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Dans cet article, nous proposons de poser les balises d’une approche interculturelle dite critique qui dépasserait les concepts clés de l’approche interculturelle, à savoir la culture et les compétences interculturelles (Cohen-Emerique et Rothberg, 2015; Legault, 2000). Au-delà de la considération des aspects communicationnels et subjectifs de l’interaction entre les cultures et les identités, il s’agit pour nous d’identifier, de reconnaître et d’intégrer les inégalités structurelles, les tensions contemporaines et le « nano-racisme » (Mbembe, 2016), c’est-à-dire celui qui se manifeste au quotidien à travers des interactions sociales. En d’autres mots, au-delà d’une approche interculturelle subjectiviste et interactionniste, nous proposons essentiellement de considérer de façon systémique le racisme pour promouvoir une approche interculturelle critique
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« Émergence insoumise s'ouvre sur un souvenir de l'autrice qui attend un taxi après un colloque : « Non, mais croyez-vous vraiment que moi, une femme des Premières Nations, je vais aller attendre seule le soir, à Val-d'Or? » Ces mots, adressés au gardien qui lui indique que les portes de l'université sont sur le point de fermer, seront le catalyseur d'une réflexion sur le sort réservé aux femmes autochtones, aussi bien dans le milieu carcéral que dans la société canadienne en général. Alternant entre les réminiscences personnelles et les analyses du racisme systémique afin d'aller au-delà des statistiques et des préjugés, cet essai de Cyndy Wylde s'inscrit dans une tradition de littérature de combat, qui bouscule les idées reçues et dynamite le confort et l'indifférence. »
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Historiquement, la grossesse et l'accouchement étaient le champ de pratique des sages-femmes et traduisaient les savoirs empiriques qu’elles et d’autres femmes avaient développés sur leur corps. Mais, aux 19e et 20e siècles, en Occident, les sages-femmes perdent la main mise sur l'accouchement au profit de la nouvelle profession médicale omnipotente, métier historiquement réservé aux hommes. L’obstétrique-gynécologie voit le jour sous la lunette misogyne et raciste d’hommes qui tentent de mener cette spécialité vers la reconnaissance et la gloire auprès de leurs pairs, parfois aux dépens des femmes surtout noires ou pauvres. De nos jours, au Québec et à travers le monde, des voix s’élèvent pour dénoncer la violence obstétricale subie par les personnes qui accouchent : des abus, des mauvais traitements et des non-respects des droits des personnes vécus durant la grossesse et l’enfantement. Ainsi, c’est avec une posture épistémologique féministe que cette recherche tente, à partir de témoignages de femmes ayant enfanté dans le milieu hospitalier au Québec, de comprendre l’expérience d’accouchement dans un lieu où les rapports de pouvoir sont inégaux. Cette recherche qualitative croise les données avec deux théories clés : les savoirs faisant autorité et l’injustice épistémique. Trois points saillants ressortent de l’analyse : 1) ce sont les soignant·es qui détiennent les savoirs faisant autorité et avec eux le pouvoir décisionnel dans la salle d’accouchement. 2) Les personnes qui accouchent sont victimes d’injustice testimoniale au moment de l’enfantement. 3) L’injustice herméneutique nuit à la reconnaissance et à la lutte contre les violences obstétricales. Finalement, cette recherche met en lumière que les injustices épistémiques que vivent les personnes qui accouchent en milieu hospitalier au Québec sont la toile de fond dans laquelle s’enracinent les violences obstétricales. L’analyse témoigne de la nécessité de renverser les rapports de pouvoir inégaux dans la salle d’accouchement et de changer de paradigme autour de la naissance afin d’obtenir plus de justice périnatale. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Injustice épistémique, savoirs faisant autorités, violence obstétricale, accouchement, justice périnatale, rapports de pouvoir.
