Votre recherche
Résultats 38 ressources
-
Organisé par l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique et le Centre des musiciens du monde, le colloque Femmes musiciennes du monde visait à explorer les parcours professionnels de musiciennes migrantes. Des conférences et tables rondes ont fait intervenir des chercheuses en sociologie, anthropologie, musicologie et ethnomusicologie ainsi que des musiciennes ayant immigré à Montréal. De la combinaison de ces savoirs scientifique et expérientiel s’est dégagée une série de difficultés et défis récurrents pour les femmes en musique : invisibilisation du travail, différenciations et discriminations genrées dans un milieu majoritairement masculin, enjeux liés au corps féminin ainsi qu’à la mobilité géographique. Or, il s’est aussi affirmé des spécificités d’expériences, de profils et de stratégies selon les parcours migratoires. Cette note de terrain synthétise les principaux constats, mais aussi les limites des discussions de ce colloque avant d’identifier quelques-uns des nombreux efforts qu’il reste à déployer pour mieux comprendre les réalités de telles artistes.
-
With the enactment of anti-homosexuality laws in the 1960s, Cameroon's government officially endorsed heterosexualist ideologies which legitimize the alienation and criminalization of minority and nonconforming sexual and gender identities. One group, the so-called garçons manqués, embodies the stigmatized masculine or "butch" lesbian identity. The political management of lesbianism in Cameroon is ambivalent, however, with respect to sport, and particularly regarding the national pastime, football. Whereas masculine lesbians are routinely branded as "butches" or "sexual predators" who threaten African hetero-patriarchy, "strong women"" (femmes fortes) are celebrated as pivotal to the national ambition. Cameroon's government strategically amalgamates both heteronationalism and homonationalism in the interest of national pride.
-
Extreme metal is a masculine space, yet more and more women join in. They face a contradiction: as women, they are expected to adopt feminine behaviours; however, they are part of a subculture that valorizes warrior masculinity. I sought to understand the gender expectations of the Montreal extreme metal scene and interpret the contradictions encountered by women in this scene with the help of Schippers’ (2007) theoretical framework on gender. To do so, I conducted 16 individual interviews with women and men who take part in the scene. This research fills a gap in the literature on gender that derives from Connell and Schippers’ writings and addresses issues that the field of metal studies has brushed over. I found that metal men are the “default” participants in the scene. They are expected to be fine music connoisseurs and even become musicians. In contrast, women’s presence is heterosexualized and attributed to a romantic or sexual interest in metal men. Women are suspected of being “poseuses” or groupies with no real interest in the music until proven otherwise. To become legitimate participants, they have to overcome those expectations and prove that they are worthy of being viewed through the prism of masculinity rather than femininity. They do so by proving their exceptionality through manhood acts and distancing themselves from other women. Despite their gender transgressions, women’s presence does not fundamentally question gender relations but reaffirms the overall primacy of masculinity over femininity.
-
Les rapports sociaux de race, de genre, de sexe sont inextricablement mêlés : telle est une idée centrale du féminisme décolonial tel qu’il se déploie depuis Abya Yala, du nom que le peuple kuna donnait au continent américain. L’article situe l’importance de renommer les femmes et féministes d’origine autochtone, une manière de défaire les discours coloniaux (parfois tenus par des universitaires féministes) sur les pratiques de genre avant la colonialité/modernité. Ochy Curiel illustre cette idée à partir de l’expérience du GLEFAS (Groupe latino-américain de formation et d’action féministe) : le décolonial n’y est pas seulement une critique du savoir académique, il est profondément ancré dans des pratiques autogestionnaires de luttes anticapitalistes, dans le lesbianisme politique, dans la rue, dans les associations, dans les organisations communautaires.
