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Tout en soulignant qu’il s’avère illusoire de vouloir séparer les situations personnelles des conditions historiques et politiques de leur émergence, cet article propose une réflexion critique de la notion de libre choix, que l’auteure inscrit dans un réseau de facteurs macrosociaux tels que les tensions internationales ou encore la violence et la pauvreté structurelles. La notion de « libre choix » possède une charge idéologique qui se reflète dans la distinction souvent établie entre les femmes occidentales libérées et la femme musulmane dépourvue de libre choix et victime passive de l’oppression patriarcale. Le libre choix tend aujourd’hui à (re)devenir un critère discriminatoire permettant de distinguer les sociétés les « plus civilisées » (choix et liberté pour les « Occidentales ») de celles qui le sont moins (contrainte et servitude pour les « Orientales »). La violation du libre choix des femmes peut alors contribuer à légitimer l’intervention des industries humanitaire et militaire pour « sauver les musulmanes », comme cela a été le cas dans la guerre d’Afghanistan, à la suite des événements tragiques du 11 septembre 2001. Qui a le pouvoir de réduire « l’Autre », et particulièrement les musulmanes, à des sujets assujettis incapables d’émerger comme sujets agissants ? Des musulmanes souffrent d’un libre choix limité, mais ceci est-il réductible à l’islam ? Le libre choix des Occidentales relève-t-il d’un idéal fantasmé ? Faudrait-il plutôt investiguer la notion de libre choix dans sa complexité intrinsèque reliée aux relations de pouvoir ? Réduire les vies poignantes et tellement complexes des femmes musulmanes à une question de choix plus ou moins libre et éclairé est d’une totale insatisfaction pour l’anthropologue. Afin de mieux saisir cette complexité, l’auteure puise dans son travail ethnographique s’échelonnant sur une vingtaine d’années en milieu rural égyptien pour souligner l’importance du travail (micro)ethnographique qui permet de dépasser les généralités et les simplicités galvaudées par certains médias et romans à sensation (« pulp nonfiction ») qui font et défont l’opinion publique. L’auteure compare ces généralités essentialisantes avec des exemples de vies socialement complexes et ethnographiquement riches de villageoises égyptiennes.
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"Parler des questions qui fâchent en islam à propos des femmes n'est pas une provocation mais une nécessité. Il ne s'agit pas de fâcher mais de clarifier, de rectifier, mais aussi souvent de dénoncer. Clarifier la confusion entre le message spirituel du Texte sacré et l'orthodoxie interprétative institutionnalisée. Rectifier le grand nombre de préjugés sexistes et parfois diffamatoires transcrits dans la tradition musulmane au nom de préceptes divins. Et puis de dénoncer ce qu'une culture patriarcale a forgé dans l'esprit des musulmans : la dévalorisation des femmes". Voile, polygamie, égalité dans l'héritage... Asma Lamrabet fait l'inventaire des discriminations imposées aux femmes au nom de l'islam. Elle démontre que la plupart des interprétations médiévales classiques, produit de leur milieu social et culturel, se sont construites à la marge et parfois à l'encontre du Coran, porteur d'une vision beaucoup plus égalitaire et ouverte.
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Ce numéro s’intéresse aux rapports singuliers entre l’art et les féminismes. En tenant compte de la multiplicité des subjectivités et de l’hétérogénéité des femmes, il s’agit de faire connaitre comment les multiples pratiques et les théories sur l’art participent à déconstruire les oppressions et les limites liées au genre. On présente une sélection de pratiques féminines et féministes, militantes ou non, issues d’approches et de communautés diverses. Les différentes revendications, prises de position et affirmations témoignent de la diversité des artistes : subversion, soulèvement protestataire, remise en question des archétypes de genre et d’hétéronormativité, approche féministe postcoloniale, résurgence des pratiques ancestrales, représentation de soi, utilisation consciente et assumée de la séduction sont autant de manières de dire, encore, la nécessité des féminismes.
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En plus d'un récit autobiographique racontant les défis qu'elle a relevés en tant que jeune immigrante musulmane d'origine marocaine arrivée au Québec en 1994, Asmaa Ibnouzahir présente également une analyse éclairante sur des questions qui reviennent souvent dans nos médias au sujet de l'islam, des femmes et de la société: les musulmans «modérés», les crimes «d'honneur», le foulard, le féminisme islamique et bien d'autres. Islamiste pour certains et hérétique pour d'autres, Asmaa Ibnouzahir partage avec nous son parcours personnel et militant qui a fait d'elle la citoyenne québécoise musulmane, féministe et indignée qu'elle est aujourd'hui. Engagée dans les débats sociopolitiques qui ont traversé le Québec au cours de la dernière décennie, sur la religion, l'immigration et les valeurs québécoises, Asmaa Ibnouzahir livre un témoignage essentiel qui donne un accès sans précédent aux coulisses de ces débats. Depuis une dizaine d'années, Asmaa Ibnouzahir est engagée dans la réflexion et les débats sociaux autour des droits de la personne, notamment sur les questions touchant autant à l'immigration et à la religion dans la sphère publique qu'au statut des femmes dans l'Islam. Elle a également voyagé et travaillé dans plus d'une quinzaine de pays en tant que spécialiste de la nutrition d'urgence humanitaire. -- [Renaud-Bray].
