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Le présent volume porte sur les philosophies féministes de ces cinquante dernières années, dont la richesse et l'engagement en font l'un des champs les plus novatrices de la recherche philosophique actuelle : le féminisme marxiste, le féminisme « post-moderne » et la théorie queer, l'épistémologie, l'éthique féministes, l'histoire et la philosophie féministes des sciences, le black feminism et l'intersectionnalité. L'ensemble de ces pensées constitue un vaste corpus riche d'outils critiques pour réfléchir à de nouveaux frais sur de nombreux enjeux de la philosophie mais aussi pour éclairer les débats contemporains sur le genre et la sexualité, la matérialité des rapports de pouvoir comme leur articulation et leur représentation dans la modernité, les violences sexuelles et le sexisme.
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En s'appuyant sur les outils théoriques développés par les féministes matérialistes depuis les années 1970, cette recherche propose un regard inédit sur les rapports humains/animaux dans le cadre de l'institution de l'élevage. En situant cette dernière dans la continuité des rapports d'appropriation que sont le servage, l'esclavage et le sexage, il s'agit de donner à voir le processus d'animalisation - c'est-à-dire de mise en situation minoritaire - des individus· élevés, mais aussi de contrer les différentes stratégies idéologiques visant à occulter la dimension organisée, arbitraire et violente de ce processus. Après avoir repéré quelques-unes de ces stratégies dans la recherche en sciences sociales (spècies-blindness et recours au paradigme maussien don/contre-don pour théoriser l'élevage), un corpus de 139 contenus publicitaires pour des produits issus de l'élevage (publispécisme) est analysé. À travers une approche socio-sémantique et par la constitution d'une typologie en quatre classes, nous montrons que les animaux y sont soit absents en tant qu'individus (référents absents), soit présents en tant qu'animalisés, déjà-viande et toujours disponibles (différents présents). Ces résultats viennent en appui de la thèse de Colette Guillaumin selon laquelle les rapports d'appropriation produisent une idée de Nature leur permettant de s'inscrire dans le règne du spontané et du légitime. Nous concluons sur la nécessité, aussi bien épistémologique que politique, d'inclure la question des rapports sociaux d'espèce dans les recherches sur les rapports de pouvoir et les inégalités. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : anthropocentrisme, animalisation, humanité, animalité, rapports sociaux d'espèce, publispécisme, naturalisation, féminisme matérialiste
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Ce mémoire s'intéresse aux représentations et aux définitions de la sexualité produites par la presse magazine grand public féminine et masculine. Il se propose d'interroger les discours sur la sexualité à partir de la problématique des rapports sociaux de sexe et par là même, d'éclairer l'une des dimensions de la pensée straight (Wittig, 1980) telle qu'elle se donne à voir aujourd'hui. La sexuation de la sexualité, sa construction socio-sexuée, soit la manière dont la sexualité se voit divisée et différenciée en sexualité féminine d'un côté et sexualité masculine de l'autre, et donnée comme un fait de nature, est ainsi au centre de l'analyse proposée. Souvent formulés au nom du progressisme, nombre .de discours contemporains sur la sexualité tendent à la présenter comme un espace d'égalité et d'émancipation, voire comme un domaine dissocié des rapports de pouvoir. Cette vision est portée dans les discours de sens commun aussi bien que dans les discours savants, à travers l'hypothèse d'une «démocratisation» de la sexualité. Ce mémoire vient au contraire montrer que les sexualités féminines et masculines font non seulement l'objet d'une distinction arbitraire, mais aussi de constructions asymétriques réactivant l'idée de nature (Guillaumin, 2016) appliquée à la sexualité. Au plan théorique, le questionnement s'appuie sur les théorisations féministes matérialistes de la sexualité. Ces dernières