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Même si la misogynie et les agressions sexuelles sont des problèmes bien connus et depuis longtemps dénoncés par des féministes militant dans les réseaux de gauche et d’extrême-gauche, les textes d’analyse sur l’antiféminisme de gauche restent relativement rares dans la vaste production d’études sur l’antiféminisme en général
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Qu’elles se réalisent dans le contexte du travail rémunéré ou dans la vie personnelle, ces tâches se révèlent complexes, voire parfois impossibles à articuler entre elles. La charge mentale affecte plus fortement les femmes1 qui assument une part plus importante dans les tâches domestiques et le soin aux proches. En collaboration avec des représentantes de groupes communautaires et de la société civile concernés par l’équité de genre et la justice environnementale, cette synthèse des connaissances porte sur la charge mentale et ses effets sur la santé des femmes. Quatre messages clés sont à retenir : 1) Les effets de la charge mentale sur la santé des femmes sont nombreux; 2) Il importe de comprendre la charge mentale comme un construit complexe et multifacettes afin de développer des interventions durables et équitables ; 3) Le travail associé à la charge mentale est « invisible » en raison de la gestion émotionnelle et morale et du travail cognitif qu’il comporte, et parce qu’il n’est pas reconnu ou non comptabilisé dans l’économie de marché néolibérale; 4) Les manifestations de la charge mentale prennent des formes différentes qu’il importe d’analyser avec une approche féministe intersectionnelle. Cinq axes regroupant des recommandations et des pistes de solution sont proposés. Axe 1 : Reconnaître la nature complexe de la charge mentale et ses stéréotypes associés. Axe 2 : Soutenir le travail de care dans les milieux de travail. Axe 3 : Améliorer les services de soins et de soutien à la famille offerts à la population et offrir un accès équitable à ces ressources. Axe 4 : Prendre en compte la charge mentale dans les politiques publiques et créer les instances pour assurer des actions de prévention en temps de crise. Axe 5 : Inciter et normaliser le travail de care assumé par les hommes.
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Malgré l’entrée massive des femmes sur le marché du travail et les avancées que l’on doit aux mouvements féministes, le patriarcat demeure un paradigme dominant à l’égard de la question familiale (Descarries et Corbeil, 2002ª). Dans sa version plus contemporaine, le consensus social concernant la famille est aussi imprégné de l’influence de l’épidémiologie sociale, un paradigme qui supporte une ambition scientiste et normative (Parazelli et al., 2003 et Parazelli, 2013). Comme la mère porte implicitement la responsabilité de l’ordre familial et par extension, de l’ordre social, cette normativité est étroitement liée au genre (Cardi, 2007; 2010 et 2015). Cette recherche s’ancre dans les épistémologies féministes. Elle propose une démarche qualitative, exploratoire et critique en s’intéressant à la réalité des mères qui pratiquent le travail du sexe à partir de l’idée selon laquelle « on ne peut être mère et putain à la fois » (Ovidie, 2018). Le stéréotype de la mère s’oppose effectivement à celui de la putain dans l’imaginaire social (Descarries et Mathieu, 2009). Les mères qui pratiquent le travail du sexe doivent ainsi réconcilier leur posture d’être humain discrédité en regard de leur travail et leur identité de mère, laquelle est soumise à des injonctions normatives de plus en plus élevées (Samtani et Trejos-Castillo, 2015). Nous exposons les données issues d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès de huit mères exerçant le travail du sexe afin d’explorer leur expérience de l’articulation famille-travail. Cette expérience est traversée par la gestion des temps et des espaces de la vie familiale et du travail, laquelle relève surtout de la mobilisation de stratégies personnelles par les mères. Ces constats correspondent aux connaissances portant sur l’articulation famille-travail (Descarries et Corbeil 2002ᵇ; Malenfant, 2002; Tremblay, 2003 et Seery, 2014 et 2020). S’agissant des mères que nous avons rencontrées, cette expérience a cependant de particulier qu’elles doivent composer avec le stigmate de putain (Pheterson, 2001). Nous avons donc recours à certains travaux portant sur la stigmatisation symbolique et structurelle aux fins d’analyse et de discussion de nos résultats de recherche. On relève deux grands types de stratégies employées par ces femmes pour faire face au stigmate de putain : elles s’en distancient ou elles lui résistent. La valorisation dans le travail compte parmi les stratégies de résistance. À ce sujet, elles énoncent des réalités et des compétences se rapportant au travail du care. Ainsi, la perspective du care est également mobilisée dans notre cadre conceptuel. Nous réfléchissons notamment au travail du sexe comme travail du care à la lumière des concepts de travail émotionnel (Hochschild, 2003 et 2012), de sale boulot (Lhuilier, 2005 et Molinier 2011) et de défenses collectives féminines et viriles (Molinier, 2000; 2002 et 2004), alors qu’une part importante du travail du care demeure stigmatisée en tant que sale boulot (Molinier, 2011) et que le travail émotionnel est sous-pesé dans l’appréhension de la valeur du travail du care (Molinier, 2011 et 2020). De plus, bien que la dimension du care soit transversale aux activités de soins et de services aux personnes, elle est généralement occultée du sexuel (Molinier, 2009 et 2011). Ces idées nous permettent d’éclairer le discrédit porté à l’endroit des mères pratiquant le travail du sexe et de réfléchir à leurs avenues de reconnaissance et de citoyenneté. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : travail du sexe, mères, articulation famille-travail, féminisme, patriarcat, imaginaire social, discours sociaux dominants, significations imaginaires sociales, stigmatisation, stigmate de putain, travail du care, travail émotionnel, sale boulot, défenses collectives
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Ce travail de recherche s’attarde à répondre aux deux questions suivantes : d’abord, comment les jeunes femmes québécoises ayant des relations sexuelles avec des hommes perçoivent-elles l’influence des mouvements de dénonciations qui ont eu lieu dans les dernières années? Ensuite, qu’est-ce qui caractérise les réflexions sur leur agentivité sexuelle de ces jeunes femmes? S’inscrivant dans le contexte de la multiplication des mouvements de dénonciations de violences sexuelles, cette recherche tente de voir l’impact perçu que ces mouvements, et le contexte social particulier qui en résulte, peuvent avoir sur les jeunes femmes qui ont vécu leur entrée dans la sexualité dans ce contexte. L'objectif est de comprendre l’agentivité sexuelle de ces jeunes femmes telle qu'elles la vivent, et comment celle-ci est négociée dans un contexte hétéropatriarcal. J'explore également de quelles façons ces jeunes femmes, après ces campagnes médiatiques de sensibilisation, incorporent des éléments de cette culture contestataire dans leurs réflexions. À l’aide de questionnaires et d’entretiens semi-dirigés auprès de 8 jeunes femmes, nous avons recueilli des données sur ce sujet. Les résultats ont été interprétés à la lumière de la littérature sur l'agentivité sexuelle des femmes, dans une perspective féministe critique de l'hétérosexualité comme rapport de domination des hommes sur les femmes. Les résultats nous montrent que l’agentivité sexuelle se développe progressivement, au fil des expériences des jeunes femmes interrogées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agentivité sexuelle, jeunes femmes, hétérosexualité, sexualité des femmes, patriarcat, dénonciations en ligne
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La nourriture n'est pas aussi neutre que l'on peut le penser. Certains aliments, comme la viande, seraient considérés plus masculins que d'autres. En effet, le patriarcat a des effets sur la nourriture également. Il s'agit, dans ce projet de mémoire, de questionner ce qu'est la masculinité et la féminité en tant qu’idéaux, qui se construisent mutuellement en lien avec la domination masculine. Il s'agit également de penser les rapports de genre et les différentes responsabilités genrées autour des choix alimentaires. La division sexuelle du travail telle que pensée par le féminisme matérialiste peut également être étudiée autour de l’alimentation. De plus, le genre serait performé au sens de Butler (1988) en ce qui regarde l'alimentation. C'est d’ailleurs ce qui motive les questionnements autour des habitudes alimentaires et leur signification en lien avec le genre et les rapports de domination. Pour penser le carnisme et les aspects genrés de la viande, il importe nécessairement de se pencher sur la question du véganisme et de l’antispécisme. Puisqu’être végane implique de retirer tous les produits animaux des habitudes de consommation et de minimiser la souffrance animale, nous avons mené une enquête auprès de 10 hommes cisgenres québécois et 3 femmes cisgenres, une femme trans et une personne non binaire s’identifiant comme véganes afin de déterminer les impacts d'une alimentation végane sur les codes de la masculinité. Notre étude conclut que toutes les personnes interviewées déconstruisent en profondeur les normes genrées autour de la nourriture. Ainsi, ces hommes véganes sont capables de reconnaitre des différences marquantes entre eux et le reste des hommes en société. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : véganisme, genre, antispécisme, déconstruction, patriarcat, féminisme, viande, masculinité
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Qu’est-ce que la masculinité? Si certains la revendiquent, d’autres souhaitent la réinventer… Dans cet épisode, on explique la définition de l’homme hégémonique, cet homme fort, pourvoyeur et sans émotion; on découvre l’impact crucial de la socialisation; on fait le point sur l’existence ou non de la fameuse crise de la masculinité; et on s’entretient avec Boris, un père à la maison qui n’a pas toujours perçu les femmes comme ses égales.