-
L’accès universel à l’eau potable est considéré comme une caractéristique déterminante des villes du Nord global. Cet article décrit les défis quotidiens auxquels sont confrontées les femmes de la classe ouvrière de Flint, dans le Michigan, lorsque la promesse d’une infrastructure d’eau moderne se fissure. En 2014, afin de réduire les coûts, la source d’eau potable de Flint a été transférée du lac Huron à la rivière Flint. Ce changement, et plus particulièrement la manière dont il a été géré, a entraîné une contamination de l’approvisionnement en eau par du plomb et des agents pathogènes. Si l’expérience de Flint est désormais un cas emblématique d’insécurité hydrique dans le Nord global, elle n’est pas unique. À travers une étude de cas élaborée dans le cadre d’un projet de recherche participative communautaire, cet article détaille comment l’insécurité hydrique a transféré la charge de l’approvisionnement en eau potable aux ménages individuels, et plus particulièrement aux femmes. Plutôt que de pouvoir compter sur la main-d’œuvre et l’expertise technique qui ont rendu l’eau potable dans la ville moderne, les habitants de Flint ont été soudainement rendus responsables de la sécurité de leur propre approvisionnement en eau. Nous expliquons comment la crise de l’eau de Flint a fait naître une « nouvelle normalité » ; Nous examinons les façons dont cette situation a donné naissance à un nouveau rapport à l'eau potable, caractérisé par un (re)retour à l'eau en bouteille ou filtrée (de l'eau du robinet) et par un changement dans la répartition des tâches nécessaires à la production d'eau potable. Les témoignages de femmes que nous présentons ici illustrent comment, lorsque l'eau uniforme moderne fait défaut, les gens commencent à voir des eaux hétérogènes.
-
En tant que couple masculin-féminin comparable aux genres lesbiens butch-femme dans les sociétés euro-américaines, les rôles de genre TP constituent des éléments vivants dans la sous-culture lesbienne, ou lala , de la Chine continentale contemporaine. Sur la base d'une étude ethnographique menée au milieu des années 2010 à Shanghai et dans la province du Yunnan, en Chine, et en appliquant le cadre théorique de « l'esthétique passionnée », j'étudie dans cet article les discours et les pratiques pertinents pour les genres TP . J’analyse comment les hiérarchies ont été (re)produites au sein des communautés lala et comment, dans ces processus, les compréhensions (hétéro)normatives du genre et de la sexualité sont devenues à la fois sources de connaissances et objets de critique. Je soutiens que des esthétiques passionnées multiples et concurrentes, y compris la forme dominante d'hétéronormativité en Chine et les connaissances mondialisées, voire occidentales, sur le genre et la sexualité, ont entraîné trois grands types de hiérarchie parmi les lalas : des hiérarchies entre les catégories TP , qui sont paradoxalement définies par la notion de « pureté » ; les hiérarchies dans les discours féministes et activistes LGBTQ, qui banalisent, voire font taire, les incarnations quotidiennes du TP ; et les hiérarchies entre masculinité et féminité, qui encouragent diverses pratiques de masculinité féminine tout en valorisant la masculinité plutôt que la féminité.
-
Tout en soulignant qu’il s’avère illusoire de vouloir séparer les situations personnelles des conditions historiques et politiques de leur émergence, cet article propose une réflexion critique de la notion de libre choix, que l’auteure inscrit dans un réseau de facteurs macrosociaux tels que les tensions internationales ou encore la violence et la pauvreté structurelles. La notion de « libre choix » possède une charge idéologique qui se reflète dans la distinction souvent établie entre les femmes occidentales libérées et la femme musulmane dépourvue de libre choix et victime passive de l’oppression patriarcale. Le libre choix tend aujourd’hui à (re)devenir un critère discriminatoire permettant de distinguer les sociétés les « plus civilisées » (choix et liberté pour les « Occidentales ») de celles qui le sont moins (contrainte et servitude pour les « Orientales »). La violation du libre choix des femmes peut alors contribuer à légitimer l’intervention des industries humanitaire et militaire pour « sauver les musulmanes », comme cela a été le cas dans la guerre d’Afghanistan, à la suite des événements tragiques du 11 septembre 2001. Qui a le pouvoir de réduire « l’Autre », et particulièrement les musulmanes, à des sujets assujettis incapables d’émerger comme sujets agissants ? Des musulmanes souffrent d’un libre choix limité, mais ceci est-il réductible à l’islam ? Le libre choix des Occidentales relève-t-il d’un idéal fantasmé ? Faudrait-il plutôt investiguer la notion de libre choix dans sa complexité intrinsèque reliée aux relations de pouvoir ? Réduire les vies poignantes et tellement complexes des femmes musulmanes à une question de choix plus ou moins libre et éclairé est d’une totale insatisfaction pour l’anthropologue. Afin de mieux saisir cette complexité, l’auteure puise dans son travail ethnographique s’échelonnant sur une vingtaine d’années en milieu rural égyptien pour souligner l’importance du travail (micro)ethnographique qui permet de dépasser les généralités et les simplicités galvaudées par certains médias et romans à sensation (« pulp nonfiction ») qui font et défont l’opinion publique. L’auteure compare ces généralités essentialisantes avec des exemples de vies socialement complexes et ethnographiquement riches de villageoises égyptiennes.
