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This article highlights the importance of recognizing both the ontology of impairment as it relates to the creation of the disabled identity as well as why articulations of the disabled identity being ‘crip’ obfuscate potential politics. Examining how the disabled identity has been cast as a coherent social and political category, rather than the messy and complicated identity it truly is, I argue the adoption of a post-structuralist orientation by activists and advocates is bad for disability politics. Providing two examples, the first focusing on a publicized rape case of a person with an intellectual disability and the second on the importance of disability rights claims based on visibility of impairment, I show how articulations like those made in crip theory can have serious, negative implications for the lived experience of people with disabilities. I conclude with a call for disability studies scholars to engage disability politics in their work.
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Les diagnostics cliniques et les différentes nosographies psychiatriques qui ont été établies dans la deuxième moitié du XXe siècle, notamment dans les différentes éditions du manuel américain de diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM), montrent qu'un nombre très significatif de troubles sont envisagés comme étant genrés. Plusieurs controverses ont marqué l'histoire de ces diagnostics depuis les années 1950 : d'abord celui des sexualités et de leurs frontières floues, ensuite la notion controversée d'identité de genre, enfin la problématique des troubles périnataux. Si le principe de différentiation constitue un élément incontournable de la pensée psychiatrique, le façonnage et l'usage du concept de « genre » révèlent des tensions entre la psychiatrie et la société (notamment les mouvements gay, féministes et trans) mais aussi au sein de la psychiatrie elle-même. Il apparaît évidant que, dans les classifications psychiatriques, les normes sociales de genre sont intégrées de manière passive et acritique, au point que l'usage du concept de genre peut amener à l'inverse à renforcer la naturalisation des comportements alors même que, dans les sciences sociales, il est utilisée pour interroger et déconstruire la prétendue naturalité de la différence des sexes.
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Cet article explore les trois jalons identitaires du recours au genre [punctuated gendering] dans la recherche biomédicale sur les cellules souches en Californie. J’y défends l’idée selon laquelle le développement de ce secteur a eu besoin des femmes à trois reprises, mais pas de toutes les femmes à chaque fois. En d’autres termes, suivant les étapes que franchissait le développement de l’innovation autour des cellules souches, les femmes ont été sollicitées en fonction d’une perception du genre à chaque fois différente. Ainsi, il a d’abord fallu faire appel à elles en tant que citoyennes, au croisement des rapports de sexe, de race et de classe ; on a ensuite eu besoin d’elles en tant que corps biologiques ; elles ont, enfin, été sollicitées en tant que consommatrices. Le but de ce triple recours aux femmes selon des identités de genre à chaque fois spécifiques, fut d’abord d’attirer des capitaux publics et privés dans ce secteur, une fois le soutien de l’état californien garanti ; puis d’assurer l’approvisionnement de la recherche en morceaux de corps humain ; et enfin, de permettre le développement de l’économie autour de l’innovation sur les cellules souches. Cet article s’appuie sur mes précédents travaux sur la biomédicalisation et la marchandisation de la reproduction, mais il s’inscrit également dans la perspective des théories de la division sexuée du travail, et de la construction sociale du genre par la publicité et la consommation. Au croisement de ces logiques, l’innovation biomédicale apparaît donc comme un espace privilégié pour étudier le genre comme répertoire identitaire dynamique, à travers une mise en œuvre concrète de l’idée d’intersectionnalité.
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In this article I discuss the emergence of Female Sexual Dysfunction (FSD) within American psychiatry and beyond in the postwar period, setting out what I believe to be important and suggestive questions neglected in existing scholarship. Tracing the nomenclature within successive editions of the American Psychiatric Association’s Diagnostic and Statistical Manual (DSM), I consider the reification of the term ‘FSD’, and the activism and scholarship that the rise of the category has occasioned. I suggest that analysis of FSD benefits from scrutiny of a wider range of sources (especially since the popular and scientific cross-pollinate). I explore the multiplicity of FSD that emerges when one examines this wider range, but I also underscore a reinscribing of anxieties about psychogenic aetiologies. I then argue that what makes the FSD case additionally interesting, over and above other conditions with a contested status, is the historically complex relationship between psychiatry and feminism that is at work in contemporary debates. I suggest that existing literature on FSD has not yet posed some of the most important and salient questions at stake in writing about women’s sexual problems in this period, and can only do this when the relationship between ‘second-wave’ feminism, ‘post-feminism’, psychiatry and psychoanalysis becomes part of the terrain to be analysed, rather than the medium through which analysis is conducted.
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Dès les années 30, des sportives font l’objet d’un procès de virilisation dans des épreuves d’athlétisme en raison de morphologies jugées trop « masculines ». Ces athlètes se rapprochent des hommes non seulement par le physique, mais aussi par leurs performances. Des soupçons sont alors émis quant au sexe des sportives. En 1966, un test de féminité est instauré par le monde médical sportif afin de contrôler le sexe des concurrentes et s’assurer que celles-ci ne bénéficient pas d’avantages physiques que les femmes ne sont pas censées posséder. Notre article consiste à montrer les ambiguïtés des discours médicaux face aux controverses soulevées par le test de féminité qui, dévoilant les niveaux pluridimensionnels de l’identité sexuée, obligent le milieu médico-sportif à s’interroger sur la définition d’une « vraie femme ».
