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Ce mémoire théorise les relations de sollicitude, soit les relations entre deux adultes consentants qui se connaissent bien, qui maintiennent un contact direct prolongé et qui partagent une histoire commune. Ces relations permettent à chaque personne de communiquer ses besoins et désirs de manière à ce que l’autre personne ait accès aux connaissances intimes particulières lui permettant de faire la promotion de son bien-être. Elles comportent une dimension affective qui influence ce travail de sollicitude de façon à ce qu’il soit effectué de manière impliquée [solicitously], constante et enthousiaste (voir Brake, 2012, pp. 82, 85-86, 160). J’y défends la thèse selon laquelle certains types de relations de sollicitude sont marginalisés des institutions gouvernementales encadrant les relations romantiques, monogames et à long terme en raison de l’influence d’idéologies oppressives, et que cette marginalisation constitue une injustice sociale. Ces idéologies oppressives incluent le racisme, la xénophobie, la suprématie blanche, occidentale et judéochrétienne, le patriarcat, le sexisme, la cishétéronormativité, l’homophobie et la transphobie. Pour ce faire, j’introduis mon argument généralisé pour la reconnaissance institutionnelle des relations de sollicitude marginalisées. Suivant cet argument, toute relation 1) étant une relation de sollicitude et 2) ayant été marginalisée en raison de l’influence historique et actuelle d’idéologies oppressives est une relation de sollicitude marginalisée. Puisque cette marginalisation résulte de l’influence d’idéologies oppressives, il s’agit d’une injustice qui doit être corrigée afin de tendre vers la justice sociale. Afin de démontrer l’applicabilité de cet argument, j’introduis trois ensembles de cas, soit les relations LGBTQIA2S+ n’étant pas présentement reconnues dans certains ou dans tous les pays occidentaux, les relations non monogames et les relations amicales ou familiales ne faisant pas partie de la famille nucléaire conventionnelle. Au sein du premier chapitre, je démontre que ces relations correspondent au deuxième critère de mon argument généralisable, soit le fait d’avoir été marginalisées en raison de l’influence d’idéologies oppressives. Le deuxième chapitre permet de démontrer qu’ils correspondent également au premier critère, soit le fait d’être des relations de sollicitude. Pour ce faire, je démontre qu’elles remplissent la même condition permettant à certaines relations d’être reconnues comme des relations de sollicitude, mais que des injustices épistémiques restreignent leur reconnaissance en tant que relations de sollicitude. Enfin, j’analyse, au sein du troisième chapitre, les différentes pistes de solution aux injustices épistémiques et institutionnelles subies par les personnes au sein de relations de sollicitude marginalisées afin d’identifier lesquelles seraient le mieux en mesure de contribuer au démantèlement de ces injustices. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : relations interpersonnelles, relations de sollicitude, justice sociale, injustice épistémique, communauté LGBTQIA2S+, amatonormativité, cishétéronormativité, enjeux de reconnaissance
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Ce travail de recherche s’attarde à répondre aux deux questions suivantes : d’abord, comment les jeunes femmes québécoises ayant des relations sexuelles avec des hommes perçoivent-elles l’influence des mouvements de dénonciations qui ont eu lieu dans les dernières années? Ensuite, qu’est-ce qui caractérise les réflexions sur leur agentivité sexuelle de ces jeunes femmes? S’inscrivant dans le contexte de la multiplication des mouvements de dénonciations de violences sexuelles, cette recherche tente de voir l’impact perçu que ces mouvements, et le contexte social particulier qui en résulte, peuvent avoir sur les jeunes femmes qui ont vécu leur entrée dans la sexualité dans ce contexte. L'objectif est de comprendre l’agentivité sexuelle de ces jeunes femmes telle qu'elles la vivent, et comment celle-ci est négociée dans un contexte hétéropatriarcal. J'explore également de quelles façons ces jeunes femmes, après ces campagnes médiatiques de sensibilisation, incorporent des éléments de cette culture contestataire dans leurs réflexions. À l’aide de questionnaires et d’entretiens semi-dirigés auprès de 8 jeunes femmes, nous avons recueilli des données sur ce sujet. Les résultats ont été interprétés à la lumière de la littérature sur l'agentivité sexuelle des femmes, dans une perspective féministe critique de l'hétérosexualité comme rapport de domination des hommes sur les femmes. Les résultats nous montrent que l’agentivité sexuelle se développe progressivement, au fil des expériences des jeunes femmes interrogées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agentivité sexuelle, jeunes femmes, hétérosexualité, sexualité des femmes, patriarcat, dénonciations en ligne
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Le projet de création de ce mémoire consiste en l’écriture introspective d’un corps hanté par la honte, l’angoisse et l’inconfort. Dans un recueil de poésie en vers, la voix poétique entreprend une plongée intérieure, au cœur du corps troublé du sujet. Les effets physiques et psychologiques des contraintes socialement imposées aux femmes et aux personnes queers sont décortiqués. La honte, le dégoût, le trouble face au corps apparaissent ici comme des symptômes des normes patriarcales et hétéronormatives que nous avons intégrées et qui nous font violence. Par la morsure je respire est divisé en trois parties, qui font écho aux réflexions développées dans le deuxième volet du mémoire. Dans la partie réflexive, je tente d’observer et de penser les liens qui existent entre la construction genrée des corps, la peur, la honte, et la création littéraire. En m’appuyant entre autres sur les textes de Jack Halberstam, Renate Lorenz et Paul B. Preciado, j’explore les potentiels de l’échec et de la théorie freak comme outils de déconstruction et de subversion des normes sociales et du contrôle sur les corps. J’avance qu’il est possible pour les dissident·es du genre de se réclamer d’une posture monstrueuse dans l’écriture. Cette revendication se conçoit non seulement par une prise de conscience et une réclamation individuelle, mais bien dans et par la collectivité. À l’image de la génération symbolique de Françoise Collin, l’idée est de s’engager dans une dynamique de transmission et de mémoire. Le désir qui nous meut ici est celui d’une communauté littéraire féministe et queer qui peut penser et dire le corps en marge du système hétéropatriarcal. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : corps, honte, peur, intime, échec, monstre, théorie queer, féminisme, sororité, communauté littéraire.