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Ce projet porte sur les liens entre les pratiques artistiques et le changement social dans la lutte contre le racisme. Il a pour but d’étudier la réception de la fresque La vie des Noir·e·s compte, réalisée sous la direction de Never Was Average, et implique de porter attention non seulement sur l’oeuvre et l’appréciation de celle-ci, mais aussi sur les modalités de sa production au Québec et à Montréal, en particulier. Les objectifs poursuivis sont les suivants : (1) recueillir et documenter le point de vue de celles et ceux qui ont vu la fresque ; (2) identifier les réflexions et les actions par rapport au racisme anti-Noir·e·s ; (3) outiller les milieux artistiques et militants noirs ; (4) contribuer à la recherche sur/de la race en travail social féministe. Théoriquement, la recherche s’ancre dans trois axes d’analyse, à savoir : les féminismes noirs, la théorie critique de la race (Critical Race Theory), et les Cultural Studies. J’adopte également la notion d’intersectionnalité pour appréhender la subjectivité des participant·e·s (genre, race, classe, etc.) et les processus qui les sous-tendent. L’épistémologie féministe et la méthodologie qualitative interprétative critique permettent une démarche exploratoire, féministe et engagée. Un focus groups a réuni cinq personnes qui ont discuté l’appréciation de la fresque, la compréhension du message, et les réflexions générées chez elles par la fresque. L’analyse des données de l’entrevue par catégories conceptualisantes mène vers la théorisation enracinée des retombées de la fresque en lien avec la lutte au racisme anti-Noir·e·s. Le détail des résultats contribue à offrir une vision complexifiée du médium artistique, entre autres, dans une perspective de résistance, mais aussi de la langue et de la politisation des vies noires. Le poids de la langue, ici la langue française, révèle, une diversité d’enjeux allant des représentations culturelles qui circulent en société aux dynamiques sociopoliques qui marginalisent les personnes Noires. La manipulation politique perçue par les participantes entourant l’oeuvre évoque des sentiments de déception et la perte de confiance à l’égard des pouvoirs politiques. La discussion critique de ces éléments met en lumière des espaces où se joue la racialisation et les rapports de pouvoir dans le contexte québécois. En conclusion, des pistes de réflexion pour la recherche critique de la race en travail social, ainsi que des suggestions pour la pratique sont proposées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : arts, artivisme, réception, travail social, travail social féministe critique, race, racisme, Montréal, féminismes, féminismes noirs, Québec.
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« Mes larmes étaient celles d'un désenchantement : un désenchantement féministe. J'avais échoué à trouver les mots qui auraient fait douter ces femmes de leur offensive contre d'autres femmes, de leur trahison d'un féminisme universel de leur aveuglement par des biais racistes et islamophobes. Puisque l'islamisme était l'ennemi, celles qui affichaient leur adhésion à l'islam devenaient à leurs yeux l'incarnation de ce danger, et se retrouvaient exclues des luttes pour les droits des femmes. Mais les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? »--Page 4 de la couverture.
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Ce mémoire théorise les relations de sollicitude, soit les relations entre deux adultes consentants qui se connaissent bien, qui maintiennent un contact direct prolongé et qui partagent une histoire commune. Ces relations permettent à chaque personne de communiquer ses besoins et désirs de manière à ce que l’autre personne ait accès aux connaissances intimes particulières lui permettant de faire la promotion de son bien-être. Elles comportent une dimension affective qui influence ce travail de sollicitude de façon à ce qu’il soit effectué de manière impliquée [solicitously], constante et enthousiaste (voir Brake, 2012, pp. 82, 85-86, 160). J’y défends la thèse selon laquelle certains types de relations de sollicitude sont marginalisés des institutions gouvernementales encadrant les relations romantiques, monogames et à long terme en raison de l’influence d’idéologies oppressives, et que cette marginalisation constitue une injustice sociale. Ces idéologies oppressives incluent le racisme, la xénophobie, la suprématie blanche, occidentale et judéochrétienne, le patriarcat, le sexisme, la cishétéronormativité, l’homophobie et la transphobie. Pour ce faire, j’introduis mon argument généralisé pour la reconnaissance institutionnelle des relations de sollicitude marginalisées. Suivant cet argument, toute relation 1) étant une relation de sollicitude et 2) ayant été marginalisée en raison de l’influence historique et actuelle d’idéologies oppressives est une relation de sollicitude marginalisée. Puisque cette marginalisation résulte de l’influence d’idéologies