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En octobre 2017, #MeToo se propageait sur les réseaux sociaux, et le monde ne serait plus jamais comme avant. Si l’on sait que ce mouvement marquera l’histoire, on peine encore à en mesurer toutes les conséquences, tant il est en évolution permanente et ouvre des fronts de lutte multiples. Cinq ans plus tard, ce collectif dirigé par Rose Lamy réunit neuf femmes et autrices. Elles sont journalistes, militantes, musiciennes, étudiantes, philosophes, chercheuses ou essayistes, d’origine et d’âge différents, et portent un regard singulier sur cette révolution féministe. Le mouvement a-t-il réellement commencé en 2017 ? Y a-t-il eu une « vague » en France ? A-t-il profit à toutes les femmes ? Que veulent les victimes de violences sexistes ? Quelles forces s’organisent contre #MeToo ? À l’heure où le conservatisme reprend ses droits partout dans le monde, menaçant des acquis qu’on ne pensait plus avoir à défendre comme l’avortement, où le soupçon de mensonge ne cesse de peser sur les victimes, elles livrent chacune un point de vue documenté, urgent et passionné, au-delà du hashtag.
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Le projet de création de ce mémoire consiste en l’écriture introspective d’un corps hanté par la honte, l’angoisse et l’inconfort. Dans un recueil de poésie en vers, la voix poétique entreprend une plongée intérieure, au cœur du corps troublé du sujet. Les effets physiques et psychologiques des contraintes socialement imposées aux femmes et aux personnes queers sont décortiqués. La honte, le dégoût, le trouble face au corps apparaissent ici comme des symptômes des normes patriarcales et hétéronormatives que nous avons intégrées et qui nous font violence. Par la morsure je respire est divisé en trois parties, qui font écho aux réflexions développées dans le deuxième volet du mémoire. Dans la partie réflexive, je tente d’observer et de penser les liens qui existent entre la construction genrée des corps, la peur, la honte, et la création littéraire. En m’appuyant entre autres sur les textes de Jack Halberstam, Renate Lorenz et Paul B. Preciado, j’explore les potentiels de l’échec et de la théorie freak comme outils de déconstruction et de subversion des normes sociales et du contrôle sur les corps. J’avance qu’il est possible pour les dissident·es du genre de se réclamer d’une posture monstrueuse dans l’écriture. Cette revendication se conçoit non seulement par une prise de conscience et une réclamation individuelle, mais bien dans et par la collectivité. À l’image de la génération symbolique de Françoise Collin, l’idée est de s’engager dans une dynamique de transmission et de mémoire. Le désir qui nous meut ici est celui d’une communauté littéraire féministe et queer qui peut penser et dire le corps en marge du système hétéropatriarcal. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : corps, honte, peur, intime, échec, monstre, théorie queer, féminisme, sororité, communauté littéraire.
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Le présent mémoire s’intéresse à un hybride littéraire : le roman de Naomi Alderman, The Power (2016). Ce livre a été présenté par son éditeur comme une dystopie féministe. Il raconte le passage d’une société patriarcale vers une société matriarcale et l’inversion des rôles genrés qui s’en suit. Le présent mémoire met en lumière comment ce renversement met en évidence des structures de pouvoir qui demeurent invisibles dans notre société occidentale. L’analyse se base sur deux genres littéraires : la dystopie et le bildungsroman. Les théories et les concepts qui leur sont associés servent de fondation à la lecture de The Power et à l’analyse de son unique protagoniste masculin : Tunde Edo. Le premier chapitre opère un tour d’horizon des deux genres littéraires principaux et de l’hybride littéraire qui résulte de leur fusion, soit le roman de déformation. Le deuxième chapitre analyse le roman à l’étude du point de vue de l’organisation de la société représentée. Ce chapitre prend appui sur les concepts de distanciation, de boys club et de cyclicité historique. Le troisième et dernier chapitre se concentre sur le développement individuel du personnage de Tunde, dont la (dé)formation est analysée sous la loupe des concepts féministes suivants : les genres hégémoniques, les violences sexuelles et physiques et la performance du genre. Enfin, il est question de la mise en abyme présente dans le roman. MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : littérature féministe, dystopie, bildungsroman, (dé)formation, distanciation, boys club, masculinité hégémonique, violences, performance du genre, mise en abyme