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Quelles formes peut prendre la résistance des femmes en contexte de violences sexuelles et genrées? Suspicious River (1996), le premier roman de l’États-Unienne Laura Kasischke, offre un terrain fertile pour réfléchir à cette question. Le présent mémoire retrace les tensions entre aliénation et agentivité de Leila Murray, narratrice et protagoniste, jusque dans la mécanique de l’économie figurée du texte. Au moyen d’un dispositif narratif atypique, la jeune femme arrive à dire ses multiples traumas en les traduisant en un foisonnement figuré qui déplace les marques de son intériorité et de sa subjectivité. Grâce aux figures liées aux isotopies du contact et de la distance ainsi qu’à la coprésence des points de vue parfois contradictoires de la protagoniste et de la narratrice, Leila est en mesure de déjouer le script de son anéantissement et de raccommoder son rapport au monde, aux autres et à elle-même. Nous établirons d’abord le cadre d’une aliénation qui serait propre aux femmes, de l’invisibilisation des violences dirigées contre elles à l’intériorisation d’une féminité conventionnelle en passant par les mécanismes d’interpellation genrée et l’hétérosexualité hégémonique, ce facteur de dépolitisation des rapports sociaux de sexe. Nous aborderons ensuite la relation entre identité et agentivité, en pensant celle-ci comme une force contextuelle et créatrice permettant à un sujet de se positionner par rapport à l’ordre établi. Notre concept d’agentivité langagière désigne la rencontre d’une subjectivité langagière (Benveniste) et de l’énonciation figurative (Tamba-Mecz) pour penser la résistance de Leila à même le texte. Nous verrons que dans Suspicious River, l’aliénation, loin d’être une fatalité paralysante, se manifeste rarement sans l’agentivité, et que ces deux états renseignent sur une ambivalence fondamentale – du pouvoir et du sujet –, où elles peuvent cohabiter et redéfinir les modes de résistance. À la jonction des études littéraires, féministes et de l’énonciation, le présent mémoire puise dans la philosophie, la sociologie et la narratologie pour explorer les possibilités agentives liées au langage figuré dans le contexte d’une prise de parole fictionnelle faisant retour sur des événements traumatiques. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agentivité, aliénation, langage figuré, traumas, violences genrées, violences sexuelles, énonciation, Suspicious River, Laura Kasischke
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Le mouvement Femen est un groupe féministe international qui manifeste seins nus. Au Québec comme un peu partout dans le monde, les Femen attirent l’attention des médias. Le discours médiatique entourant ce mouvement constitue donc un objet d’étude intéressant afin d’explorer la question plus large du rapport au corps et à la sexualité des femmes. Dans le cadre de ce projet, une analyse critique de discours a été menée sur 214 textes issus de cinq groupes de quotidiens québécois francophones. Alors qu’on tend à penser que l’égalité entre les sexes est atteinte au Québec, le discours médiatique québécois entourant le mouvement Femen révèle que le corps, la nudité et la sexualité des femmes font l’objet d’un contrôle social en plus d’un regard patriarcal, colonialiste et hétéronormé. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femen, agentivité sexuelle, slut-shaming, discours médiatique, féminisme, corps, nudité
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Extreme metal is a masculine space, yet more and more women join in. They face a contradiction: as women, they are expected to adopt feminine behaviours; however, they are part of a subculture that valorizes warrior masculinity. I sought to understand the gender expectations of the Montreal extreme metal scene and interpret the contradictions encountered by women in this scene with the help of Schippers’ (2007) theoretical framework on gender. To do so, I conducted 16 individual interviews with women and men who take part in the scene. This research fills a gap in the literature on gender that derives from Connell and Schippers’ writings and addresses issues that the field of metal studies has brushed over. I found that metal men are the “default” participants in the scene. They are expected to be fine music connoisseurs and even become musicians. In contrast, women’s presence is heterosexualized and attributed to a romantic or sexual interest in metal men. Women are suspected of being “poseuses” or groupies with no real interest in the music until proven otherwise. To become legitimate participants, they have to overcome those expectations and prove that they are worthy of being viewed through the prism of masculinity rather than femininity. They do so by proving their exceptionality through manhood acts and distancing themselves from other women. Despite their gender transgressions, women’s presence does not fundamentally question gender relations but reaffirms the overall primacy of masculinity over femininity.