oppressives, il s’agit d’une injustice qui doit être corrigée afin de tendre vers la justice sociale. Afin de démontrer l’applicabilité de cet argument, j’introduis trois ensembles de cas, soit les relations LGBTQIA2S+ n’étant pas présentement reconnues dans certains ou dans tous les pays occidentaux, les relations non monogames et les relations amicales ou familiales ne faisant pas partie de la famille nucléaire conventionnelle. Au sein du premier chapitre, je démontre que ces relations correspondent au deuxième critère de mon argument généralisable, soit le fait d’avoir été marginalisées en raison de l’influence d’idéologies oppressives. Le deuxième chapitre permet de démontrer qu’ils correspondent également au premier critère, soit le fait d’être des relations de sollicitude. Pour ce faire, je démontre qu’elles remplissent la même condition permettant à certaines relations d’être reconnues comme des relations de sollicitude, mais que des injustices épistémiques restreignent leur reconnaissance en tant que relations de sollicitude. Enfin, j’analyse, au sein du troisième chapitre, les différentes pistes de solution aux injustices épistémiques et institutionnelles subies par les personnes au sein de relations de sollicitude marginalisées afin d’identifier lesquelles seraient le mieux en mesure de contribuer au démantèlement de ces injustices. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : relations interpersonnelles, relations de sollicitude, justice sociale, injustice épistémique, communauté LGBTQIA2S+, amatonormativité, cishétéronormativité, enjeux de reconnaissance
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Ferdulis Zita Odome Angone, enseignante chercheure à l’UCAD au Sénégal et autrice du livre « Femmes noires francophones: Une réflexion sur le patriarcat et le racisme aux XX-XXIe siècles » était présente dans le cours FEM-7000-31, le 12 octobre 2022, afin d’échanger avec les personnes étudiantes et le public.
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Ferdulis Zita Odome Angone, enseignante chercheure à l’UCAD au Sénégal et autrice du livre « Femmes noires francophones: Une réflexion sur le patriarcat et le racisme aux XX-XXIe siècles » était présente dans le cours FEM-7000-31, le 12 octobre 2022, afin d’échanger avec les personnes étudiantes et le public.
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À l'aide des données de l'ESG de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), le présent article de Juristat examine les expériences de discrimination dans la vie quotidienne des Canadiens, avec un accent particulier sur les expériences des populations noires et des Premières Nations, des Métis et des Inuits vivant au Canada.
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Two decades ago, Tarana Burke started using the phrase ‘me too’ to release victims of sexual abuse and rape from their shame and to empower girls from minority communities. In 2017, actress Alyssa Milano made the hashtag #MeToo go viral. This article’s concern is with the role of testimonial practices in the context of sexual violence. While many feminists have claimed that the word of those who claim to being sexually violated by others (should) have political and/or epistemic priority, others have failed to recognize the harm and injury of instances of sexual violence that are not yet acknowledged as such and failed to listen to victims from marginalized social groups. In fact, some feminists have attacked #MeToo for mingling accounts of ‘proper’ sexual violence and accounts that are not ‘proper’ experiences of sexual violence. My aim in this article is to show why this critique is problematic and find a philosophically fruitful way to understand the #MeToo-movement as a movement that strives for moral and conceptual progress.
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The settler state's taking of Indigenous children into care disrupts their communities and continues destructive, assimilationist policies. This article presents the perceptions of lawyers, social workers and judges of how Indigenous parents experience child welfare in Quebec. Our participants characterized those experiences negatively. Barriers of language and culture as well as mistrust impede meaningful participation. Parents experience epistemic injustice, wronged in their capacity as knowers. Mistrust also hampers efforts to include Indigenous workers in the system. Emphasizing state workers’ ignorance of Indigenous family practices and the harms of settler colonialism, participants called for greater training. But critical literature on professional education signals the limits of such training to change institutions. Our findings reinforce the jurisdictional calls away from improving the system towards empowering Indigenous peoples to run services of child welfare. The patterns detected and theoretical resources used are relevant to researchers of other institutions that interact with vulnerable populations.