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Il existe plusieurs formes de sorcellerie. L’une agit dans le sens de la destruction de la santé des êtres vivants et des milieux ; une autre, dans le sens de son amélioration. Ce livre se range résolument du côté de cette dernière. La lumière des sorcières y brille comme la lumière de vies affranchies, en porte-à-faux avec les normes hétérocis et l’ordre patriarco-colonial. Pourtant, ce n’est pas sur la figure de la sorcière que porte cet essai, mais sur une grande variété de textes littéraires en tant que contributions à une sorcellerie anti-oppressive appelée ici sorcellerie de l’émancipation. Plus d’une cinquantaine de récits, de pièces de théâtre, d’essais, de poèmes, de chansons – de Maya Angelou à Édouard Louis en passant par Bikini Kill – sont ici examinées sous un nouvel éclairage non pas en tant que paroles de sorcières, mais en tant que paroles sorcières en elles-mêmes. Sorcières parce qu’elles produisent, activent, mettent en circulation des agencements qui donnent la vie ou la libèrent là où elle est séquestrée, comprimée, oblitérée. « La sorcellerie de l’émancipation n’envoûte pas, ne sidère pas, n’emprisonne pas. Ses opérations sensibles et intelligibles consistent plutôt à canaliser, à amplifier l’énergie vitale et le pouvoir-du-dedans, de là à orienter le sens des événements vers un surcroît de vie plurielle et autodéterminée. »
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Le présent mémoire étudie dans une perspective féministe le développement de l’agentivité et de l’identité effectué à travers la (re)nomination et la mobilité spatiale. Il s’agit d’observer la manière dont ces facteurs, le nom propre et la liberté de mouvement dans l’espace, sont étroitement liés et se répondent, influençant la construction identitaire et agentive d’un individu. La duologie de young adult fantasy composée de Six of Crows (2015) et Crooked Kingdom (2016) de l’autrice américaine Leigh Bardugo constitue mon corpus. Le mémoire montre comment l’un des personnages féminins principaux des romans, Inej Ghafa, se redéfinit et se réapproprie son agentivité grâce aux différents noms qu’elle porte au fil du récit et à son mouvement dans l’espace. On constate que ces deux aspects du personnage sont étroitement liés, puisque certains noms sont associés à l’enfermement, à la fois spatial et identitaire, tandis que les autres lui permettent de se libérer. Mon mémoire comporte quatre chapitres. Le premier présente les grands concepts théoriques utilisés au cours de mon analyse, regroupés en trois parties; l’agentivité, la nomination et le mouvement dans l’espace. Ces trois grands axes conceptuels sont mis en relation au cours des trois chapitres suivants, qui portent chacun sur l’un des noms de la protagoniste. Le deuxième chapitre est consacré au nom injurieux « little lynx » et sur les violences qui s’y rattachent, renforçant la domination qu’il impose à chaque répétition. Le troisième chapitre se concentre sur l’appellation « the Wraith » et sur la manière dont elle permet au personnage de déployer sa mobilité spatiale afin de renaître en tant que sujet à part entière. Le quatrième et dernier chapitre porte sur le nom de naissance d’Inej, nom qui lui permet de se réapproprier l’identité qu’on a cherché à lui arracher et la propulse ensuite vers une quête de justice. Contenu sensible : trafic humain, viol, objectification, exploitation sexuelle. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agentivité, genre, nomination, nom propre, mobilité spatiale, frontières, résistance, fantasy, young adult fantasy, littérature féministe, Six of Crows
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Qu’est-ce qu’elle faisait dehors à cette heure ? Avait-elle bu ? Que portait-elle ? Il ne peut pas l’avoir violée, je m’en porte garant, c’est mon ami. C’était une autre époque. Il faut séparer l’homme de l’artiste. C’est un drame, un crime passionnel, le geste fou d’un amoureux éconduit. Pourquoi n’a-t-elle pas porté plainte avant ? C’était un dérapage, une maladresse, un geste déplacé. Il ne pensait pas à mal, c’est quelqu’un de bien. On ne peut plus rien dire. Les féministes sont des folles hystériques. « Depuis trois ans, je collecte et décortique des centaines d’exemples d’un discours sexiste dans la presse, à la télévision ou à la radio. Ce sexisme ne dit jamais son nom, mais c’est bien lui qui conduit les rédactions à taire ou à reléguer les violences sexuelles en périphérie des journaux. Lui qui se loge dans le choix d’un mot ou d’une virgule, participant à la culpabilisation des victimes et à la déresponsabilisation des accusés. Comment lutter contre le sexisme quand il est perpétué et amplifié par les médias ? Il est temps d’explorer les fondements de ce discours, pour en défaire les mécanismes et nous en libérer. »
