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Historiquement, la grossesse et l'accouchement étaient le champ de pratique des sages-femmes et traduisaient les savoirs empiriques qu’elles et d’autres femmes avaient développés sur leur corps. Mais, aux 19e et 20e siècles, en Occident, les sages-femmes perdent la main mise sur l'accouchement au profit de la nouvelle profession médicale omnipotente, métier historiquement réservé aux hommes. L’obstétrique-gynécologie voit le jour sous la lunette misogyne et raciste d’hommes qui tentent de mener cette spécialité vers la reconnaissance et la gloire auprès de leurs pairs, parfois aux dépens des femmes surtout noires ou pauvres. De nos jours, au Québec et à travers le monde, des voix s’élèvent pour dénoncer la violence obstétricale subie par les personnes qui accouchent : des abus, des mauvais traitements et des non-respects des droits des personnes vécus durant la grossesse et l’enfantement. Ainsi, c’est avec une posture épistémologique féministe que cette recherche tente, à partir de témoignages de femmes ayant enfanté dans le milieu hospitalier au Québec, de comprendre l’expérience d’accouchement dans un lieu où les rapports de pouvoir sont inégaux. Cette recherche qualitative croise les données avec deux théories clés : les savoirs faisant autorité et l’injustice épistémique. Trois points saillants ressortent de l’analyse : 1) ce sont les soignant·es qui détiennent les savoirs faisant autorité et avec eux le pouvoir décisionnel dans la salle d’accouchement. 2) Les personnes qui accouchent sont victimes d’injustice testimoniale au moment de l’enfantement. 3) L’injustice herméneutique nuit à la reconnaissance et à la lutte contre les violences obstétricales. Finalement, cette recherche met en lumière que les injustices épistémiques que vivent les personnes qui accouchent en milieu hospitalier au Québec sont la toile de fond dans laquelle s’enracinent les violences obstétricales. L’analyse témoigne de la nécessité de renverser les rapports de pouvoir inégaux dans la salle d’accouchement et de changer de paradigme autour de la naissance afin d’obtenir plus de justice périnatale. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Injustice épistémique, savoirs faisant autorités, violence obstétricale, accouchement, justice périnatale, rapports de pouvoir.
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« Valparaíso, décembre 1986, tremblement de terre entre les quatre murs d'une maison. Un homme et une femme annoncent à leurs enfants qu'il faut tout laisser derrière et fuir le Chili de Pinochet. C'est Noël, la petite Caroline a sept ans et elle aura la nausée durant tout le voyage. La fillette atterrit à Montréal. En plus de la neige dehors, il y a le tapis rouge vin de l'hôtel Ramada qui accueille les personnes réfugiées en attente de papiers. Il y a aussi Passe-Partout qui semble s'adresser à elle à travers le téléviseur. Après le premier appartement à Montréal-Nord, la classe d'accueil de madame Thérèse qui lui apprend le français, les enfants qui se moquent de ses cheveux et de sa boîte à lunch, la misère des rues d'Hochelaga, il y aura tout ce temps passé dans les banques où ses parents font des ménages. Entre l'exil, les fantômes du passé et le jeu des différences, la petite Caroline camouflera sa furieuse envie de vivre pour ne plus détonner et devenir une immigrante modèle. Mais comment apprend-on à ne plus s'effacer? Peut-on embrasser une nouvelle culture sans renier ses origines? Lumineux et vivant, Là où je me terre sonde la possibilité d'aimer et de lutter sans ne plus avoir à fuir. »
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Challenging the myth of African Canadian leadership "in crisis," this book opens a broad vista of inquiry into the many and dynamic ways leadership practices occur in Black Canadian communities. Exploring topics including Black women’s contributions to African Canadian communities, the Black Lives Matter movement, Black LGBTQ, HIV/AIDS advocacy, motherhood and grieving, mentoring, and anti-racism, contributors appraise the complex history and contemporary reality of blackness and leadership in Canada. With Canada as a complex site of Black diasporas, contributors offer an account of multiple forms of leadership and suggest that through surveillance and disruption, practices of self-determined Black leadership are incompatible with, and threatening to, White "structures" of power in Canada. As a whole, African Canadian Leadership offers perspectives that are complex, non-aligned, and in critical conversation about class, gender, sexuality, and the politics of African Canadian communities.
