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La partie création de ce mémoire prend la forme d'un journal de poèmes en prose à caractère autobiographique. Trente documente l'année précédant le passage à la trentaine d'une jeune femme. Les poèmes explorent une temporalité inexorable marquée par la souffrance, le deuil, la dépression et la mélancolie. Ce plongeon dans le réel expose la peur du vieillissement et en dissèque les causes dans une narration au Je qui donne volontairement dans l'affect et qui met en scène un pathos assumé, voire exagéré. La mise en forme de l'émotion passe par la répétition, la syncope. La répétition, que ce soit dans la forme des poèmes ou dans les thèmes abordés, est essentielle en tant que processus littéraire participant à l'augmentation et à l'intensification du propos. Une litanie obsédante, ancrée dans des répétitions grammaticales et sémantiques, permet la mise en place de l'univers de la narratrice – univers angoissé, obsessionnel, hanté. De plus, par une présence intertextuelle de leur travail ou de leurs œuvres dans Trente, quatre muses participent à l'exploration des manifestations de la souffrance : pression extrême de se conformer aux standards de beauté, dépression, maladie mentale, suicide... La narratrice crée un univers où ces femmes (héroïnes, inspiratrices, icônes) existent elles aussi, et lui permettent d'exister. Le fil conducteur qui relie la partie création à la partie essai est l'intention de montrer que l'écriture de la souffrance peut être un acte de résistance féministe. L'essai L'écriture de la souffrance comme acte de résistance féministe avance que la femme qui souffre peut résister aux systèmes d'oppression (capitalisme, néolibéralisme, racisme, sexisme, etc.) en écrivant sa souffrance avec vulnérabilité. À travers les théories de l'affect et les théories queer, les notions de postwounded (Leslie Jamison) et de radical softness (Lora Mathis), ainsi que les figures de la Sad Girl (Audrey Wollen), de la Sad Woman (Johanna Hedva), de la feminist killjoy (Sara Ahmed) et des Unruly Women (Kathleen Rowe), l'essai explore les diverses raisons qui peuvent pousser les femmes à écrire des récits inspirés de leur vie et de leur souffrance. Ce faisant, cette partie plus théorique du mémoire tente de déconstruire les mythes d'universalité et de canon qui hantent encore à ce jour le domaine des études littéraires. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : création littéraire, récit autobiographique, théorie queer, féminisme, souffrance
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Le projet de création de ce mémoire consiste en l’écriture introspective d’un corps hanté par la honte, l’angoisse et l’inconfort. Dans un recueil de poésie en vers, la voix poétique entreprend une plongée intérieure, au cœur du corps troublé du sujet. Les effets physiques et psychologiques des contraintes socialement imposées aux femmes et aux personnes queers sont décortiqués. La honte, le dégoût, le trouble face au corps apparaissent ici comme des symptômes des normes patriarcales et hétéronormatives que nous avons intégrées et qui nous font violence. Par la morsure je respire est divisé en trois parties, qui font écho aux réflexions développées dans le deuxième volet du mémoire. Dans la partie réflexive, je tente d’observer et de penser les liens qui existent entre la construction genrée des corps, la peur, la honte, et la création littéraire. En m’appuyant entre autres sur les textes de Jack Halberstam, Renate Lorenz et Paul B. Preciado, j’explore les potentiels de l’échec et de la théorie freak comme outils de déconstruction et de subversion des normes sociales et du contrôle sur les corps. J’avance qu’il est possible pour les dissident·es du genre de se réclamer d’une posture monstrueuse dans l’écriture. Cette revendication se conçoit non seulement par une prise de conscience et une réclamation individuelle, mais bien dans et par la collectivité. À l’image de la génération symbolique de Françoise Collin, l’idée est de s’engager dans une dynamique de transmission et de mémoire. Le désir qui nous meut ici est celui d’une communauté littéraire féministe et queer qui peut penser et dire le corps en marge du système hétéropatriarcal. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : corps, honte, peur, intime, échec, monstre, théorie queer, féminisme, sororité, communauté littéraire.