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Ce mémoire a pour but d'examiner l'éventuel impact qu'a eu la quatrième vague du féminisme sur la situation des femmes dans le champ littéraire. Dans sa première partie de contextualisation, il trace les contours d'une histoire littéraire au féminin marquée par l'invisibilisation, l'exclusion et la marginalisation. Dans sa seconde partie, il fait état d'une série de transformations ayant récemment agité le monde de l'édition depuis la déferlante #MeToo, la plus notable étant l'essor inédit pris par l'édition d'ouvrages de non-fiction féministes, une pratique qui témoigne tantôt de l'engagement profond d'une série de nouvelles maisons d'édition indépendantes, tantôt de la pratique du "feminism washing" par les grandes maisons généralistes. La troisième et ultime partie vise à répondre à la question suivante : les inégalités de genre, de quelque nature qu'elles soient, affectent-elles autant le champ littéraire depuis #MeToo? Y seront abordées les questions du plafond de verre, des inégalités salariales, du capital symbolique accordé aux autrices et du harcèlement sexuel au sein du milieu littéraire.
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Que fait #MeToo fait à la lecture, à la critique et à l’enseignement des textes littéraires ? Le mouvement #MeToo a contribué à une large prise de conscience quant aux enjeux linguistiques liés aux violences sexuelles et sexistes : lutter contre de ces violences suppose d’abord de nommer un viol un viol. Mais une telle exigence de désambiguïsation peut entrer en contradiction avec la complexité interprétative valorisée dans le cadre de la lecture littéraire. Elle présenterait par ailleurs le risque d'inviter à lire des textes éloignés de nous dans le temps et l’espace en les évaluant à l’aune de notions et d’une morale contemporaines jugées anachroniques. Prolongeant les réflexions récentes de Gisèle Sapiro (Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ?) et d’Hélène Merlin-Kajman (La littérature à l’ère de MeToo), cet article étudie la réception du récit de Vanessa Springora, Le consentement (2020). En interrogeant la polarisation des discours critiques et théoriques entre une lecture “féministe” et une lecture “littéraire” parfois présentées comme incompatibles, il pose la question du lien possible entre violences sexuelles et pratiques interprétatives. Il théorise une pratique de lecture soucieuse de contextualiser l’usage des modèles interprétatifs mobilisés dans l’analyse littéraire et de les critiquer en interrogeant les rapports de pouvoir qu’ils dissimulent. Il défend ainsi l’hypothèse que le mouvement #MeToo invite les littéraires à réévaluer leurs pratiques et leurs paradigmes de lecture en fonction de ce qu’ils rendent possible.
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Purple Hibiscus (2003) et Sky-High Flames (2005), premiers romans appartenant au genre du Bildungsroman des écrivaines nigérianes-igbo de la troisième génération Chimamanda Ngozi Adichie et Unoma Azuah, entrent en résonance avec Efuru (1966) de l’autrice nigériane-igbo Flora Nwapa. En ce début de xxie siècle, cette dernière demeure une figure littéraire tutélaire pour les écrivaines contemporaines qui s’y réfèrent plus ou moins implicitement. Adichie et Azuah, ouvertement féministes, dialoguent avec leur prédécesseure, laquelle occupait une position ambivalente vis-à-vis du féminisme, à l’instar de quelques-unes de ses contemporaines sur le continent. Réponse féminine, voire féministe à Things Fall Apart (1958) de Chinua Achebe, Efuru a permis le passage des femmes depuis les marges vers le centre de la narration et des considérations littéraires, ce qui a contribué à ce que les écrivaines actuelles – dont Adichie et Azuah – décrivent à leur tour des processus de construction identitaire féminins dans la société patriarcale nigériane-igbo.