-
"Les avancées récentes de l'anthropologie l'ont amplement démontré : la partition nature/culture qui fonde l'ontologie moderne occidentale et qui s'est imposée partout n'est pas la seule façon d'être au monde, encore moins la forme ultime de la civilisation. Un tel dualisme, qui sépare corps et esprit, émotion et raison, sauvage et civilisé, acteur et chercheur, humains et autres qu'humains, nous empêche de nous vivre comme partie du monde et nous conduit à le détruire. Dès lors, le projet émancipateur ne saurait se limiter à " changer le monde ". Il s'agit aujourd'hui de changer de monde. Des mouvements indigènes du Sud aux "zones à défendre" (ZAD) du Nord, les conflits politiques renvoient à des visions divergentes quant à la composition du monde et aux façons d'en prendre soin. Autrement dit, à un conflit ontologique. Comment, à l'heure de la crise écologique et face à l'échec de la mondialisation, penser cette dimension ontologique de la politique? Comment engager notre transition, en dialogue avec luttes des peuples non-occidentaux et les cosmologies non-modernes, pour habiter en conscience le plurivers, ce monde des mondes qu'est notre planète?"-- Résumé de l'éditeur.
-
L'anthropologue explique que le loup et le musulman sont deux grandes figures fantasmatiques apparaissant comme une menace pour la civilisation, régie par la domestication et la volonté de gouverner. En effet, selon lui, le crime écologique et le crime racial relèvent d'une illusion domesticatrice, dans la mesure où ni le climat ni les âmes ne peuvent être gouvernés.
-
Depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, on observe une forte augmentation du nombre de personnes expertes en genre. Celles-ci circulent, tout comme les pratiques, les idées, les théories et les textes féministes qui voyagent sont interprétés, resignifiés. Des inégalités existent dans les processus d’élaboration, la circulation et la traduction des savoirs. Le champ social constitué par les expertes en genre est ainsi traversé par des rapports de pouvoir. La notion de colonialité du pouvoir et des savoirs permet d’interroger l’hégémonie et l’autorité universelle des discours et des savoirs occidentaux. Les contributions des études féministes pour revisiter le développement sont soulignées dans cet ouvrage. Ces apports, énoncés depuis diverses perspectives, s’inscrivent dans des espaces de contestation de l’ordre mondial, sont nourris de la prise de conscience des multiples rapports de domination et de l’émergence de nouveaux mouvements sociaux. Ils participent d’un processus de décolonisation de la pensée féministe. Avec la collection « Genre et développement. Rencontres », nous poursuivons le dialogue de savoirs sur les questions féministes et de genre, la construction d’alliances et de ponts entre chercheur-es, organisations féministes et de recherche, ONG, organisations de coopération, expertes, aux Nords et aux Suds. Les textes, écrits par des chercheur-es ou personnes actives dans ces initiatives sont publiés dans leur langue originale.
-
Le présent document fait état des résultats d’une enquête exploratoire effectuée par Femmes Autochtones au Québec (FAQ) en ce qui a trait à la situation des femmes autochtones disparues ou assassinées au Québec. Cette enquête a bénéficié du soutien financier du ministère de la Justice du Québec et du Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones (DIALOG). Elle visait principalement à consigner et à mettre en valeur la parole des Autochtones de différents horizons et provenances, de même que celles des membres des familles de femmes autochtones disparues ou assassinées, principales personnes concernées par la problématique.
