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Malgré l’entrée massive des femmes sur le marché du travail et les avancées que l’on doit aux mouvements féministes, le patriarcat demeure un paradigme dominant à l’égard de la question familiale (Descarries et Corbeil, 2002ª). Dans sa version plus contemporaine, le consensus social concernant la famille est aussi imprégné de l’influence de l’épidémiologie sociale, un paradigme qui supporte une ambition scientiste et normative (Parazelli et al., 2003 et Parazelli, 2013). Comme la mère porte implicitement la responsabilité de l’ordre familial et par extension, de l’ordre social, cette normativité est étroitement liée au genre (Cardi, 2007; 2010 et 2015). Cette recherche s’ancre dans les épistémologies féministes. Elle propose une démarche qualitative, exploratoire et critique en s’intéressant à la réalité des mères qui pratiquent le travail du sexe à partir de l’idée selon laquelle « on ne peut être mère et putain à la fois » (Ovidie, 2018). Le stéréotype de la mère s’oppose effectivement à celui de la putain dans l’imaginaire social (Descarries et Mathieu, 2009). Les mères qui pratiquent le travail du sexe doivent ainsi réconcilier leur posture d’être humain discrédité en regard de leur travail et leur identité de mère, laquelle est soumise à des injonctions normatives de plus en plus élevées (Samtani et Trejos-Castillo, 2015). Nous exposons les données issues d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès de huit mères exerçant le travail du sexe afin d’explorer leur expérience de l’articulation famille-travail. Cette expérience est traversée par la gestion des temps et des espaces de la vie familiale et du travail, laquelle relève surtout de la mobilisation de stratégies personnelles par les mères. Ces constats correspondent aux connaissances portant sur l’articulation famille-travail (Descarries et Corbeil 2002ᵇ; Malenfant, 2002; Tremblay, 2003 et Seery, 2014 et 2020). S’agissant des mères que nous avons rencontrées, cette expérience a cependant de particulier qu’elles doivent composer avec le stigmate de putain (Pheterson, 2001). Nous avons donc recours à certains travaux portant sur la stigmatisation symbolique et structurelle aux fins d’analyse et de discussion de nos résultats de recherche. On relève deux grands types de stratégies employées par ces femmes pour faire face au stigmate de putain : elles s’en distancient ou elles lui résistent. La valorisation dans le travail compte parmi les stratégies de résistance. À ce sujet, elles énoncent des réalités et des compétences se rapportant au travail du care. Ainsi, la perspective du care est également mobilisée dans notre cadre conceptuel. Nous réfléchissons notamment au travail du sexe comme travail du care à la lumière des concepts de travail émotionnel (Hochschild, 2003 et 2012), de sale boulot (Lhuilier, 2005 et Molinier 2011) et de défenses collectives féminines et viriles (Molinier, 2000; 2002 et 2004), alors qu’une part importante du travail du care demeure stigmatisée en tant que sale boulot (Molinier, 2011) et que le travail émotionnel est sous-pesé dans l’appréhension de la valeur du travail du care (Molinier, 2011 et 2020). De plus, bien que la dimension du care soit transversale aux activités de soins et de services aux personnes, elle est généralement occultée du sexuel (Molinier, 2009 et 2011). Ces idées nous permettent d’éclairer le discrédit porté à l’endroit des mères pratiquant le travail du sexe et de réfléchir à leurs avenues de reconnaissance et de citoyenneté. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : travail du sexe, mères, articulation famille-travail, féminisme, patriarcat, imaginaire social, discours sociaux dominants, significations imaginaires sociales, stigmatisation, stigmate de putain, travail du care, travail émotionnel, sale boulot, défenses collectives
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In this study, we draw on interview data from 62 matched different-sex, dual-career spouses raising young children to examine the mechanisms behind the gender gap in household labor during the COVID-19 pandemic. We argue that the pandemic represents a unique case of social uncertainty and an opportunity to observe how structural conditions shape the gendered division of household labor. We find that under the rapid social transformation imposed by the pandemic, gender serves as an anchor and orienting frame for couples with young children. We argue that the pandemic (1) expanded traditional gender expectations to new domains of household labor and (2) heightened the importance of gendered explanations for the division of labor that justified intra-couple inequality. Our findings suggest that the particular structural conditions that characterize different times of uncertainty work through slightly different mechanisms, yet produce the same outcome: gender inequality, with long-lasting and wide-ranging implications. © The Author(s) 2022.