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This essay examines contemporary feminist dystopias to study the phenomenon of gender pandemics. Gender pandemic narrative allegorises possible aftermaths of patriarcavirus, unleashing many natural disasters that force global biopolitics to hinder gender equality. The main objective of this essay is to explain how gender pandemics are appropriated in patriarchal utopian discourses as a pretext to control female empowerment, diagnosing women as diseased organisms that risk the state’s well-being. Moreover, the novels explore the interdependence between biology and sociality, portraying the acute vulnerability of female bodies during and after the pandemic conflicts, inasmuch as patriarchal power arranges a hierarchical value system of living that reinforces gender discrimination. Particularly, the COVID-19 emergency is analysed as a gender pandemic: the exacerbated machismo and the growing distress in the female population prove that women are afflicted with a suffocating patriarcavirus, which has critically gagged them in the first year of the pandemic.
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Je suis une personne trans non binaire neutroise. Ni homme, ni femme, mon identité de genre se caractérise par un sentiment de « neutralité » proche du féminin. Depuis mon coming out, je suis plus sensible aux actes de violences et aux discours haineux qui visent ma communauté d’appartenance. Régulièrement, je dois justifier mon existence auprès d’institutions et je subis différentes formes de discrimination. Fouolles est un texte de création initié par ce constat : les personnes trans et non binaires forment un groupe social particulièrement marginalisé et victime de transphobie systémique, et ce, même au Québec, en 2020. La partie création de mon mémoire donne une voix à ces personnes qui cherchent à s’émanciper grâce à l’emploi d’une écriture non binaire et poétique, vers la possibilité même d’une « vie vivable » (Butler, 2006). Ces voix reprennent les discours haineux et transphobes des médias québécois pour les renverser, les ridiculiser et les détruire. Ensemble, elles forment un « nous » collectif qui incarne des réalités nouvelles et subversives pour la société patriarcale et binaire. Les textes de cette partie sont des fragments poétiques qui traduisent le sentiment de dépossession des personnes trans et qui témoignent d’une mémoire trans collective à reconstruire. Une vie vivable est un essai qui reprend ce même concept de Butler, mais cette fois pour interroger philosophiquement les conditions d’une vie digne pour les personnes trans. En me basant sur des épistémologies transféministes et en remontant aux premiers grands mouvements de revendication queer, je tente de rassembler les éléments qui favorisent le bien-être des personnes trans. Je m’inspire de grandes figures combatives comme lae féministe killjoy (Ahmed, 2017), lae monstre (Stryker, 1994) et lae cyborg (Harraway, 1991) pour penser des alternatives résilientes et fortes à la victimisation. Le langage poétique et l’écriture non binaire agissent comme des formes privilégiées pour faire advenir ces réalités nouvelles et résistantes aux oppressions. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : transféminisme, queer, Judith Butler, vie vivable, poésie, écriture non binaire, discours haineux, transphobie.
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In the 1920s in Japan, girls attending single-sex secondary schools developed a girls’ culture (shōjo bunka) or subculture to insulate themselves temporarily from the pressures of patriarchal society. Part of this subculture was a practice called s kankei (s or sister relationships), also called Class S, which were same-sex romantic attachments between classmates, condoned at the time as a temporary practice relationship that would end upon graduation, followed by an arranged marriage. Although s relationships were not ‘lesbian’ in the contemporary sense, literature and film created by men in the 1920s through the 1960s appropriated aspects of girls’ culture, including exploitative representation of female homosexuality. One example is Manji (Quicksand, 1928) by Tanizaki Jun’ichirō, which depicts an s relationship as lurid and perverse. Kawabata Yasunari plagiarized from his female disciple Nakazato Tsuneko in order to publish the most popular Class S novel of the era, Otome no minato (Harbor of Girls, 1937). Kawabata also included exploitative scenes of female homosexuality in his novel Utsukushisa to kanashimi to (Beauty and Sadness, 1963). Both Tanizaki’s and Kawabata’s novels were made into films by New Wave directors, Manji in 1964 by Masumura Yasuzō and Beauty and Sadness in 1965 by Shinoda Masahiro, and featured the first depictions of ‘lesbianism’ in Japanese film. Although these films reinscribe the male gaze, they helped inspire a nascent gay culture and opened the way for more authentic gay cinema. This essay recenters girls’ culture in modern Japanese literature and film, and discusses the variable meaning of female homosexuality for different audiences.