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Organisé par l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique et le Centre des musiciens du monde, le colloque Femmes musiciennes du monde visait à explorer les parcours professionnels de musiciennes migrantes. Des conférences et tables rondes ont fait intervenir des chercheuses en sociologie, anthropologie, musicologie et ethnomusicologie ainsi que des musiciennes ayant immigré à Montréal. De la combinaison de ces savoirs scientifique et expérientiel s’est dégagée une série de difficultés et défis récurrents pour les femmes en musique : invisibilisation du travail, différenciations et discriminations genrées dans un milieu majoritairement masculin, enjeux liés au corps féminin ainsi qu’à la mobilité géographique. Or, il s’est aussi affirmé des spécificités d’expériences, de profils et de stratégies selon les parcours migratoires. Cette note de terrain synthétise les principaux constats, mais aussi les limites des discussions de ce colloque avant d’identifier quelques-uns des nombreux efforts qu’il reste à déployer pour mieux comprendre les réalités de telles artistes.
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''Le privilège de dénoncer cherche à savoir pourquoi les femmes et les filles noires sont largement absentes du débat public lorsqu'il est question de violences sexuelles. Kharoll-Ann Souffrant explore sans détour les raisons historiques de ce constat à partir d'exemples tirés du Québec, de la France et des États-Unis. Entre les impacts actuels de la colonisation et de l'esclavage, les stéréotypes liés à la sexualité des Noir·es ainsi que les failles du système de justice criminelle, l'autrice assemble les pièces du casse-tête pour révéler les dynamiques à l'œuvre derrière la marginalisation des femmes afrodescendantes. La parole des survivantes noires serait-elle doublement invisibilisée, tant par les institutions patriarcales que par un certain féminisme blanc et libéral qui aurait accaparé le mouvement #MeToo? Une invitation à élargir sans délai notre compréhension des violences sexuelles et racistes, et ce, pour le bénéfice de l'ensemble de la société. «Dans un Québec qui – comme tant de sociétés – s'élance encore d'un pas hésitant lorsqu'il s'agit de confronter le racisme systémique, la parole de Kharoll-Ann Souffrant est précieuse. Elle est une femme noire dont les racines se trouvent sur la terre où s'est érigée la première république noire au monde, à Haïti, née d'une révolution victorieuse contre la France coloniale, contre l'oppression esclavagiste. Aujourd'hui Kharoll-Ann Souffrant pose sa plume telle la digne héritière de celles et ceux qui se sont dressé·es il y a plus de deux cents ans. Avec verve, elle décrypte ce racisme conçu pour écraser ses aïeux, dont les résidus persistent à obstruer les regards qui se posent sur elle.» ''-- Site de l'éditeur.
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Les affrontements politiques actuels de la « guerre contre le terrorisme » illustrent que l'interaction au sein et entre les civilisations dites occidentales et moyen-orientales est en constante évolution. Un thème récurrent est cependant la façon dont l'Islam et les musulman.e.s signifient « l'Ennemi » dans l'imaginaire socioculturel occidental et sont devenu.e.s « l'Autre » contre lequel l'Occident s'identifie. Dans un mélange unique et perspicace de théorie raciale critique, féministe et postcoloniale, Sunera Thobani examine comment l'islam est à la base de la formation de l'identité occidentale à des moments critiques de son histoire, y compris les croisades, la Reconquista et la période coloniale. Plus précisément, elle explore comment la masculinité et la féminité se forment à ces moments charnières et quel rôle le féminisme a joué dans les guerres contre l'islam « radical ». En exposant ces relations symbiotiques, Thobani explore comment le retour de la « religion » retravaille les politiques raciales, de genre et sexuelles par lesquelles la société occidentale se définit, et plus spécifiquement, se définit contre l'islam. Contester l'islam, construire la race et la sexualité déballe les orthodoxies conventionnelles et non conventionnelles pour ouvrir de nouveaux espaces dans la façon dont nous pensons à l'identité sexuelle et raciale en Occident et au rôle crucial que l'islam a eu et continue d'avoir dans son développement.