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Academic mothers perform intersected roles. They carry out their profession in workplaces, while they take the "second shift" of motherhood back to their families. The contested expectations in family and career built by the heterosexual matrix cause tension to academic mothers. We qualitatively investigate the interview data of six Chinese women academics on how they perform to negotiate their motherhood and academic work in the context of Chinese higher education, driven by the Butlerian theoretical concept of the heterosexual matrix. The findings suggest that Chinese academic mothers play a zero-sum game between being mothers and being academics, deriving from their ontological responsibilities of motherhood. We conclude that in the masculine academia, these women academics help maintain the heterosexual matrix by satisfying the gender normativity when they negotiate their performances in their family and career; meanwhile, most have developed some strategies to achieve their career advancement.; Competing Interests: The authors declare that the research was conducted in the absence of any commercial or financial relationships that could be construed as a potential conflict of interest. (Copyright © 2022 Bao and Wang.)
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Working from home is not gender neutral. As the COVID-19 pandemic has relocated all non-essential work to the home setting, it becomes imperative to examine the phenomenon through a gender lens. Accordingly, I conducted a qualitative study using semi-structured interviews with 30 dual-earning married couples in India to study the gendered work-from-home experiences of men and women during the pandemic. The findings suggest that the pandemic has disproportionately increased the burden of unpaid work for women as compared to men. Women are negotiating gendered time–space arrangements within their households with the allocation of limited resources being in favor of men. When this interacts with work, gender inequalities are reinforced both at work and home. Gender roles and unpaid work determine women’s choices regarding when and where to work, boundary management between work and non-work domains, and their experiences of social isolation. Further, gender roles have also affected women’s decisions regarding returning to work post-pandemic, where some women may not be returning to work at all. Finally, the paper identifies how gender intersects with the existing conceptual frameworks of working from home, and makes a strong case for integrating gender considerations in the work-from-home policies. © 2022, The Author(s), under exclusive licence to Springer Science+Business Media, LLC, part of Springer Nature.
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Quel est le lien entre la charge mentale et l’épanouissement sexuel des femmes au sein des couples hétérosexuels? On fait le point. Dans le livre Women Who Run With the Wolves, la psychanalyste Clarissa Pinkola Estés écrit : « Il y a cette drôle de chose à propos du nettoyage de la maison… c’est que c’est une tâche qui n’est jamais terminée. C’est la façon parfaite d’empêcher une femme de faire quoi que ce soit d’autre. » L’autrice parle ici du processus créatif : elle affirme que l’art ne peut pas être pratiqué que dans des moments « volés », entre une brassée de lavage et la préparation du souper. Que l’art prend du temps et que l’artiste doit agir avec ses pulsions et, pour y arriver, être en mesure de se reposer.
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Work-family border theory casts individuals as protagonists who are enactive rather than reactive in shaping borders between work and personal life domains. To what extent is this the case in strongly patriarchal contexts that constrain women’s personal agency? This qualitative study conducted with 32 female lawyers, magistrates and justices in Nigeria shows how participants engage in new border management tactics in response to context-specific institutional and social factors. Faced with public harassment and physical assault in a country where violence against women is normalised, female legal professionals restructure family borders to extend no further than their homes and retain police attachés as border-keepers. When their families are reconfigured via nonconsensual polygamous marriages, women’s work borders are strengthened by co-wives performing domestic labour and family borders are strengthened by co-wives’ assistance with job tasks, thereby reducing participants’ work-family conflict. Rather than strategically enacting work-life borders within known situational constraints, Nigerian female legal professionals react to involuntary events that limit their agency to negotiate desired work and personal lives. © 2021 Informa UK Limited, trading as Taylor & Francis Group.