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Harcèlement en ligne, blagues sexistes, sous-représentation féminine, culture du silence : des humoristes n’entendent plus à rire. Elles sont « fucking tannées », « exténuées », « fâchées ». Et certaines aménagent leurs propres « safe spaces » (espaces sûrs), si de tels lieux existent.
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Si les écrits de Québécoises deboutte! (QD!) sont reconnus à juste titre pour la formulation d’un nouveau féminisme et donc d’un nouveau sujet politique, peu d’analyses portent sur la construction des solidarités et sur les processus d’altérisation mis en avant dans ces textes. Cet article propose un regard critique et nuancé sur le « nous » et le « elles » déployés dans les pages de QD! Comment les solidarités internationales et locales sont-elles pensées? Quelles femmes sont identifiées comme des alliées, des ennemies ou quelque chose entre les deux? Les réponses à ces questions permettent d’esquisser certaines des trames complexes de l’identité politique renouvelée par les écrits de QD! Utilisant les conceptualisations de bell hooks sur la sororité et la solidarité ainsi que la notion de colonisation discursive élaborée par Chandra T. Mohanty, l’article examine les manières dont les écrits militants de QD! ont habilement évité certains des écueils décriés par ces autrices. De concert avec elles, il trace les limites des solidarités locales énoncées à travers les écrits. Il met en valeur certains héritages décoloniaux précurseurs ainsi que leurs legs conflictuels
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« Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'« individus » émancipés ? Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage désormais classique, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le « contrat sexuel », qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes. Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'autrice en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats touchant à la propriété de la personne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel. »-- Quatrième de couverture.
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''Le privilège de dénoncer cherche à savoir pourquoi les femmes et les filles noires sont largement absentes du débat public lorsqu'il est question de violences sexuelles. Kharoll-Ann Souffrant explore sans détour les raisons historiques de ce constat à partir d'exemples tirés du Québec, de la France et des États-Unis. Entre les impacts actuels de la colonisation et de l'esclavage, les stéréotypes liés à la sexualité des Noir·es ainsi que les failles du système de justice criminelle, l'autrice assemble les pièces du casse-tête pour révéler les dynamiques à l'œuvre derrière la marginalisation des femmes afrodescendantes. La parole des survivantes noires serait-elle doublement invisibilisée, tant par les institutions patriarcales que par un certain féminisme blanc et libéral qui aurait accaparé le mouvement #MeToo? Une invitation à élargir sans délai notre compréhension des violences sexuelles et racistes, et ce, pour le bénéfice de l'ensemble de la société. «Dans un Québec qui – comme tant de sociétés – s'élance encore d'un pas hésitant lorsqu'il s'agit de confronter le racisme systémique, la parole de Kharoll-Ann Souffrant est précieuse. Elle est une femme noire dont les racines se trouvent sur la terre où s'est érigée la première république noire au monde, à Haïti, née d'une révolution victorieuse contre la France coloniale, contre l'oppression esclavagiste. Aujourd'hui Kharoll-Ann Souffrant pose sa plume telle la digne héritière de celles et ceux qui se sont dressé·es il y a plus de deux cents ans. Avec verve, elle décrypte ce racisme conçu pour écraser ses aïeux, dont les résidus persistent à obstruer les regards qui se posent sur elle.» ''-- Site de l'éditeur.
