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Dans le sillage de l’ouvrage dirigé par Octobre et Patureau (Octobre et Patureau 2018), cet article engage à une réflexion sur le traitement de la question du genre dans les dispositifs numériques de médiation produits par des organismes de diffusion et de production musicale. Les études en sociologie du travail artistique (Coulangeon et Ravet 2003 ; Buscatto 2007 ; Bousquet et al. 2018) ne cessent de montrer que l’ensemble des mondes de la musique, aussi bien classiques que jazz ou pop, est traversé par une double ségrégation genrée horizontale (répartition sexuée selon le type d’emploi) et verticale (moindre accès aux postes à responsabilités). On pourrait imaginer que les producteurs de dispositifs numériques de médiation de la musique, portant des valeurs de vivre-ensemble, d’inclusion sociale et d’agentivité (Perez-Roux et Montandon 2014 ; Carrel 2017), et conscients des effets normatifs et prescriptif des supports éducationnels (Octobre 2014), viennent questionner ces frontières. Le « dénombrement » et l’analyse de « cas » tirés du dépouillement systématique d’une centaine dispositifs numériques consultables en ligne et produits par des organismes de production et de diffusion musicale permettront de montrer que tel n’est pas le cas.
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Muzion a été parmi les tout premiers groupes de rap québécois à faire résonner une parole locale distinctive. Il le faisait dans un français mâtiné d’anglais et de créole haïtien, multipliant les registres et faisant des emprunts à encore d’autres langues. Cet article se penche sur les chansons du premier album du groupe, Mentalité moune morne, à partir de son hétérolinguisme et des questions d’appartenance que celui-ci soulève. Il examine la manière dont Muzion entrelace les langues, mais aussi les interpellations, défaisant l’association entre langue et identité. Le groupe s’adresse ainsi à la fois à une communauté immigrante locale (d’abord haïtienne, mais également pluriethnique et racisée) qu’il québécise, et à une communauté québécoise élargie qu’il pluralise. Le rap permet en outre à ses membres de faire entendre leurs voix individuelles distinctes, notamment grâce à des usages différenciés de la palette plurilingue du groupe. Ce faisant, ce sont les notions même d’appartenance et de communauté que Muzion se trouve à refaçonner, à l’encontre de toute forme d’homogénéisation, de figement ou de stéréotype.
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Dans les années 1980, après ses études auprès de Gilles Tremblay, Isabelle Panneton fait la rencontre de Philippe Boesmans lors d’un passage du compositeur belge à Montréal. Impressionnée par sa musique, elle se rendra en Belgique pour y suivre des leçons de composition avec lui de 1984 à 1987. Cette période sera déterminante pour la compositrice, ouvrant toute grande la porte à l’émergence de sa personnalité musicale. Ce texte retrace les moments forts du passage d’Isabelle Panneton chez le compositeur belge et met en lumière les liens qui les unissent, en guise de prélude à l’analyse de son trio Les îles pour violon, violoncelle et piano.
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Drawing upon the survey instruments of Lewis and Neville [1], Nadal [2], and Yang and Carroll [3], we conducted an online survey that captured experiences of discrimination and microaggressions reported by 387 recording engineers, producers, and studio assistants living in 46 different countries. Our statistical analyses reveal highly significant and systemic gender inequalities within the field, e.g., cisgender women experience many more sexually inappropriate comments (p < e-14, large effect size) and unwanted comments about their physical appearance (p < e-12, large effect size) than cisgender men, and they are much more likely to face challenges to their authority (p < e-13, large effect size) and expertise (p < e-10, large effect size). A comparison of our results with a study about women’s experiences of microaggressions within STEM academia [3] indicates that the recording studio workplace scores 33% worse on the silencing and marginalization of women, 33% worse on gender-related workplace microaggressions, and 24% worse on sexual objectification. These findings call for serious reflection on the part of the community to progress from awareness to collective action that will unlock the control room for women and other historically and systemically marginalized groups of studio professionals.
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The documentary Show Girls, directed by Meilan Lam, makes an unprecedented contribution to the history of jazz and Black women jazz dancers in Montréal, Quebec, and to the conversation of jazz in Canada. Show Girls offers a glimpse into the lives of three Black women dancers of the 1920s–1950s. This essay asks what the lives of Black women dancers were like and how they navigated their career paths in terms of social and economic opportunities and barriers. I seek to better understand three points: (1) the gap in the study of jazz that generally excludes and/or separates dance and singing from the music; (2) the use of dance as a way to commercialize, sell, and give visual and conceptual meaning to jazz; (3) the importance of the Black body and the role of what I would define as “Afro- culture” in producing the ingenious and creative genre of jazz. My study suggests there is a dominant narrative of jazz, at least in academic literature, that celebrates one dimension of jazz as it was advertised in show business, and that bringing in additional components of jazz provides a counternarrative, but also a restorative, whole and more authentic story of jazz and its origins. More specifically, by re- exploring jazz as a whole culture that relies on music, song, and dance, this essay explores three major ideas. First, Black women dancers played a significant role in the success of jazz shows. Second, they articulated stories of self, freedom, and the identity of the New Negro through jazz culture and dance. Third, Black women’s bodies and art were later crystallized into images that further served to sell jazz as a product of show business.