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Ce mémoire porte sur les significations que les personnes concernées par l’expression « lesbienne » donnent à ce mot et à leurs expériences quotidiennes en lien avec celui ci. La recherche s’appuie sur un cadre conceptuel féministe et queer formé de quatre éléments: le féminisme lesbien critique tel que théorisé par Sara Ahmed (2017), la pensée straight de Monique Wittig (1992), la compréhension des normes selon Judith Butler (1993, 2004/2016) ainsi que la notion de communauté selon Jeffrey Weeks (2000). La recherche se base sur 16 entretiens non-directifs avec des personnes concerné·e·s par l’expression « lesbienne ». La discussion des données se fait sous trois angles d’analyse: le langage, le quotidien et la communauté. Premièrement, au niveau du langage, le mot « lesbienne » est compris par les participant·e·s comme étant une identité (à géométrie variable) ainsi qu’une orientation sexuelle. Or, iels ont aussi grandement insisté sur le fait que « lesbienne » voulait dire plus que cela, c’est-à-dire que c’est aussi pour elleux une façon de mener leur vie. L’effet matériel du pouvoir a été décrit comme participant à l’invisibilisation des réalités lesbiennes étant donné que celles-ci sont comprises comme étant impossibles dans la pensée straight. Deuxièmement, au niveau du quotidien, les entrevues ont permis de voir que celui-ci est défini par des trajectoires imposées dans la vie de tous les jours, se promener dans la rue, s’afficher en tant que lesbienne ou être perçu·e comme tel dans l’espace public ainsi que des conversations avec leurs proches. Les points de vue des participant·e·s sont analysés sous l’angle de l’expérience d’affrontement à un monde organisé autour de l’hétérosexualité. Leurs tentatives de changer les normes à travers un travail de transformation personnel et collectif sont révélées. Troisièmement, au niveau de la communauté, les entrevues permettent d’entrevoir que celle-ci est d’abord comprise comme prenant forme dans des relations amicales avec d’autres personnes LGBTQ, dans les bars et les lieux de socialisation réservés ou accueillants envers les personnes lesbiennes ainsi que l’implication dans des organismes communautaires LGBTQ. Puis, l’idée de communauté lesbienne, au singulier et au pluriel, permet d’aborder aussi les questions d’identification, de valeurs communes, de capital social et politique. En guise de conclusion, l’hétéronormativité est aussi comprise en tant que problème social. De plus, la complexité des significations entourant être lesbienne donne envie d’en savoir plus et de multiplier les recherches sur le sujet. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : lesbienne, hétéronormativité, problème social, normes, langage, quotidien, communauté, travail social
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Cette recherche a pour objectif d'observer la représentation du lien entre la fluidité de genre et la fluidité sexuelle. Cette observation permet de construire un portrait plus fin des procédés qui régissent la construction sociale. Nous prenons la série télévisée United States Of Tara comme canevas afin de décortiquer la façon dont le personnage navigue à travers des contraintes discursives et sociales, tout en nous permettant de d'entamer une réflexion déconstructive une matrice rigide et naturalisante. Ce mémoire s'appuie sur des théories sociologiques et féministes queer, dans le cadre de la sexologie et d'études féministes. Nous traitons d'influence des médias sur la formation des normes, de théorie de genre et stéréotypes de genre, d'orientations sexuelles et de leurs dimensions. Ces différentes dimensions se retrouvent dans la fluidité de genre et la fluidité sexuelle, et interagissent de façon à se coconstruire. Nous avons étudié 11 épisodes de la série United States Of Tara, en prenant les verbatims de ces épisodes puis en faisant une analyse thématique de ces verbatims. Pour cette étude, nous avons développé un modèle inspiré de Butler, ainsi que Gagnon et Simon. Il se dégage deux grands axes de notre analyse. Premièrement, Tara utilise des expressions genrées en fonction du contexte et des contraintes hétéronormatives. Deuxièmement, la fluidité sexuelle du personnage est décortiquée en relation avec ses expressions genrées. Le tout représente l'expérience de chacun dans une matrice rigide qui nécessite que le sujet s'adapte aux contraintes du système. Nous permettons ainsi d'améliorer la visibilité des représentations non binaires, tout en offrant de nouveaux outils discursifs afin d'appréhender les concepts hétéronormatifs. MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : queer, genre, normes, représentations, médias, féminisme, sociologie
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Cette thèse explore l'incarnation et le genre au sein de la communauté de danse swing contemporaine de Montréal. En m'appuyant sur la savoir dans les domaines de musicologie, études de la danse, études de jazz, et études de genre, je cherche à illuminer la relation entre les danseurs et les musiciens/DJ. J'explore les nombreuses facettes de cette conversation chorographique et musicale, retraçant cette relation dialogique et collaborative sur le plancher de danse sociale. La communauté actuelle est le produit d'un renouveau du swing, et les questions d'authenticité deviennent donc des considérations importantes pour les danseurs, les musiciens, et les DJ. Un produit de ce renouveau c'est l'ensemble des valeurs hétéronormatives qui sous-tendent toujours la communauté contemporaine. J'étudie dans quelle mesure ces valeurs sont réifiées, remises en question, ou subverties par les participants en tant que leurs choix musicaux et chorographiques.À cette fin, j'ai entrepris des entrevues avec six informateurs, chacun ayant une expérience en tant que danseur et musicien et/ou DJ. Leur position privilégiée découlant de leur double expérience qui leur donne une perspective unique de la façon dont les danseurs et les musiciens/DJ remplient leurs fonctions. Cette thèse fournit une contribution unique au domaine en situant les voix d'individus ayant une expérience chorographique et musicale en dialogue avec les études existantes, et finalement, réévalue l'importance des connaissances incarnées et du genre au sein de la communauté swing de Montréal.
