), les contributions ici réunies présentent un état des lieux des diverses appréhensions de l'imbrication des rapports de pouvoir -- intersectionnalité , consubstantialité , mondialité , postcolonialité , ... et, ce faisant, (re)dessinent les contours d'une véritable épistémologie de la domination.
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La pensée féministe s'est historiquement attachée, depuis -- voire en dehors de -- la tradition matérialiste, à montrer que le rapport de classe n'épuise pas l'expérience de la domination vécue par les femmes et, plus généralement, par les minorités sexuelles. Plus encore, en élaborant des outils d'analyse tels que le mode de production domestique , les rapports sociaux de sexe ou le rapport de genre , la pensée féministe a travaillé sur l'imbrication des rapports de pouvoir, dénaturalisant la catégorie de sexe à l'aune de ses déterminations historico-sociales. Depuis quelques années en France, la réflexion sur l'imbrication des rapports de pouvoir s'est complexifiée davantage, notamment sous l'influence des travaux nord et sud-américains, mais aussi caribéens ou indiens. Les problématiques relatives aux identités sexuelles, aux régimes de sexualité, mais aussi celles articulant le genre et la nation, la religion et/ou la couleur, ont permis de développer un véritable champ de réflexion. La question cruciale de l'articulation du sexisme et du racisme, notamment, a ainsi renouvelé tout autant l'agenda des mouvements féministes que la recherche universitaire. Cet ouvrage a pour but d'interroger les différents outils critiques pour penser l'articulation des rapports de pouvoir. Tout en interrogeant leur mode propre de catégorisation (les catégories de sexe et de race ont-elles méthodologiquement le même statut que la classe ? À quelles conditions utiliser la catégorie de race comme une catégorie d'analyse ? L'analyse en termes de classe a-t-elle été éclipsée par l'analyse croisée du sexisme et du racisme, après les avoir longtemps occultés ?...) cet ouvrage discute les différents modes de conceptualisation de ce que l'on pourrait appeler l'hydre de la domination : analogique, arithmétique, géométrique, généalogique. À partir de différentes traditions disciplinaires (sociologie, science politique, philosophie, psychologie, littérature...), les contributions ici réunies présentent un état des lieux des diverses appréhensions de l'imbrication des rapports de pouvoir -- intersectionnalité , consubstantialité , mondialité , postcolonialité , ... et, ce faisant, (re)dessinent les contours d'une véritable épistémologie de la domination. (
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Le titre de cet article est tiré de la réplique de Christine Delphy à ses critiques marxistes, formulée à une époque où les inégalités sociales étaient la préoccupation centrale de la théorie féministe. Depuis, nous avons été témoins de ce qu’on appelle le « tournant culturel », qui a eu pour effet la marginalisation des perspectives centrées sur les structures sociales ainsi que sur les relations et les pratiques sociales. Cependant, toutes les féministes n’ont pas emboîté le pas, et récemment, des indices sont apparus d’une reviviscence du féminisme matérialiste. En évaluant les effets de ces changements théoriques et en affirmant la persistante pertinence du féminisme matérialiste, je me concentre ici sur l’analyse du genre et de la sexualité. À ce propos, je soutiens qu’une approche matérialiste sociologiquement informée offre davantage de ressources au féminisme que les perspectives postmodernes et queer plus orientées vers le point de vue culturel.
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L’idéologie dominante nous enjoint de tolérer l’Autre. Les textes de Christine Delphy nous montrent que celui qui n’est pas un Autre, c’est l’homme, et l’homme blanc. C’est sur la base du sexe, de l'orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau et de la classe que se fait la construction sociale de l’altérité. L’Autre c’est la femme, le pédé, l’Arabe, l’indigène, le pauvre. La république libérale tolère, c’est-à-dire qu’elle tend la main, prenant bien garde à laisser le toléré-dominé suspendu au vide. L’homo est toléré s’il sait rester discret, le musulman est toléré s’il se cache pour prier, la femme est tolérée si ses revendications égalitaires n’empiètent pas sur le salaire et le pouvoir de l’homme, l’oriental est toléré s’il laisse les armées américaines tuer sa famille pour le libérer de la dictature – et libérer sa femme de lui-même par la même occasion. L’injonction à s’intégrer est surtout une sommation à être semblable, à suivre les règles officieuses mais bien réelles de "l’Occident". Parité, combats féministes et homosexuels, Afghanistan, Guantanamo, indigènes et société postcoloniale, loi sur le voile : autant de prismes pour analyser les dominations, tant hétérosexistes, racistes, que capitalistes. Ceux et celles qui refusent ces règles, ceux et celles qui se montrent pour ce qu’ils et elles sont, le paient le prix fort, combattant-e-s d’une guerre qui sera longue. Écrits dans un style offensif, incisif et souvent drôle, ces textes nous forcent à déplacer notre regard, à mettre en lien des événements toujours cloisonnés, et nous apportent ce supplément d’intelligence qui seul permet de comprendre le monde tel qu’il va.
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This article provides a reasoned overview of contemporary developments within feminist theories of the subject after the decline of postmodernist thought. It stresses the foundational importance of feminist situated epistemology, and hence of a brand of materialism that stresses embodiment and embedded perspectives. The article explores neo-materialist feminist theories in a number of areas, with special emphasis on science and technology studies and critiques of globalisation. It argues that the neo-materialist trend results in a new call for an ethics attuned to the complexity of our era.
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Interview d'Elsa Dorlin pour l'ouvrage "Femmes, genre, féminismes".