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The 1920s have been touted as the golden era of jazz and Black history in Montréal. Similarly, the decade is well known for the Harlem Renaissance, a key moment in African American art history. Yet this period in Black Canadian art histories remains largely unknown. As a first step toward shedding some light on this period in Black Canadian art history, I propose to use what I term a Black feminist art-historical (bfah) praxis to discuss some visual art practices undoubtedly active alongside well-known jazz musicians and cultural producers in 1920s Montréal. This paper presents an overview of critical race art history and feminist art history, as well as Black feminist approaches to visual representation, to outline what might be considered four tenets of bfah praxis. Applying these tenets, I propose that a new art history may emerge from well-known art objects and practices as well as lesser-known ones. I posit that through a deliberately bfah approach, new meanings emerge and the voices of Black women, even when obstructed by mainstream white narratives, may begin to stand out and shed light upon a variety of histories. This praxis aims to underline the subtext lurking at the edges of these images and to make intangible presences visible in the archive and in art history. I propose bfah as a strategy for more nuanced discussion of the work of Black Canadian artists and histories that have by and large been left out of official records.
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Dans ce texte est proposée une « lecture du genre » (Boisclair 2002) des oeuvres de Philémon Cimon (L’été, Les femmes comme des montagnes), Pierre Lapointe (Pierre Lapointe, Sentiments humains) et Ariane Moffatt (Aquanaute, Le coeur dans la tête, Tous les sens). L’étude des chansons contenues sur ces albums prend pour point de départ une interrogation des subjectivités genrées de ces trois artistes, entre personne réelle et persona, et montre que ces dernières façonnent leurs compositions. La sollicitation du concept de sexe/genre ouvre dès lors la porte à l’exploration des représentations des identités sexuelles et de genre dans ces chansons, où les identités des artistes se trouvent mises en abîme. En s’intéressant à l’énonciation et au discours (en particulier, au discours amoureux) contenu dans le texte des chansons sélectionnées, il est possible de rendre compte de la reproduction des injonctions à l’hétérosexualité et des poncifs qui cloisonnent le genre, ainsi que des glissements et brouillages qui autorisent des resignifications du genre. Ainsi, chez Cimon, on observe la reconduite du point de vue masculin où la valeur du féminin réside dans sa capacité à émerveiller le sujet et à susciter son désir. À l’opposé, les textes de Lapointe et Moffatt dépeignent des personnages et des récits queer, bien que leur identité queer n’ait pas été revendiquée à l’heure de la parution de leurs oeuvres.
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Un article de la revue Cap-aux-Diamants, diffusée par la plateforme Érudit.
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An article from Circuit, on Érudit.
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Longtemps dénigrée par une certaine élite et plus ou moins ignorée des ouvrages sur la chanson, Mary Travers Bolduc (1894-1941) est aujourd’hui considérée comme étant la première autrice-compositrice-interprète, ainsi que la toute première vedette de la chanson populaire québécoise. À une époque où les femmes bénéficient de peu ou pas d’autonomie, sa carrière semble à la fois une anomalie et un exploit. Cependant, l’image de la femme indépendante qui gère sa carrière et organise ses tournées apparaît en contradiction avec les chansons où elle reste fidèle aux valeurs traditionnelles de sa génération et de son public quant au rôle de la femme dans la société. Réécouter les chansons de Mme Bolduc et parcourir les archives permettent de mieux comprendre qui était celle que l’on surnommait « La Bolduc », — à la fois femme, épouse et mère, ainsi qu’artiste autodidacte et « reine de la chanson comique », à mi-chemin entre le folklore et la chanson populaire —, et aident à la compréhension de ce pourquoi sa réception critique a été aussi longtemps mitigée. On peut également mieux mesurer la valeur de son oeuvre en lien avec la société dans laquelle elle a évolué, ainsi qu’émettre le constat que la condescendance de certains à son égard au cours de sa carrière, tout comme le silence qui a suivi son décès, relèvent de préjugés ; non pas parce qu’elle était une femme, mais à cause de la classe sociale à laquelle elle appartenait et dont elle a été le miroir. Ce n’était pas tant le propos de ses chansons qui dérangeait mais bien son niveau langue, le ton parfois grivois et le style de sa musique, ce qui a pourtant garanti son succès auprès des spectateurs. Sa réhabilitation au cours des années 1960, dans le contexte d’une revalorisation du folklore et de l’âge d’or de la chanson joualisante, s’explique par l’évolution de l’horizon d’attente et du goût du public.
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Canada has a history of de facto Jim Crow (1911–1954). It also has a historical Black press that is intimately connected to Black America through transnational conversations, and diasporic migration. This article argues that Canada’s Black newspapers played a pivotal role in promoting Black performance during a time when they were scarcely covered in the dominant media. Drawing on news coverage from the 1920s through 1950s of black dance, musicals, and jazz clubs this article examines three case studies: Shuffle Along (1921–1924), the first all- Black Broadway musical to appear at Toronto’s Royal Alexandra Theater, Alberta-born dancer Len Gibson (1926–2008), who revolutionized modern dance in Canada in the 1940s and 1950s, and the Montreal jazz club Rockhead’s Paradise (1928–1980), a pivotal site in the city’s Little Burgundy, a Black neighborhood that thrived in the 1930s through 1950s. The authors argue that when Black people were excluded from and/or derogatorily portrayed in the dominant media, Canada’s Black press celebrated collective achievement by authenticating Black performance. By incorporating Canada’s Black Press into conversations about Jim Crow and performance, we gain a deeper understanding of Black creative output and resistance during the period.