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Les réalités entourant le statut de la demande d’asile au Québec sont encore très peu connues de la population québécoise, et les spécificités des femmes demandeuses d’asiles le sont encore moins. Cette recherche est à la fois d’actualité et d’avant-garde face à la carence de connaissances entourant la population des femmes demandeuses d’asile. Elle prône une documentation des expériences de ces femmes, tout en reconnaissant leurs savoirs comme des savoirs légitimes, valides et porteurs de connaissances pouvant améliorer ce processus politique et ainsi améliorer leurs conditions de vie. La question de recherche cible les expériences du processus d’asile canadien des femmes ayant immigré à Montréal. Grâce à une lunette analytique intersectionnelle et conceptualisant les savoirs expérientiels, les expériences de ces femmes sont appréhendées dans leur complexité et dans leur globalité. La dimension complexe est essentielle afin de ne pas tendre vers une homogénéisation de l’identité de « femme demandeuse d’asile » mais bien d’écouter et d’entendre la pluralité des voix et des expériences, et d’ainsi conjuguer la singularité et la collectivisation des expériences des femmes. La recherche s’ancre dans une méthodologie qualitative ainsi que dans une perspective féministe de recherche afin de rendre compte de l’objectif principal de la recherche, soit de documenter et re.connaître les expériences des femmes sur le processus d’asile canadien. Six entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés, à la suite de quoi les six femmes ont été invitées à participer à un groupe focus, auquel trois d’entre elles ont participé. Il a joué le rôle d’espace dialogique participant à la valorisation des femmes comme expertes de leur vécu et d’espace sécuritaire pour les femmes afin qu’elles valident ou invalident les premiers thèmes émanant de l’analyse préliminaire, le tout dans un principe féministe visant à laisser place aux premières concernées et de se situer dans une posture d’apprenante comme chercheuse. Les résultats sont présentés sous forme de six récits contenant de nombreux extraits d’entretiens et reconstruits systématiquement à l’aide de sept thèmes. Les six récits présentent ainsi un premier niveau d’analyse qui est ensuite approfondi dans la discussion sur les thèmes prédominants dans les entretiens et validés dans le groupe focus. Cette recherche prône alors des recommandations en se basant sur les connaissances produites par les femmes lors des collectes de données et permet de mettre en lumière les failles de ce processus institutionnalisé et de le remettre en question relativement aux enjeux discriminatoires envers les femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : demande d’asile, demandeuses d’asile, femmes, expériences, intersectionnalité, savoir expérientiel, féminisme, discriminations, injustices, Canada, Québec.
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3e conférence du Cycle « Penser les coalitions (éco)féministes » offert à l’hiver 2021 dans le cadre du cours FEM 300G – Introduction aux écoféminismes et ouvert au public. Dalila Awada, M. Sc sociologie, U de M. était la conférencière invitée pour la séance du 6 avril 2021 : « Les mécaniques imbriquées du racisme et du spécisme ».
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Alors qu’on associe généralement la peur à des réflexes tels que la fuite, l’inhibition ou la démobilisation lorsqu’il est question de militantisme, cet article examine comment cette émotion peut parfois stimuler l’engagement de militantes féministes. Située au croisement des approches « actionnistes » (Bernard, 2017) des émotions, de la sociologie des mouvements sociaux et de la sociologie féministe, la discussion proposée s’inspire de 87 entretiens semi-dirigés réalisés entre 2006 et 2015 à travers le Québec, et d’une comparaison entre les milieux féministes suisses romands et québécois grâce aux 31 entretiens réalisés en 2018 et 2019 dans ces deux régions. En tenant compte des niveaux macro, méso et micro de l’analyse, l’article interroge les effets contrastés de la peur sur l’engagement féministe selon le positionnement des actrices dans les rapports sociaux de race, de classe et de sexualité, mais aussi selon les origines de la peur (intra ou extra mouvement), son degré d’intensité, ses interactions avec d’autres émotions (dont la colère) et le travail émotionnel (Hochschild, 2012) des féministes interrogées. L’article brosse ainsi un portrait des causes de la peur chez les féministes pour ensuite analyser les séquences émotionnelles les plus récurrentes en vue de mettre en relief diverses combinaisons émotionnelles et leurs effets sur l’engagement des féministes.