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Ce mémoire s'intéresse aux lignes (de fuite et de risque) qui émergent du corps malade des narratrices et créent de nouvelles cartographies corporelles, des manières inédites d'être au monde. Son objectif est d'analyser la performance du corps féminin malade comme hétérotopie queer et les modalités d'inscription de la maladie dans les œuvres autopathographiques Journal du cancer (1980) et Un souffle de lumière (1988) d'Audre Lorde, et D'ailleurs de Verena Stefan (2008). Ces textes, chaotiques, offrent des représentations subjectives du cancer du sein et du foie, mais refusent de témoigner d'un quotidien qui serait uniquement marqué par l'expérience de la maladie. Ainsi, le récit du diagnostic et des traitements est entrelacé, chez Stefan, avec celui de son processus migratoire et, chez Lorde, avec celui de sa survivance en tant que poète lesbienne et noire née aux États-Unis. En s'écrivant, ces auteures défient les discours normatifs et dévoilent une construction discursive de soi qui met en œuvre un contrediscours. À l'intérieur de l'institution médicale, elles sont un site que l'on cherche à normaliser et à baliser; toutefois, leur corps narré, en refusant de vivre en ligne droite et de se réorienter, se définit comme un ailleurs, comme une hétérotopie, tant spatiale que sémantique. Ma démonstration se décline en trois chapitres : le premier sert à définir ce qu'est et ce que fait l'autopathographie en tant que registre narratif qui répond à l'impératif de jeter du sens sur un corps bruyant, tandis que les deux autres bâtissent une analyse croisée des œuvres. Le deuxième chapitre, en arrimant les réflexions de Michel Foucault sur les hétérotopies à celles de Sara Ahmed sur la phénoménologie queer, développe l'idée que les corps lesbiens malades des narratrices s'incarnent en « espaces autres», visibles et invisibles, lisibles et illisibles. Il est dès lors question des actes de lecture qui adviennent entre les narratrices et les spécialistes, lesquels dévoilent et réactualisent les signes inscrits (transcrits) sur et dans leur corps malade. J'y oppose deux postures, soit le face-à-face médical et le corps-à-corps amoureux, afin de mettre en lumière une approche qui puisse toucher et lire différemment ce corps souffrant. Finalement, le troisième chapitre s'attarde à ce qui, dans l'écriture des récits, se risque au cri comme symptôme d'un langage qui déborde. Le cri pointe à et vers autrui en contournant, tout en l'aiguisant, l'écart entre celle qui l'émet et celle qui l'accueille. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : hétérotopie, autopathographie, ligne de fuite, phénoménologie, patiente, médecin, corps malade, cancer, féminisme, femmes, queer, lesbiennes.
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Je suis une personne trans non binaire neutroise. Ni homme, ni femme, mon identité de genre se caractérise par un sentiment de « neutralité » proche du féminin. Depuis mon coming out, je suis plus sensible aux actes de violences et aux discours haineux qui visent ma communauté d’appartenance. Régulièrement, je dois justifier mon existence auprès d’institutions et je subis différentes formes de discrimination. Fouolles est un texte de création initié par ce constat : les personnes trans et non binaires forment un groupe social particulièrement marginalisé et victime de transphobie systémique, et ce, même au Québec, en 2020. La partie création de mon mémoire donne une voix à ces personnes qui cherchent à s’émanciper grâce à l’emploi d’une écriture non binaire et poétique, vers la possibilité même d’une « vie vivable » (Butler, 2006). Ces voix reprennent les discours haineux et transphobes des médias québécois pour les renverser, les ridiculiser et les détruire. Ensemble, elles forment un « nous » collectif qui incarne des réalités nouvelles et subversives pour la société patriarcale et binaire. Les textes de cette partie sont des fragments poétiques qui traduisent le sentiment de dépossession des personnes trans et qui témoignent d’une mémoire trans collective à reconstruire. Une vie vivable est un essai qui reprend ce même concept de Butler, mais cette fois pour interroger philosophiquement les conditions d’une vie digne pour les personnes trans. En me basant sur des épistémologies transféministes et en remontant aux premiers grands mouvements de revendication queer, je tente de rassembler les éléments qui favorisent le bien-être des personnes trans. Je m’inspire de grandes figures combatives comme lae féministe killjoy (Ahmed, 2017), lae monstre (Stryker, 1994) et lae cyborg (Harraway, 1991) pour penser des alternatives résilientes et fortes à la victimisation. Le langage poétique et l’écriture non binaire agissent comme des formes privilégiées pour faire advenir ces réalités nouvelles et résistantes aux oppressions. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : transféminisme, queer, Judith Butler, vie vivable, poésie, écriture non binaire, discours haineux, transphobie.