sont mises en relation avec les conceptualisations des régimes de représentations issues du courant matérialiste des Cultural Studies. Au plan méthodologique, la démonstration repose sur une analyse comparative d'un corpus de base de 200 articles traitant la sexualité de deux magazines féminins et de deux magazines masculins circulant au Québec sur le Web et sur une analyse de discours approfondie de 80 de ces articles. Ce mémoire dévoile d'abord que les savoirs psycho-médicaux, foyers de production de normes en matière de sexualité, se déploient différemment selon qu'ils traitent de sexualité féminine ou masculine, qu'ils prennent soin de séparer et d'opposer suivant l'idée de nature et l'idéologie de la différence des sexes. Il met ensuite en évidence le traitement asymétrique des corps, des désirs et des plaisirs sexuels des hommes et des femmes et analyse les pratiques prescriptives qui accompagnent les discours sur la sexualité dans les magazines étudiés. En conclusion, le mémoire discute de l'actualité des concepts féministes matérialistes pour penser la sexualité et les mécanismes idéologiques qui concourent à son organisation. Enfin, il revient sur les enjeux politiques et idéologiques des discours analysés en mettant à l'épreuve l'hypothèse d'une démocratisation sexuelle et en alimentant celle de l'assignation des femmes à la sexualité. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Sexualité, discours sur la sexualité, rapports sociaux de sexe, démocratie sexuelle, asymétrie de genre, presses magazines féminines et masculines, féminisme matérialiste, analyse de discours.
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Ce mémoire de maitrise porte sur l'évolution et les transformations, de même que sur les tensions qui animent la réflexion critique sur le handicap, depuis l'introduction du modèle social, inspiré du matérialisme historique, durant les années 80 jusqu'aux théories « post-modernes » contemporaines. Pour identifier les différentes conceptualisations existantes, ce mémoire prend appui sur une analyse de contenu comme cadre méthodologique et sur les travaux féministes matérialistes comme cadre théorique. En tout treize (13) articles et chapitres de livre, écrits par neuf (9) auteurs centraux des études du handicap, ont été analysés et mis en tension. Plus précisément, trois (3) enjeux sont étudiés : 1) la conceptualisation de la « face idéelle » et ses rapports avec la « face matérielle »; 2) le rôle de la « face matérielle » et ses liens avec le capitalisme; et 3) la compréhension du corps, de sa construction et de son rôle. Si ce travail de recherche ne puisse être généralisé à l'ensemble de la théorie critique du handicap, il expose une tension entre les approches néo-marxistes du modèle social et leur critique post-moderne au niveau de l'explication du handicap comme phénomène oppressif, tension similaire à celle qui se trouve dans les études féministes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : théorie critique, handicap, épistémologie, corps, critical disability theory
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Cet article consiste à situer la théorisation de la « consubstantialité des rapports sociaux » (Kergoat, 1978-2012) au regard des tensions qui traversent actuellement la réflexion sur l’articulation des systèmes d’oppressions. Prenant acte d’oppositions persistantes dans le champ de « la recherche intersectionnelle », il montre en quoi le concept de « consubstantialité des rapports sociaux », en raison du contexte dans lequel il s’enracine, se démarque d’autres cadrages existants. D’une part, il envisage l’imbrication des différentes oppressions depuis une compréhension dynamique des rapports de pouvoir. D’autre part, il se rattache au bagage théorique issu du féminisme matérialiste qu’il propose de retravailler plutôt que d’écarter les notions clés de l’héritage marxien que la vague culturaliste tend à évacuer. C’est finalement l’efficacité et l’actualité sociologique de cette conceptualisation des rapports de pouvoir et des relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres qui sont mises en évidence ici.
