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Iris Brey théorise le regard féminin, ou female gaze, une façon de filmer les femmes sans en faire des objets, de partager la singularité des expériences féminines avec tous les spectateurices, quel que soit leur genre, et de renouveler notre manière de désirer en regardant sans voyeurisme. Des joyaux du cinéma à certaines oeuvres plus confidentielles, en passant par quelques séries et films très contemporains, Iris Brey nous invite à nous interroger sur le sens caché des images.
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En 2013, Xavier Dolan, cinéaste, acteur et metteur en scène québécois prolifique, réalise le vidéoclip College Boy, chanson du groupe de musique français Indochine qui s’articule autour d’un jeune garçon queer qui est victime d’homophobie dans un internat. Cet article propose une analyse de ce vidéoclip en se focalisant sur la mise en scène de la violence et des affects négatifs. Nous étudions d’abord le débat provoqué par la diffusion et la censure du clip en France. Ensuite, à partir de la théorie du “backward feeling” développée par Heather Love dans Feeling Backward: Loss and the Politics of Queer History (2007), nous analysons la manière dont la représentation de la violence dans l’œuvre de Dolan remet en question l’ordre hétéronormatif. Nous défendons la thèse qu’en s’attaquant de front aux institutions qui sont les véritables agents de la violence homophobe, College Boy contribue à la conservation archivistique de l’expérience queer et crée ainsi une possibilité d’émancipation face à l’hétéronormativité.
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Nous proposons ici la première partie de ce chapitre. La partie 2 sera publiée dans le prochain numéro de Genre en séries : cinéma, télévision, cinéma. Le prénom Jack a été choisi ici parce que Halberstam tend à le privilégier depuis ses recherches sur les drag kings (http://www.lambdaliterary.org/interviews/02/01/jack-halberstam-queers-create-better-models-of-success/), tout en insistant sur sa volonté de ne pas résoudre son ambiguïté genrée (« my floating gender pronouns capture well the refusal to resolve my gender ambiguity that has become a kind of identity for me »). Voir http://www.jackhalberstam.com/on-pronouns/
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Dans le panorama du cinéma maghrébin, la place accordée à la représentation des sexualités non normatives est presque inexistante. Les rares exceptions qui s'y présentent sont un témoignage de la persistance de l'engagement pour certain.e.s cinéastes qui sont confronté.e.s à de nombreux obstacles, parfois même à des menaces réelles sur leur vie. C'est le cas de la cinéaste tunisienne Nadia El Fani dont la représentation du lesbianisme et de la bisexualité libère le personnage homosexuel des atavismes dans lesquels il se trouvait pris dans les représentations traditionnelles. Les exemples des personnages de lesbiennes que construit l'auteure ne font pas de concession. Loin des paramètres conventionnels, ils sont des personnages taillés à vif sur les modernités occidentale et tunisienne. En déplaçant l'accent du sentimental et de l'érotisme vers la lucidité et la mise en pratique de la liberté comme droit inaliénable, Nadia El Fani restitue au personnage de la lesbienne un droit de cité. Nous abordons, pour cet article, les films de fiction Pour le plaisir (1990), Fifty, fifty mon amour (1992) et Bedwin Hacker (2002) pour mettre à jour les procédés qui donnent forme à la perspective choisie par Nadia El Fani.
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Dévorées dans l'intimité, les séries révèlent nos désirs, nos peurs les plus profondes, nos fantasmes et nos tabous. Grâce à la mutliplication des personnages de femmes complexes depuis les années 2000, les séries mettent en scène des sexualités féminines qui évoluent sans cesse. De Sex and the City, Friends et Buffy à Girls, Masters of Sex, Orange is the New Black ou bien Transparent, elles osent enfin montrer ce dont nos sociétés occidentales ont encore parfois du mal à parler. De la morsure de vampire au cunnilingus, de la défloration au BDSM, Sex and the Series s'empare d'images marquantes pour interroger certains concepts comme le male gaze ou la capacité d'agir et met en perspective la représentation de l'orgasme féminin, du consentement ou encore de la lesbienne butch. A travers quatre thématiques - la parole, le plaisir, les violences et les sexualités queer - Iris Brey analyse comment les séries américaines, en s'éloignant des images du porno et du cinéma, permettent de changer notre perception des sexualités et d'enclencher même une révolution télévisuelle
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Dans ce chapitre extrait de son ouvrage Black Sexual Politics (2004), Patricia Hill Collins s’intéresse à la nouvelle configuration de la question raciale aux États-Unis, qu’elle nomme le « Nouveau Racisme ». Il s’agit d’une logique discriminante, dans une Amérique post mouvement des Droits civiques, qui ne place plus uniquement le biologique comme facteur explicatif d’une prétendue déviance des Noir.e.s mais qui justifie davantage l’exclusion et le contrôle d’une large partie de celles-ci en arguant et en se basant sur des facteurs culturels. La culture populaire noire constitue alors un espace stratégique de lutte pour la définition de l’identité noire. En examinant notamment les représentations de genre racisées (black gender ideology) produites dans la musique rap, en lien avec les médias de masse, la sociologue américaine interroge plus généralement la compréhension de l’identité noire par la société américaine, qui reste toujours hantée par l’histoire de l’esclavage.