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Cet article cerne les difficultés, les défis et les stratégies mises en œuvre par les femmes soignantes à Lomé (Togo) dans la conciliation travail-famille. Les données qualitatives ont été collectées auprès de femmes soignantes dans deux formations sanitaires publiques, de leur conjoint et de leurs collègues hommes. Les résultats montrent que les normes et les pratiques culturelles ont confiné les hommes et les femmes dans leurs rôles respectifs selon la division sexuelle du travail. Ainsi, exercer des tâches domestiques est considéré comme un devoir pour les femmes, mais une transgression des normes sociales pour les hommes. Les exigences et les conditions de la profession médicale et l’insuffisance de personnels de santé rendent difficile la conciliation travail-famille pour les femmes. Pour concilier leur vie familiale et professionnelle, les femmes soignantes mettent en œuvre plusieurs stratégies d’adaptation : recours à l’aide parentale, emploi de domestiques et de répétiteurs scolaires, acquisition d’appareils électroménagers.
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"La réalisation des projets de couple et familiaux constitue des préoccupations importantes des individus contemporains. Ces projets font l'objet de représentations sociales générées par diverses sources?: œuvres littéraires, philosophiques, scientifiques, populaires, mais aussi cinématographiques ou médiatiques. Ces représentations proposent des modèles et fournissent des supports à des imaginaires alimentant les scénarios personnels, créant des attentes qui se heurtent aux réalités quotidiennes, et qui entrainent souvent des désillusions et des déceptions, mais aussi des adaptations. Dans le but de mieux saisir les logiques à l'œuvre dans les attentes conjugales et familiales, cet ouvrage composé de treize chapitres rédigés par des chercheuses et chercheurs québécois, canadiens et internationaux (Brésil, Espagne, France, Suisse), issus de disciplines variées (anthropologie, démographie, psychologie, sexologie, sociologie et travail social), vise à mettre en évidence l'influence des imaginaires sur les itinéraires conjugaux et familiaux. La richesse des contributions à cet ouvrage collectif devrait aider à mieux saisir l'importance des études sur les imaginaires familiaux, autant pour la communauté scientifique que pour toute personne intéressée à mieux comprendre, et possiblement à mieux accompagner, les imaginaires, les attentes et les désillusions conjugales et familiales vécues par les individus et les couples."
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Objectif Cette recherche examine la manière dont les mères latines sans papiers négocient le conflit travail-famille dans un contexte de politiques d’immigration restrictives. Arrière-plan Aux États-Unis, les femmes continuent de lutter contre les tensions entre travail et famille, et les femmes pauvres sont confrontées à des contraintes particulières. Les immigrées latinos se sont de plus en plus installées et ont fondé des familles aux États-Unis, et ont rejoint le marché du travail dans des emplois à bas salaires. Contrairement aux femmes nées aux États-Unis, ces femmes doivent faire face à des politiques d’immigration restrictives, ce qui suggère de nouveaux domaines de compréhension des inégalités intersectionnelles qui façonnent le conflit travail-famille. Méthode Les résultats sont basés sur des entretiens approfondis menés auprès de 45 mères immigrantes latinos en Caroline du Nord qui avaient une expérience du marché du travail rémunéré. Les sujets d'entretien comprenaient la famille, le travail et la migration tout au long de la vie des femmes. Résultats Les contextes politiques spécifiques au lieu, les conditions de travail, les attentes patriarcales et le manque d'accès aux réseaux de soins remettent en question la capacité des immigrantes latines à remplir le double rôle de mère qu'elles occupent à la fois en tant que pourvoyeuses de famille et en tant que soignantes et nourricières de leurs enfants. Conclusion Les attentes sociales liées à la maternité ajoutent une dimension de précarité au statut vulnérable des femmes en tant que travailleuses sans papiers et démontrent l’impact genré des politiques d’immigration. Conséquences Les politiques restrictives rendent de plus en plus difficile pour les femmes sans papiers d’obtenir ou de changer d’emploi sur le marché du travail à bas salaires. Les résultats soulignent l’importance de prendre en compte le statut d’immigrant dans les études sur les conflits travail-famille, en particulier à l’heure où les politiques ciblant les immigrés s’intensifient.
