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La chanson populaire constitue un moyen privilégié pour faire changer les perceptions et revoir l’image que nous avons construite des Premiers peuples et elle permet de redéfinir les relations entre Autochtones et Allochtones. C’est ce que démontre un parcours de la chanson populaire québécoise de 1960 à 2019, qu’il s’agisse de chansons d’Allochtones (Gilles Vigneault, les Séguin), de chansons d’Autochtones, surtout à partir du succès de Kashtin au début des années 1990, de Chloé Sainte-Marie qui choisit de chanter en innu-aimun, ou du métis Samian dans les années 2000 qui multiplie les collaborations, pour arriver à l’émergence d’une chanson autochtone au Québec.
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Longtemps dénigrée par une certaine élite et plus ou moins ignorée des ouvrages sur la chanson, Mary Travers Bolduc (1894-1941) est aujourd’hui considérée comme étant la première autrice-compositrice-interprète, ainsi que la toute première vedette de la chanson populaire québécoise. À une époque où les femmes bénéficient de peu ou pas d’autonomie, sa carrière semble à la fois une anomalie et un exploit. Cependant, l’image de la femme indépendante qui gère sa carrière et organise ses tournées apparaît en contradiction avec les chansons où elle reste fidèle aux valeurs traditionnelles de sa génération et de son public quant au rôle de la femme dans la société. Réécouter les chansons de Mme Bolduc et parcourir les archives permettent de mieux comprendre qui était celle que l’on surnommait « La Bolduc », — à la fois femme, épouse et mère, ainsi qu’artiste autodidacte et « reine de la chanson comique », à mi-chemin entre le folklore et la chanson populaire —, et aident à la compréhension de ce pourquoi sa réception critique a été aussi longtemps mitigée. On peut également mieux mesurer la valeur de son oeuvre en lien avec la société dans laquelle elle a évolué, ainsi qu’émettre le constat que la condescendance de certains à son égard au cours de sa carrière, tout comme le silence qui a suivi son décès, relèvent de préjugés ; non pas parce qu’elle était une femme, mais à cause de la classe sociale à laquelle elle appartenait et dont elle a été le miroir. Ce n’était pas tant le propos de ses chansons qui dérangeait mais bien son niveau langue, le ton parfois grivois et le style de sa musique, ce qui a pourtant garanti son succès auprès des spectateurs. Sa réhabilitation au cours des années 1960, dans le contexte d’une revalorisation du folklore et de l’âge d’or de la chanson joualisante, s’explique par l’évolution de l’horizon d’attente et du goût du public.
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La moustache de Georges Brassens, la robe noire d’Edith Piaf, les paillettes de Claude François, les cheveux de Dalida… Les chanteurs ont un corps indissociable de leurs chansons, et ce livre s’intéresse précisément à la présence physique de la musique populaire, à sa performance sur scène et sur disque. Si le dualisme historique entre le corps et l’esprit a eu tendance, en France, à inluencer la réception de la chanson en attribuant plus de prestige à la modestie d’un Brassens qu’à la séduction démonstrative d’un chanteur de ‘variétés’, cet ouvrage est l’occasion de revenir sur cette opposition et de la nuancer, en identiiant les artistes qui ont su l’ignorer ou la contester. En légitimant l’étude de la performance (au sens de mise en scène du corps), cette étude met sur un pied d’égalité des genres aussi différents que la chanson ‘à textes’, le rock, le disco, le zouk ou le cabaret, et recadre les études sur la chanson loin de l’analyse de paroles. Il démontre, notamment, qu’en tant que véhicule de la chanson, le corps du chanteur reflète des a priori sociaux sur les rapports entre physique et séduction, genre et sexualité, apparence ethnique et identité, artiice et authenticité. Cet ouvrage est le fruit d’une collaboration entre chercheurs de GrandeBretagne, des États-Unis, du Canada, de Nouvelle-Zélande et de France, et dont la qualité commune est une fraîcheur d’analyse pluridisciplinaire inspirée des études culturelles. Observant les corps de chanteurs et chanteuses en France, aux Antilles et au Québec, ce livre offre une rélexion comparatiste sur les codes esthétiques en vigueur dans chaque contexte national, et observe les tensions sociales, sexuelles et identitaires qui sous-tendent la performance musicale.