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Le présent article se décline en deux parties distinctes. La première aborde trois films québécois récents (Maman est chez le coiffeur, C’est pas moi, je le jure! et Un été sans point ni coup sûr) se déroulant à la fin des années 1960. Bien que ces trois films soient racontés du point de vue des enfants et que les femmes ne soient pas les protagonistes de ces films, j’aborderai les trois récits du point de vue de ces personnages de femmes, faisant d’elles moins les objets, mais plutôt les sujets de ces films. Seront relevés les commentaires sur ces personnages, retrouvés dans la presse spécialisée québécoise dans les revues 24 images, Séquences et CinéBulles , afin de constater de quelles façons la réalisatrice et les réalisateurs, les interviewers et les critiques de cinéma qualifient ces personnages de femmes. En deuxième partie, sera abordée la voix féminine proprement dite dans le film Maman est chez le coiffeur, à la lumière des écrits de Michel Chion et de Kaja Silverman sur la voix féminine au cinéma.
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Prenant le relais sur les formes écrites dites traditionnelles, les images cinématographiques et télévisuelles, issues de cette nouvelle ère des communications dans laquelle nous baignons depuis quelques décennies à peine, ont désormais une importance capitale. Puisque c'est bien souvent à travers ces médias de masse que l'on se forge une opinion et un point de vue sur le monde qui nous entoure, l'énorme pouvoir politique et économique lié à ceux qui contrôlent ce qui sera vu ou non sur nos écrans est donc aujourd'hui indéniable. Or, les femmes québécoises ont longtemps été exclues de la sphère publique, la place qui leur était réservée au sein de l'industrie audiovisuelle reflétant ce que l'on attendait d'elles dans la société traditionnelle en général, soit un rôle de soutien et d'assistance aux hommes, une place de second ordre. Et jusqu'à ce qu'elles parviennent à la réalisation, elles n'avaient aucune emprise sur les représentations féminines à l'écran. Ainsi, les hommes cinéastes ont-ils véhiculé à outrance les stéréotypes de la femme au foyer ou de la femme hypersexuée : des femmes passives, dépendantes et soumises au regard des hommes L'arrivée des femmes aux commandes de la réalisation à la fin des années soixante, dans la foulée de la seconde vague féministe québécoise, leur a donc permis de revisiter l'univers que l'on dit propre aux femmes et de proposer de nouveaux modèles dans lesquels le public féminin était enfin en mesure de se reconnaître. Mais comme le système de production québécois est de nos jours basé sur une critériologie purement commerciale, le cinéma des femmes a connu un recul inquiétant ces dernières années et l'on peut se surprendre de ce que les femmes réalisatrices, représentant pourtant plus de 50 % de la population, se fassent aujourd'hui si rares dans les postes créatifs de l'industrie québécoise. Privées du pouvoir et des privilèges que confère l'accès aux médiums cinématographique et télévisuel, les femmes se retrouvent minorisées et marginalisées au sein de cette industrie développée, contrôlée et financée de tout temps par des hommes. Désormais, on tend à occulter l'apport culturel des femmes réalisatrices et à minimiser la pertinence de la vision des femmes, la diversité des points de vue étant pourtant nécessaire à toute société démocratique, particulièrement la nôtre qui se targue d'être un modèle de multiculturalisme. Se pourrait-il que les industries cinématographique et télévisuelle québécoises privilégient un sexe plutôt que l'autre? Se pourrait-il aussi que le manque de reconnaissance des compétences des femmes et des thématiques dites féminines soit à la base du mépris social dont elles sont victimes dans l'industrie de la part des producteurs, des techniciens et des diffuseurs? Est-ce que ce manque de reconnaissance pourrait expliquer pourquoi l'histoire de notre cinématographie nationale n'a pas jugé bon jusqu'ici de s'attarder au cinéma des femmes? C'est ce que cette recherche tentera de comprendre en mettant en lumière les enjeux importants liés au pouvoir de se raconter et à la place accordée aux minorités dans l'espace public, en l'occurrence ici les femmes québécoises. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes, Réalisatrices, Reconnaissance, Identité narrative, Mépris social, Technologie de genre, Industrie audiovisuelle.