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Le mouvement Femen est un groupe féministe international qui manifeste seins nus. Au Québec comme un peu partout dans le monde, les Femen attirent l’attention des médias. Le discours médiatique entourant ce mouvement constitue donc un objet d’étude intéressant afin d’explorer la question plus large du rapport au corps et à la sexualité des femmes. Dans le cadre de ce projet, une analyse critique de discours a été menée sur 214 textes issus de cinq groupes de quotidiens québécois francophones. Alors qu’on tend à penser que l’égalité entre les sexes est atteinte au Québec, le discours médiatique québécois entourant le mouvement Femen révèle que le corps, la nudité et la sexualité des femmes font l’objet d’un contrôle social en plus d’un regard patriarcal, colonialiste et hétéronormé. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femen, agentivité sexuelle, slut-shaming, discours médiatique, féminisme, corps, nudité
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A intersecção de gênero, raça e classe marca os territórios de exclusão social, especialmente em um país que carrega cicatrizes da colonialidade patriarcal e capitalista em suas estruturas, como é o caso do Brasil. O objetivo deste trabalho é compreender o cuidado em um desses territórios: a cidade de Cubatão/SP. A investigação, feita entre 2017 e 2020, incluiu a pandemia da covid-19, que sobrecarregou o cuidado no território. O método foi a pesquisa qualitativa, com oficinas, observação participante e entrevistas de profundidade. O cuidado era majoritariamente oferecido por mulheres, líderes comunitárias e profissionais da atenção primária do Sistema Único de Saúde. Para analisar os dados, utilizou-se a hermenêutica de profundidade. O referencial teórico foi a costura das teorias feministas da ética do cuidado, ecofeministas e interseccionais. A pesquisa revelou diversos desafios e potencialidades, como o cuidado ético-político, eixo da busca por justiça socioambiental. , Abstract The intersection of gender, race and class marks the territories of social exclusion, especially in a country that carries scars of a patriarchal and capitalist colonialism in its structures, as is the case in Brazil. The objective was to understand care in this territory of exclusion in Cubatão, São Paulo, Brazil. The research, conducted between 2017 and 2020, included the pandemic of COVID-19, which overloaded care in this territory. The method was qualitative research, with workshops, participant observation and in-depth interviews. The care delivered by community leaders and primary health care professionals from the Brazilian National Health System was mostly performed by women. For data analysis, depth hermeneutics was used. The theoretical reference was the perspective of feminists: ecofeminist, intersectional and Care Ethics. The study showed several challenges and the ethical-political care as an axis in the search for social and environmental justice.
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L’Amérique du Sud est un des coeurs battants du féminisme contemporain. Des millions de femmes y prennent la rue contre les féminicides, les violences qui frappent les minorités de race et de genre, les lois qui répriment l’avortement et le développement néo-extractiviste. Figure majeure du féminisme latino-américain, Verónica Gago réinscrit ces bouleversements dans l’émergence d’une internationale féministe et propose, avec La puissance féministe, un antidote à tous les discours de culpabilité et de victimisation. En se réappropriant l’arme classique de la grève, en construisant un féminisme populaire, radical et inclusif, les mouvements sud-américains ont initié une véritable révolution. C’est à partir de l’expérience de ces luttes que Gago reconceptualise la question du travail domestique et de la reproduction sociale, expose les limites du populisme de gauche et dialogue avec Spinoza, Marx, Luxemburg ou Federici. Parce qu’il unit la verve politique du manifeste aux ambitions conceptuelles de la théorie, La puissance féministe est un livre majeur pour saisir la portée internationale du féminisme aujourd’hui.
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In low-income and middle-income countries, such as those in sub-Saharan Africa and Latin America, the COVID-19 pandemic has had substantial implications for women’s wellbeing. Policy responses to the COVID-19 pandemic have highlighted the gendered aspect of pandemics; however, addressing the gendered implications of the COVID-19 pandemic comprehensively and effectively requires a planetary health perspective that embraces systems thinking to inequalities. This Viewpoint is based on collective reflections from research done by the authors on COVID-19 responses by international and regional organisations, and national governments, in Latin America and sub-Saharan Africa between June, 2020, and June, 2021. A range of international and regional actors have made important policy recommendations to address the gendered implications of the COVID-19 pandemic on women’s health and wellbeing since the start of the pandemic. However, national-level policy responses to the COVID-19 pandemic have been partial and inconsistent with regards to gender in both sub-Saharan Africa and Latin America, largely failing to recognise the multiple drivers of gendered health inequalities. This Viewpoint proposes that addressing the effects of the COVID-19 pandemic on women in low-income and middle-income countries should adopt a systems thinking approach and be informed by the question of who is affected as opposed to who is infected. In adopting the systems thinking approach, responses will be more able to recognise and address the direct gendered effects of the pandemic and those that emerge indirectly through a combination of long-standing structural inequalities and gendered responses to the pandemic.