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Les filles sont bien traitées, rue Sub Rosa. Elles n’ont jamais faim, jamais froid, jamais mal. Elles sont entre de bonnes mains, des mains qui leur tendent tout ce dont elles ont besoin… à une condition. Il faut accepter de combler les désirs des hommes de la ville venus faire un tour dans ce lieu surnaturel, caché, où leurs fantasmes deviennent réalité – pourvu, bien sûr, qu’ils aient un peu d’argent sur eux. Petite a tout pour se tailler une place de choix parmi les Splendides de Sub Rosa. Mais parviendra-t-elle à oublier sa vie d’avant et à exploiter son don au service de sa nouvelle maison?
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La Minotaure est un roman dans lequel une narratrice particulièrement terrifiée par l'idée de vivre témoigne de son enfance à travers des notes pour comprendre la source de ses effrois. La plupart de ses courts textes sont adressées à Maude, une amie décédée. Ce (faux) dialogue lui permet de tisser des liens entre son enfance et son âge adulte, et entre sa vie et sa mort qui, croit-elle, la guette à cause de cette tentation d'exister. C'est le récit d'une parole qui ose s'affirmer, d'une personne qui décide enfin d'exister à travers un noeud de violence patriarcale, blanche, impérialiste, de genre et de classe sociale qui l'étouffe, la transperce et l'invisibilise. C'est surtout l'histoire d'un millier de miroirs qui brisent sous une terrible impulsion à vivre.
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Cet article propose une étude comparée entre les derniers romans de Léonora Miano (Crépuscule du Tourment, deux tomes) et ceux de Virginie Despentes (Vernon Subutex, trois tomes), oeuvres qui se rejoignent dans le « dérangement » des normes, tant sociales que littéraires – notamment romanesques – qu’elles instaurent. La représentation de la masculinité dans ces oeuvres en est un exemple, d’autant plus qu’elle croise tour à tour la question de la classe et celle de la race. Il s’agira de montrer comment, en puisant dans les marges, tant esthétiques que culturelles, ces fictions proposent des alternatives à ces formes de conditions multiples et comment elles instituent finalement des espaces d’émancipation pour les personnages, leurs auteures et plus globalement pour les instances de réception.
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Gynoïdes, sorcières, vampires, chiennes et souris de laboratoire : toutes sont liées à la cyborg de Donna Haraway. Reprenant la liste d'auteurs et autrices de science-fiction féministe citées à la fin du Manifeste cyborg, Ïan Larue redéfinit cette figure fondatrice dans la pensée de la philosophe :"La cyborg, c'est l'esclave noire qui apprend à lire dans un roman d'Octavia Butler ; la jeune fille encapsulée qui, loin de se sentir handicapée, connaît des milliers de connexions ; la fille-orque transportée dans les étoiles. La cyborg est l'hybride suprême, hybride entre une femme réelle et un personnage de roman qui se superpose à elle pour la doter de mille nouvelles possibilités dont celle, fondamentale, de faire éclater capitalisme, famille et patriarcat."
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Sur l'écran, sous les feux de la rampe, la souffrance est divine pour la foule. La même souffrance dans la rue et dans les chambres closes, cela s'appelle du déshonneur. [...] Il y a quelque chose de plus fort que le courage, la tendresse, le dévouement, le sacrifice; il y a plus fort que toi, l'Amour, et toi, la Mort ; plus fort que tout, plus fort que vous tous, il y a la Vie.
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Literature that explored female homosexuality flourished in late nineteenth-century France. Poets, novelists, and pornographers, whether Symbolists, Realists, or Decadents, were all part of this literary moment. In Sapphic Fathers, Gretchen Schultz explores how these male writers and their readers took lesbianism as a cipher for apprehensions about sex and gender during a time of social and political upheaval. Tracing this phenomenon through poetry (Baudelaire, Verlaine), erotica and the popular novel (Belot), and literary fiction (Zola, Maupassant, Péladan, Mendès), and into scientific treatises, Schultz demonstrates that the literary discourse on lesbianism became the basis for the scientific and medical understanding of female same-sex desire in France. She also shows that the cumulative impact of this discourse left tangible traces that lasted well beyond nineteenth-century France, persisting into twentieth-century America to become the basis of lesbian pulp fiction after the Second World War.