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Dans cet article, l'auteure démontre que la circulation et la consommation croissante des images lesbiennes dans l'espace public participent du phénomène complexe d'une culture du visible. Tout en soulignant les inévitables compromis qui découlent d'une telle négociation de la visibilité, elle retrace le potentiel culturel qu'une telle marchandisation de la " différence " représente pour les lesbiennes. L'identité et le désir lesbiens sont donc analysés ici en tant que produits représentationnels aptes à être consommés autant par les hétérosexuel.les que par les lesbiennes. Par une analyse des diverses stratégies de négociation du désir lesbien tirées de deux films populaires tant auprès d'un public hétérosexuel que gai (Gazon maudit et When Night is Falling), la critique confronte la matérialité de l'identité lesbienne au cinéma à la valeur de l'image saphique sur le marché de l'identité.
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At the dawn of the 20th century, a multi-generational family in the Gullah community on the Sea Islands off of South Carolina – former West African slaves who adopted many of their ancestors’ Yoruba traditions – struggle to maintain their cultural heritage and folklore while contemplating a migration to the mainland, even further from their roots. The first wide release by a black female filmmaker, DAUGHTERS OF THE DUST was met with wild critical acclaim and rapturous audience response when it initially opened in 1991. Casting a long legacy, DAUGHTERS OF THE DUST still resonates today, most recently as a major in influence on Beyonce’s video album Lemonade. Winner of the Cinematography Award and nominated for the Grand Jury Prize in the Dramatic competition at the Sundance Film Festival. Chosen for preservation by the National Film Preservation Board, USA
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Lesbianism in literature has been dealt with rather indirectly in the past. Editors have led readers to the "artistry" of a work containing lesbianism, emphasizing instead the literary history and historical context of the work rather than the representations of lesbianism. The editor for Colette's The Pure and the Impure, for instance, affirms that Colette has a knowledge of a "strange sisterhood," but assures readers she has never strayed from the "normal." In the groundbreaking A Lure of Knowledge, Judith Roof demonstrates that representations of lesbian sexuality occupy specific locations or positions in the arguments, subject matter, and rhetoric of Western European and American literary criticism. She examines the political context of representations: how lesbian sexuality is used as a signifier an why it appears when and where it does. Roof argues that attempts to depict or explain lesbian sexuality spur anxieties about knowledge and identity. In reaction to and denial of these anxieties, lesbian sexuality is represented in film, literature, theory, and criticism as foreplay, as simulated heterosexuality, as erotic excess, as joking inauthenticity, as artful compromise, or as masculine mask in a specific repertoire of neutralization and evasion. Challenging the heterosexism of film theory and feminist theory, this book analyzes the rhetorical use of lesbian sexuality. Roof explores a range of discourses, from the woks of such authors as Anais Nin, Olga Broumas, Julia Kristeva, Jane Rule, Luce Iriguray, and Sigmund Freud, to films such as Emmanuelle, Desert Hearts, Entre Nous, and I've Heard the Mermaids Singing, to professional tennis.
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Cet article se propose d'utiliser la psychanalyse pour découvrir où et comment la fascination du film est renforcée par des schémas de fascination préexistants déjà à l'œuvre au sein du sujet individuel et des formations sociales qui l'ont façonné. Il prend pour point de départ la façon dont le cinéma reflète, révèle et même joue sur la lecture droite et socialement établie de la différence sexuelle qui commande les images, les regards érotiques et le spectacle. Il est utile de comprendre ce qu'a été le cinéma, comment sa magie a opéré dans le passé, tout en tentant une théorie et une pratique qui remettront en cause ce cinéma du passé. La théorie psychanalytique est ainsi appropriée ici comme une arme politique, démontrant la manière dont l'inconscient de la société patriarcale a structuré la forme cinématographique.