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Mi lesbianismo es la avenida que me ha permitido comprender mejor el silencio y la opresión, y sigue siendo el más claro recordatorio de que no somos seres humanos libres. Moraga 1988, 21 Ce numéro, intitulé Littératures lesbiennes et frontière dans les Amériques (1980-2020), propose de réfléchir à la délimitation d’un champ du savoir – les littératures lesbiennes – depuis lequel repenser la frontière dans les Amériques comme espace de re-signification de la dichotomie inside/outside qui est ...
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Philosophe et commissaire au parcours militant, Paul B. Preciado est l’un des penseur·e·s contemporain·e·s qui a le plus contribué à l’articulation des mouvements de la pensée queer et trans/féministe. Comme le soulignent Thérèse St-Gelais et Clark Pignedoli, qui ont dirigé ce dossier consacré à son travail : « Preciado représente une figure de médiation et de traduction entre des épistémologies et des cultures de genre et sexuelles différentes, il est un tisseur d’alliances et de complicités transnationales. » C’est en revisitant le concept de plaisir-savoir, présent dans l’ensemble de l’œuvre de Preciado, que les auteurs et autrices de ce dossier dialoguent avec les écrits et les pratiques du philosophe-commissaire, afin d’explorer des voies alternatives pour réfléchir le savoir, la langue, le désir, qui passent par un désapprentissage des normes.
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Malgré une redéfinition féministe du consentement sexuel axée sur son caractère renouvelable, affirmatif et rétractable, le consentement légal à la diffusion publique de tout type d’image de soi ne requiert qu’un accord unique et irrévocable. Je soutiens qu’il est problématique de considérer le consentement à la diffusion publique de sa nudité au même titre qu’un consentement à montrer d’autres images de soi. Peut-on redéfinir le consentement à la diffusion publique d’images intimes selon la compréhension féministe du consentement sexuel ? En m’inspirant des travaux de Foucault sur l’aveu, j’argumente que nous vivons dans une « société de l’aveu » qui nous mène à croire que l’aveu public de notre soi le plus profond constitue une libération, ainsi que dans un « cis-tème de l’aveu » qui pousse les personnes trans* à se dénuder corps et âme pour satisfaire la curiosité du public. À partir d’une approche féministe et transactiviste et adoptant une méthodologie auto-ethnographique fondée sur ma propre expérience comme homme trans ayant « accepté » des requêtes des médias de me mettre à nu et pour lesquels mon consentement ne peut pas être retiré, je présente deux arguments. Premièrement, pour certaines personnes trans*, certaines dimensions du cis-tème de l’aveu, dont les pressions sociales et médiatiques, devraient être prises en compte comme éléments pouvant biaiser le consentement. Deuxièmement, j’invite à repenser le consentement à la diffusion publique d’images intimes : que le consentement soit accordé dans des circonstances biaisées ou pas, il devrait être possible de le retirer, comme dans le cas du consentement sexuel. S’il est possible de changer d’idée dans le cas d’activités intimes avec une seule personne, cela devrait aussi s’appliquer lorsqu’il est question de montrer sa nudité au grand public.
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This article examines how the Canadian immigration regime socially organizes the everyday lives of queer and trans migrants with precarious status. Drawing from key findings from an institutional ethnographic study, this article maps out the disjuncture between the actual experiences of queer and trans migrants with precarious status and the ideological and textual production of precarious status by the Canadian state. Making explicit this disjuncture reveals how the Canadian immigration regime enacts structural violence upon queer and trans migrants. This article also engages with the response-based approach to violence in order to understand how queer and trans migrants actively respond to this violence. In doing so, this article highlights the ways in which queer and trans migrants respond and resist the structural violence integral to the Canadian state’s production of precarious status.
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Sociocultural linguists share with transgender communities a strong interest in the power of individuals to assert agency over linguistic patterns. For trans people, a key principle of activism is gender self-determination, which treats each individual as the ultimate authority on their own gender identity. This article explores some of the ways gender self-determination and self-identification surface in transgender people’s linguistic practices. Three particular manifestations are highlighted: gendered identity labels, third person pronouns, and body part terminology. The observations offered on these subjects are based on a series of ethnographic projects carried out from 2006–2016 in transgender communities across several metropolitan areas in the United States and in online spaces frequented by trans people. However, the analysis goes beyond mere description by treating this kind of individualized linguistic agency as the product of cultural practice rather than an asocial given. Such a perspective introduces questions concerning why this form of agency arose in the time and place that it has. This article frames gender self-identification as an enactment of neoliberal personhood, in which individuals are framed as the driver of their destiny. What the ideology of neoliberal agency obscures, however, is that agency is not an equally distributed resource.