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While some women may be actively involved in choosing their marital name, taking the man’s name remains the norm.
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Ce rapport brosse un portrait descriptif des premiers résultats qui se dégagent du volet « extrapatrimonial » du projet de recherche intitulé : Unions et désunions conjugales au Québec : regards croisés sur les pratiques et les représentations sociales et juridiques de la vie à deux. L’enquête réalisée auprès de 3250 répondants âgés de 25 à 50 ans et vivant en couple vise à cerner les arrangements financiers et juridiques des familles qui comptent au moins un enfant. Les aspects tels que le souhait de se marier ou non, la garde des enfants, le support financier, le recours au contrat de vie commune et la question de l’héritage ont été abordés. Une attention particulière a été portée sur les familles recomposées afin de déterminer si certaines différences pouvaient être observées comparativement aux familles intactes. Nous tentons aussi de jeter un éclairage sur le phénomène de la beau-parentalité au Québec puisque le Code civil ne reconnaît toujours par de statut particulier au beau-parent. Notre enquête permet notamment de constater que le fait d’avoir un enfant semble influencer le désir de se marier, et ce, plus particulièrement pour les femmes. Elle nous montre aussi que la garde partagée est un idéal-type envisagé par la majorité des couples, mais qui se réalise moins fréquemment en réalité. De plus, dans les familles recomposées ayant la garde d’un ou de plusieurs enfants issus d’unions précédentes, les dépenses relatives aux enfants sont considérées comme relevant exclusivement du parent, même si le couple gère ses revenus et dépenses en commun. Bien que l’on puisse s’attendre à ce que les couples qui ont déjà vécu une séparation veuillent se protéger davantage dans une relation ultérieure, les résultats montrent qu’il n’en est rien. Enfin, l’enquête nous démontre que la durée de la cohabitation entre un enfant et un beau-parent influence la force du lien entre eux et qu’un bon nombre de beaux-parents croient qu’ils auraient droit à une garde partagée dans l’éventualité d’une rupture ou, à tout le moins, qu’ils garderaient contact quelques fois par année avec l’enfant de leur conjoint.e.
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Cet article propose une réflexion sociologique sur l’amour conjugal contemporain d’un point de vue théorique et empirique. À partir de données recueillies sur les arrangements financiers de personnes vivant en couple et de la littérature sociologique sur l’amour, les auteures dégagent une sémantique de la conjugalité contemporaine illustrée par huit « règles de sens », mobilisées par les acteurs pour répondre aux défis des relations intimes. L’analyse permet d’observer les décalages entre différentes logiques amoureuses d’une part, et de l’autre entre les logiques de l’amour et les réalités sociales. Les propos des conjoints révèlent l’intégration d’éléments qui tiennent de logiques divergentes dans un même univers de sens : des règles de sens favorisant l’idéalisation mythique conjuguées à celles organisées autour des images du travail sur la relation, de la communication thérapeutique et de la prise en charge entrepreneuriale de la relation. Cette analyse empirique conduit les auteures à cerner une double confusion dans la littérature contemporaine sur l’amour et les couples.
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Drawing on data from a UK study conducted in 2014/2015, based on qualitative interviews with 25 working parent, heterosexual couples on their domestic division of labour, I argue that the interactive methodology of the ‘Household Portrait’ not only provides data on the distribution of household labour but also reveals gender differences in how domestic labour is conceptualised and measured. Disagreements and inconsistencies between couples over who ‘mostly’ does various tasks embody gendered perceptions of the meaning of doing domestic tasks and the appropriate temporal frame for evaluating individual contributions. Partners’ joking competition over their respective contributions highlight not just the normative expectations guiding what women and men feel they should do but also the criteria that they think should be used to measure their contributions. © The Author(s) 2020.