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La reconnaissance du travail ménager occupe les féministes depuis des décennies. Mais qu’ont à dire celles qui en ont fait leur gagne-pain, les travailleuses de l’ombre par excellence? Dans ce livre, Catherine Charron examine le travail domestique rémunéré au Québec entre les années 1950 et 2000. Elle expose les parcours d’une trentaine de femmes de la région de Québec et leur donne la parole. Dans un contexte où le marché du travail subit de profondes transformations, les boulots domestiques, loin de disparaître, se reconfigurent et continuent d’occuper une part non négligeable de la main-d’œuvre féminine. Tandis qu’une proportion croissante de femmes ont un meilleur accès à la scolarisation et au salariat, de nombreuses autres se trouvent refoulées dans diverses filières d’emplois domestiques: la garde d’enfants, l’aide à domicile pour les personnes âgées, les travaux d’entretien ménager. Les trajectoires des femmes interrogées par Catherine Charron, nées entre 1914 et 1958, illustrent le rapport changeant des femmes à l’emploi et à la famille à partir des années d’après-guerre ainsi que leurs réalités hétérogènes. À l’intersection du public et du privé, le travail domestique rémunéré s’exerce dans la continuité du travail gratuit assigné aux femmes au sein de la famille et de la communauté, ce qui contribue à le rendre invisible. Aux marges de l’emploi révèle cette face cachée de l’économie marchande et domestique, incontournable dans toute réflexion sur le travail, et rend justice à celles qui l’incarnent.
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"La réalisation des projets de couple et familiaux constitue des préoccupations importantes des individus contemporains. Ces projets font l'objet de représentations sociales générées par diverses sources?: œuvres littéraires, philosophiques, scientifiques, populaires, mais aussi cinématographiques ou médiatiques. Ces représentations proposent des modèles et fournissent des supports à des imaginaires alimentant les scénarios personnels, créant des attentes qui se heurtent aux réalités quotidiennes, et qui entrainent souvent des désillusions et des déceptions, mais aussi des adaptations. Dans le but de mieux saisir les logiques à l'œuvre dans les attentes conjugales et familiales, cet ouvrage composé de treize chapitres rédigés par des chercheuses et chercheurs québécois, canadiens et internationaux (Brésil, Espagne, France, Suisse), issus de disciplines variées (anthropologie, démographie, psychologie, sexologie, sociologie et travail social), vise à mettre en évidence l'influence des imaginaires sur les itinéraires conjugaux et familiaux. La richesse des contributions à cet ouvrage collectif devrait aider à mieux saisir l'importance des études sur les imaginaires familiaux, autant pour la communauté scientifique que pour toute personne intéressée à mieux comprendre, et possiblement à mieux accompagner, les imaginaires, les attentes et les désillusions conjugales et familiales vécues par les individus et les couples."
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L’accès universel à l’eau potable est considéré comme une caractéristique déterminante des villes du Nord global. Cet article décrit les défis quotidiens auxquels sont confrontées les femmes de la classe ouvrière de Flint, dans le Michigan, lorsque la promesse d’une infrastructure d’eau moderne se fissure. En 2014, afin de réduire les coûts, la source d’eau potable de Flint a été transférée du lac Huron à la rivière Flint. Ce changement, et plus particulièrement la manière dont il a été géré, a entraîné une contamination de l’approvisionnement en eau par du plomb et des agents pathogènes. Si l’expérience de Flint est désormais un cas emblématique d’insécurité hydrique dans le Nord global, elle n’est pas unique. À travers une étude de cas élaborée dans le cadre d’un projet de recherche participative communautaire, cet article détaille comment l’insécurité hydrique a transféré la charge de l’approvisionnement en eau potable aux ménages individuels, et plus particulièrement aux femmes. Plutôt que de pouvoir compter sur la main-d’œuvre et l’expertise technique qui ont rendu l’eau potable dans la ville moderne, les habitants de Flint ont été soudainement rendus responsables de la sécurité de leur propre approvisionnement en eau. Nous expliquons comment la crise de l’eau de Flint a fait naître une « nouvelle normalité » ; Nous examinons les façons dont cette situation a donné naissance à un nouveau rapport à l'eau potable, caractérisé par un (re)retour à l'eau en bouteille ou filtrée (de l'eau du robinet) et par un changement dans la répartition des tâches nécessaires à la production d'eau potable. Les témoignages de femmes que nous présentons ici illustrent comment, lorsque l'eau uniforme moderne fait défaut, les gens commencent à voir des eaux hétérogènes.