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À travers l’analyse de l’essai A Small Place et des romans The Autobiography of My Mother et See Now Then, le présent mémoire interroge la manière dont le bonheur oriente l’oeuvre de l’autrice Jamaica Kincaid. Ce mémoire repose sur la prémisse suivante : la notion de bonheur est le produit d’une narration; elle n’est pas une chose en soi, mais se construit, plutôt, par l’entremise d’un récit. En ce sens, le récit du bonheur a une fonction de contrôle social puisqu’il sert à établir une marche à suivre pour l’atteindre et à distinguer les personnes heureuses de celles qui sont malheureuses. L’objectif du mémoire est de relever comment, dans l’oeuvre de Kincaid, le produit de cette narration, qui sera nommé « récit hégémonique du bonheur », est constitué par le white gaze qui réifie les personnes racisées et historiquement colonisées. À l’aide des théories du Black feminism et du point de vue situé, nous verrons comment Kincaid fait un usage politique du malheur et investit la narration du point de vue situé des femmes noires pour venir déstabiliser, déconstruire et tourner au ridicule le white gaze. Ainsi, elle oppose au discours dominant des discours contrehégémoniques qui permettent de penser les portées esthétiques et politiques du malheur. Chacune des narratrices à l’étude est associée à une figure rabat-joie développée par la philosophe Sara Ahmed — la killjoy postcoloniale, la willful subject et la melancholic migrant —, incarnations qui font contrepoids au point de vue blanc et masculin. Pour débuter, un chapitre théorique effectue un bref historique de la notion de bonheur en Occident et détaille les approches théoriques et concepts qui seront au centre de l’analyse (point de vue situé, white gaze, figures rabat-joie) Les trois chapitres subséquents sont respectivement dédiés à l’analyse d’une oeuvre à l’étude et de la figure qui lui est associée. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jamaica Kincaid, bonheur, rabat-joie, blanchité, hégémonie, A Small Place, The Autobiography of My Mother, See Now Then, killjoy, willful subject, melancholic migrant, Black feminism, point de vue situé, subjectivité
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Cette thèse se propose de faire une analyse du discours sur les représentations du féminin et les implications du sexe/genre dans la chanson québécoise contemporaine, à travers les œuvres et la persona de trois auteur·ice·s-compositeur·ice·s-interprètes (ACI): Ariane Moffatt, Pierre Lapointe et Philémon Cimon. Notre analyse part d’abord du constat que les chansons de Moffatt, Lapointe et Cimon figurent des sujets lyriques, dont la parole et le geste sont modulés par les enjeux énonciatifs que posent le lyrisme. Pour rendre compte de la spécificité de la chanson comme pratique poétique réunissant paroles, musique et interprétation, nous proposons de faire une étude sémantique des chansons pour chacun·e des ACI, en nous attardant dans un premier temps aux questions soulevées par le lyrisme, puis en faisant la somme des aspects relevant du sexe/genre présents dans leurs univers sonores respectifs avec le renfort de la théorie féministe et des études de genre, d’après une perspective postmoderne. Notre lecture cherche à souligner les reconduites et les poncifs liés au féminin, mais également à saisir les propositions et les configurations qui s’écartent des lieux communs, tant pour les modèles féminins valorisés que pour les modèles amoureux et les rapports sociaux de sexe et de genre suggérés par les chansons. La comparaison entre les chansons des trois artistes permet ainsi de dégager des points de convergence, tout en révélant les particularités de leurs œuvres.