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Le conte de fées naît à une époque où l'idéal de l'homme civilisé gagne en popularité. Certains auteurs, issus pour la plupart de la société de cour, puisent des contes dans la tradition orale et en font des adaptations littéraires. Avec son inscription littéraire, le conte merveilleux devient un outil pédagogique. Son contenu est donc adapté de manière à en faire un vecteur du modèle de civilité : il faut apprendre aux enfants à se comporter conformément à cet idéal. Ceci est bon pour les deux sexes. Cependant, l'idéal de la femme civilisée est beaucoup plus prescriptif et restrictif que celui de l'homme civilisé : si l'on peut pardonner à ce dernier, ou même valoriser, son tempérament sanguin, les pulsions féminines sont tout simplement inacceptables. On s'attend de la femme qu'elle soit toujours irréprochable, autant sur le plan de son apparence que de son comportement. L'idéologie patriarcale qui va de pair avec celle de la civilité reproche à la femme toute marque d'initiative ou d'individualité. On veut qu'elle soit passive, soumise, vertueuse et prude. Ainsi, beaucoup de contes de fées s'adressent aux petites filles et leur enseignent les bons et les mauvais comportements. L'idéologie patriarcale véhiculée par le conte de fées a fait l'objet de critiques féministes, particulièrement dans les années 1970. On a reproché au conte de fées d'encourager la passivité féminine à travers une représentation stéréotypée des rôles sexuels. On a aussi condamné la représentation de la femme-objet : l'apparence physique de la femme est centrale dans le conte de fées. Si les héros connaissent le succès grâce à leurs actions, les héroïnes doivent tout à leur beauté. Ces diverses critiques ont ouvert la voie à plusieurs réécritures féministes du conte de fées. Certains écrivains et écrivaines ont créé de nouvelles histoires en empruntant la structure traditionnelle du conte de fées, d'autres ont plutôt choisi de transformer des contes déjà connus. Dans ce mémoire, nous proposons, pour commencer, un survol de l'évolution du conte de fées, de son origine orale à ses subversions littéraires contemporaines, en lien avec certaines transformations sociales. Nous étudierons, par la suite, deux réécritures de contes de fées qui, à notre avis, possèdent un caractère féministe. Il s'agit de « La femme de l'Ogre » de Pierrette Fleutiaux (1984) et de Peau d'âne de Christine Angot (2003). Ces deux récits qui vont à l'encontre du discours patriarcal propre aux contes de fées traditionnels évoquent des idéologies féministes opposées. Plusieurs éléments du texte de Fleutiaux correspondent à l'idéologie du féminisme de la femelléité tandis que le récit d'Angot évoque l'idéologie du courant féministe matérialiste. Nous verrons de quelle manière elles parviennent toutes deux, à travers des écritures du corps qui diffèrent grandement l'une de l'autre, à contrecarrer la représentation du corps féminin objet, perçu selon le regard masculin, qui est caractéristique du conte de fées traditionnel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Conte de fée, patriarcat, féminisme, subversion, réécriture.
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George Sand et Colette sont connues pour avoir publié des ouvrages dévoilant un grand modernisme et un engagement sur la question des relations entre les sexes. Cet ouvrage dévoile qu'alors que le XIXe et le début du XXe siècle se focalisaient surtout sur des revendications féministes visant la libération des femmes, ces deux auteures cherchaient aussi à dénoncer les codes traditionnellement imposés à tous les individus et à leur identité. Alors que le concept d'identité de genre n'était pas clairement théorisé à l'époque, leurs écrits suggèrent que Sand et Colette avaient déjà l'intuition que les hommes comme les femmes pouvaient être victimes des lois sociales fondées sur la différence sexuelle. Elles dénonçaient les limites que la société imposait aux sujets selon leur sexe et subvertissaient les schémas traditionnels de la formation identitaire. Pour cela, elles présentaient souvent la bipolarité des structures patriarcales comme une construction artificielle, elles mettaient en scène de nouveaux modèles de "féminité", de "masculinité" et de sexualité et elles démontraient une indéniable volonté de rupture et de remise en cause des traditions. Cette étude met aussi en évidence comment ces subversions successives peuvent être lues comme des présentations très modernes d'une identité de genre perçue comme une structure en constante mutation qui désavoue les inscriptions traditionnelles et normalisées. De manière étonnante, les illustrations d'expressions identitaires individuelles et plurielles chez Sand et l'élaboration d'un nouvel ordre des identités chez Colette rapprochent leurs écrits de théorisations contemporaines du genre.
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