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Dans la foulée du numéro précédent, qui portait sur les féminismes, ce dossier poursuit la réflexion sur la question des genres et des sexualités en s’attardant aux pratiques et aux théories qui cherchent à transcender la pensée binaire de la société patriarcale hétéronormative et cisnormative. On y explore notamment les stratégies déployées par les artistes afin de rendre visible les communautés LGBT+ et de faire entendre la multiplicité des voix en marge du régime patriarcal de production des savoirs.
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Cet article traite de la sous-représentation des personnes trans spécialistes des enjeux trans, professeur.e.s dans les universités canadiennes, et s’attarde au cas des départements d’études féministes et de genre. La question de recherche est : quelles sont les barrières systémiques empêchant le décentrement du sujet cis-centré du féminisme universitaire francophone canadien et contribuant à l’exclusion des personnes trans ? Cet essai analyse ces obstacles. La première partie démontre la présence d’un cisgenrisme dans l’enseignement et la recherche, créant un plafond de verre pour les personnes trans dans le milieu universitaire. La deuxième étudie l’absence du traitement des enjeux trans dans l’enseignement et la recherche féministe francophone, malgré l’intérêt des étudiant.e.s pour ces enjeux. La troisième partie utilise l’approche transféministe pour troubler la cisgenrenormativité des études féministes et de genre, et les divisions disciplinaires qui marginalisent les personnes trans dans le milieu universitaire.
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Depuis 2011, de plus en plus d’études documentent les besoins et enjeux des jeunes et des enfants qui se sentent différent.e.s dans leur genre. S’il en ressort qu’illes sont encore parmi les jeunes les plus à risque de suicide, de violence par les pairs, d’échec scolaire, de dépression, d’anxiété et de troubles alimentaires, un milieu de vie qui les accepte et les soutient semble le facteur le plus déterminant pour leur santé tant psychique que relationnelle et somatique et leur insertion sociale et professionnelle. Pour favoriser un développement harmonieux pour les jeunes trans et en questionnement, une perspective anti-oppressive est aujourd’hui nécessaire.
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Parental designations contribute to construct parental identity in the eyes of the child, the parent, and the generalized others. In a hetero/cisnormative context that offers only 2 options for parental identity (male fathers and female mothers), this study (a) provided an overview of the parental designations of trans people and their evolution as parents transitioned, (b) and generated a model of factors associated with the choice of posttransition parental designations. Semistructured interviews guided by the Bronfenbrenner’s ecological model (1988) were administered to 24 Canadian trans parents. The content of the interviews was analyzed using thematic analyses. Results showed that the choice of parental designations was influenced by the timing of childbirth, parents’ consideration of normative strains, negotiation with their children, and issues related to public spaces. Overall, trans parental identity appeared as a multidimensional, multidetermined, nonbinary, and fluid identity in a context of nonalignment between the sex assigned at birth and gender identity. Institutional forms and legislation relative to parenting and birthing must acknowledge the diversity of parental identity and designations.
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Les possibilités de communication anonyme permises par les nouvelles technologies amènent des personnes qui ont en commun des pratiques ou des expériences qui les stigmatisent à se retrouver à l’abri des regards pour échanger entre elles et former des communautés en ligne. Ce faisant, elles se réapproprient leur expérience dans un langage choisi qui leur permet de redonner sens à des identités et des pratiques marginales ou considérées comme déviantes ou pensées comme relevant de la pathologie par le discours médical. L’enquête que nous avons menée dans une communauté en ligne de personnes trans éclaire la manière dont la fréquentation de celle-ci permet à ces personnes de se (re)connaître dans leur expérience particulière du corps et du genre et de faire sens de cette expérience. La volonté communément partagée par ces personnes de penser autrement leur expérience donne lieu à la rencontre d’une multitude de conceptions différentes, et parfois incompatibles entre elles, de l’identité de genre et de l’expérience trans. L’analyse se penche plus particulièrement sur la régulation du discours et des échanges qui est faite par les modérateurs dans ce contexte et sur le type de consensus qu’elle rend possible.