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This article describes a collaborative research project that took place in two south‐western US border towns and sought to understand how four muslim Footnote 1 girls (age 14–17) expressed and negotiated their bodily learning experiences. Drawing on both the work of arab–muslim critical feminist Fatima Mernissi who utilized classical Islamic tools of research and my positionalities as arabyyah‐muslimah, I used insider’s methods to discuss how three hijabs (veils) – the visual, spatial, and ethical – acted as a central genderizing discourse that challenged the girls’ learning opportunities. This article shows how the girls’ parents enforced these three hijabs; how the girls questioned and deveiled the hijabs in their dress, mobility in public places, and physical behavior around boys. This inquiry is a call for critical feminist researchers and educators to recognize how these three hijabs form a key genderizing discourse in the lives of muslim girls. It also presents the importance of: (1) working with muslim girls as agents in their own lives; (2) critical engagement with difference between researchers/educators and muslim communities; and (3) practicing a critically reflexive pedagogy of deveiling.
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Véritable blockbuster, Les Monologues Voilés ont rencontré un succès phénoménal dès la création au Théâtre de Poche de Bruxelles. Depuis, le spectacle a été joué plus de 180 fois - à guichets fermés - en Belgique et à Paris.Le spectacle nous propose 12 monologues d'une exceptionnelle intensité, drôles, poétiques, émouvants nous offrant le rare privilège d'entrer dans l'intimité de femmes musulmanes, sans fausse pudibonderie ni voyeurisme. [source jaquette].
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Liée à l'honneur de la famille, la virginité est une question qui a toujours hanté l'esprit des jeunes filles algériennes. Toutes sortes de pratiques sont envisagées par la société pour la préserver. La plus connue est celles du rbat (action de nouer), dit teskar (action de fermer) ou encore tesfah (action de blinder). Au moyen de techniques ritualisées, elle consiste en la « fermeture » symbolique de l'hymen avant la puberté et son « ouverture » symbolique la veille du mariage. La « chemise tachée du sang de la vierge » doit en être la preuve indéniable: elle authentifie que l'honneur de la famille, du groupe, est intact. Lorsque, pour diverses raisons, l'hymen fait défaut, la société déploie toutes sortes de stratégies palliatives. Aujourd'hui, le certificat de virginité et la reconstitution de l'hymen par la chirurgie plastique, l'hyménorrapie ou l'hyménoplastie, viennent renforcer la pratique symbolique du rabt. La question fondamentale que je pose dans cet article est: peut-on envisager de casser la clôture « malléable » de cette « vaste prison » des femmes afin que les Algériennes puissent intégrer la société en tant qu'individus et non en tant qu'emblèmes de l'honneur de la famille?
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The veiling of Muslim women is subject to strongly contested ideas about whether the veil is a symbol of women's subordination to an oppressive tradition or a means of emancipation from that tradition. This article suggests that women's own personal reasons for veiling must be analysed. Data collected from published documents from Muslim organizations allows for demonstration that the veil is configured as central to an Islamic moral code of female modesty. A further analysis of findings from interviews conducted with veiled Muslim women in Winnipeg shows the nuanced ways in which women enact this code.
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The practice of veiling has made Muslim women subject to dual oppressions--racism and Islamophobia--in society at large and patriarchal oppression and sexism from within their communities. Based on a narrative analysis of the politics of veiling in schools and society, the voices of young Muslim women attending a Canadian Islamic school speak to the contested notion of gender identity in Islam. The narratives situate their various articulations of Islamic womanhood in ways that both affirm and challenge traditional religious notions. At the same time they also are subject to Orientalist representations of veiled and burqa clad women that represent them as oppressed and backward. Focusing on ethnographic accounts of veiling among Muslims girls who attended a gender-segregated Islamic high school in Toronto, this discussion allows a deeper understanding of how gendered religious identities are constructed in the schooling experiences of these Muslim youth. (Contains 11 notes.)
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No single item of clothing has had greater influence on Western images of Middle Eastern and North African women than the veil. The fascination of Western writers, artists, and photographers with the veil reflects the voyeuristic nature of our interest in what is strange and "other." Veil, which accompanies an exhibition organized by the Institute of International Visual Arts in London, explores the representation of the veil in contemporary visual arts. Providing a context for the commissioned essays are a number of classical historical texts crossing religions, cultures, genders, and ages--from Greek myths to articles published in the aftermath of September 11, 2001. Some of the contemporary artists and scholars write autobiographically about the meaning of the veil in their lives. Others take a more political approach, discussing, for example, how the events of September 11 changed the use and reception of veil imagery throughout the world. Still others take a historical approach, examining how nineteenth-century technological developments in travel and photography led to photographic depictions of both the veiled and unveiled body in relation to landscape. A number of essays look at the art historical precedents for the current interest in artwork addressing the veil, while others examine how codes of modesty and gender segregation have affected the making and viewing of films in postrevolutionary Iran. The essays are by Jananne Al-Ani, David A. Bailey, Alison Donnell, Ghazel, Salah Hassan, Reina Lewis, Hamid Naficy, Zineb Sedira, and Gilane Tawadros. The artists represented include Faisal Abdu'Allah, Kourosh Adim, Ghada Amer, Jananne Al-Ani, Farah Bajull, Samta Benyahia, Gaëtan de Clérambault, Marc Garanger, Shadafarin Ghadirian, Group AES, Emily Jacir, Ramesh Kalkur, Shirin Neshat, Harold Offeh, Gillo Pontecorvo, Zineb Sedira, Mitra Tabrizian, and Elin Strand.