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Alors que le virus COVID-19 se propage à travers le monde, de nombreux gouvernements ont fermé les écoles , les crèches et autres établissements de garde d'enfants. Avec de plus en plus de personnes travaillant à domicile , il est probable que de nombreuses familles se retrouveront dans une situation où les deux parents essaient de travailler depuis la table de la cuisine tout en essayant de faire l'école à la maison aux enfants . En plus des tâches ménagères habituelles, comme la cuisine et le ménage, ces tâches peuvent représenter une charge supplémentaire pour de nombreux parents à l'heure actuelle. Il est cependant probable que même si les deux parents sont désormais à la maison, une grande partie des tâches « domestiques » reposera toujours sur les épaules des femmes de la maison. Tout comme la ménagère des années 1950, les femmes devront non seulement préparer des repas savoureux, garder la maison propre et bien rangée et divertir les enfants, mais elles devront également faire tout cela tout en travaillant à domicile.
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Cet article propose une mise en récit du parcours de deux chercheur·e·s dont les intérêts de recherche et d’enseignement portent sur les familles issues de la diversité sexuelle. En mettant à l’épreuve le modèle hétéronormatif traditionnel, les familles homoparentales, notamment celles qui ont recours à la procréation assistée, font émerger de nouvelles trames familiales et relationnelles, en plus de rendre visibles les normes culturelles associées à la parenté, à la parentalité et à la concrétisation du désir d’enfant. Dès lors, une compréhension de la diversité familiale en adéquation avec les pratiques sociales contemporaines s’actualise par une prise en compte de la pluralité des expériences vécues par les parents de même sexe et de leurs enfants.
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This study examines the impact of managerialist policies on care relations in higher education. It is based on a study of 10 higher education institutions in Ireland. The paper shows that a care-free worker model is ingrained in systems of performance appraisal, especially for academics in universities, and increasingly in the Institutes of Technology, although it also impacts on support staff in other professions and occupations. It assumes a life of boundary-less working hours and unhindered mobility. The market-informed tools of performance appraisal, especially audits and metrics, cannot measure essential care work because care is a process and disposition, not a product. Because it is not countable caring becomes invisible as do the people who do it. The managerial ideology of 'work--life balance' merely operates as a mask that conceals how over-working is normalised. There is no legitimate language to name over-working for the structural problem that it is. When work organisations disregard care commitments outside of work, and even within it, these are then repackaged and fed back to women/carers as personal problems and failures. The idealised care-free worker model operates as a care ceiling over women particularly; it is taken as given, even natural.
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Cadre de la recherche : Le consensus établi autour de l’exceptionnalisme de la politique familiale québécoise dissimule certains enjeux et défis liés à l’accessibilité et à la disponibilité des mesures de soutien aux familles. Objectifs : L’objectif de la recherche consiste à proposer une réflexion sur le caractère universel souvent attribué à la politique familiale québécoise en documentant l’évolution de l’architecture des trois principales mesures de soutien aux familles depuis 1997, soit les services de garde, les congés parentaux et les prestations monétaires. Méthodologie : Le texte repose sur une revue systématique d’archives, de documents gouvernementaux et de recherches scientifiques sur l’évolution et la transformation de la politique familiale québécoise. Le point de départ de l’analyse est l’examen du Livre blanc Nouvelles dispositions de la politique familiale : les enfants au cœur de nos choix. Résultats : En dépit de son penchant social-démocrate, la politique familiale québécoise n’est pas universelle dans son ensemble et toutes les familles ne sont pas égales dans le soutien qu’elles reçoivent de l’État. Nous montrons l’existence historique de quatre régimes de service de garde, dont les caractéristiques varient selon la nature des services offerts, leurs coûts et la possibilité d’y avoir accès. Nous montrons aussi qu’en raison de l’architecture du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), certains parents ne se qualifient pas pour l’obtention de prestations parentales. Enfin, nous montrons que même si toutes les familles reçoivent depuis 2005 des prestations monétaires, le montant de ces dernières varie selon le revenu. Conclusions : Même si le Québec offre une politique familiale généreuse, la province n’échappe pas entièrement aux caractéristiques des sociétés libérales, dont le Canada fait partie. Contribution : L’article contribue à la réflexion sur la perspective universaliste attribuée à la politique familiale québécoise.