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"Tiefer highlights key steps in the ""creation"" of a new diagnosis, female sexual dysfunction, and of the campaign to challenge its reductionist approach to women's sexual problems. "
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Les hormones sexuelles ont été inventées à la fin du XIXe siècle comme un élixir de vie d’origine masculine. Mais ce sont les effets thérapeutiques d’autres hormones qui validèrent aux yeux de la communauté scientifique l’existence de ces nouvelles molécules. Obéissant au modèle culturel dominant de l’existence de deux sexes bien distincts, les biologistes affirmèrent qu’il existait des hormones « masculines » agissant sur les organes considérés comme masculins, et des hormones « féminines » agissant sur les caractères « féminins ». Quand on s’aperçut que les hormones masculines pouvaient avoir des effets « féminisants » sur certains organes féminins et réciproquement, on préféra mettre en doute le sexe des sujets testés plutôt que de remettre en cause le modèle binaire des sexes. Ce n’est que vers les années 1980 que certaines féministes et minorités sexuelles remirent en question le modèle biologique binaire des sexes. La pilule contraceptive fut inventée comme un outil de « libération des femmes », mais aussi de régulation des taux de naissance destiné aux pays surpeuplés et pauvres. Des hormones sexuelles sont utilisées chez des sujets sains, comme les sportifs, pour améliorer leurs performances physiques. Les hormones furent donc inventées comme agents doubles, destinés à soigner des malades, mais aussi à transformer des sujets sains.
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C’est la fabrication du corps reproducteur dans le contexte actuel des techniques médicales de procréation qui est l’objet de cette contribution. Trois dimensions de cette production du corps, envisagée comme un processus à la fois biologique et social en constant réaménagement, sont abordées successivement ici : l’image dessinée par la recherche scientifique ; l’ancrage dans la standardisation hospitalière ; le montage social découlant des réglementations. L’observation de différents indicateurs du système de genre dans chacun de ces registres — les attributs masculins et féminins, le siège de la reproduction, le système de sexualité — incite à conclure à une reproduction des rapports de genre. Néanmoins, on assiste simultanément à une plasticité corporelle, à un brouillage des catégories impliquant de nouvelles tensions : rien ne paraît donc définitivement joué dans les combinaisons potentielles des rapports sociaux entre hommes, femmes, chercheurs et médecins.
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"Le monde contemporain est marqué par une amplification des biens et des choses, des techniques et des artefacts ; toutes choses nous semblant à la fois ordinaires, évidentes et neutres. Cette modernité est rarement interrogée du point de vue des hommes et des femmes qui la vivent. Pourquoi en effet prêter des intentions aux choses? Elles participent de nos vies, pourvoient à nos besoins, nous soulagent de bien des tâches. Remettre en question la neutralité des techniques est pourtant une bonne façon de s'interroger sur les rapports sociaux de sexes, en se demandant pourquoi les femmes sont durablement exclues de certains domaines techniques ; quel pouvoir confère la maîtrise des techniques ; quel est l'enjeu politique et symbolique de cette maîtrise ; et, au bout du compte, comment les techniques contribuent à ordonner le social, et en particulier les relations sexuées."
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La procréation médicalement assistée, puis la perspective d’application humaine du clonage reproductif, ont suscité de nombreuses inquiétudes quant à l’essence même de l’humanité, à laquelle elles semblent porter atteinte, voire qu’elles menacent d’un coup fatal ; ces pratiques restent pourtant minoritaires, et dans le cas du clonage, encore hypothétique. Mais l’important ici n’est pas tant la réalité concrète des faits que les représentations mises en œuvre, et ce qui est craint est surtout l’atteinte à l’idée que l’humanité se fait d’elle-même et de son identité, comme espèce sexuée, généalogique, et mortelle. Sans prendre parti sur le bien-fondé de ces appréhensions, on tâche d’en établir la cartographie schématique, et d’analyser ce qui, dans la différence des sexes et dans le temps vectorisé, est ressenti à la fois comme fondamental eu égard au « propre de l’homme », et fondamentalement fragilisé par l’irruption de la biomédecine dans la procréation.
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L’analyse des relations entre acteurs des nouvelles techniques de reproduction a souvent conduit à privilégier la description des stratégies de ceux qui sont désignés comme dominants : les inventeurs, les médecins, les hommes. A l’inverse, on s’intéressera ici à l’expérience des femmes en faisant l’hypothèse qu’il existe des différenciations dans la démarche de procréation médicalement assistée à l’image de la complexité des rapports sociaux de sexe. Effectivement, l’analyse des parcours de femmes, à partir des dossiers médicaux d’un service hospitalier spécialisé, révèle des lignes de conduite spécifiques : sont ainsi mises à jour des stratégies différentes selon la situation professionnelle, le niveau de qualification, la position vis-à-vis de l’hôpital. Avec la médicalisation croissante de notre société, le « devoir de procréation » se jouerait donc sur une scène où interviennent conjointement les rapports sociaux de sexe, la position vis-à-vis du travail, le lien avec l’institution médicale.
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Cet article décrit l’émergence de deux nouveaux types de patients, le couple et le fœtus, dans certaines techniques reproductives telles la fécondation in vitro et la chirurgie fœtale. Il montre comment l’émergence de ces patients, comme des entités traitables, est liée au développement de ces technologies. Ces pratiques médicales effacent en partie les distinctions entre le naturel et le technique, entre un individu et un autre, et sont accompagnées de dispositifs discursifs spécifiques qui rendent acceptable, voire même naturel ou inévitable le fait de traiter les problèmes de l’enfant ou de l’homme au moyen d’interventions sur le corps de la femme. Cet article est consacré à l’analyse et à la déconstruction de ces dispositifs.