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Ce mémoire porte sur l'identité des jeunes lesbiennes féministes faisant usage de la plateforme sociale Facebook, dans un contexte sociétal hétéronormatif. Cette recherche a pour objectif d'étudier la présentation de soi sur Face book à travers des stratégies (ou tactiques) de négociation identitaire en lien avec une orientation sexuelle et politique. Sur le plan théorique, nous mobiliserons les études féministes, la sociologie des usages et les études sur la présentation de soi. Ces champs de recherche sont pertinents pour penser la négociation identitaire et la présentation de soi des jeunes lesbiennes féministes en ligne. La méthodologie déployée dans le cadre de cette étude exploratoire est une stratégie qualitative d'inspiration nethnographique. Les résultats issus de l’observation non participante des profils Facebook et la réalisation d’entrevues semi-dirigées révèlent que les jeunes lesbiennes féministes façonnent leur identité numérique étant donné leur public et le contexte hétéronormatif, ce qui participe plus largement de leur « invention de soi » en lien avec leur orientation sexuelle (lesbienne) et politique (féministe) dans un contexte sociétal hétéronormatif.
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L'humour, malgré toute la légèreté qu'on peut lui prêter, ne se pratique pas en état d'apesanteur sociale. Loin d'être un discours sans conséquence ou un miroir plus ou moins poli de la société, il participe bien souvent à exclure et à stigmatiser plusieurs groupes sociaux et à reconduire – parfois de façon ironique – des rapports de pouvoir. Le présent mémoire propose d'étudier trois humoristes stand-up pratiquant un humour libéré de stéréotypes dégradants et critique des structures de pouvoir. À partir d'outils conceptuels empruntés aux féminismes intersectionnels, la grammaire d'un humour « émancipateur » sera débroussaillée. Les stratégies d'écriture de Margaret Cho, de Chelsea Peretti et d'Hari Kondabolu serviront d'exemples afin de révéler comment la forme artistique du stand-up peut participer à construire des espaces de résistance et de transformation politiques. Les monologues de ces humoristes, comme ceux de la plupart de leurs semblables, s'ancrent dans le quotidien en observant sous un angle nouveau des habitudes et des mentalités. Les trois humoristes se distinguent toutefois par quatre grandes stratégies : 1) par des humours orientés non pas vers les exclu-e-s et les précaires, mais vers les structures de pouvoir; 2) par de longues prémisses partageant les référents nécessaires à la compréhension de blagues; 3) par des recadrages participant à politiser le quotidien; 4) par l'utilisation de procédés humoristiques rarement mobilisés en stand-up. Phénomène remarquable, aucun-e des humoristes ne se réclame d'un humour « politique », et chacun-e privilégie un mode humoristique distinct : le confessionnel chez Cho, l'absurde chez Peretti et l'observationnel chez Kondabolu. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Humour, stand-up, féminisme, intersectionnalité, stéréotypes, patriarcat, racisme, suprématie blanche, sexisme, cissexisme, hétérosexisme.
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Présenté en deux parties, un essai et une création, ce mémoire se veut une première exploration de la présence du polyamour dans la littérature québécoise. Alors que la monogamie règne toujours en maître du « vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » dans la plupart des fictions littéraires, le modèle polyamoureux – posant qu’il est possible et acceptable d’aimer plus d’une personne et d’entretenir plusieurs relations amoureuses à la fois – s’inscrit comme un nouveau possible. Considérant ce modèle comme une critique de la monogamie institutionnelle et de la contrainte à cette dernière (ou mononormavité), la présente recherche étudie la représentation du polyamour dans trois romans québécois : C’est la faute au bonheur d’Arlette Fortin (2001), Ainsi font-elles toutes de Clara Ness (2005) et Tarquimpol de Serge Lamothe (2007). L’étude du nombre de partenaires impliqués, de leur configuration et du contrat établi dans chaque cellule amoureuse permet de mettre en lumière les éléments communs ou exclusifs à chaque récit et de comparer leurs discours. L’essai est suivi d’un court roman racontant l’irruption d’une cinquième personne dans un appartement où les colocataires partagent déjà leur amour, leurs ressources et, occasionnellement, leur sexualité. Cette création se pose à la fois en continuation et en opposition avec les romans étudiés, en évitant les pièges hétéronormatifs présents dans ces derniers, et en intégrant le polyamour dans le quotidien des personnages.