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Since the implementation of the two‐child policy in China in 2016, it is unclear how professional women's labor force outcomes and family commitments have changed. Using interviews with 26 professional women with two children in Shanghai, we examined their work–life transitions and labor market outcomes. We found that the overarching constraints the interviewees faced included a lack of institutional childcare support, low paternal participation and increased physical and cognitive childcare labor. The women also experienced different constraining and enabling factors, leading to four types of labor market outcomes: enhancement, rebound, interruption and stagnation. Most of the interviewees who experienced career upward mobility after giving birth to a second child were urban singleton daughters who received tremendous parental support. Some participants experienced career interruption due to a lack of social support. The state should ensure family‐friendly work environments and promote paternal participation to reduce women's work–life conflict and address gender inequality.
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"L'implication de l'État dans la vie privée pose problème : les individus ont davantage de droits que par le passé, mais certains de leurs comportements, jugés problématiques pour la collectivité, justifient un interventionnisme renouvelé, dans lequel acteurs privés et mécanismes de marché occupent une place croissante. En tension entre libéralisme et normalisation, cette action publique participe aux recompositions des rapports sociaux, entre les classes sociales, entre les genres, ainsi qu'entre la population majoritaire et les personnes racisées. Objet de vifs débats et de réformes récurrentes, la régulation par le droit des séparations conjugales est un observatoire précieux de ces recompositions, ici analysées à partir de trois enquêtes collectives, qualitatives et quantitatives, menées des deux côtés de l'Atlantique. En France comme au Québec, l'accès aux procédures, les interactions avec les professionnel.les et l'encadrement des modes de vie sont les trois dimensions constitutives du gouvernement de la vie privée. Cependant, chacun des contextes n'articule pas de la même manière inégalités de classe et inégalités de genre. En scrutant la production institutionnelle des inégalités privées, cet ouvrage invite à imaginer des voies alternatives, dans la sphère privée comme dans la sphère publique, pour que la politique des droits tienne ses promesses émancipatrices."
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Previous studies of immigrant families have reported consistent findings concerning the positive effects of employed wives’ financial contributions and Western gender ideologies on women’s bargaining power in the family. This paper revisits this thesis. Data presented in this article are derived from a larger project based on 45 life-history interviews with Taiwanese immigrant women in a Midwest urban region. Findings suggest that women’s employment does not serve as a key factor that shapes spousal power relations in Taiwanese immigrant families. Rather, gendered work-family boundaries and individuals’ abilities construct main rationales in women’s interpretations of their division of labor at home and their dominance in financial management. None of the women interviewed consider Western culture as an inspiration for egalitarian gender ideology. In contrast, Confucian culture is often used by husbands and mothers-in-law to demand traditional gender practice, which is further reinforced and surveilled by the Taiwanese ethnic community. Therefore, the interconnections of work, family, money, culture, and power and their interactive effects on spousal relations are more complicated than previously suggested. This study also reveals varied forms of patriarchal bargaining in Taiwanese immigrant families. Married women tend to accommodate patriarchy in their housework assignment, but actively bargain in their management of family finances and persistence to seek employment. The findings suggest that heterogeneity within the research sample, household structure, and individuals’ subjectivities must be examined to understand the nuances and complexity of women’s gender strategies and bargaining power in immigration families. Theoretical implications of the study are also discussed.