-
Depuis quelques années, la ville de Juárez au Mexique est devenue synonyme de violence extrême. Elle est en effet un des principaux sites de la guerre sans merci que se livrent les différents cartels de la drogue au pays. L’offensive actuelle de l’État mexicain pour enrayer cette violence tend à faire oublier que Ciudad Juárez reste le lieu emblématique de ce qu’on appelle aujourd’hui le féminicide. Depuis le milieu des années 1990 à ce jour, plus d’un millier de femmes ont été tuées dans cette ville de moins de deux millions d’habitants. Dans plusieurs cas, les cadavres ont été retrouvés dans le désert entourant la ville ou sur des terrains vagues, et portaient des marques de torture et de sévices sexuels. Or, la plupart de ces crimes sont restés impunis. Le terme « féminicide » s’est peu à peu imposé comme un concept privilégié pour traiter de cette situation intolérable qui est loin d’être propre au Mexique. S’il désigne d’abord et avant tout le fait de tuer une femme pour le simple fait d’en être une, le concept de féminicide met aussi en cause la responsabilité de tous les paliers de l’État dont les acteurs contribuent par leur négligence ou leur désinvolture à maintenir l’impunité. Tant que les stéréotypes prévaudront dans la société mexicaine et que l’impunité continuera de sévir, on peut s’attendre à ce que le féminicide non seulement continue de se produire, mais aussi qu’il se répande et se reconfigure. Le féminicide est le point extrême d’un continuum de violences contre les femmes et comporte des caractéristiques différentes de celles qui s’exercent à l’encontre des hommes. On ne pourra enrayer ces violences qu’en reconnaissant et en traitant ce continuum qui, malgré des caractéristiques transversales propres au patriarcat, se déploie différemment selon les contextes sociaux. Ciudad Juárez et le Mexique sont loin d’avoir le monopole du féminicide et de l’impunité. Sur ce point précisément, la dénonciation du féminicide au Mexique par une féministe du Nord ne tient nullement d’une rhétorique de sauvetage des « pauvres femmes du Sud ». Le féminicide sévit également au Canada, particulièrement à l’endroit de femmes autochtones, et il est tout aussi nécessaire et urgent de le dénoncer. C’est l’objectif que poursuit l’auteure dans le texte présenté ici.
-
Feminism and anthropology: The story of a relationship -- Gender and status: Explaining the position of women -- Kinship, labour and household: Understanding women's work -- Kinship, labour and household: The changing nature of women's lives -- Women and the state -- Feminist anthropology: What difference does it make?
-
How are social inequalities experienced, reproduced and challenged in local, global and transnational spaces? What role does the control of space play in distribution of crucial resources and forms of capital (housing, education, pleasure, leisure, social relationships)? The case studies in Geographies of Privilege demonstrate how power operates and is activated within local, national, and global networks. Twine and Gardener have put together a collection that analyzes how the centrality of spaces (domestic, institutional, leisure, educational) are central to the production, maintenance and transformation of inequalities. The collected readings show how power--in the form of economic, social, symbolic, and cultural capital--is employed and experienced. The volume's contributors take the reader to diverse sites, including brothels, blues clubs, dance clubs, elite schools, detention centers, advocacy organizations, and public sidewalks in Canada, Italy, Spain, United Arab Emirates, Mozambique, South Africa, and the United States. Geographies of Privilege is the perfect teaching tool for courses on social problems, race, class and gender in Geography, Sociology and Anthropology.
-
Ce mémoire s’appuie sur une recherche ethnographique réalisée principalement au sein de la communauté sourde de Montréal et tente de déceler les représentations de l’identité sourde au sein de performances artistiques de la scène montréalaise. Le but de cette recherche est d’inscrire la culture sourde dans les réflexions sociales et scientifiques portant sur l’expression identitaire de minorités culturelles par les arts. Afin de démontrer les liens à la fois théoriques et pratiques entre l’identité sourde et celles de minorités socio- politiques, telles que les Noirs, les gays, les femmes ou les Queers, cette étude s’appuie sur les concepts de performativité (Judith Butler), de performance (Clifford Geertz et Victor Turner) et de représentations (Stuart Hall et Serge Moscovici). Y seront également démontrées les relations entre ces notions, le vécu des sujets, leur agency et leur expression artistique.
-
Successivement condamnées par la religion, criminalisées par le droit pénal et finalement médicalisées, les minorités sexuelles ont subi une forte répression institutionnelle. Depuis, les luttes des mouvements gais et lesbiens ont conduit, dans certains pays, à la reconnaissance des droits des homosexuels au mariage et à la parentalité. Toutefois, l’homosexualité est encore trop souvent perçue comme une menace à la tradition et à l’ordre « naturel ». Réunissant les contributions de chercheurs en sociologie, en philosophie, en criminologie, en histoire, en anthropologie, en sexologie et en travail social, cet ouvrage porte sur les multiples modes de régulation institutionnelle et sociale des minorités sexuelles. Tout en exposant les différentes pratiques de répression employées par le passé, les auteurs traitent de sujets contemporains comme l’homophobie dans les écoles et l’homoparentalité. Soulevant des questions de justice sociale, ils rappellent que tous, gais et lesbiennes y compris, sont engagés dans le processus de régulation des minorités sexuelles.