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Qui est l’«ennemi principal»? Pour la féministe matérialiste qu’est Christine Delphy, il ne s’identifie ni à l’Homme – avec une majuscule –, ni aux hommes en général. Ce n’est en effet ni une essence ni un groupe naturel: c’est un système. Or ce n’est pas non plus, ou plutôt pas principalement, pour cette théoricienne qui s’inspire de Marx mais dans un parfait esprit d’hétérodoxie, le système capitaliste. L’ennemi principal, c’est ce qu’elle a choisi d’appeler le patriarcat : à savoir un système autonome d’exploitation et de domination. Christine Delphy a entrepris d’en constituer la théorie, très exactement l’économie politique du patriarcat. «L’ennemi principal», c’est aussi le titre de l’article de Christine Delphy qui, publié en 1970, la première année du Mouvement de libération des femmes, marque le début d’une révolution dans la réflexion féministe. Elle introduisait l’idée alors totalement nouvelle du patriarcat défini comme structure sociale hiérarchique et inégalitaire, en refusant toute explication de la subordination des femmes en termes idéalistes – que ce soit sur des bases biologiques, naturalistes ou essentialistes, ou bien encore fondées sur l’idéologie ou le «discours».
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Genre et rapports sociaux de sexe Le mouvement des femmes a été à l'origine d'une effervescence théorique qui s'est traduite par la production d'un corpus de concepts extrêmement riche. Par exemple ceux de patriarcat, de mode de production domestique, de travail domestique, de travail productif et reproductif et de division sexuelle du travail, sans compter ceux de sexe social, sexage ou classe de sexe. Par ailleurs, les concepts de genre et de rapports sociaux de sexe se sont inscrits durablement dans le paysage. De nombreuses théoriciennes qui se reconnaissent dans le courant matérialiste cherchent à penser les rapports entre les sexes en privilégiant leurs fondements matériels, notamment économiques, sociopolitiques, voire physiques sans négliger pour autant les dimensions symboliques. La manière dont la séparation et la hiérarchisation entre hommes et femmes sont produites se trouve au coeur de leurs réflexions. Ces élaborations ont permis de rompre avec l'idéologie de la complémentarité « naturelle » des sexes, de penser les rapports antagoniques entre le groupe des hommes et celui des femmes dans le but de les transformer. C'est à la présentation de ce corpus de concepts qu'est consacré le présent volume. L'objectif est de rendre compte de la diversité, de la richesse et des limites des analyses produites ainsi que de rappeler quelques-uns des débats, controverses et divergences qui ont traversé le mouvement des femmes.
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Le présent mémoire traite des rôles et des représentations sociales des femmes à l'intérieur des Églises Baptistes Évangéliques franco-québécoises. La visée principale est de dégager et d'analyser les représentations sociales liées à la féminité ainsi que l'impact de ces rôles et représentations sur la vie de ces croyantes. Notre hypothèse est la suivante : de ces représentations découlent des rapports sociaux de sexe, considérés comme complémentaires, mais qui sont en fait basés sur une hiérarchie entre les hommes et les femmes au détriment de ces dernières. Pour en faire la démonstration, nous analyserons la littérature interne ainsi que les données colligées lors d'entretiens individuels et de groupe à l'aide de théories féministes matérialistes. Dans un premier temps, nous présenterons les données recueillies définissant ce que sont la féminité et la masculinité, l'épouse et l'époux ainsi que la maternité et la paternité. Nous verrons ensuite que de ces représentations sociales découlent une répartition des tâches tant au sein du foyer que dans l'Église. Différents concepts seront mis à profit pour analyser ces données. D'abord la représentation sociale telle que théorisée par la psychosociologue Denise Jodelet, puis le sexage, le genre et celui des rapports sociaux de sexe définis respectivement par les trois sociologues suivantes : Colette Guillaumin, Christine Delphy et Danièle Kergoat. Nous exposerons différentes formes d'appropriation observables à l'intérieur de notre objet d'étude et ferons ensuite la démonstration que des mécanismes sont mis en place afin de les préserver. En somme, nous verrons que cette complémentarité dite naturelle et à l'image de Dieu constitue en fait une construction humaine. Nous allons démontrer pourquoi on ne peut pas parler d'égalité dans la complémentarité. Finalement, nous allons conclure en émettant l'hypothèse que l'évolution du rôle des femmes à l'intérieur de la communauté franco-évangélique québécoise ira en augmentant en termes de possibilités, et ce malgré les résistances rencontrées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : christianisme, évangélisme, protestantisme, baptisme, femme, féminisme, rapports sociaux de sexe, appropriation.