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La volonté de ce projet de maîtrise consiste à analyser la manière dont les représentations de figures genderqueers en art actuel participent à une réflexion critique des notions d'identité et de sexualité comme lieux privilégiés de résistance à l'hétéronormativité. Je souhaite démontrer à quel point la représentation du corps queerisé peut agir comme espace stratégique d'une repolitisation de la sexualité et de l'identité et ainsi contribuer à une micropolitique de résistance. Par le truchement des politiques et théories queers et féministes, les pratiques artistiques polymorphes de J.J. Levine, Dorothée Smith, Nina Arsenault et Virginie Jourdain questionnent et critiquent l'hétéronormativité et ses discours pour en dévoiler les principaux axiomes idéologiques et ainsi en déconstruire l'apparente naturalité. Dans l'objectif de comprendre et d'articuler les enjeux que sous-tendent les théories féministes et queers actuelles, je vais m'attarder plus spécifiquement à en circonscrire les prémisses enracinées dans le contexte postmoderne. En revisitant des auteurs clés tels Michel Foucault et Judith Butler, je souhaite mettre en lumière leurs contributions intellectuelles et théoriques pour la constitution d'une pensée critique des identités et des sexualités. Les représentations de figures genderqueers en art actuel participent ainsi d'une déconstruction des présupposés immanents de l'hétéronormativité dont le genre est en quelque sorte l'ancrage ontologique. En jouant de ces codes hégémoniques de manière à en désamorcer la violence symbolique, Smith, Levine, Jourdain et Arsenault participent à une remise en cause des concepts même d'identité et de sexualité pour nous faire entrevoir de possibles subjectivations dissidentes. À la source de mes réflexions, il y a ainsi une volonté épistémologique de produire un savoir mutant, progéniture androgyne d'une multitude de penseurs qui n'ont de cesse de nourrir la discipline de l'histoire de l'art. Ce mémoire est donc le mariage polygame de méthodologies hétéroclites dont l'objectif ultime est la production d'un savoir queer riche et sensible. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : postmodernisme, queer, identités, sexualités, genderqueer, J.J. Levine, Dorothée Smith, Virginie Jourdain, Nina Arsenault, micropolitique de résistance, subjectivités dissidentes, hétérotopies identitaires, hétéronormativité, pharmacopornographie.
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De grandes enquêtes en milieu scolaire, au Québec comme ailleurs, ont documenté depuis les années 2000 la portée des violences homophobes, particulièrement à l’école secondaire, ainsi que leurs impacts négatifs sur les élèves qui en sont victimes, qu’ils s’identifient ou non comme lesbiennes, gais, bisexuel(le)s ou en questionnement (LGBQ). La diffusion des résultats de ces enquêtes, ainsi que les constats similaires d’acteurs sur le terrain, ont fait accroitre les appels à la vigilance des écoles quant aux discriminations homophobes pouvant prendre forme en leur enceinte. Plusieurs des responsabilités résultant de cette mobilisation ont échoué par défaut aux enseignants, notamment en raison de leur proximité avec leurs élèves. Cependant, malgré la panoplie de publications et de formations visant explicitement à les outiller à ce sujet, les enseignants rapportent de manière consistante manquer de formation, d’habiletés, de soutien et d’aise à l’idée d’intervenir contre l’homophobie ou de parler de diversité sexuelle en classe. Cette thèse de doctorat vise à comprendre les pratiques d’intervention et d’enseignement que rapportent avoir les enseignants de l’école secondaire québécoise, toutes orientations sexuelles confondues, par rapport à la diversité sexuelle et à l’homophobie. Dans une perspective interdisciplinaire, nous avons interrogé la sociologie de l’éducation, les études de genre (gender studies) et les études gaies et lesbiennes, ainsi qu’emprunté aux littératures sur les pratiques enseignantes et sur l’intervention sociale. Les données colligées consistent en des entrevues semi-structurées menées auprès de 22 enseignants du secondaire, validées auprès de 243 enseignants, par le biais d’un questionnaire en ligne. Étayés dans trois articles scientifiques, les résultats de notre recherche permettent de mieux saisir la nature des pratiques enseignantes liées à la diversité sexuelle, mais également les mécanismes par lesquels elles viennent ou non à être adoptées par les enseignants. Les témoignages des enseignants ont permis d’identifier que les enseignants sont globalement au fait des attentes dont ils font l’objet en termes d’intervention contre l’homophobie. Ceci dit, en ce qu’ils sont guidés dans leurs interventions par le concept limité d’homophobie, ils ne paraissent pas toujours à même de saisir les mécanismes parfois subtils par lesquels opèrent les discriminations sur la base de l’orientation sexuelle, mais aussi des expressions de genre atypiques. De même, si la plupart disent condamner vertement l’homophobie dont ils sont témoins, les enseignants peuvent néanmoins adopter malgré eux des pratiques contribuant à reconduire l’hétérosexisme et à alimenter les mêmes phénomènes d’infériorisation que ceux qu’ils cherchent à combattre. Sauf exception, les enseignants tendent à comprendre le genre et l’expression de genre davantage comme des déterminants de type essentialiste avec lesquels ils doivent composer que comme des normes scolaires et sociales sur lesquelles ils peuvent, comme enseignants, avoir une quelconque influence. Les stratégies de gestion identitaire des enseignants LGB influencent les pratiques qu’ils rapportent être en mesure d’adopter. Ceux qui optent pour la divulgation, totale ou partielle, de leur homosexualité ou bisexualité peuvent autant rapporter adopter des pratiques inclusives que choisir de se tenir à distance de telles pratiques, alors que ceux qui favorisent la dissimulation rapportent plutôt éviter autant que possible ces pratiques, de manière à se garder de faire face à des situations potentiellement délicates. Également, alors que les enseignants LGB étaient presque exclusivement vus