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La procréation médicalement assistée, puis la perspective d’application humaine du clonage reproductif, ont suscité de nombreuses inquiétudes quant à l’essence même de l’humanité, à laquelle elles semblent porter atteinte, voire qu’elles menacent d’un coup fatal ; ces pratiques restent pourtant minoritaires, et dans le cas du clonage, encore hypothétique. Mais l’important ici n’est pas tant la réalité concrète des faits que les représentations mises en œuvre, et ce qui est craint est surtout l’atteinte à l’idée que l’humanité se fait d’elle-même et de son identité, comme espèce sexuée, généalogique, et mortelle. Sans prendre parti sur le bien-fondé de ces appréhensions, on tâche d’en établir la cartographie schématique, et d’analyser ce qui, dans la différence des sexes et dans le temps vectorisé, est ressenti à la fois comme fondamental eu égard au « propre de l’homme », et fondamentalement fragilisé par l’irruption de la biomédecine dans la procréation.
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Depuis la seconde guerre mondiale, treize nouveaux contraceptifs féminins ont été émis au point alors que les contraceptifs masculins sont à peu près inchangés depuis quatre cents ans. La responsabilité contraceptive, avec les risques qui en découlent pour la santé, est donc attribuée principalement aux femmes. Cet article se propose d’analyser le rôle de différents acteurs dans la réécriture éventuelle des rapports de genre autour de la contraception. Nous nous concentrerons sur le cas des nouvelles techniques contraceptives, surtout masculines, et la manière dont leurs utilisateurs sont définis. Alors que la plupart des travaux en sociologie des techniques insistent sur le rôle de l’innovation dans cette définition de l’utilisateur, nous montrerons qu’aux côtés des scientifiques, les féministes et les journalistes ont joué un rôle important dans la configuration des utilisateurs potentiels de ces techniques contraceptives : ils ont construit une grande variété de représentations de la masculinité et des utilisateurs hommes. Ces représentations sont utilisées soit pour montrer qu’il n’y a pas d’obstacle culturel à l’acceptabilité de ces techniques, soit à l’inverse, pour en dénoncer le caractère utopique.
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L’analyse des relations entre acteurs des nouvelles techniques de reproduction a souvent conduit à privilégier la description des stratégies de ceux qui sont désignés comme dominants : les inventeurs, les médecins, les hommes. A l’inverse, on s’intéressera ici à l’expérience des femmes en faisant l’hypothèse qu’il existe des différenciations dans la démarche de procréation médicalement assistée à l’image de la complexité des rapports sociaux de sexe. Effectivement, l’analyse des parcours de femmes, à partir des dossiers médicaux d’un service hospitalier spécialisé, révèle des lignes de conduite spécifiques : sont ainsi mises à jour des stratégies différentes selon la situation professionnelle, le niveau de qualification, la position vis-à-vis de l’hôpital. Avec la médicalisation croissante de notre société, le « devoir de procréation » se jouerait donc sur une scène où interviennent conjointement les rapports sociaux de sexe, la position vis-à-vis du travail, le lien avec l’institution médicale.