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Dans les années 1960-1970, l'État français encourage l'avortement et la contraception dans les départements d'outre-mer alors même qu'il les interdit et les criminalise en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités? Partant du cas emblématique de La Réunion où, en juin 1970, des milliers d'avortements et de stérilisations sans consentement pratiqués par des médecins blancs sont rendus publics, Françoise Vergés retrace la politique de gestion du ventre des femmes, stigmatisées en raison de la couleur de leur peau. Dès 1945, invoquant la «surpopulation» de ses anciennes colonies, l'État français prône la régulation des naissances et l'organisation de l'émigration; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l'espace de la République, provoquant un repli progressif sur l'Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient. Françoise Vergés s'interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s'appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l'autrice entend faire la lumière sur l'histoire mutilée de ces femmes, héritée d'un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd'hui.
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La justice reproductive est à la fois un cadre d’analyse et de pratiques et un mouvement social qui a émergé aux États-Unis pendant les années 1990. Le terme a été consacré par des femmes africaines-américaines lors de la Conférence internationale sur la population et le développement qui a eu lieu au Caire en 1994. Il est le résultat de l’amalgame entre « justice sociale » et « droits reproductifs ». La justice reproductive situe l’accomplissement de la pleine autonomie sexuelle et reproductive des femmes et des filles au sein d’un projet plus large de justice sociale. Ce mouvement a émergé de l’initiative de femmes racisées et autochtones et continue d’être majoritairement porté par elles.
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The life story of Mrs. Daisy Sweeney, an African Canadian native of Montreal, Quebec, helps fill a void in the historical documentation of Montreal Blacks (especially female elders). Of particular significance is her prominence as a music educator and othermother during her life. The current literature on African Canadian othermothering experiences is not synonymous with both White or African American females and inclusion of their voices in academic, as well as mainstream spaces, is virtually non-existent. This dissertation asks: What did it mean to be a first generation 'Negro' working class bilingual female in a largely hostile White francophone Quebec metropolis in the early 20th Century? How can her narratives help shape and inform life history and African Canadian othermothering research? My sojourn with Mrs. Daisy Sweeney referenced African centered epistemology in my conceptual understanding of herself and community mothering. Capturing her conversations meant engaging with multiple methodologies articulated through African oral traditions, life history, archival canons and interdisciplinary inquiries. It is striking to note that there were not only certain tensions associated with memory loss and physical limitations (prompted by the aging process) that destabilized and enriched our 'interactive' communication, but also revealed a rupture and reversal of the participant/researcher dynamic. In spite of blatant racial discrimination that plagued Montreal's Black communities during that time, Daisy Sweeney fulfilled a life-long dream and taught hundreds of children the canon of classical piano for over 50 years. She lived her voice through her music, finding ways to validate her own identity and empowering others in the process. She used the musical stage as her platform to draw invaluable connections between race, gender, language and social class. Daisy Sweeney's generation of othermothers is dying out and, as the carriers of culture, the urgency to tell their stories must be emphasized. The account respects, reclaims and reflects those voices. It is time to write in African Canadian female elders and diversify the exclusionary genre of life history and archival research.
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La circulation d’enfants entre une mère biologique et des parents adoptifs soulève des questions sur la pluralité des systèmes de genre et les inégalités sociales méconnues jusqu’ici. Nous menons une réflexion sur la situation paradoxale qui lie deux systèmes de genre : en Inde, il enjoint des femmes non mariées à renoncer à vivre leur maternité et, en Occident, il pousse les femmes avec un emploi à retarder la conception de leur premier enfant, ce qui augmente le risque de fécondabilité réduite et ouvre la voie au recours à l’adoption. Notre étude, au Tamil Nadu (Inde), parmi les mères biologiques montre que la production d’enfants adoptables relève de rapports de pouvoir très complexes.
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Cet article explore la grand-maternité telle qu’elle est construite et vécue chez les Inuits du Nunavik, à partir d’une recension de la littérature ainsi que des résultats préliminaires d’une recherche qualitative visant à connaître le point de vue des grands-mères inuites sur leur place et leurs rôles au sein de la famille. L’étude met notamment en lumière la place centrale et indispensable des grands-mères dans les soins et l’éducation des petits-enfants. Elle soulève également certains questionnements quant à la pertinence des programmes psychosociaux actuellement en place. Ces observations tendent en faveur d’une reconnaissance du rôle essentiel des grands-mères inuites à travers la mise en place de programmes et de services mieux adaptés à cette clientèle.