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Cet article examine l’histoire de vie de sept immigrants ou immigrantes LGBTQ, originaires du Nord et du Sud global, qui habitent à Montréal. Les recherches sur l’immigration ont longtemps été réalisées selon un cadrage hétéronormatif, ce qui met à l’écart toute une série de questions relatives à l’impact de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre non normative sur l’expérience migratoire. Les sociétés imposent des contraintes distinctes vis-à-vis des personnes LGBTQ. Une fois installées dans la société d’accueil, ces sujets peuvent expérimenter plus de possibilités sur le plan sexuel ; néanmoins leur origine peut devenir un marqueur qui les place à l’intérieur d’un rapport de pouvoir avec le groupe majoritaire. Notre article vise à mettre en lumière la manière dont les immigrants LGBTQ construisent leurs histoires de vie dans un contexte où leur vécu est traversé par l’imbrication de plusieurs aspects identitaires comme l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’ethnicité et la religion, pour n’en nommer que quelques-uns. L’approche intersectionnelle rend possible l’identification des systèmes de pouvoirs contraignants auxquels les participants font face quotidiennement. L’analyse thématique nous a permis d’être à l’écoute des individus afin de connaître les catégories de pouvoir et les systèmes d’oppression dont ils parlent — le but étant de positionner les répondants comme des sujets connaissants, et non de simples objets d’étude. L’analyse des entrevues montre que les individus LGBTQ qui expriment une combinaison variée d’identités affrontent des défis spécifiques liés au parcours migratoire.
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En mobilisant les outils de la sociologie, ce livre met à distance le discours moral ou humaniste sur l'adoption transraciale ou transnationale, afin d'aborder celles-ci d'un point de vue politique. Ces formes d'adoption sont en effet traversées par des enjeux qui vont au-delà de l'amour ou du désir d'enfant. Pour les comprendre, ce livre introduit une perspective théorique et militante encore trop peu connue en France : la justice reproductive, qui considère les disparités d'accès aux techniques reproductives, contraceptives, abortives et de stérilisation, ou encore les placements et les adoptions d'enfants, comme résultant d'inégalités systémiques. Le texte navigue entre un récit de vie poignant et des affiliations choisies aux théories critiques de la race, aux Cultural Studies, aux études féministes, aux études décoloniales et aux théories queer. Amandine Gay répond ainsi à l'urgence pour les personnes adoptées--et pour les autres--d'ouvrir un champ de réflexion, fondésur leurs expériences et expertises, analysant les rapports de pouvoir qui s'exercent dans l'adoption, et les structures conventionnelles de la parenté.
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En 1949 en Côte-d’Ivoire, deux mille femmes marchent d’Abidjan à la prison de Grand-Bassam pour exiger la libération de prisonniers politiques. De 1952 à 1960, des femmes participent massivement à la lutte du peuple kikuyu contre les autorités coloniales au Kenya. Dans les années 1960 au Mozambique, le FRELIMO crée des camps d’entraînement militaire dédiés aux femmes. Aux quatre coins du monde, tout au long de l’histoire de la colonisation, des femmes se sont mobilisées pour résister aux conquêtes, renverser les rapports de force, mettre fin aux discriminations ou arracher la liberté. Partout ou presque, l’histoire a oublié leurs noms. Ce livre veut remettre en lumière une partie de ces oubliées qui ont résisté, pris les armes, ou qui ont milité, manifesté, soigné, nourri, caché. Ces femmes qui ont dit non à la colonisation.