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Christine Delphy nous propose avec ce recueil des «interventions» qui s'inscrivent dans le déroulement de la politique du mouvement féministe en France. L'actualité des questions qui se posent au mouvement féministe et de celles que ce mouvement pose à la société, année après année, constitue la ligne de force des «interventions» publiées ici. Ces textes sont pour beaucoup des éditoriaux que l'auteure, rédactrice en chef de la revue Nouvelles Questions féministes, a rédigés au cours des mois et des années. D'autres sont des entretiens qu'elle a donnés à diverses revues; ou encore des chroniques proposées à l'hebdomadaire Politis. Constater, avec un recul de trente ans, la permanence de certaines questions, ou l'émergence de thèmes qui s'affirment de plus en plus au cours des années, comme celui de l'identité nationale, a donné à Christine Delphy l'idée de constituer ce recueil. En somme, il doit son unité à une permanence, la surdité entêtée de l'establishment aux revendications des femmes, et à une « nouveauté », le refus du même establishment d'entendre la revendication d'autres exclus, les «issus de l'immigration». Les interventions ont été regroupées en cinq chapitres: «Ponctuation historique», «L'exception française», «Violences», «Le post-colonial en France», «Un universalisme si particulier».
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La pensée féministe s'est historiquement attachée, depuis -- voire en dehors de -- la tradition matérialiste, à montrer que le rapport declasse n'épuise pas l'expérience de la domination vécue par les femmes et, plus généralement, par les minorités sexuelles. Plus encore, en élaborant des outils d'analyse tels que le mode de production domestique, les rapports sociaux de sexe ou le rapport de genre , la pensée féministe a travaillé sur l'imbrication des rapports de pouvoir, dénaturalisant la catégorie de sexe à l'aune de ses déterminations historico-sociales. Depuis quelques années en France, la réflexion sur l'imbrication des rapports de pouvoir s'est complexifiée davantage, notamment sous l'influence des travaux nord et sud-américains, mais aussi caribéens ou indiens. Les problématiques relatives aux identités sexuelles, aux régimes de sexualité, mais aussi celles qui articulent le genre et la nation, la religion et/ou la couleur, ont permis de développer un véritable champ de réflexion. La question cruciale de l'articulation du sexisme et du racisme, notamment, a ainsi renouvelé tout autant l'agenda des mouvements féministes que la recherche universitaire. Cet ouvrage a pour mais d'interroger les différents outils critiques pour penser l'articulation des rapports de pouvoir de sexe et de race ont-elles méthodologiquement le même statut que la classe ? À quelles conditions utiliser la catégorie decourse comme une catégorie d'analyse ? L'analyse en termes de classe a t-elle été éclipsée par l'analyse croisée du sexisme et du racisme, après les avoir longtemps occultés ?...) cet ouvrage discute les différents modes de conceptualisation de ce que l'on pourrait appeler l'hydre de la domination : analogique, arithmétique, géométrique, généalogique. À partir de différentes traditions disciplinaires (sociologie, science politique, philosophie, psychologie, littérature...), les contributions ici réunies présentent un état des lieux des diverses appréhensions de l'imbrication des rapports de pouvoir -- intersectionnalité , consubstantialité , mondialité , postcolonialité , ... et, ce faisant, (re)dessinent les contours d'une véritable épistémologie de la domination.