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La pensée féministe s'est historiquement attachée, depuis -- voire en dehors de -- la tradition matérialiste, à montrer que le rapport de classe n'épuise pas l'expérience de la domination vécue par les femmes et, plus généralement, par les minorités sexuelles. Plus encore, en élaborant des outils d'analyse tels que le mode de production domestique , les rapports sociaux de sexe ou le rapport de genre , la pensée féministe a travaillé sur l'imbrication des rapports de pouvoir, dénaturalisant la catégorie de sexe à l'aune de ses déterminations historico-sociales. Depuis quelques années en France, la réflexion sur l'imbrication des rapports de pouvoir s'est complexifiée davantage, notamment sous l'influence des travaux nord et sud-américains, mais aussi caribéens ou indiens. Les problématiques relatives aux identités sexuelles, aux régimes de sexualité, mais aussi celles articulant le genre et la nation, la religion et/ou la couleur, ont permis de développer un véritable champ de réflexion. La question cruciale de l'articulation du sexisme et du racisme, notamment, a ainsi renouvelé tout autant l'agenda des mouvements féministes que la recherche universitaire. Cet ouvrage a pour but d'interroger les différents outils critiques pour penser l'articulation des rapports de pouvoir. Tout en interrogeant leur mode propre de catégorisation (les catégories de sexe et de race ont-elles méthodologiquement le même statut que la classe ? À quelles conditions utiliser la catégorie de race comme une catégorie d'analyse ? L'analyse en termes de classe a-t-elle été éclipsée par l'analyse croisée du sexisme et du racisme, après les avoir longtemps occultés ?...) cet ouvrage discute les différents modes de conceptualisation de ce que l'on pourrait appeler l'hydre de la domination : analogique, arithmétique, géométrique, généalogique. À partir de différentes traditions disciplinaires (sociologie, science politique, philosophie, psychologie, littérature...), les contributions ici réunies présentent un état des lieux des diverses appréhensions de l'imbrication des rapports de pouvoir -- intersectionnalité , consubstantialité , mondialité , postcolonialité , ... et, ce faisant, (re)dessinent les contours d'une véritable épistémologie de la domination. (
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Vous écoutez Tant que je serai noire le podcast qui s'interroge sur le désir et non désir d'enfant des femmes noires. Trigger Warning pour ce témoignage. Dans le rapport de la Commission sur l'égalité et la non-discrimination : Violences obstétricales et gynécologiques sorti le 16 septembre 2019. Les violences obstétricales et gynécologiques sont une forme de violence restée longtemps cachée. Dans l’intimité d’une consultation médicale ou d’un accouchement, des femmes sont victimes de pratiques violentes ou pouvant être perçues comme telles. Il s’agit d’actes non appropriés ou non consentis, tels que des épisiotomies, ou la non-utilisation de l’anesthésie pour des interventions douloureuses.Il s’agit d’actes non appropriés ou non consentis, tels que des épisiotomies, ou la non-utilisation de l’anesthésie pour des interventions douloureuses. Des comportements sexistes ont aussi été recensés. Dans ce témoignage Khady, femme noire et maman de 2 enfants nous parle de son expérience traumatisante vécue lors de sa 1ere grossesse. Khady a été victime de violences obstétricales. Oui, le racisme systémique affecte aussi la grossesse et l’accouchement des personnes dites racisées. Nous demandons donc aujourd'hui à ce qu'il y est des cours qui présentent une analyse critique du racisme ou une histoire de l’esclavage et du colonialisme, et la façon dont ces périodes continuent à affecter les personnes racisées ? Que lorsque les mouvements féministes sont abordés, toutes les femmes soient représentées ? Que dans les établissements de santé, soit directement posée la question du racisme dans les relations humaines et aussi à se demander s’il existe des politiques antiracistes dans ces milieux hospitaliers. Et si oui, quels sont les moyens mis en place pour les faire respecter ? Je remarque que, souvent, les enjeux entourant le racisme (inclusion, diversité, discrimination, liens entre les périodes historiques du colonialisme, de l’esclavage et le présent) ne sont tout simplement pas soulevés. Comment créer des environnements inclusifs alors si on ne tient pas compte de ces réalités ? En attendant ces politiques antiracistes en tant qu'humain je vous invite à écouter le récit des victimes dont celui de Khady, C'est le premier pas vers un changement de notre société