jusqu’ici comme ceux chez qui et par qui se jouaient ces injonctions à la vie privée, les enseignants hétérosexuels estiment également être appelés à se positionner par rapport à leur orientation sexuelle lorsqu’ils mettent en œuvre de telles pratiques. Nos résultats révèlent un double standard dans l’évocation de la vie privée des enseignants. En effet, la divulgation d’une orientation hétérosexuelle, considérée comme normale, est vue comme conciliable avec la neutralité attendue des enseignants, alors qu’une révélation similaire par un enseignant LGB est comprise comme un geste politique qui n’a pas sa place dans une salle de classe, puisqu’elle se fait au prix du bris d’une présomption d’hétérosexualité. Nos résultats suggèrent qu’il existe de fortes prescriptions normatives relatives à la mise en genre et à la mise en orientation sexuelle à l’école. Les enseignants s’inscrivent malgré eux dans cet environnement hétéronormatif. Ils peuvent être amenés à y jouer un rôle important, que ce soit en contribuant à la reconduction de ces normes (par exemple, en taisant les informations relatives à la diversité sexuelle) ou en les contestant (par exemple, en expliquant que certains stéréotypes accolés à l’homosexualité relèvent d’aprioris non fondés). Les discours des enseignants suggèrent également qu’ils sont traversés par ces normes. Ils peuvent en effet choisir de se conformer aux attentes normatives dont ils font l’objet (par exemple, en affirmant leur hétérosexualité), ou encore d’y résister (par exemple, en divulguant leur homosexualité à leurs élèves, ou en évitant de conforter les attentes dont ils font l’objet) au risque d’être conséquemment pénalisés. Bien entendu, cette influence des normes de genre diffère d’un enseignant à l’autre, mais semble jouer autant sur les enseignants hétérosexuels que LGB. Les enseignants qui choisissent de contester, explicitement ou implicitement, certaines de ces normes dominantes rapportent chercher des appuis formels à leurs démarches. Dans ce contexte, une telle quête de légitimation (par exemple, la référence aux règlements contre l’homophobie, la mobilisation des similitudes entre l’homophobie et le racisme, ou encore le rapprochement de ces enseignements avec les apprentissages prescrits pour leur matière) est à comprendre comme un outillage à la contestation normative. La formation professionnelle des enseignants sur l’homophobie et sur la diversité sexuelle constitue un autre de ces outils. Alors que les enseignants québécois continuent d’être identifiés comme des acteurs clés dans la création et le maintien d’environnements scolaires non-discriminatoires et inclusifs aux réalités de la diversité sexuelle, il est impératif de les appuyer en multipliant les signes formels tangibles sur lesquelles leurs initiatives peuvent prendre appui (politiques explicites, curriculum scolaire inclusif de ces sujets, etc.). Nos résultats plaident en faveur d’une formation enseignante sur la diversité sexuelle, qui ferait partie du tronc commun de la formation initiale des maîtres. Chez les enseignants en exercice, il nous apparait préférable de miser sur une accessibilité accrue des formations et des outils disponibles. En réponse toutefois aux limites que pose à long terme une approche cumulative des formations spécifiques portant sur différents types d’oppressions (l’homophobie, le racisme, le sexisme, etc.), nous argumentons en faveur d’un modèle d’éducation anti-oppressive au sein duquel les élèves seraient invités à considérer, non seulement la multiplicité et le caractère situé des divers types d’oppressions, mais également les mécanismes d’attribution de privilège, de constitution de la normalité et de la marginalité, et de présentation de ces arbitraires culturels comme des ordres naturels.
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Throughout his ascendancy in fame and cultural visibility, singer/songwriter and gay pop icon Rufus Wainwright's output has been consistently related, by scholars and critics alike, to camp aesthetics, modes of artistic expression typically understood as emerging from queer communities, particularly certain gay male populations, but ones whose political potential is highly contested. Traditional conceptions of camp, as most famously articulated by Susan Sontag in the 1960s, emphasize style over content, necessarily rendering it politically-disengaged. However, scholars have vehemently challenged conceptions like Sontag's, in order to reclaim camp as a potent means to facilitate queer world-making and a powerful resistance to heteronormativity. I examine Wainwright's image and music in order to theorize a new queer interpretive listening position. Specifically, I draw upon the literary perspective of “reparative reading,” articulated by Eve Kosofsky Sedgwick in opposition to what she describes as “paranoid reading,” to propose a uniquely queer approach to musical and cultural historiography, exemplified by Wainwright's music. Much of the current queer musicology focuses on lost histories, systematic marginalization, and the commoditization of queer identities. While such approaches have produced important insights, thorough examination of the relationships between queer cultural products and their queer reception has proven elusive. This project suggests a unique approach to understanding the musical construction of a specific kind of queer masculinity, one which combines authorial creation with reparative conceptions of reception, in order to theorize a uniquely gay male interpretive position. When viewed through a theoretical lens combining politically-potent conceptions of camp performativity with a reparative reading position, Wainwright's music strikingly enacts Philip Brett's call to claim, not historical evidence, but the right of interpretation, emerging as an act of resistance via the reclamation and consolidation of a queer interpretive authority. In this way, Wainwright articulates both a rupture in the history of queer masculinity and a powerful means of resistance to the often-exclusionary relationships between literary, musical, and artistic objects and the heteronormative cultural systems in which they are created.