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Cette contribution propose une réflexion sur la construction d’une épistémologie trans et féministe au sein de l’université quand on se pense comme membre d’un groupe subalterne. L’articulation des statuts d’insider et d’outsider (les limites et les avantages à être « du dedans » et « du dehors ») montre la construction de savoirs situés dans une dynamique constructiviste de l’espace public et de l’espace académique. Le métarécit de la recherche sur laquelle nous nous appuyons (une thèse de doctorat sur la construction médiatique des transidentités) donne les exemples d’une inscription dans les épistémologies féministes et des ouvertures inspirées par les Trans Studies anglo-saxonnes. Nous étudions et analysons les termes d’un discours sur soi comme étape nécessaire vers un au-delà de l’appartenance morale, de l’intimité et de la familiarité avec le terrain étudié. Pour ce faire, nous revenons plus précisément sur la notion d’épistémologie du point de vue (standpoint epistemology) proposée par Donna Haraway et ses développements. Avec les savoirs situés nous déplaçons le sujet dans le champ de la philosophie et reconnaissons le sujet trans comme sujet de savoirs grâce aux outils de la pensée féministe.
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L’auteur analyse un axe identitaire sous-théorisé dans les approches féministes intersectionnelles francophones, soit l’identité de genre (cis/trans), pour favoriser les solidarités entre féministes et transactivistes. Son propos s’articule autour de la question suivante : quelles sont les différentes définitions féministes du sexe/genre et quelles implications politiques ont-elles pour penser les réalités trans? Pour y répondre, l’auteur propose une typologie de quatre paradigmes d’interprétation du sexe/genre. Après avoir présenté leurs caractéristiques, il montre leur influence sur les stratégies politiques mises en avant par les féministes qui s’en réclament. Puis il procède à une analyse des conséquences de l’adoption de ces paradigmes sur les alliances entre féministes et transactivistes. Si la thèse défendue est que le paradigme du constructivisme social subversif offre une conceptualisation plus positive des transidentités, l’auteur soutient cependant que les autres paradigmes ne peuvent être rejetés sans s’interroger préalablement sur leurs mobilisations, leurs transformations et leurs métissages par les militantes et les militants sur le terrain.
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Some authors in disability studies have identified limits of both the medical and social models of disability. They have developed an alternative model, which I call the ‘composite model of disability’, to theorise societies’ ableist norms and structures along with the subjective/phenomenological experience of disability. This model maintains that ableist oppression is not the only source of suffering for disabled people: impairment can be as well. From a feminist, queer, trans activist, anti-ableist perspective and using an intersectional, autoethnographic methodology, I apply this composite model of disability to trans identities to consider the potentially ‘debilitating’ aspects of transness. I argue that transness, like disability, has too often been perceived from two perspectives, medical or social, without the benefit of a third option. From a medical perspective, transness is reduced to an individual pathology curable with hormonal/surgical treatments, a conceptualisation that erases structural oppression. From a social point of view, transness is conceptualised as a neutral condition and variation in sex/gender identity. In this model, structural oppression (transphobia/cisgenderism) is seen as the only cause of ‘trans suffering’. I argue that, just as the medical and social models of disability provide limited opportunities for reflection on the complex experience of disability, medical and social understandings of transness, respectively, are insufficient to describe the complexity of trans experience. I explore the possibilities presented by the application of a composite model of disability in trans studies. By both problematising cisgenderist oppression and acknowledging trans people's subjective experiences of suffering through some of the debilitating aspects of transness, this composite model avoids the pitfalls of the medical and social models. The application of tools from disability studies to trans issues uncovers cisnormativity in disability movements and denounces ableism in trans movements. This will, I hope, solidify alliances between these communities and fields of study.
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Un article de la revue Spirale, diffusée par la plateforme Érudit.