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Although environmental justice researchers have long been interested in the connections between disaster recovery, gender, and home- and community-based care, the consequences of the post-disaster performance of emotional labor by workers in care occupations have largely gone unnoticed. To address this gap in the environmental injustice literature, in this exploratory article we employ a feminist analysis of firsthand accounts of elementary educators' professional and personal experiences caring for their students in the Florida Keys after Hurricane Irma. We find that caring labor was increasingly necessary in the post-disaster context, both inside and outside the classroom. Teachers and other care professionals in feminized occupations may, therefore, perform an emotional double duty, supporting their students' emotional needs while also contending—as working- and middle-class individuals—with the personal consequences of disaster. We suggest that these educators may bear an unrecognized and undercompensated disproportionate burden at the intersection of class and occupational status. Because of this, we introduce an underexplored component to the racialized disaster patriarchy and intersectional disaster research: feminized occupational status. Inspired by environmental justice research legacies developed in the wake of earlier Gulf Coast disasters, we draw attention to the contributions of these absolutely essential recovery workers and how they may experience environmental injustice even as they contribute to others' recovery. Our goals are to promote recognition and fair distribution of burdens, encourage research into the contours of environmental justice and care work, and support the development of more just planning, training, and compensation regimes.
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Objectif Cette recherche examine la manière dont les mères latines sans papiers négocient le conflit travail-famille dans un contexte de politiques d’immigration restrictives. Arrière-plan Aux États-Unis, les femmes continuent de lutter contre les tensions entre travail et famille, et les femmes pauvres sont confrontées à des contraintes particulières. Les immigrées latinos se sont de plus en plus installées et ont fondé des familles aux États-Unis, et ont rejoint le marché du travail dans des emplois à bas salaires. Contrairement aux femmes nées aux États-Unis, ces femmes doivent faire face à des politiques d’immigration restrictives, ce qui suggère de nouveaux domaines de compréhension des inégalités intersectionnelles qui façonnent le conflit travail-famille. Méthode Les résultats sont basés sur des entretiens approfondis menés auprès de 45 mères immigrantes latinos en Caroline du Nord qui avaient une expérience du marché du travail rémunéré. Les sujets d'entretien comprenaient la famille, le travail et la migration tout au long de la vie des femmes. Résultats Les contextes politiques spécifiques au lieu, les conditions de travail, les attentes patriarcales et le manque d'accès aux réseaux de soins remettent en question la capacité des immigrantes latines à remplir le double rôle de mère qu'elles occupent à la fois en tant que pourvoyeuses de famille et en tant que soignantes et nourricières de leurs enfants. Conclusion Les attentes sociales liées à la maternité ajoutent une dimension de précarité au statut vulnérable des femmes en tant que travailleuses sans papiers et démontrent l’impact genré des politiques d’immigration. Conséquences Les politiques restrictives rendent de plus en plus difficile pour les femmes sans papiers d’obtenir ou de changer d’emploi sur le marché du travail à bas salaires. Les résultats soulignent l’importance de prendre en compte le statut d’immigrant dans les études sur les conflits travail-famille, en particulier à l’heure où les politiques ciblant les immigrés s’intensifient.
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Cet article propose une mise en récit du parcours de deux chercheur·e·s dont les intérêts de recherche et d’enseignement portent sur les familles issues de la diversité sexuelle. En mettant à l’épreuve le modèle hétéronormatif traditionnel, les familles homoparentales, notamment celles qui ont recours à la procréation assistée, font émerger de nouvelles trames familiales et relationnelles, en plus de rendre visibles les normes culturelles associées à la parenté, à la parentalité et à la concrétisation du désir d’enfant. Dès lors, une compréhension de la diversité familiale en adéquation avec les pratiques sociales contemporaines s’actualise par une prise en compte de la pluralité des expériences vécues par les parents de même sexe et de leurs enfants.