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A partir d'une enquête par entretiens auprès de 21 lesbiennes et d'une observation de terrain, cette thèse se propose de rendre compte de l'élaboration des normes socio-sexuelles des lesbiennes. Au-delà de l'analyse des discours sur les pratiques sexuelles, ce sont les manières dont les lesbiennes se pensent et se situent par rapport aux contraintes normatives de genre qui sont mises à jour dans cette étude. Par-delà la diversité des parcours pèse sur le processus de formation de soi des gais et lesbiennes la contrainte normative à l'hétérosexualité, mais la force de cette contrainte n'opère pas de la même façon pour les deux sexes. En effet pour les lesbiennes, la question de l'invisibilité est intrinsèquement liée au statut social femme. Le but de cette recherche est de révéler, en s'appuyant sur les conceptions contemporaines du lesbianisme (mode de nomination de soi, pratiques de couple, composition du script sexuel), une réalité peu analysée en sciences sociales, et de contribuer à interroger la catégorie "femme" et l'organisation hétérosociale dans laquelle elle se définit. Analyser les trajectoires lesbiennes permet d'interroger par la marge un ensemble de normes sociales régissant la sexualité, le couple, les représentations sexuées inhérentes à la norme androcentrée. Il en découle les questions suivantes : comment se définit-on lesbienne dans un contexte hétérosexiste? Par quel processus peut-on se penser et se présenter aux autres? Comment définit-on le couple quand les catégorisations de sexe ne sont pas le principal référent? Et enfin, comment s'organise la sexualité quand elle ne repose pas sur la division hiérachisée des sexes?
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Singer-composer Rufus Wainwright uses specific musical gestures to reference historical archetypes of urban, gay masculinity on his 2002 album Poses. The cumulative result of his penchant for pastiche, eschewal of traditional musical boundaries, and self-described hedonism, Poses represents Wainwright's direct engagement with the politics of identity and challenges dominant constructions of (homo)sexuality and masculinity in popular music. Drawing from a vast lexicon of musical styles, he assembles an idiosyncratic persona, ignoring several decades of pop with an "utter lack of machismo [and] a freedom that comes to outsiders disinterested in meeting the requirements of the dreary status quo." Though analysis of musical and lyrical characteristics of Poses, I establish a dialectic between Wainwright's musical persona and four historical modes of urban gay masculinity: the 19th Century English Dandy, the French flaneur, the 20th Century gay bohemian, and the "Clone." In doing so, I introduce Wainwright as a reinvigorating force, resuscitating the subversive potential of radical gay sexuality as a 21st Century model for imagining gay male subjectivity.
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Les cinq chansons francophones en tête des palmarès radio et de ventes québécois pour la période comprise entre 1960 et 1990 ont en très forte majorité pour thème central l'amour. Or, comme le souligne Geneviève Sellier à propos du cinéma,"le privilège accordé aux"histoires d'amour" rend nécessaire l'utilisation des théorisations concernant les rapports sociaux de sexe" 1. Ainsi, étudier à la lumière de la notion de genre les paroles des chansons les plus consommées annuellement s'impose. Cette analyse est d'autant plus nécessaire que ces trois décennies ont été marquées par la libération sexuelle et les mouvements féministes, éléments annonciateurs de bouleversements des identités sexuées. Nous tenterons d'évaluer comment, à travers le thème des rapports amoureux, la chanson populaire francophone consommée au Québec représente les identités sexuées entre 1960 et 1990. Nous constaterons que le thème des rapports amoureux s'est fortement modifié au cours de la période. On assiste au déclin du"mythe du Prince Charmant". Toutefois, l'hétéronormativité, loin d'être remise en question dans les chansons, tend à être accentuée au cours de la période. Si au niveau des rapports amoureux, la chanson populaire reflète certains bouleversements en cours dans la société québécoise, elle est loin de remettre en question les catégories homme-femme. L'érosion du mythe de l'amour n'a pas permis de mettre fin à la bicatégorisation dans la chanson, malgré une plus grande souplesse des représentations des identités sexuées. 1 Geneviève Sellier,"Une histoire du cinéman avec les femmes est-elle possible?", dans Anne-Marie Sohn et Françoise Thélamon dir., L'histoire sans les femmes est-elle possible ?, [S. I.] Perrin, 1998, p. 143.
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