-
Forced migration challenges and changes gender relations. The transnational activities of refugees resettled in the West create gender asymmetries among those who stay behind. This article explores the transnational marriages of young southern Sudanese women (‘invisible girls’), who either stayed in Sudan or remained in refugee camps in Kenya, to Sudanese men who were resettled to America, Canada or Australia (‘lost boys’). Incorporating gender as a relational category into the analysis of transnational practices that migrants and refugees engage in is important. The article argues that there is a need to put feminist analysis at the centre of transnational processes resulting from (forced) migration. It looks at the connections between different geographical locations, the impacts of the migration of young refugee men on bridewealth and marriage negotiations and the gender consequences for young women, men and their families. It is argued that transnational activities, such as marriage, contest, reconfigure and reinforce the culturally inscribed gender norms and practices in and across places. Transnational marriage results in ambiguous benefits for women (and men) in accessing greater freedoms. Anthropological analyses of marriage need a geographical focus on the transnational fields in which they occur. The article seeks to deepen understanding of the nuanced gendered consequences of transnationalism. It shows how gender analysis of actions taken across different locations can contribute to the theorisation of transnational studies of refugees and migrants.
-
Bien que les différences de pouvoir qui permettent aux composantes de la stigmatisation de se déployer aient été identifiées, la littérature démontrant les disparités de genre dans la stigmatisation est rare. En utilisant un cadre basé sur le genre, cet article vise d'abord à comprendre les signaux sociaux sexistes qui produisent la stigmatisation de la maladie mentale adoptée par la population générale. Deuxièmement, il met en évidence l'influence du genre sur les expériences quotidiennes d'une maladie mentale grave et persistante et la stigmatisation qui y est associée. Les résultats sont tirés d'une combinaison de méthodes ethnographiques et qualitatives, notamment une ethnographie de terrain de deux centres de santé, d'un hôpital psychiatrique et des ménages et quartiers des participants, deux discussions de groupe avec des membres de la population générale participant à des groupes de soutien social spécifiques au genre ( N = 12 femmes/5 hommes) et des récits de maladie d'hommes et de femmes atteints d'une maladie mentale grave et persistante ( N = 22), qui a été menée de mai à août 2006 dans un district urbain pauvre du Pérou. Dans une société comme celle du Pérou, où les rôles de genre sont séparés en domaines sociaux et économiques spécifiques, les attentes sexistes façonnent à la fois l’expérience d’une maladie mentale grave et persistante et la stigmatisation des personnes atteintes d’une telle maladie mentale d’une manière spécifique au genre. Non seulement les inégalités entre les sexes créent les conditions conduisant à un différentiel de pouvoir qui permet à la stigmatisation de se développer, mais la stigmatisation se construit autant autour de rôles sociaux définis par le genre qu’elle est mise en œuvre dans des sphères sociales distinctes pour les hommes et les femmes atteints d’une maladie mentale grave et persistante. L’expérience sexuée de la stigmatisation doit donc être pleinement comprise afin de concevoir des interventions plus efficaces qui remettraient en question les perceptions stéréotypées et les pratiques discriminatoires, et réduiraient leur effet sur la vie quotidienne des malades mentaux au Pérou.
-
A partir d'une enquête par entretiens auprès de 21 lesbiennes et d'une observation de terrain, cette thèse se propose de rendre compte de l'élaboration des normes socio-sexuelles des lesbiennes. Au-delà de l'analyse des discours sur les pratiques sexuelles, ce sont les manières dont les lesbiennes se pensent et se situent par rapport aux contraintes normatives de genre qui sont mises à jour dans cette étude. Par-delà la diversité des parcours pèse sur le processus de formation de soi des gais et lesbiennes la contrainte normative à l'hétérosexualité, mais la force de cette contrainte n'opère pas de la même façon pour les deux sexes. En effet pour les lesbiennes, la question de l'invisibilité est intrinsèquement liée au statut social femme. Le but de cette recherche est de révéler, en s'appuyant sur les conceptions contemporaines du lesbianisme (mode de nomination de soi, pratiques de couple, composition du script sexuel), une réalité peu analysée en sciences sociales, et de contribuer à interroger la catégorie "femme" et l'organisation hétérosociale dans laquelle elle se définit. Analyser les trajectoires lesbiennes permet d'interroger par la marge un ensemble de normes sociales régissant la sexualité, le couple, les représentations sexuées inhérentes à la norme androcentrée. Il en découle les questions suivantes : comment se définit-on lesbienne dans un contexte hétérosexiste? Par quel processus peut-on se penser et se présenter aux autres? Comment définit-on le couple quand les catégorisations de sexe ne sont pas le principal référent? Et enfin, comment s'organise la sexualité quand elle ne repose pas sur la division hiérachisée des sexes?
- 1
- 2