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Les politiques de changement de genre sont fortement critiquées par les militants et militantes trans (transsexuels, transgenres, etc.) qui non seulement les dénoncent, mais mettent en place plusieurs stratégies de résistance afin d’améliorer leur accès aux processus de transition. Basé sur une recherche qualitative menée auprès de 12 activistes trans au Québec, cet article rend compte de leur perception des politiques québécoises de changement de genre. Il met en évidence le cadre transphobe et cisnormatif au sein duquel se mettent en place ces politiques, et permet de comprendre dans quelle mesure les stratégies de résistance mises en place s’adaptent à ce cadre ou le contestent
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En 1982, le professeur René Küss plaide à la télévision pour un protocole appelant à distinguer entre « vrais » et « faux » trans’ : de « vrais trans’ » ne causent aucun trouble dans le genre : on leur accorde une aide exceptionnelle (l’opération) par laquelle - hommes devenus femmes ou femmes devenues hommes - ils rentrent dans l’ordre du genre et de l’identité. Telle est l’une des premières expressions de ce que nous proposons d’appeler le « bouclier thérapeutique ». Les trois décennies qui suivent voient s’affronter les affirmations transidentaires et l’idéologie dominante des « traitants ». Appareil de légitimation d’un ordre ancien, le « bouclier thérapeutique » ne serait-il plus aujourd’hui pour ses partisans que le dernier vestige d’une ère marquée par l’effritement d’un deuxième bouclier, juridique celui-ci, garantissant que la libre disposition de l’état civil reste une exception ? Sur ces questions qui interrogent profondément les représentations que nos sociétés se font d’elles-mêmes, peut-être le temps est-il venu d’ouvrir la route tracée par la recherche en sciences sociales et humaines aux nouveaux paradigmes amorcés par les Études de Genre.
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Du décret français du 10 février 2010 aux travaux de réécriture lancés par le DSM et la CIM, les questions transidentitaires doivent être discutées, appréhendées sur le plan théorique aussi bien que politique. Le schisme entre les associations d’usagers, les trans’ en demande et/ou en obligation de suivi, et les équipes hospitalières spécialisées dans la prise en charge de ce public, pour le cas de la France tout particulièrement, a une histoire intimement liée à un ordre présumé du social et de ses acteurs en termes de genre dans une vision binaire de la société. La demande de reconnaissance de savoirs, d’expertises du terrain transidentitaire s’est heurtée, dès le début des années 1980, au bouclier thérapeutique , que l’on peut définir comme l’argument ultime de l’instance médico-légale en charge du sujet transsexe, écartant les autres sujets/trajets trans’, pour mettre à distance toute intervention du politique, des sciences humaines et sociales dans ce qui est devenu un paradigme théorique : le changement de sexe est d’abord un changement culturel de genre. Enfin, l’instance médico-légale s’efforce d’ignorer sa propre politisation et militance. Partagé entre la volonté de résister et de participer face/avec un protocole inadapté, inefficace et culturellement obsolète, le terrain a connu ses propres mouvements s’interrogeant, s’interpellant sur l’esprit de la méthode. La question trans’ compte désormais autant de politiques que de groupes. La théorisation du fait trans’, trouve sa légitimité non pour revenir seulement sur l’inégalité homme/femme, mais pour lutter du même élan contre toute forme d’inégalité et de stigmatisation. Le terrain transidentitaire s’est profondément transformé, les outils pour l’appréhender comme le paradigme théorique lui-même, se doivent une chose : évoluer.
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Le sexe social est construit sur un mode binaire. Par contre, le sexe biologique se présente comme un continuum, avec, aux deux extrêmes, les « sexes biologiques » clairement définis et, au milieu, une large gamme de situations intermédiaires — des individus « intersexe ». De tels individus remettent en cause nos certitudes sur la stabilité des catégories « homme » et « femme ». Cet article trace l’histoire des interventions médicales ayant pour but de corriger l’anomalie de l’intersexe et de produire des êtres humains dont le corps ne remet pas en cause la bipolarité du féminin et du masculin. Il suit les débats sur les liens supposés entre intersexualité et homosexualité puis expose la transition du traitement de l’intersexualité à celui de la transsexualité. Il étudie enfin le rôle des nouvelles techniques de la médecine dans la séparation entre le « sexe » et le « genre ». La possibilité de moduler les paramètres du « sexe biologique » permet alors une réflexion sur le « sexe social » comme variable indépendante des structures biologiques.