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Le titre de cet article est tiré de la réplique de Christine Delphy à ses critiques marxistes, formulée à une époque où les inégalités sociales étaient la préoccupation centrale de la théorie féministe. Depuis, nous avons été témoins de ce qu’on appelle le « tournant culturel », qui a eu pour effet la marginalisation des perspectives centrées sur les structures sociales ainsi que sur les relations et les pratiques sociales. Cependant, toutes les féministes n’ont pas emboîté le pas, et récemment, des indices sont apparus d’une reviviscence du féminisme matérialiste. En évaluant les effets de ces changements théoriques et en affirmant la persistante pertinence du féminisme matérialiste, je me concentre ici sur l’analyse du genre et de la sexualité. À ce propos, je soutiens qu’une approche matérialiste sociologiquement informée offre davantage de ressources au féminisme que les perspectives postmodernes et queer plus orientées vers le point de vue culturel.
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L’idéologie dominante nous enjoint de tolérer l’Autre. Les textes de Christine Delphy nous montrent que celui qui n’est pas un Autre, c’est l’homme, et l’homme blanc. C’est sur la base du sexe, de l'orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau et de la classe que se fait la construction sociale de l’altérité. L’Autre c’est la femme, le pédé, l’Arabe, l’indigène, le pauvre. La république libérale tolère, c’est-à-dire qu’elle tend la main, prenant bien garde à laisser le toléré-dominé suspendu au vide. L’homo est toléré s’il sait rester discret, le musulman est toléré s’il se cache pour prier, la femme est tolérée si ses revendications égalitaires n’empiètent pas sur le salaire et le pouvoir de l’homme, l’oriental est toléré s’il laisse les armées américaines tuer sa famille pour le libérer de la dictature – et libérer sa femme de lui-même par la même occasion. L’injonction à s’intégrer est surtout une sommation à être semblable, à suivre les règles officieuses mais bien réelles de "l’Occident". Parité, combats féministes et homosexuels, Afghanistan, Guantanamo, indigènes et société postcoloniale, loi sur le voile : autant de prismes pour analyser les dominations, tant hétérosexistes, racistes, que capitalistes. Ceux et celles qui refusent ces règles, ceux et celles qui se montrent pour ce qu’ils et elles sont, le paient le prix fort, combattant-e-s d’une guerre qui sera longue. Écrits dans un style offensif, incisif et souvent drôle, ces textes nous forcent à déplacer notre regard, à mettre en lien des événements toujours cloisonnés, et nous apportent ce supplément d’intelligence qui seul permet de comprendre le monde tel qu’il va.
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La centralité théorique donnée à l'antagonisme de sexe tend à obscurcir les autres rapports de pouvoir qui traversent le groupe des femmes. Ce numéro aborde une des dimensions longtemps délaissées par le féminisme en France: l'imbrication des dominations sexiste et raciste. Pour ce faire, il procède à une confrontation avec d'autres expériences politiques et contributions théoriques, notamment celles du black féminisme.
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Après Économie politique du patriarcat (1998), il s’agit du second tome de L’Ennemi principal. L’auteure nous présente la suite de son analyse matérialiste de la société, une analyse en termes de rapports sociaux et donc politiques, fondamentale pour la compréhension de toutes les oppressions, fondamentale à tout projet d’émancipation : «J’étudie l’oppression des femmes. Mais l’oppression des femmes est spécifique non pas parce que les femmes seraient spécifiques, mais parce que c’est un type d’oppression unique. Mais est-il unique qu’une oppression soit unique ? Non, c’est banal : toutes les oppressions sont uniques, comme les individus. La singularité est ce qu’il y a de mieux partagé au monde. Ceci ne signifie pas que cette singularité soit obtenue par des mécanismes totalement originaux.» L’auteure, à travers ce texte, à pour objectif d’affirmer une position théorique originale. A son fondement, l’anti-naturalisme, qui consiste à rejeter les explications biologiques, naturelles, innéistes à la domination masculine, pour y substituer une interprétation sociale du phénomène : les femmes ne préexistent pas à leur domination